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OF THE PACIFIC
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J. W, Mailliard, Jr«
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From the collection of the
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San Francisco, California
2008
LES FOURNISSEURS
DE
NAPOLÉON I
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DEUX LMPÉRATRICES
IL A ETK TIKE DE CET OUVRAGE
2") KXKMrLAIRES SUR IlOLLANnE NUMÉROTÉS 1 A 2o
LES FOURNISSEURS
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NAPOLÉON I
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ET DES
DEUX IMPÉRATRICES
d'à près
DES DOCUMENTS INÉDITS
TIRÉS DES ARCHIVES NATIONALES, DES ARCHIVES DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
ET DES ARCHIVES DES MANITACTURES DE SÈVRES ET DES GOBELINS
PAR
Alph. iviaze-sencier
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AlTKl n lU" Il I.IVRK llRS COLLKCTiriNNE I US 1>
ANCU-N INSI'KClKlll liKS Ml SÉKS Dli SAINT-É IIKNNK (lOIRe), ET lliMlAlKlH
LUI Ml SÉE CÉRAMIQIE [)E CETTE VILLE
PARIS
Lli;UAIUIE RENOUAHI)
HENRI LAURENS, EDUIEUR
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1893
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8
MAY 2 2 '58
DC
3.1
Aous considérons coinme un, deroir la lâche doulou-
reuse de publier aujourd'hni le présenf ouvrage, inter-
rompu soudainement il y a quelques mois. M. Maze-
Sencier fut frappé pjar un de ces coups de la mort
qui viennent en un instant briser les plus chères et les
meilleures existences. Atteint au milieu de son travail,
à Vheure où il acconipiissait sa tache de labeur quoti-
dien, il n'avait plus à rédiger que quelques détails
pour soumettre au public son, nouvel ouvrage sur les
Fournisseurs de Napoléon l'^'' et des deux Impératrices.
Ce travail considérable presque entièrement composé
d'éléments tirés des documents inédits, puisés aux
sources mêmes sur des feuilles manuscrites ou sio' les
factures des fournisseurs, est donc à peu près complet;
il a tout l'attrait de la nouveaidé et ne saurait laisser
indi/férents les esprits sérieux qu'intéressent toutes les
questions de curiosité, d'histoire et d'art.
Il
Celli' ('Imlc hisloi-'niiic o/J'i-c ddiis son cuseûible^ J/Ull-
(jrc quelques lacunes hwellablcs, un tableau fort ins-
■i 1 1 Ail')/ ir-^'
h'urf/f fies mnnnrs et ries coutumes fie la Cour à V époque
(lu preniie)' Einplre. Ce tableau^ (Tailleurs, n a jamais
été observ(' sous cet aspecL et pour- se rendre compte
(lu vif inlérêl qu'il présente^ il suffll de jeter les yeux
sur la table des cita pitres.
Nous tenons à remercier les persomies obligeantes
qui ont bien voulu guider l'auteur de ce livre dans
ses innombrables rechercJtes : M. Gustave Servois,
garde génércd des Archives nationales; M. Gerspach.,
ancien administrcdeur de la Manu facture des Gobelins;
MM. T/i. Decli et Baumgart, administrateurs de la
Manufacture de porcelaine de Sèvres; MM. Girard
de Bialle et Kaidek., directeurs des Archives au Minis-
tère des Affaires étrangères ; M. Jules Cousin, conser-
vateur des collections historiques de la Ville de Paris
au Musée Carnavalet; M. Faucou, sous-conservateur
au même inusée.
Qu'un souvenir d'affection reconnaissante aille spé-
cialement à M. Spire Blond cl, l'ami pjcr sonnet de V au-
teur, le charmant écrivain de tant de jolis ouvrages
recherchés de tous les curieux. M. Illondel^ qui fait
autorité en ces mcUières, a bien voulu reviser cette
(jeuvre. Son antitié est venue jeter un souffle de vie sur
ces pages que la mort aurcdt stérilisées.
Ce nouveau volume fait suite en réalité au Livre des
Golleetionneiirs publié en 188,^ et auquel la presse fit
un si cordial et si élogieux accueil. On avait reconnu
IIÎ
dans cet ouvrage^ « qui semble Vœiivre d'un bénédictin,
le résumé de toute une vie de recJœrches et de curio-
sité », (le Siècle, 8 avril 1885). On l'avait dit à l'époque :
« il n'était pas une branche de la curiosité qui n'y fût
sérieusement et savammeid traitée » (Journal de la
Marne) .
On ne trouvera pas, dans ces pages ^ ce genre de
charme souvent superficiel des besognes exclusivement
littéraires : on g trouvera mieux^ puisqu'on g sent
partout ré)'uditio)i la plus solide^ la plus intelligente
et la plus scrupuleuse. On g verra la marcpie d'un
travail suivie consciencieux., et cpii, par son étendue,
s'impose à l'attention de ceux qui cbm/prennent l'effort
patient et les difficultés de ces œuvres de recherche et
de savoir. C'est im livre., fort do choses, comme on
disait jadis, où il n'y a pas de place pour les disser-
tations oiseuses, mais où .s amassent les faits de tout
genre, les plus importants comme les plus minimes.
Nous nous souvenons de ces mots cpien, 1885^ un
éminent critirpie d'art, M. PJiilippe Burty, écrivait
sur le Livre des Collectionneurs: « J'ai été pris d'un
grand respect en coupant les pjages de ce livre »
Plus que jamais ces mots s'appliquent à l'œuvre actuelle
qui, elle aussi., mérite le grand respect de ceux qui
veulent juger. Ne doit-elle pas bénéficier de cette fa-
veur légitime cpioïU toutes les œ.uvres d' outre-tombe ?
N'a-t-elle pas droit à. cette sgmpathie que nous acco?--
dons )nalgré nous aux voix de ceux qui ne sont plus,
quand ih RonUml implnro)- ir}i .^nin^cnir de ceux qiri
I\
rirent encore et leur demander comme un Instant de
répit avant le grand oubli et le grand silence de la
mort :^
Et si ceu.r qui veulent bien lire ces lignes g sentent
planer nn peu d'émotion^ qu'ils V excusent, en songeant
qu'elle ne se peut éviter quand on parle d un père dont
la mémoire demeure très aimée et très respectée
LES
FOURNISSEURS DE NAPOLÉON T
ET DES DEUX IMPÉRATRICES
PROLOGUE
LA CÉRÉMONIE DU SACRE ET DU COURONNEMENT
L'établissement de l'Empire avait été soumis à la sanction du peuple,
et sur trois millions cinq cent vingt-quatre mille deux cent cinquante-
quatre votants, il n'y avait eu que deux mille cinq cent soixante-dix-
neuf opposants,
Mais l'élection populaire parut insuffisante à Napoléon, il voulut,
comme les anciens rois, donner à son titre, à son pouvoir la sanction
divine.
La cére'monie du sacre eut lieu à Notre-Dame, le 2 décembre 1804.
Un mois plus tôt, Pie VII avait quitté la ville éternelle, en compa-
gnie de plusieurs cardinaux et d'un nombreux personnel, pour venir
donner l'onction sainte au nouveau Gharlemagne.
Le Pape espérait qu'une telle démarche serait profitable à ses Etats
€t qu'on lui rendrait Bologne et Ferrare. Son espoir fut déçu : il
n'obtint que des présents, bijoux, dentelles, ornements sacerdotaux.
Les frais de séjour et de déplacement payés par l'Empereur s'élevèrent
assez haut.
Pendant le voyage de Turin à Paris, le cortège comprenait deux
cent cinquante et un chevaux et quarante-quatre voitures dont une
berline à huit chevaux et trois postillons pour Sa Sainteté et vingt-
deux berlines, à six chevaux et deux postillons, pour les cardinaux et
1
2 LF.S FOURNISSECnS DE NAPOLÉON f
leur suite ; les autres voitures se composaient de fourgons, cabriolets,
courriers et timonnières.
Les cardinaux Fesch, Borgia, Antonelli, de Bayane, Baschi, Gazelli
occupaient chacun une berline.
La remise en état des voitures, faite à Paris, par Laciiapelle, mar-
chand sellier, boulevard Bonne-Nouvelle, coûta 17,850 fr. — Le colo-
nel Dumesnil, écuyerde l'Empereur, chargé de reconduire le Pape en
Italie, présenta un état de dépenses de 75,380 fr. pour réparations de
voitures et frais divers, sans compter le service des chevaux et des
postillons. Le 14 thermidor an XIII, M. de Gaulaincourt envoie un
bon d'acompte de 192, 760 fr., à M. de la Valette, directeur général
des postes, sur le fonds de 400,000 fr. mis à la disposition du grand
écuyer « pour le voyage du Saint-Père, en Italie et retour ». [ArcJi.
nat. 0-77.)
.\ cette occasion, l'Empereur donna, comme de coutume, libre car-
rière à sa générosité par une nombreuse distribution de présents, no-
tamment à toutes les personnes attachées au service de Sa Sainteté. Les
cardinaux de la suite du Pape reçurent de superbes boîtes d'or surmon-
tées du portrait de l'Empereur bordé d'un cercle de gros diamants.
II
Le sacre fit un bien immense au commerce de Paris. Comme le dit
Imbert de Saint-Amand, c'était dans les ateliers une activité sans
pareille et les fournisseurs travaillaient jour et nuit.
« Leroy, qui jusqu'alors n'avait été que marchand de modes, s'était
décidé, pour la circonstance, à entreprendre la couture et avait pour
associée M'"° Radibaud, célèbre couturière de l'époque. De leurs maga-
sins étaient sortis les magnifiques vêtements que l'Impératrice devait
porter le jour du sacre. Quant à ses joyaux qui consistaient en une
couronne, un diadème et une ceinture ; ils étaient l'œuvre du joail-
lier Marguerite. » [La Cour de rimpératî'ice Joséphine.)
III
Présentons d'abord le tableau des dépenses relatives au sacre et au
couronnement; nous parlerons ensuite des fournisseurs, dont nous
avons pu retrouver les mémoires.
LA CÉRÉMONIE DU SACRE ET DU COURONNEMENT 3
Service du grand aumônier. — Aumônes et paiement des mois de
nourrice : 270,000 fr.
Service du grand maréchal. — Tenue de la maison du Saint-Père :
120,000.
Service du grand chambellan. — Présent d'une tiare au Pape,
180,000 fr. et d'un rochet offert par l'Impératrice, 20,000 fr. — Aux
cardinaux, cinq tabatières valant chacune 30,000 fr. et cinq rockets
de 10,000 fr. chacun. — Pour les fêtes, 200, 000 fr. — Pour diamants
ou argent à donner au service d'honneur du Saint-Père, 150,000 fr.
— Médailles commémoratives, 209,733 fr. — Costumes de Leurs
Majestés : 6o0,000 fr. — Costumes des officiers de la Couronne
130,000 fr. — Diamants, (378, Oo4 fr., y compris le Grand Ordre de
l'Empereur de 119,254 fr.
Service du grand écmjer. — Voitures et chevaux, 521,460 fr. —
Frais de poste et raccommodage des voitures du Saint-Père : 400,000 fr.
Service du grand maître des cérémonies. — Travaux à Notre-Dame,
à l'Ecole militaire, dans l'appartement du Pape et Livre des cérémo-
nies du couronnement: 1,100,000 fr.
Service de r intendant général. — Ameublement du logement du
Pape et de sa suite : 40,000 fr. — A David, acompte sur les tableaux
du couronnement : 2o,000 fr. — Solde des fournitures du mobilier:
7,322 fr. — Total (en négligeant les centimes) : 5,151,576 fr. [Arch.
nat. 0^204.)
IV
Il ne sera pas sans intérêt de donner ici quelques détails sur les
riches vêtements de Joséphine, d'après un mémoire de Leroy et
M'"" Raimbaud.
Frimaire an XIII (novembre 1804). Un modèle de manteau en
velours pourpre, 800 fr. — Broderie du manteau impérial, façon
et agrafes, 16,000 fr. — Un bas de robe de cour en velours blanc,
brodé en or, 7,000 fr. — La robe du sacre, en satin blanc, riche-
ment brodée et garnie de franges, 10,000 fr. — Une che'ruse de
blonde chenillée, 240 fr. — Un bas de robe de cour, en velours,
brodée en volubilis en argent, à robe de dessous en tulle d'argent
et satin, richement brodée, 12,000 fr, — Un bas de robe de cour
en velours rose et la robe de dessous en tulle d'argent et satin,
4 LES FOURNISSKLRS DE NAPOLEON l*^""
très richement brodes, 12,000 fr. — Un autre bas de robe de
cour en velours blanc brodé en bouquets de violettes, la bordure
brodée on or, parsemée d'émeraudes et garnie de franges, la robe
(le dessous en tulle d'or, très richement brodé, 1:2,000 IV., etc. La
facture, de 74,340 îr., est réduite à 00.000 IV. (.IrcA. nat. O'So.)
Cette réduction considérable n'est pas le fait d'un caprice de
l'Empereur ; toutes les factures le concernant étaient expertisées
par des personnes entendues, et qui se trouvaient exposées elles-
mêmes à subir l'expertise, quand elles travaillaient pour le souve-
rain.
Passons aux autres fournisseurs.
M™® Y'* TouLET, fourreur. — Pour la fourrure du manteau de
l'Empereur, 18.2:20 fr. et pour celle du manteau de l'Impératrice,
'J 2,400 fr. — M™'' TouLET subit une réduction de 3,000 fr. et touche
net 27,080 fr.
M"® FouRNET, brodeuse. — Une paire de gants blancs et une
paire de bas de soie blancs, brodés en or, 94 fr. {Ai'ch. nat. 0"3o.)
YAcnER, marchand d'étoffes de soie de Leurs Majestés. — Pour le
costume du couronnement, satin blanc, velours blanc, velours cra-
moisi, pourpre de Tyr, etc., 2,51 S fr. — Pour le manteau de l'Impé-
ratrice, 22 m. 00 de velours pourpre de Tyr, 014 fr. {Arch. nat.
0'3o.)
M'"=^ LoLivE, DE Beuvry, ET C" , lingères de l'Empereur et de
l'Impératrice. — Deux ajustements composés chacun de deux
paires de cravates, une paire de manchettes et d'un col en point de
réseau superfin et à dents de loup, 4,000 fr. — Broderie en finition,
en or, de deux paires de gants à 33 fr. et de deux paires de bas de
soie, à 120 fr. la paire. — Trois napperons en batiste brodée tout
autour avec des aigles, couronnes et écussons aux quatre coins, le
tout en lames et finition d'or, pour porter les ornements impériaux,
2,400 fr. etc. Total, 7,782 fr. {Arch. nat. 0^35.)
Chevalier, tailleur particulier de l'Empereur. — Façon du grand
manteau, 000 fr. — Façon du petit manteau, oOO fr. — Façon de
l'habit, vestes et culottes, 300 fr. — Fournitures diverses, 000 fr.
— Pour avoir été occupé deux mois entiers à des courses pour les
LA CÉRËMOXIE DU SACRE ET DU COURONNEMENT 5
différents patrons d'habits et manteaux, tant chez M. Denonque chez
M. Isabey et autres ; fourni à M. Isabey un habit pour servir de
modèle, à M. Denon un pantalon à pied, et frais de voitures, 1000 fr.
{Arch. nat. 0"3o.)
Chevalier fournit aussi pour Roustan, le mameluck de l'Empereur
un superbe costume grec de 5,800 fr. La broderie seule du gilet de
drap rouge coûtait 4,000 fr.
Picot, brodeur de l'Empereur et de l'Impératrice, rue Saint-Tho-
mas-du-Louvre. — Le grand manteau impérial, velours pourpre,
brodé d'or et semé d'abeilles, 15,000 fr. — Le manteau du petit cos-
tume, en velours pourpre, à revers de satin blanc brodés d'or,
10,000 fr. — L'habit de velours pourpre, brodé sur toutes les tailles,
la veste de velours blanc et les jarretières brodées , 3,o00 fr. — La
ceinture, la ganse et boulon, le baudrier de velours brodé d'or et
une seconde paire de jarretières : 1,200 fr. — Total : 29,070 fr.,
réduit à 26,000 fr.
« Vu, ordonné et approuvé sur le fonds de 6o0,000 fr. que le
décret impérial du 28 brumaire dernier met à notre disposition "pour
les costumes de Leurs Majestés et des officiers de la couronne. Le
grand chambellan : Charles Maurice (Talleyrand). »
Deuxième facture de Picot — Une bourse à jetons, brodée, 160 fr. —
Quatre coussins pour les honneurs, 460 fr. — Façon du tapissier, 69o fr.
Troisième facture de Picot. — Un habit de pou-de-soie pourpre,
brodé sur toutes les tailles, la veste, les jarretières et les boutons,
3,500 fr. — Un ceinturon de velours blanc, GOO fr. — Une seconde
veste et une seconde paire de jarretières, 480 fr., etc. — Picot four-
nissait aussi des croix de la Légion d'honneur ; nous le voyons livrer
quinze croix, dont deux pour le manteau ; ces dernières coûtaient
144 fr. l'une, au lieu de 72 fr. — Le mémoire de 5,870 fr. est consi-
déré comme trop élevé et réduit à 5,000 fr. [Arch. nat. 0'35.)
Poupart, chapelier particulier de l'Empereur. — Deux chapeaux à
plumes, dont un brodé d'or, 1,020 fr.
Panier, bonnetier. — Deux paires de bas de soie blancs, brodés en
or, pour l'Empereur, 144 fr.
GoBERT, passementier. — Garniture du grand manteau et des sou-
liers, tresses, torsades, boutons, glands, franges, rubans, en or ou
blanc et or, 1,547 fr.
Etienne, ceinturier. — Un baudrier, de style antique, avec ses gar-
nitures, d'après les dessins d'Isabey, 1,516 fr.
G i.F.s FornxissKins nv. N\i'Of-Éo\ i''"
Jacques, botlier particulier de rKmpereur. — Une paire de souliers
en velours blanc, brodé en or mat, d'après les dessins d'Isabey, 400 fr.
Un autre babilc bottier, Bi'RGER, qui se qualifie « cordonnier de
rAcadéniie impériale de musique » présente, aussi son mémoire : une
paire de demi-brodequins de satin blanc, brodés en or, 600 fr. ; une
paire pour modèle, 150 fr. — Ces chaussures doivent être celles de
Josépliine. {Arch. nat. 0^35.)
CiOBERT, joaillier. — Un vase d'argent doré, 1,010 fr.
Auguste, orfèvre. — Deux pains d'argent doré, 1,010 fr. [Arch.
nat. 0=35.)
La tiare, enrichie de rubis, d'émeraudes, de saphirs d'Orient, de
perles et de diamants, sortait aussi des ateliers du célèbre orfèvre-
sculpteur Auguste. Elle offrait trois bas-reliefs en or, représentant le
Concordat, le rétablissement du culte catholique et le sacre de Napo-
léon, par Pie VU. Le tout monté en or, sur fond de velours blanc,
accompagné de bandelettes semées de pierres précieuses, semblables
aux précédentes. {Arch. nat. 0^41.)
Marguerite, joaillier de la Couronne et de Leurs Majestés impé-
riales, rue Saint-Honoré. Pour diverses fournitures dont les deux plus
importantes sont : une ganse de chapeau, ornée de vingt-six dia-
mants et le grand Ordre de la Légion d'honneur garni de brillants,
400,000 fr. {Arch. nat. O^So.)
Il nous faut ajouter douze bagues enrichies de brillants cotées
79,627 fr. pour le service d'honneur et les domestiques du Saint-Père.
Somme payée sur le budget ouvert relativement à ce service et fixé
à 150,000 fr. {Arch. nat. 0^204.)
BiENNAis, orfèvre de l'Empereur, tenait «; fabrique de bijouterie et
d'orfèvrerie ainsi que tous les ordres français et étrangers, à Paris,
rue Saint-Honoré, n'' 283, Au Singe violet ». Son mémoire pour objets
fournis lors du sacre et du couronnement s'élève à 36,342 fr.
Une couronne de feuilles de laurier, 8,000 fr. — La boîte pour la
mettre, 1,350 fr. — Le sceptre, en vermeil, orné d'un aigle tenant les
foudres, 3,500 fr. — La Main de Justice, en ivoire et vermeil, 2,800 fr.
La boule du Monde, en vermeil, 1,350 fr. — La boîte pour renfermer
les trois pièces, 400 fr. — Le collier du grand Ordre, 5,000 fr. — La
ganse du chapeau de S. M. en or ciselé, 290 fr. —Masses en vermeil,
des huissiers, 2,400 fr. — Huit épées, à 150 fr., pour les valets de
chambre. — Deux plats ronds, en vermeil, pour offrande, 930 fr., etc.
— Voici encore de Biennais, un glaive à deux tranchants, dont la
LA CÉRÉJIOXIE DU SACRE ET DU COURONNEMENT 7
poignée en or massif, est décorée de brandies de myrlhes et de lau-
riers, 7,000 fr. — La boîte, 192 fr. {Arch. nat. 0-35.)
Cette fourniture de Biennais, pour le service de l'Empereur, ne tarde
pas à être suivie d'une autre, plus importante, s'élevant à 62,146 fr.
Nous y remarquons :
Un sabre en or, à la mameluck(donnéauroide Hollande), 14, oOO fr.
— Une paire de boucles de souliers en or, 563 fr. — Une épée, en or,
avec deux fourreaux et une boîte, 6,690 fr. — Six garnitures de cein-
turons, en or, 1,268 fr. — Un glaive pour le roi de Bavière, 7,000 fr.
— Agrafes d'or, pour capotes, 420 fr. — Une épée, en or. 6,690 fr.
— Un fourreau d'écaillé, 450 fr. — Un nécessaire, 6,500 fr. — Une
boucle de ceinturon en or, 230 fr. — Diverses croix de la Le'gion
d'honneur, couronne de fer, cordons, etc., 2,964 fr. — Boîtes de
fiches, jeux d'échecs, de dames, de loto, etc., 7,793 fr. — Diverses
clés de chambellan, avec nœuds en soie et glands d'or, 1 ,536 fr. iolet rempli de dessins, d'échan-
tillons et d'une foule de bagatelles du magasin de Sikes ou du Petit-
Dunkerque, pour ma mère et pour moi; et n'oubliant surtout jamais
le bouquet qu'il n'a pas cessé un seul jour de m'apporter depuis celui
où je lui fus accordé jusqu'à celui du mariage.
« C'était M""^ Bernard, la fameuse bouquetière de l'Opéra, qui
montait ces bouquets avec un art achnirable dans lequel on a bien
pu lui succéder, mais qu'elle a la gloire d'avoir fondé. »
M'"" Bernard était aussi bouquetière en titre de l'Empereur.
Une ordonnance de paiement, datée de Berlin, 28 mars 1808, lui
accorde la somme de 600 fr. pour avoir fourni tous les jours, pen-
dant l'année 1807, « un bouquet au cabinet secret de Sa Majesté ».
L'ordonnance de paiement, signée Daru, est datée de Berlin, 28 mars
1808. {Arch. nat. 0^35.)
A l'année 1810, nous trouvons un renseignement plus complet sur
les obligations de M™'' Bernard en échange de son abonnement de
600 fr. — Elle devait livrer chaque jour un bouquet pour l'appar-
tement de l'Empereur « tant aux châteaux impériaux de Paris, Com-
piégne et Saint-Cloud qu'autres à proximité, où il est possible
d'envoyer ». O'?)o.)
Quelques fournitures en dehors de l'abonnement méritent d'être
citées. Mars 1810. — Deux gros bouquets et des fleurs coupées pour
mettre dans des vases (appartements du Palais de Gompiègne, 114 fr.).
Un bouquet de roses, 12 fr. — Un bouquet de mariée, à Saint-Cloud,
12 fr. — Un bouquet de mariée, aux Tuileries, 12 fr. — Un bouquet
de couleurs, aux Tuileries, 6 fr. (IrcA. nat. 0^ SS.) Bien d'autres
livraisons supplémentaires durent être faites par la très habile bou-
quetière.
L IMPÉP.ATRICE JOSÉPHINE
Le 14 janvier 1806, Joséphine eut le bonheur de voir son fils le
prince Eugène, vice-roi critalie, épouser la princesse Auguste, fille
du roi de Bavière. Ce mariage, imposé par la politique et enlevé avec
la promptitude des mouvements stratégiques de Napoléon, fut cepen-
dant des plus heureux.
L'Empereur écrivait de Munich au prince Eugène, le 31 décembre
1805 : « Mon cousin, je suis arrivé à Munich, j'ai arrangé votre
mariage avec la princesse Auguste. Il a été publié. Ce matin, cette
princesse m'a fait une visite et je l'ai entretenue fort longtemps. Elle
est très jolie. Yous trouverez ci-joint, son portrait sur une tasse, mais
elle est beaucoup mieux... » {Correspondance de Napoléon P'^, t. X,
p. 633.)
Eugène partit bientôt pour Munich et fit la connaissance de sa
fiancée quelques jours seulement avant la célébration du mariage.
VI
Nous ne trouvons pas aux Archives la mention des présents faits
par l'Empereur à cette occasion. Et cependant, il dut en faire de très
beaux ; ce mariage lui plaisait et il eut toujours pour la princesse
Auguste une tendre affection.
Dans les premiers mois de l'année suivante, la princesse étant
accouchée d'une fille. Napoléon ordonna de faire inscrire l'acte de
naissanee de lenfant sur les registres de la famille impériale, puis il
écrivit à Eugène ;
« Finkenstein, 13 avril 1807. Mon fils, je reçois avec plaisir votre
lettre du 17 mars, par laquelle vous m'instruisez que la princesse se
porte bien. Il ne faut pas se presser de faire le baptême de l'enfant.
Faites-moi connaître comment vous avez arrangé tout cela... Auguste
est-elle fâchée de ne pas avoir eu un garçon ? Dites-lui que lorsqu'on
commence par une fille l'on a au moins douze enfants. » {Correspon-
dance de Napoléon P', i XV, p. 8o.)
Joséphine commande à M"''^ Lolive et de Beuvry, les célèbres
lingères, une layette complète pour la princesse Eugène Napo-
IG Li:S FOLHMSSEURS DE NAI'OI.KON l'"'"
léon, et la lit parvenir à Milan. Celte ravissante layette, ornée
de rubans de soie et de précieuses dentelles, coûtait ;28,412 fr. [Arcli.
nat. 0^30.)
VII
Etat dos dames d'honneur, d'atours et du palais, aUache'es à Sa
Majesté rimpératrice Joséphine, en 1807,
M""' de La Rocuefoucauld, dame d'honneur, 40,000 fr. par an. —
M'"*' DE La VALETTE, dame d'atours, 30,000 fr. — Vingt-quatre dames
du palais ayant chacune 1:2,000 fr. Ce sont M""^'* de Taluouet, Lau-
RiSTON, DE Rémusat, Colbert, Ducoatel, Savary, la maréchale Ney,
Oct.u'e de Ségur, Devaux, de Montalivet, de Turenne, de Bouille,
Marescot, de Perroné, de Solar, de Lascaris, Vintimiglia, de Brignole,
de Gentile, de Ganisi, de CiiEVREusE, Maret, Victor de Mortemart, de
Montmorency-Matignon. M""" d'Arberg, dame du palais, est inscrite
seule, pour 6,000 fr. [Arch. nat.)
Les deux premières femmes de chambre de Joséphine, M"^°* Saint-
lïiLAiRE et Bassan touchaient, chacune, 6,000 fr. — M™'''' Longroï,
Saustrass et Dugray, dames d'annonce, chacune 3,600 fr. — M"'' Mar-
cuERY, 3,000 fr. — M™<^ Mallet, garde d'atours, îî,200 fr. — Trois
femmes de garde-robe, 1,200 fr. chacune, et deux filles de garde-robe
700 fr.
MM. Frère et Douville, premiers valets de chambre, chacun
3,000 fr. — Six valets de chambre ordinaires, Douville, Escoubk,
Legr.\nd, Debray, Hubert et Herbault, chacun 1,500 fr. {Arch.
nat. 0'47.)
En 1804, M. d'Harville, sénateur, remplissait les fonctions de che-
valier d'honneur de l'impératrice Joséphine, aux appointements de
30,000 fr. M"*" Lagour et M'"" Brentano Gazzanb figurent comme lec-
trice à oOO fr. par mois [Arch. nat. O^io.)
VIII
180G. — Quand Napoléon quitta Saint-Cloud, dans la nuit du 24 au
23 septembre 1806, pour aller livrer la bataille d'Icna, Joséphine
obtint à force de prières,d'accompagner l'Empereur jusqu'à Mayence.
l'impératrice JOSÉPHINE 17
Elle ne put aller plus loin, et c'est dans cette ville qu'elle apprit les
brillants succès des armées françaises.
L'Impératrice eût occasion d'avoir pour 40,420 fr. de bijoux tant à
Francfort, où elle resta peu de temps, qu'à Mayence où elle fit un
plus long séjour.
Présents de Joséphine. Francfort, décembre 1806. — Au maréchal
de la cour, une tabatière carrée, longue, avec un cercle et la lettre J,
en brillants, 7,200 fr. — Aux deux chambellans, deux tabatières
rondes avec la lettre J, 4,000 fr. — Au colonel de la garde une taba-
tière de même genre, 2,360 fr. — Au contrôleur, une tabatière en or
ciselé, 450 fr. — Au fourrier de la chambre et au conseiller d'économie,
un jonc de sept brillants, de 1,200 fr. chacun. — Au décorateur des
tables, un jonc de sept brillants, 87o fr. — A S. E. l'Evêque, une opale
entourée de brillants, 960 fr. — A M"'^ de Layen, une montre en
médaillon enrichie de brillants, 3,000 fr. — Au colonel de la garde à
cheval, une montre, à cadran d'or, avec cordon en perles, clé corna-
lise brûlée et perles, 1,176 fr. — A deux valets de chambre, deux
montres à répétition, avec chaîne de mosaïques, 580 fr. et 5o0 fr. —
A l'inspecteur des postes, une boite d'or, 470 fr,
Mayence, 13 janvier 1887. — Aux six maréchaux des logis, six
montres à répétition, avec chaînes, clés, cachets, le tout en or,
3,600 fr. — Aux deux princes de la Lipp, deux petits ornements de
col, avec chaînes d'or, cercles en perles et peintures d'émail, 640 fr.
— AS. E. l'Evêque de Mayence, une tabatière ovale, en or émaillé,
avec le chiffre de Sa Majesté en brillants (/}, 3,000 fr. — Au médecin
Wiesbaden, une tabatière earrée, longue, avec le chiffre (J) en bril-
lants, 2,100 fr. — Au maire de Mayence, une boite de même genre,
2,200 fr. — A la princesse Hohenzolern, une parure en mosaïque,
fond turquoise, montée en or, 860 fr. [Arch. nat. 0" 30.)
IX
1808. — Lors du mariage de M""^ Tascher de la Pagerle, avec le
prince régnant, duc d'Aremberg, l'Empereur offrit à sa jeune protégée
une parure complète en émeraudes et brillants, composée d'un ban-
deau, d'un collier, d'une paire de boucles d'oreilles et d'un peigne.
Cette belle parure, livrée par Nitoï et fils, coûtait 51,465 fr. {Arch.
nat. 0^31.)
9
18 LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON l'''"
L'Empereur donna en outre un trousseau de 40,000 fr., répartis
entre les fournisseurs suivants : iM"'"' Louve, de Beuvry et C'*', pour
objets de lingerie, :2o,000 fr. — M. Lenormand, pour cinq robes lamées
or ou argent, ou brodées en perles, 7,500 fr. — M"'' Germond, pour
fournitures de satins, Heurs, rubans, façons, l,o'J8 fr. — M"'' Jolimay,
pour trois cachemires, etc., 5,27o fr. — M. Patin, bonnetier de l'Im-
pératrice, pour bas et divers autres objets de bonneterie, 627 fr.
(0^31.)
L'achat de ce trousseau mérite quelques explications. Le grand
marchand de modes, Leroy, très mécontent de la réduction considé-
rable qu'il avait subie précédemment, refusa de vendre plutôt que
d'être soumis à une expertise. On sait que l'Empereur n'admettait
pas les exigences de Leroy ; le temps pressait et le grand maréchal
du palais, Duroc, chargea M. Desmaisons de visiter les maisons
renommées pour terminer au plus vite l'achat des robes de noce.
M. Desmaisons, dans sa lettre au grand maréchal, du SOjanvier 1808,
va nous expliquer lui-même comment il s'acquitta de sa mission.
« Je me suis occupé tout le jour de l'exécution des mesures que
"Votre Excellence m'a indiquées ; j'ai vu M. Leroy, il m'a décidément
refusé de permettre aucune expertise ou contrôle et il m'a déclaré
positivement qu'à de pareilles conditions il ne voulait pas fournir.
« En raison de l'urgence des circontances, j'ai couru chez les mar-
chands à réputation. Chez M. Lenormand, j'ai trouvé une superbe
grande robe brodée à lames d'argent, propre à la cérémonie du
mariage, dont j'ai arrêté les prix à 4,o00 fr. — TJne robe courte sur
tulle, en lames d'argent et à losanges, montant à 1,200 fr. — Une
robe de satin blanc, brodée en perles, montant à 600 fr. Total : 6,300 fr.
« Ainsi les trois robes, salin, garnitures et façons comprises n'iront
pas à 7,000 fr.
« Après avoir arrêté ces mesures, j'ai fait voir les robes à M™*' Ger-
mond qui les a trouvées belles, peu chères et convenables.
« Aussitôt j'ai prié M. Tibon, chef directeur de la Banque, de me
donner des experts, et ces experts ont trouvé le prix de ces robes
très modéré. Je les compare avec les robes proposées par M. Leroy.
Ses robes montant à 9,474 fr., il y a donc une économie de plus de
2,400 fr., sur ces trois robes, encore que celles achetées par moi
soient plus belles et plus élégantes.. ■» [Arch. nat. 0^31.)
Les prix raisonnables de Lenormand permirent d'acheter deux robes
de plus sans dépasser le budget fixé par l'Empereur.
L'iMPÉnATRICE JOSÉPHINE 10
Joséphine était un peu jalouse et ce n'était pas toujours sans raison.
Ayant manifesté ses craintes à l'Empereur, celui-ci lui répondit de
Finkensten, le 10 mai 1807. « Je reçois ta lettre ! Je ne sais ce que tu
me dis des dames en correspondance avec moi. Je n'aime que ma
petite Joséphine, bonne, boudeuse et capricieuse qui sait faire une
querelle avec grâce, comme tout ce qu'elle fait, car elle est toujours
aimable, hors cependant quand elle est jalouse, alors elle devient
toute diablesse. Mais revenons à ces dames. Si je devais m'occuper de
quelqu'une d'entre elles, je t'assure que je voudrais qu'elles fussent
de jolis boutons de rose. Celles dont tu me parles sont-elles dans ce
cas?
« Je désire que tu ne dînes jamais qu'avec des personnes qui ont
dîne' avec moi ; que ta liste soit la même pour tes cercles ; que tu
n'admettes jamais à la Malmaison, dans ton intimité, des ambassa-
deurs étrangers et des étrangers. Si tu i'aisais différemment tu me
déplairais ; enfin ne te laisse pas trop circonvenir par des personnes
que je ne connais pas et qui ne viendraient pas chez toi si j'y étais.
Adieu mon amie ; tout à toi. Napoléon. » [Corresp. de Napoléon r\
t. XV, p. 260.)
Tout porte à croire que Joséphine se conforma aux prescriptions
de l'Empereur, qui continua de son côté à lui écrire tendrement et à
la combler de bijoux.
En voici la preuve.
« A l'Impératrice Joséphine, Erfurt, 9 octobre 1808.
« Je vois avec plaisir que tu te portes bien. Je viens de chasser sur
le champ de bataille d'Iéna. Nous avons déjeuné à l'endroit où j'avais
passé la nuit au bivouac.
« J'ai assisté au bal de Weimar. L'empereur Alexandre danse,
mais moi non ; quarante ans sont quarante ans. Ma santé est bonne
au fond, malgré quelques petits maux.
« Adieu mon amie. Tout à toi. J'espère te voir bientôt.
c Napoléon. »
Quelques mois après, le 10 mai 1809. Napoléon donnait à Joséphine
une parure en rubis d'Orient et brillants composée ainsi : un diadème,
er
iNI LES FOURNISSEinS DK NAPOLÉON 1
1S,701) 11'., un collier, 8.38'i- fr., un peigne, -ijUH^J IV., une plaque de
ceinture. 3,00;'> fr., une paire de boucles d'oreilles et pendeloques,
d,ty>i) fr.. un bracelet, i),()G() IV. le tout dans un écrin de 96 fr. En
plus, un bouquet formant guirlande, à volonté, 47,497 fr. 7'utal :
ioo.9;-n fr.
XI
Après son divorce prononcé le IG décembre 1809, Joséphine se
relira à la Malmaison et conserva son titre d'Impératrice. Les uns ont
avancé que Napoléon lui fit alors deux millions de revenu, les autres
ont dit trois millions. Nous ignorons oîi ces chilîres ont été pris. Nous
nous contenterons de citer un document officiel portant la même
date du 16 décembre 1809 et déclarant sans autres détails que l'Em-
pereur accorde à l'Impératrice Joséphine, un supplément de douaire
d'un million. (Arch. nat. 0^34.)
LIVRE II
NAPOLÉON ET SA COUR
CHAPITRE PREMIER
LES COSTUMES DE NAPOLÉON. — LA REDINGOTE GRISE
I
Napoléon était le plus souvent en tenue militaire. Dans la semaine,
il portait le costume des chasseurs à cheval de la garde, habit vert
doublé de drap écarlate, avec collet, retroussis et passe-poils de
même couleur. Le dimanche et les jours de réception, il endossait
l'uniforme des grenadiers à pied de la garde, habit bleu à revers
blanc. Le prix de ces habits variait de 200 à 240 fr. auxquels il faut
ajouter 148 fr. pour la paire d"épaulettes (celles de colonel) et 62 fr.
pour la plaque de la Légion d'honneur, fournis par le tailleur. Plus
tard, en 1815, Le.ieune exécuta les mêmes costumes complets, pour
330 et 3o0 fr.
Le pantalon et la veste de casimir blanc coûtaient ensemble 95 fr. ;
la culotte et la veste en valaient 8o.
Avec la plaque de la Légion d'honneur jointe au costume, Napoléon
portait les décorations de la Légion d'honneur et de la couronne de
fer et le grand cordon passé sous l'habit.
Il arrivait à l'Empereur de donner ses propres décorations; Cheva-
lier, dans son Mémoire du quatrième trimestre de 1808, réclame
310 fr., prix de cinq plaques de la Légion d'honneur « que Sa Majesté
avait ôtées de ses habits pour en disposer à son gré ».
er
22 LF.S l'OUUNISSEURS Dli NAPOLl'lON 1
l/llinporcur, iKuis l'avons dit, avait beaucoup d'ordre, non seule-
ment dans les alTaires de l'Etat, mais encore dans les siennes propres.
11 gardait ses vêtements aussi longtemps qu'il pouYait le faire décem-
ment et les faisait réparer pour en prolonger l'usage; C'est ainsi que
dans le premier trimestre de 1808, il donne à réparer vingt-sept
culottes et pantalons de casimir blanc et fait mettre des revers à qua-
torze babils de la garde, comme on le verra plus loin.
Napoléon se trouvait souvent gêné dans ses vêtements et le fait de
les donner à réparer était, peut-être, moins dicté par l'économie que
par l'ennui^de s'en séparer au moment où il s'y trouvait le plus à
l'aise.
Lors de son mariage avec Marie-Louise, pressé par sa sœur, la
princesse Pauline, dont le bon goût faisait autorité, il se fit faire par
Léger, tailleur à la mode, un habit de fantaisie orné de broderies,
mais il ne le mit qu'une fois et reprit bien vite son habit bleu, à revers
blanc, des jours de fête et de réception.
Malgré ses préférences, Napoléon n'a pas toujours exclusivement
porté le costume militaire ; ainsi, dans sa garde-robe, celle de son
tailleur Chevalier, nous pouvons citer, sans parler de ses vêtements
de chasse à tir et à courre :
An XIII. Un habit lilas, croisé, à boutons plaqués. — Un habit de
pou-de-soie pourpre, brodé — 1808. Un habit de velours de soie
amarante brodé. Un habit de soie, brodé. Nous trouvons aussi, en
1809, un ample manteau de drap bleu, dans le genre de celui qu'il
portait à Marengo.
Napoléon faisait usage de robes de chambre en piqué, doublées en
molleton de coton, dont Chevalier demandait 200 fr. ; plus tard, en
1815, Lejeune les fournissait pour 175 fr.
A la chasse, l'Empereur ne conservait pas son costume militaire.
Nous trouvons sur un mémoire de Chevalier la livraison d'un habit
de cliasse, orné d'un galon or et argent, coté 580 fr. C'était bien cer-
tainement l'habit de chasse à courre ; il suffit, pour n'en pas douter,
de remarquer cette autre fourniture faite longtemps après par Lejeune,
en 1815 : « Un habit de chasse à tir, 200 fr. »
L'Empereur se fit faire, par Lejeune, deux habits de garde national :
l'un en janvier 1814 ; l'autre en 1815 au retour de l'île d'Elbe. Il n'eut
guère le temps de les porter.
LES COSTUMES DE NAPOLÉON 23
II
La redingote grise équivalait à la capote des officiers de nos jours.
L'Empereur ne la mettait que par les temps froids ou pluvieux. Les
entournures en étaient fort larges parce qu'il gardait toujours ses
épauiettes.
Chevalier, tailleur de l'Empereur, faisait payer la fameuse redin-
gote 190 fr. Nous trouvons dans son mémoire du troisième trimestre
de 1808 : « Trois redingotes de drap gris, à 190 fr., 570 fr. y> En IBlo,
au retour de l'Ile d'Elbe, Lejeune ne les vendait plus que 160 fr.
Dans ce même mémoire, nous remarquons la fourniture de « deux
aunes et demie de croisé pour redoubler une ancienne redingote
grise ». Le prix marqué est de 2:2 fr., y compris la façon.
m
Qu'il nous soit permis de placer ici le résumé d'un long mémoire
de CuEVALiER, dont les premières livraisons remontent au commen-
cement de l'an XIII. Pour les mois de vendémiaire (octobre), brumaire
(novembre), frimaire (décembre), nivùse (janvier) et pluviôse (février),
nous trouvons :
Soixante-six vestes et soixante-six culottes de casimir blanc, à
90 fr. la veste et la culotte. — Elargi et réparé plusieurs habits de la
garde. — Fourni une redingote grise, en drap de Louviers, 200 fr.
— Une culotte de velours brodé, 120 fr. — Quatre gilets de soie,
ouatés, 192 fr. — Vingt-quatre caleçons de toile, 480 fr. — Trois
habits de la garde, doublés d'écarlate, à 2o0 fr. et trois paires d'épau-
lettes fortes à loO fr. la paire. — Vingt-quatre caleçons, à 20 fr. —
Remis des boutons à l'aigle, à un habit de général en chef, etc.
Germinal (avril). Pour le départ cf Italie. — Un habit de chasse
galonné, ooO fr. — Un surtout de chasse, 200 fr. — Un habit brun
croisé, à boutons plaqués, 190 fr. — Un habit gris lilas, croisé, à
boutons plaqués, 190 fr. — Un habit de la garde, avec ses épauiettes
fortes, 400 fr. — Façon d'un habit de pou-de-soie pourpre, brodé,
oO fr. — Vingt-quatre caleçons à 20 fr. — Douze gilets de flanelle à
30 fr. — Trente vestes et trente culottes de Casimir blanc, à 90 fr.
2'^ LKS FOIUMSSEURS DE NAPOLÉON l'^''
— Oiiatorzc crachais à 60 fr. cliaquc. — Quatre culottes de drap de
soie blanc.
Envoi à Milan. — Soixante-douze vestes et soixante-douze culottes
à 70 et à î)0 fr. (veste et culotte). — Six pantalons et six vestes à
100 fr. (les deux pièces). — Un habit vert de chasseur de la garde,
avec les rpaulettes et le crachat à aigle d'argent massif (de 70 fr.),
470 fr.
Thermidor (août). Pour le départ do Boulogne. — Neuf habits
verts, de chasseur à cheval, à 210 fr. ; la paire d'épaulettes 150 fr. et
la plaque à l'aigle, 70 fr. — Quatre redingotes de drap gris, à 200 fr.
— Elargi les manches de deux robes piquées; redoublé les manches
d'un habit de la garde ; changé les revers et parements d'un autre, etc.
Total : 32,167 fr. Réduit, après expertise, à 29,000 fr.
Suite des mémoires de Chk^valier, tailleur particulier de l'Empereur.
1808. Premier trimestre. — Avoir remis des revers à quatorze habits
de la garde, 420 fr. — Un habit de chasse (à courre), galonné or et
argent, 580 fr. — Un habit de la garde, doublé de drap écarlate avec
des grenades à paillettes et passe-épaulettes, 240 fr. — Une paire
d'épaulettes à l'habit, 148 fr. — Une plaque de la Légion d'honneur,
62 fr. — Quatre habits de chasseurs de la garde, 800 fr. — Quatre
paires d'épaulettes aux quatre habits, 592 fr. — Quatre plaques de
la Légion d'honneur, 248 fr. — Réparations faites à vingt-sept articles,
tant culottes que pantalons de Casimir, 27 fr. — Fait un changement
à seize gilets de llanelle, 16 fr. — Fourni douze pantalons et douze
vestes de casimir blanc (à 95 fr. veste et culotte), 1,140 fr. — Douze
culottes et douze vestes à 85 fr., 1,020 fr., etc. Total : 5,649 fr. Réglé
à 5,600 fr. {Arch. nat. 0^33.)
1808. Troisième trimestre. — Fourni vingt-quatre culottes et vingt-
quatre vestes de casimir blanc, à 85 fr. la veste et la culotte. — Dix-
huit pantalons et dix-huit vestes de casimir blanc, à 95 fr. le pantalon
et la veste. — Deux habits de la garde, doublés de drap écarlate,
passe-épaulettes et grenades à paillettes, à 250 fr. — Deux paires
d'épaulettes à 148 fr. — Deux plaques de la Légion d'honneur, à
€2 fr. — Fourni deux aunes et demie de croisé, pour redoubler une
ancienne redingote grise, y compris la façon, 22 fr. — Remis des jar-
retières brodées à une culotte de velours, y compris la broderie,
42 fr. — Quatre habits de chasseur de la Garde, à 200 fr. — Cinq
paires d'épaulettes, à 148 fr. la paire. — Quatre plaques de la
Légion d'honneur, à 62 fr. — Quatre robes de piqué, doublées en
LES COSTOIES DE NAPOLÉON 25
molleton de coton, à 200 fr. l'une. — Trois redingotes de drap gris,
à 190 fr. — Deux culottes de pou de soie blanc, doublées en toile
royale, 108 fr. — Broderie des jarretières et des boutons des deux
culottes, 7:2 fr. — Façons et boutons de six gilets de cachemire, à
GO fr. — Douze gilets de flanelle, à 36 fr. — Neuf aunes de velours
gris, pour capote, 378 fr. — Fourni les brandebourgs garnis de
trente olives avec bouquet et trente rangs à torsades, 50o fr. —
Façon et poches de la capote, 48 fr. — Une plaque de la Légion
d'honneur, à ladite capote, 6:2 fr. — Deux plaques du grand Ordre
de Russie, 140 fr. — Une plaque de la Légion d'honneur, pour le
manteau, 72 fr. {Arch. nat. 0-33.)
1808. Quatrième trimestre. — Quatre gilets de taffetas, ouatés, à
S4 fr. l'un, 216 fr. — Réparations faites à dix habits, dont les épau-
lettes avaient été e'crasées dans les malles, pendant le voyage de S. M.
pour le Congrès ', 60 fr. Remis et fourni cinq plaques de la Légion
d'honneur, pour remplacer celles que S. M. avait ùtées de ses habits,
pour en disposer àsongré, 310 fr. — Avoir remis et fourni des bou-
tons de soie à dix culottes et à dix vestes de Casimir blanc, 60 fr. —
Avoir remis des parements à deux habits de la garde, 60 fr.
Décembre. Fourni dix-huit pantalons et dix-huit vestes, à 95 fr, la
veste et le pantalon, 1,160 fr. — Deux caleçons de futaine, 238 fr. —
Douze gilets de flanelle, 480 fr. — Deux habits de chasseur (de la
Garde), 440 fr. — Des épaulettes aux deux habits, à raison de 148 fr.
la paire, et deux plaques de la Légion d'honneur à 62 fr., 320 fr. —
Fourni des revers et parements à un habit de la garde, 30 fr. —
Façon et toile de quatre caleçons de tricot, 40 fr. — Fourni quatre
caisses et toile cire'e pour l'envoi en Espagne des effets ci-dessus,
40 fr. Total 3,624 fr.
11 paraît que le budget de 20,000 fr, fixé par l'Empereur lui-même
pour sa toilette était épuisé, car cette somme de 3,624 fr. fut payée
sur le fonds de 100,000 fr, mis à la disposition du Vice-Grand Elec-
teur, Grand Chambellan « pour dépenses imprévues de toute nature ».
Signé, d'une écriture à peine lisible : < Charles Maurice », c'est-à-
dire Talleyrand. {Arch. nat. 0-33.)
Du 23 janvier au 6 mars 1809. — Cinq habits de la Garde. — Cinq
redingotes en drap gris, à 190 fr. — Six habits de chasseur et quatre
habits de la garde. — Un manteau de drap bleu, dans lequel on a
1 Ce que Chevalier appelle le Congrès, c'est l'entrevue d'Erfurt. '
20 LKS FOllRNISSEl r.S Dl-: NAPOLl'lOX l''''
employé neuf aunes de Loiiviers bleu à 80 fr. l'aune, 744 fr. — Yingt-
cinq culottes, Ircnte-neuf pantalons et soixante-quatre vestes de casi-
niii" l)lan(\ — Six robes de chambre en piqué. Total : 14,785 fr. (Arch.
itat.om.)
Voici une capote (jrise ouatée (jui remonte au 28 décembre 1812;
elle coûte 753 fr. 50. Chevalier en donne le détail suivant. Deux
aunes et demie de drap gris, 55 fr. 125 fr. 50. — Six aunes et demie
de levantine, pour la doublure, les poches, etc. 82 fr. — La façon,
20 fr, — La ouate, 10 fr. — Bordure et parements en chinchilla,
548 fr. {Arch. nai. 0^35.)
Au mois de mars suivant. Chevalier livre pour Constant, premier
valet de chambre, pour Hubert, valet de chambre et pour le manie-
luck Roustan, chacun lui carrick de 180 fr. En plus, pour les deux
premiers un pantalon de 80 fr. (Arch. nat. 0-35.)
IV
Le Jeune, tailleur en vogue, travaillait pour Napoléon, vers la fin
de l'Empire. Le 6 mars 1812, il livre un habit de chasseur, avec
plaque, épaulcttes et cor de chasse, au prix convenu de 330 fr.
Mentionnons quelques-unes de ses autres fournitures.
Du 11 janvier au 30 mars 1813. — Deux habits de grenadier, avec
plaque, épaulettes et grenades, à 340 fr. — Cinq habits de chasseur,
avec plaques, épaulettes et cors de chasse, à 330 fr. — Un habit de
chasse, avec plaque, 200 fr. — Trois redingotes grises, à 160 fr. —
Une redingote verte, à 180 fr. — Treize robes de chambre, à 130 et
175 fr. la pièce. — Gilets, vestes et culottes, pantalons à pied et
autres, etc. Total : 16,100 fr.
19 janvier 1814. — Un habit de garde national, avec plaque et
épaulettes, 330 fr.
Avril et mai 1815. — Un habit de garde national, avec plaque et
épaulettes, 330 fr. — Deux habits de chasseur, avec plaque et épau-
lettes, 660 fr. — Un habit de grenadier, idem, 350 fr. — Deux redin-
gotes grises, à 100 fr. chacune. — Trente-six vestes et trente-six
culottes de casimir blanc, à 64 fr. la paire. — Cinq robes de chambre
en piqué, à 175 ir., l'une. — Une culotte de Casimir noir, 40 fr. —
Un gilet de piqué blanc, 36 fr. — Un habit de chasse, 200 fr., etc.
Total : 5,76i JV. [Arch. nat. 0-35.)
LES COSTUMES DE NAPOLÉON 27
L'Empereur n'avait pas un goût prononcé pour la chasse, mais il
la considérait comme un devoir imposé au chef d'une grande nation ;
d'ailleurs, il n'y brillait pas par son habileté. Il ne se donnait pas le
temps de viser et tirait trop vite.
Chassant un jour, à Grignon, chez le maréchal Bessières, l'officier
des chasses qui accompagnait l'Empereur disait, chaque fois que
celui-ci manquait une pièce : « Cuisse pendante, aile cassée, forte-
ment blessée. » Napoléon fatigué de cette flatterie répétée, et peut-
être aussi de sa propre maladresse, s'écria : « Aile cassée ! eh bien,
allez la chercher. » (Général Ambert. Cinq épées. Le maréchal Bes-
sières.)
YI
Au mois de juin I8I0, quelques jours avant la bataille de Waterloo,
Eeiel'ne faisait encore la fourniture suivante :
« Douze vestes et douze culottes de casimir blanc à 64 fr.. la paire,
768 fr, — Un charivari' bleu de ciel, 120 fr. — Un charivari ama-
i-anthe, 12o fr. — Une redingote grise, 160 fr. — Un habit de chas-
seur avec plaque et épaulettes, 330 fr. — Un pantalon de fmette, à
pied, 28 fr. — Total : 1,536 fr. ^
Ces prix sont moins élevés que ceux de Cuevalier et cependant le
mémoire fut « modéré à la somme de l,ol6 fr. ».
€ Vu, ordonné et approuvé sur le fonds de lo,oo5 fr. pour neuf
mois et dix jours que le budget de I8I0 met à notre disposition pour
la garde-robe de Sa Majesté. 19 juin 1815. Le Grand Chambellan.
« Le comte de Montesquiol'. »
L'annotation du comte de Montesquiou est une nouvelle preuve de
l'ordre admirable que mettait l'Empereur dans ses affaires. Il rédui-
sait à 15,555 fr. son budget de toilette de 20,000 fr. parce que, rentré
à Paris le 20 mars I8I0, l'année n'avait plus que neuf mois et dix
' Pantalon de cavalier, garni de cuirs entre les deux cuisses et de boutons sur
les côtés.
28 LKS FOl'RNFSSRUnS DE NAPOLliON l*^'"
jours. Tous les buciyots de 181"> l'iirciil élublis dans les mêmes condi-
tions.
VII
Dans les grands froids, l'Empereur faisait usage de vêtements gar-
nis de fourrures, que lui livrait la veuve Toullet; elle avait la garde
et l'entretien de ses habits fourrés, ainsi que des manteaux impériaux
dont les riches fourrures, en hermine de Russie, sortaient de ses ate-
liers. Les deux manteaux du sacre lui avaient été payés 27,680 fr.
Au mois de mars 180G, elle réclame 1,250 fr. et en reçoit 1,200 pour
avoir réparé une polonaise et fourni, à cet effet, quinze peaux de
martre zibeline et diverses martres du Canada. Dans sa facture du
10 novembre 1810, la veuve Toullet demande d'abord 150 fr. pour
la garde des vêtements de l'Empereur, 250 fr. pour celle des man-
teaux impériaux et 180 fr. pour trente-six hermines employées au
raccommodage des manteaux. {Arch. nat. 0-33.)
Enfin, le 17 octobre 1812, l'Empereur reçoit à Moscou trois bonnets
de fourrure à 10 fr. ; sept paires de gants à 8 fr. ; fourni la fourrure,
50 fr. ; fourni 15 aunes de Florence, pour douillette et veste à manches,
à 5 fr. l'aune, 75 fr. ; total : 211 fr., plus 50 fr. pour les déboursés
d'Evrard, valet de chambre, tailleur pour le service de la garde-robe
de l'Empereur. {Arch. nat. 0-35.)
Malgré l'ordre étonnant de l'Empereur, il lui arrivait, en se désha-
billant, de jeter ses vêtements à tort et à travers sur le parquet. A
Sainte-Hélène, M. de Las Cases eut occasion de les ramasser à diverses
reprises. D'autres fois, il attisait le feu avec son pied, au point de
brûler ses souliers, ce qui réjouissait son bottier Jacques.
VIII
Le bonnetier breveté de l'Empereur, se nommait Panier; lors du
sacre, il fournit pour Napoléon, deux paires de bas, brodés d'or, au
prix de 144 fr. Parcourons quelques-uns de ses mémoires :
Livraisons du 16 mars au 10 novembre 1807. Cent soixante-huit
paires de chaussons fins de Ségovie, à 2 fr. 50. — Soixante paires de
bas de soie blancs, à 18 fr. — Six pantalons de laine, à 18 fr. — Total :
1,608 fr.
LES COSTUMES DE NAPOLÉON 29'
28 août et 29 octobre 1808. — Trente paires de bas de soie blancs,
à 18 fr. — Quarante-huit paires de chaussons de laine, à 2 fr. oO. —
Six pantalons de laine, à 21 fr. — Total : 1,218 fr. {Arch. nat. O'SS.)
Du 24 mars au 10 juillet 1810. — Trente paires de bas de soie blancs,
superfins, à 18 fr. — Trois paires de bas de soie, brodés en or, à 24 fr,
— Quarante-huit paires de chaussons de laine, à 2 fr. 50 et 3 fr. —
Total : 768 fr.
31 janvier 1813. — Trente-six paires de bas de soie blancs, 396 fr.
— Trente-six paires de chaussons de mérinos, 81 fr. [Arch. nat. 0-35.)
Le grand nombre de chaussons, de pantalons de laine et de robes
de chambre, dont faisait usage l'Empereur, s'explique en ce qu'il se
levait la nuit, ou de grand matin pour travailler ; il ne commençait
sa toilette que vers huit heures.
IX
A Sainte-Hélène, où il arriva le 17 octobre 1815, l'illustre captif
avait une garde-robe fort restreinte. Néanmoins on y voyait sort
habit de Premier Consul en velours rouge, brodé soie et or. Il lui
avait été présenté par la ville de Lyon, circonstance qui faisait sans
doute qu'il se trouvait ici, son valet de chambre sachant qu'il l'affec-
tionnait beaucoup, parce qu'il lui venait, disait-il, de sa chère ville
de Lyon.
On y voyait aussi le manteau de Marengo, manteau glorieux sur
lequel ont été plus tard exposés religieusement les restes mortels de
l'immortel vainqueur, manteau qui figure aujourd'hui dans les objets
spécialement légués par ISapoléon à son fils... (Las Cases. Mémorial.)
CIIAPITUE II
LE PETITCHAPEAU DE NAPOLÉON
I
Le petit chapeau, célébré par la légende ', était en feutre noir,
sans bordure ni galons, orné d'une petite cocarde tricolore soutenue
par une ganse de soie noire. Pendant tout le temps du Consulat et
de l'Empire, Napoléon n'en a pas changé la forme.
Lorsque Gros fut chargé, par l'Empereur, de peindre la bataille
d'Eylau, un costume complet de Napoléon fut confié au peintre. Gros
conserva parmi ses trophées militaires le chapeau historique, qui fut.
dit-on, acheté à sa vente 2,047 fr. par le docteur Delacroix et ofTert
au gouvernement de Louis-Philippe. Ce chapeau est aujourd'hui
déposé aux Invalides, dans la crypte réservée au tombeau de l'Em-
pereur.
II
Le chapelier de Napoléon se nommait Poupart; il se qualifiait
« chapelier, costumier et passementier de l'Empereur et des princes » .
' On lil à cet égard clans la Chronique littéraire de la Revue Brilannique,
année 1X42 : « Il vient de paraître une belle gravure au burin de M. Cli. Bouvier,
les chapeaux de Napoléon, d'après les tableaux de M. Steuben. Le petit chapeau,
sous divers aspects, est ici le symbole touchant des huit époques les plus mémo-
rables de cette vie héroïque. Le premier chapeau rappelle Toulon; le second,
l'Italie, l'Egypte et le consulat; le troisième, l'Empire; le quatrième Austerlitz;
le cinquième \Vagram; le sixième, l'incendie de Moscou; le septième les cam-
pagnes de France et ^Vaterloo ; le dernier, renversé sur le bord de la mer. le
b mai. Toute personne qui possède une vie de l'Empereur voudra lui donner
«e comi)lément. »
LE PETIT CHAPEAU 31
Dans le principe, les chapeaux d'uniforme qu'il fabriquait pour son
auguste client, étaient désignés sous le nom de « chapeaux français »
et coûtaient 48 fr.
En voyage, Napoléon portait des bonnets de velours, légers en été,
bordés de fourrure en hiver. Du 13 vendémiaire an XIII au l*"' août
180G, PouPART livre, pour l'usage de l'Empereur, deux bonnets
de velours léger, sans fourrure, à 21 fr. — Sept bonnets en velours de
Gènes, garnis de glands, à 48 fr., et fait quatre « raccommodages »
de chapeaux à 3 fr. — Deux chapeaux à plumes, dont un brodé d'or,
exécutés en 1804 sur les dessins d'Isabey, sont cotés 1,020 fr. [Arch.
nat. 0^3o.)
A partir de 1806, Poupart demande 60 fr. pour le chapeau d'uni-
forme qu'il appelle alors < chapeau castor français ». Ce devait être
le résultat d'un progrès dans sa fabrication, mais il eut à subir plu-
sieurs fois des réductions de 10 fr. par chapeau comme dans les deux
exemples suivants :
31 décembre 180o. — « Deux chapeaux castor français, à 60 fr. :
120 fr. ï Mémoire réduit à 100 fr.
5 juin et 15 septembre 1806. — Trois chapeaux castor français,
180 fr. — Le raccommodage d'un chapeau, 4 fr. Total : 184 fr. Mé-
moire ramené à lo4 fr.
La livraison du 19 mars 1807, comprend quatre chapeaux castor
français, à 60 fr. : 240 fr. plus une caisse dont le prix s'élève à 9 fr.
avec l'emballage. Cette fois, la réduction n'est que de neuf francs.
Du 11 août au 11 décembre 1807. — Quatre chapeaux castor, à
60 fr. — Réparé deux chapeaux de costume et réparé les plumes
gaufrées, 90 fr. — Réparé quatre chapeaux et remis des coiffes, 24 fr.
— Un bonnet de velours vert garni d'or, avec bandeau en loutre du
Kamchatka, 78 fr. — Un autre bonnet de velours bleu à bandeau de
fourrure, 60 fr.
Le budget de 20,000 fr. fixé par l'Empereur pour sa toilette, étant
épuisé, on a recours au fonds de 40,000 fr. pour dépenses imprévues.
{Arch. nat. 0-3o et 0-47.)
De mars à décembre 1807, l'Empereur a donc pour son usage douze
chapeaux d'uniforme, dont huit nouveaux et quatre anciens remis à
neuf.
32 LliS FOL'RMSSliURS DE NAPOLÉON 1*^'"
III
Dans ces trois factures qui représentent quatre trimestres, nous
comptons dix chapeaux neufs, sans parler des coups de fer et des
réparations. Pour établir une moyenne, veut-on s'en tenir à huit cha-
peaux par an ? Ce chiffre n'est pas exagéré, vu les diverses résidences
et les nombreux déplacements de l'Empereur. On peut donc affirmer
que de 1800 à 1815, il a été fait, pour Napoléon, au moins cent vingt
« petits chapeaux ».
En 1813, Maneglier, rue de Richelieu, lui fournit six bonnets de
velours, pour 18U fr. [Arch. nat. 0-3o.)
Le lo mai 1811, Poupart qui s'était associé à Delaunay, livrait pour
le mameluck Roustan, une toque de velours cramoisi de 312 fr. bordée
d'étoiles d'or, avec une aigrette. Le 28 février suivant, leur facture
mentionne, pour l'Empereur, huit bonnets de velours, de différentes
couleurs, cotés ensemble 400 fr., puis au mois de mai de la même
année, «n une toque de voyage en velours bleu » de 35 fr.
D'autres chapeliers travaillaient pour la maison de l'Empereur.
Revelle fournissait les chapeaux des hérauts d'armes. En 180G, il
réclame 2o7 fr. pour cinq chapeaux avec bords en soie, glands en
torsade, ganses brodées et cocardes d'argent. La facture est ainsi
apostillée : « Vu, ordonné et approuvé sur le fonds de 27,000 fr. que
le budget de 180G met à notre disposition pour les cérémonies non
prévues. Le grand maître des cérémonies. Le comte de Ségur. » [Arch.
nat. 0-139.) C'est la preuve que le budget des cérémonies est épuisé
puisqu'on a recours au fond de réserve.
£n 1815, Pétiaux livre, pour les cérémonies du Champ de Mai, à
MM. Alphonse Mabire et Vacherot, employés au bureau des céré-
monies, trois chapeaux fins, à 48 fr. l'un. {Arch. nat. 0-137.)
IV
A propos du chapeau de Napoléon nous rapporterons une curieuse
observation du docteur Gall, que l'Empereur traitait de charlatan, à
l'égal de Cagliostro, de Mesmer et de Lavater.
On sait que le docteur Gall avait créé une science appelée phréno-
logie ; partant de ce principe que le cerveau est le siège des facultés
LIi PETIT CHAPEAU 33
(le l'àme, il admettait qu'on pouvait reconnaître les inclinations et
dispositions de Thoinme d'après les protubérances du crâne.
Le célèbre docteur était fort recherché, les mères le priaient de
palper la tête de leurs enfants pour indiquer les germes de leurs
facultés, mais sa science était bien incertaine, et maintes fois il s'est
trompé.
Cependant Gall a dit et répété que la tête de Napoléon était ce qu'il
avait vu de plus extraordinaire et qu'elle tenait du merveilleux.
« Dans l'étude réfléchie qu'il en avait faite, ses principes l'avaient
porté à soupçonner que celte tête avait dû croître et grossir fort tard,
même après la virilité; et poursuivant avec opiniâtreté cette vérifica-
tion, il en était arrivé à recueillir du chapelier de l'Empereur la con-
naissance précieuse, qu'aussi tard que sous l'Empire, on avait été
obligé d'altérer, en effet, et d'accroître la forme du chapeau de Sa
Majesté. » (Comte de Las Cases. Mémorial de Sainte-Hélène.)
Sujet à des mouvements de mauvaise humeur. Napoléon s'en pre-
nait parfois à son chapeau. Nous en citerons quelques exemples.
Observons d'abord que, le plus souvent, ses colères étaient simulées
parce qu'il préférait, comme il le disait lui-même, gronder fort que
de sévir.
Le général comte Tolstoï, ambassadeur de Russie à Paris, dans
une dépêche adressée à son ministre Romantzof, le 23 janvier 1808,
rendait compte, en ces termes, d'un entretien qu'il avait eu avec
l'Empereur : « Prenant son chapeau des deux mains et le jetant à terre,
il me tint ce discours trop remarquable pour ne pas être transcrit
mot à mot : Ecoutez, monsieur de Tolstoï, ce n'est plus l'Empereur
des Français qui vous parle, c'est un général de division qui parle à
un autre général de division : que je sois le dernier des hommes si je
ne remplis pas scrupuleusement ce que j'ai contracté à Tilsit, et si je
n'évacue pas la Prusse et le duché de Varsovie lorsque vous aurez
retiré vos troupes de la Moldavie. Comment pouvez-vous en douter ?
Je ne suis ni un fou, ni un enfant pour ne pas savoir ce que je con-
tracte, et ce que je contracte, je le remplis toujours. » (A. Yandal.
Napoléon et Alexandre, p. 258.)
La même année, à Erfurt, lors de la célèbre entrevue, Napoléon,
qui était la séduction même, quand il le voulait, avait pour son au-
guste ami les plus délicates attentions ; par des manœuvres envelop-
pantes, il cherchait à lui faire partager ses idées sur ]a politique géné-
rale. Ses entretiens étaient pleins de douceur. V\\ jour cependant i
3
34 LF,S FOCRMSSKl'RS DE NAPOLftOX l^""
se fâcha, « ctiSapoléon, dans un mouvement d'impatience rageuse,
jeta à terre son chapeau et le piétina. Alexandre s'arrêta aussitôt,
le regarda fixement avec un sourire, se tut quelques instants, puis
d'un ton calme : « Vous êtes violent, dit-il ; moi, je suis entêté : avec
« moi, la colère ne gagne donc rien. Causons, raisonnons ou je pars. »
Et il se dirigea vers la porte. Force fut à l'Empereur de le retenir, de
s'apaiser. La discussion reprit sur un ton modéré, amical même, mais
n'avança point, et, celte fois encore, Alexandre ne se laissa entraîner
contre r.\utriche à aucune démarche comminatoire. » (Albert Vandal.
Napoléon et Alexandre.)
Nous empruntons notre dernier exemple aux Mémoires du prince
de Metlernich. Le 12 juillet 1813, le comte de Metternich (il n'était
pas encore prince) assistait à sa dernière entrevue avec Napoléon,
dans un des faubourgs de Dresde. L'Empereur l'attendait debout, au
milieu de son cabinet, l'épée au côté, le chapeau sous le bras. La
discussion s'échauffa peu à peu et finit par devenir orageuse. Rappe-
lant ses dernières victoires de Lutzen et de Bautzen, Napoléon se
prétendait encore invincible ; il menaçait l'ambassadeur d'aller bien-
tôt à Vienne ; il augmentait l'évaluation de ses forces et diminuait
celles de l'ennemi. Perdant son sang- froid, « il jeta, dit Metternich,
dans un coin du salon, le chapeau que jusqu'alors il avait tenu à la
main... ».
« ... Napoléon se remit à se promener avec moi dans le salon ; au
second tour, il ramassa son chapeau. » (T. I, p. 147.)
Un négociant lyonnais, M. Poxard, se rendit acquéreur, en mars
1892, avec document à l'appui, d'un chapeau ayant appartenu à
Napoléon P"" et d'une feuille de saule cueillie, en 1827, sur le tombeau
de Sainte-Hélène par un lieutenant de vaisseau, Emmanuel de Saint-
James.
M. PoNARD acheta ce chapeau à Cousances (Jura), à un certain
M. Lefebvrequile tenaitde son père. Celui-ci, Louis-Edouard Lefebvre,
pharmacien à Versailles, l'avait reçu le 13 octobre 1838, deM. Ludovic-
Jean-Bapliste-Zéphir Dubois, officier de cavalerie en retraite, percep-
teur des contributions directes à Saint-Cyr-l'Ecole.
Le père de cet officier l'avait acheté son pesant d'argent (soit
oo francs) à Chardon, chapelier de la garde impériale en 1812.
CHAPITRE III
LES OBJETS DE TOILETTE DE NAPOLEON. — SA PARFUMERIE
SON LINGE. — SES GANTS
Dans toute sa personne et dans ses soins de toilette Napoléon était
d'une propreté recherchée. Il se baignait souvent, trop souvent même
et restait longtemps dans le bain, ce qui a contribué à lui donner
un embonpoint prématuré. Il se faisait frotter rudement le dos et les
épaules en disant: « Allons, fort! comme sur un âne. » (Las Cases.)
Quand l'Empereur se déshabille, ce qu'il fait de ses propres mains,
dit encore l'auteur du Mémorial de Sainte-Hélène, il jette tout ce
dont il se dépouille par terre, s'il ne se trouve là un de ses valets de
chambre pour s'en saisir. « Combien de fois je me suis précipité pour
ramasser son cordon de la Légion d'honneur, quand je le voyais
arriver ainsi sur le plancher !
« La barbe est une des dernières parties de sa toilette, qui ne vient
qu'après qu'on lui a mis ses bas, ses souliers, etc. Il se rase toujours
lui-même, ôtant d'abord sa ehemise et demeurant en simple gilet de
flanelle...
« L'Empereur se rase dans l'embrasure de la fenêtre, à côté de la
cheminée. Son premier valet de chambre lui présente le savon et un
rasoir : un second tient devant lui la glace de son nécessaire, de ma-
nière à ce que l'Empereur présente au jour la joue qu'il rase. Ce
second valet de chambre l'avertit si le rasoir a laissé quelque chose
en arrière. Cette joue rasée, il se fait une évolution complète pour
faire l'autre, chacun changeant de côté. »
Vers 1803, l'Empereur prit l'habitude de se raser lui-même, ce qu'il
.10 LES FOL'RMSSRURS DE NAPOLÉON l*^'"
faisait après avoir ùté sa chemise et ne conservant que son gilet de
flanelle ; un valet <le cluunbre lui tenait la glace de son nécessaire et
l'avertissait quand le rasoir n'avait pas tout enlevé. Ensuite il se lavait
dans un vaste bassin d'argent.
L'eau de Cologne, dont il usait à profusion, était son parfum
favori ; il en versait surabondamment dans son eau de toilette, s'en
arrosait la tête à l'aide d'une éponge, et vidait le reste de la fiole
sur son cou et sur ses épaules. Il renouvelait chaque jour ses gilets
de flanelle, ainsi que ses vestes et ses culottes de casimir blanc.
11
Napoléon salissait vite et beaucoup tout ce qu'il portait. Dans ses
campagnes il fallait lui envoyer du linge et des habits dans plusieurs
endroits à la ibis.
Le budget de l'Empereur, pour sa toilette, avait été porté à
70.000 fr., mais il le réduisit lui-même à 20,000.
Il avait une série de nécessaires, dont quelques-uns aussi riches et
aussi complets que possible, avec toutes les pièces gravées à ses
armes.
Son fournisseur attitré, alors très en vogue, était Biennais.
Sans compter les deux rasoirs qui avaient leur place dans chacun
de ses nécessaires, il avait des boites d'acajou de six et de douze
rasoirs, doublés de velours vert.
Il aimait l'odeur de l'aloés qui se payait alors lH, fr. l'once. Sur
deux mémoires de Bii^nnais, l'un de janvier à mars 1808, l'autre de
août à septembre de la même année, nous constatons la livraison de
dix onces de bois d'aloès, 720 fr. — Deux mèches, 7 fr. — La répara-
tion (lun vase à parfums en vermeil, 120 fr., etc.
111
Napoléon avait d'assez belles dents et se servait d'un cure-dents eu
buis poli que Gervais Cuardin lui faisait payer 2 fr. la douzaine.
il portait souvent des gants, peut-être un peu pour garantir ses
mains qui étaient fort belles, ce qu'il n'ignorait pas. Les gants dont il
LES OBJETS DE TOILETTE DE NAPOLÉON 37
s'approvisionnait le plus, étaient ceux de peau de renne, de daim ou
de castor.
Le 24 mars 1810, nous constatons une livraison de deux paires de
gants brodés en or avec chiffre, et cinq jours plus tard, une livraison
semblable. Total : 144 fr. C'est l'époque du mariage de Napoléon
avec Marie-Louise, et jamais l'Empereur ne s'est montré si coquet
qu'en cette occasion. Son linge était de qualité extra; ses jarretières
élastiques valaient 3 fr. et 4 fr., 50 la paire. — Ses bretelles mon-
taient à 12 fr. et à lo fr.
IV
Entrons maintenant dans de plus* amples détails et consultons les
mémoires des fournisseurs.
Gervais Cuardin « parfumeurs de Leurs Majestés Impériales
et Royales » fait en 1806, d'importantes livraisons.
Du 2 juin à fin septembre. Cinquante-deux boîtes d'opiat, 306 fr.
— Cent soixante-deux bouteilles d'eau de Cologne, 423 fr. — Yingt
éponges superfines, 262 fr. — Vingt-cinq pots riches de pâle
d'amande, 366 fr. — Deux cent trente paires de gants Isabelle, gants
de chevreau, de daim, de renne, 1,662 fr. — Quinze douzaines de
cure-dents en buis et en ivoire. — Vingt-quatre paires de jarretières
élastiques. — Six paires de bretelles. — Deux pièces de taffetas
d'Angleterre.
Le 15 octobre et le 18 décembre, il fournit quarante-quatre paires
de gants, dont quarante-deux paires fourrées, pour 86o fr. — Le
total de ces trois factures s'élève à 4,248 fr. [Arch. nat. 0-235).
La livraison du mois d'octobre 1808 comprend quarante-huit paires
de gants de renne, 630 fr. — Vingt-quatre paires de gants de chevreau
superfin, 72 fr. — Douze paires de bretelles élastiques, 180 fr. —
Vingt-quatre douzaines de cure-dents en buis, 48 fr. — Soixante-
douze bouteilles d'eau de Cologne, 150 fr. — Six boîtes de poudre de
corail fin pour les dents, 36 fr. — Quatre paires de jarretières élas-
tiques, 18 fr. — Vingt-huit boites d'opiat superflu, 168 fr. — Six pains
savon de rosé, 30 fr. — Douze pains de savon de Windsor, 24 fr. —
Douze éponges superfines pour la figure, 144 fr. — Douze pièces de
taffetas d'Angleterre, 24 fr. — Un grand flacon d'esprit de jasmin
double d'Espagne, 40 fr.
38 LES FOLRNISSianS DE XAPOLl'ON I^""
Citons encore les fournitures de Gervais CnARDi>f, pour les seuls
mois de février et mars 1810 :
Quatre paires de gants de castor noir, doublés de blanc, 8ïJ fr. —
Vingt-quatre paires en peau de renne, 240 fr. — Quatorze paires de
gants blancs unis, 81 fr. 50. — Deux paires de gants en or, c'esk-à-
dire, sans doute brodés en or, 72 fr. — Cent quarante-quatre bouteilles
d'eau de Cologne, 300 fr. — Douze boîtes d'opiat liquide. — Quatre
paires de jarretières élastiques, 72 fr. — Cinq éponges moyennes
superfines, blanches, 50 fr. {Ai'ch. nat. 0^35.)
En 1812, apparaît un nouveau fournisseur Durocuerau « fabricant
d'eau de Cologne perfectionnée ».
Du 20 janvier 1812 au 17 mars 1813, il livre pour le service de
l'Empereur cent huit caisses d'eau de Cologne (contenant chacune six
rouleaux) à 17 fr. la caisse, soit 756 fr.
M""® de Rémusat a donc raison quand elle dit dans ses Mémoires :
« Pour parfum, il (Napoléon) se contentait d'eau de Cologne, dont il
faisait de telles inondations qu'il en usait jusqu'à soixante rouleaux
par mois. 11 croyait cet usage fort sain. »
Nous ignorons si Gervais Chardin est rcfclé le fournisseur de Napo-
léon, en 1815, nous n'en voyons pas de traces et nous trouvons ce
mémoire de J. Tessier, parfumeur, rue de Richelieu, à la Cloche
d'or.
1815. Du 20 mars au 30 avril. — Deux savonnettes à la tleur
d'e et en
émail. La seule différence consistait dans le nombre et la grosseur des
diamants.
' Le Livre des collectionneurs.
LES TABATIÈRES DE NAPOLÉON 47
En 1797, le général Bonaparte logeait, à Turin, chez notre ambas-
sadeur, Miot de Mélito. Le jour de son départ, le roi de Sardaigne lui
envoya un des plus beaux chevaux sardes de son écurie. Autour du
cou de ce bel animal, la reine, la bonne M""^ Glotilde, sœur de
Louis XVI, avait attaché un collier de diamants, le seul qui lui restât,
elle s'était dessaisie des autres pour les besoins de l'État.
Bonaparte fut touché, ému même de cette attention. Il garda le
collier, mais il distribua aux officiers et serviteurs du roi des taba-
tières, des bagues et des dons d'argent pour une somme très supé-
rieure à celle du présent qu'il acceptait. (Comte Miot de Mélito,
3Iémoi7'es.)
Pendant les Cent-Jours, les joailliers Nitot et fils fournirent quatre
riches boîtes, pour le service des présents ; elles méritent une des-s
criplion.
o mai iSlo. ISitoteifils. Service des présents. — Tabatière carrée,
longue, en or ciselé, émaillé, enrichie d'un cercle en brillants et du
portrait de l'Empereur, par Robert Lefèvre, 10,773 fr. Le portrait est
coté 600 fr. et les brillants seuls, au nombre de trois cent vingt-six,
pesant trente karats, sont estimés 9,000 fr. — Deux tabatières ovales,
en or ciselé, émaillé, ornées, l'une de trente-quatre brillants et
l'autre de vingt-six avec le portrait de l'Empereur par Robert Lefèvre,
chaque portrait payé 600 fr. : 7,o99 fr. et ll,61o fr. — Une tabatière
dé même genre, sertie de vingt-huit brillants, surmontée du portrait
de l'Empereur peint par Saint (payé 600 fr.), 6,139 fr.
II
Napoléon, qui offrait avec libéralité de magnifiques tabatières ser-
ties de diamants, se contentait, pour son usage, de tabatières fort
simples. C'étaient généralement des boîtes d'écaillé doublées d'or,
surmontées de médailles antiques, de camées ou d'intailles représen-
tant des personnages célèbres.
Ces exacts renseignements, dont nous allons d'ailleurs fournir la
preuve, se trouvent dans les Mémoires de Constant et dans les Souve-
nirs historiques de M. de Méneval. Mais ce que ces messieurs ne
disent pas, c'est que Napoléon faisait aussi usage de boîtes d'or, boîtes
d'une grande simplicité, sans diamants, et toujours offrant sur le cou-
vercle une médaille ou une pierre dure sculptée.
;« LKS rornxissKLUs dk napoli';on T''
Avec s^ liibalière, ({vii no le quillail pas, l'Iùiipereur portait volon-
tiers uni' Itonlionnière d'écaillc Mincie décorée en piqué d'or.
Consultons quelques J/émoireÀ' de Bienn.us, bijoutier de l'Empereur,
et arrêtons-nous sur les fournitures ayant trait à notre sujet.
111
Mémoires de BnîNNAis, orfèvre. De janvier à mars 1808. (Extrait.)
Un éerin d'acajou, avec ornements de cuivre incrustés et compar-
timents de velours blanc, pour renfermer les tabatières de Sa Majesté.
V}Tô fr. — Un étui en peau, doublé de serge pour le renfermer, avec
les armes dorées dessus, 45 fr. — Fourni une boîte d'écaillé ovale,
l'avoir montée sur sa doublure en or et remonté les antiques, sous
un cristal, 87 fr. — Boite d'écaillé à huit pans, à quatre médailles :
refait les inscriptions, ajusté les médailles et fourni la plaque de fond,
en or, l:2ïî fr. — Fourni un couvercle à une boîte forme baignoire,
rajusté les quatre antiques et mis un cercle d'or, 9:2 fr. — A une autre
boite, refait à neuf la plaque du fond, 21 fr. — Un cristal, à une
boîte ovale, 9 fr. — Un couvercle d'écaillé noire, pour une boîte à
(juatre médailles, 33 fr. — Deux bonbonnières en écaille blonde, 30 fr.
et 27 fr.
Retour d'Espagne. Janvier 1809. — Remis en état la boîte d'écaillé
ovale, à deux antiques, en argent, GO fr. — Réparé une autre boite ovale,
surmontée d'une pierre gravée, 33 fr. — Réparé une boîte d'écaillé
cintrée, où est une tête de Mars, en or, 18 fr. — Une bonbonnière
d'écaillé blonde, 42 fr. — Une autre plus petite, 36 fr. — Une bon-
bonnière d'écaillé blonde, posée d'or, 22 fr. — Une boîte d'or, ciselée,
forme baignoire, Ooo fr. — Une boîte d'or, ciselée, à huit pans, G91 fr.
Septembre 1809. — Une boîte d'écaillé noire, doublée d'or, avec
deux médailles d'argent, montées dessus et cercles ciselés dessus
et dessous, S60 fr. — Une boîte d'écaillé noire, doublée d'or, de forme
carré long, arrondie par les bouts, montée de trois médailles
d'argent encadrées de cercles d'or ciselés et par-dessous, des glaces
pour empêcher le tabac de passer, 590 fr. — Une autre boîte de
même genre, mais à pans, ayant sur le couvercle quatre médailles
d'or, avec cercles d'or ciselés, 595 fr. — L'écrin à compartiments,
pour recevoir lesdites boîtes, couvert en maroquin, 36 fr. [Arch. nat .
0^3 i.)
LES TABATIÈRES DE NAPOLÉON 49
D'après ces renseignements officiels extraits des Mémoires de
BiEXNAis, nous sommes complètement fixés sur la nature des taba-
tières à l'usage de Napoléon P"".
IV
Suivant M. de Meneval, '( l'Empereur puisait dans sa tabatière,
moins par goût que par préoccupation, car il ne respirait que l'odeur
du tabac, et ses mouchoirs de batiste blanche n'en étaient point salis ».
[Souvenirs historiques, t. I. p. iL\i).)
Ce fait a pu se rencontrer quelquefois, mais Napoléon prisait beau-
coup et il n'est guère possible que ses fias mouchoirs blancs n'en por-
tassent pas la trace.
Opposons d'abord M. de Méneval à lui-même. Dans une lettre
adressée à Isabey,il rectifie cette erreur accréditée que l'Empereur se
servait des poches de ses gilets comme de boîtes à tabac et que loin
de là il avait toujours dans sa chambre dix tabatières pleines, qu'il
changeait à mesure qu'elles étaient vides.
« Je ne comprends pas ce conte absurde qui se renouvelle si
souvent, savoir : que l'Empereur prenait du tabac à même la poche
de son gilet. Parce que c'était l'usage du grand Frédéric, on croit que
l'Empereur devait faire de même. Mais quelque grand que fût Frédé-
ric, c'était un homme fort sale ; Napoléon, au contraire, était d'une
propreté minutieuse. Il avait toujours dans sa chambre dix tabatières
d'une forme oblongue avec de petites médailles antiques sur le cou-
vercle et toujours remplies qu'il changeait à mesure qu'elles étaient
vides. A la guerre, ses tabatières le suivaient ; l'idée même d'user
autrement de son tabac l'aurait dégoûté. Vous pouvez tenir cela pour
certain... » (Isabey, Mémoires.)
Il arrivait à l'Empereur, par distraction, de se bourrer le nez de
tabac, au point de se faire du mal.
Un soir, à Sainte-Hélène, raconte M. de Las Cases, en se retirant
Napoléon toussait beaucoup. « J'aurai pris trop de tabac sans y son-
ger, me dit-il; je suis une bète d'habitude, la conversation m'aura dis-
trait ; vous devriez, mon cher, dans pareil cas, m'ùter ma tabatière.
C'est ainsi qu'on sert ceux qu'on aime. »
Dans le Livre des Collectionneurs nous a.yons vaconlé que, lorsque
l'Empereur présidait le conseil d'Etat, il lui arrivait de recourir à la
or
50 LES l'oriîMssi-.rns df, napoléon i
tabatière de ses conseillers. Il se faisait passer successivement plusieurs
l)oites que, par distraction, il oubliait d'abord de rendre et retrouvait
plus tard dans ses poclics.
De son cuir, M. de Las Cases a écrit, en parlant de ces belles et
longues séances du conseil d'Elat, présidées par Napoléon :
« L'Empereur avait rha!)itude, comme l'on sait, de prendre du
tabac à chaque instant ; c'était en lui une espèce de manie, exercée la
plupart du temps par la distraction. Sa tabatière se trouvait bientôt
vide et il n'en continuait pas moins d'y puiser à chaque instant, ou de
la porter constamment tout ouverte à son nez, surtout quand il
avait lui-même la parole.
« C'était alors aux chambellans qui s'étaient faits le plus à son ser-
vice, ou qui y mettaient le plus de recherche, à lui soustraire cette taba-
tière vide pour y en substituer une pleine ; car il existait une grande
émulation de soins, de galanterie, parmi les chambellans favorisés
du service habituel près de l'Empereur service extrêmement envié.
C'étaient du reste à peu près toujours les mêmes, soit qu'ils s'intri-
guassent beaucoup pour y demeurer, soit qu'il fût naturellement plus
agréable à l'Empereur de voir continuer un service déjà goûté. Au
demeurant, c'était le grand maréchal Duroc qui arrêtait toutes ces
dispositions. »
V
L'Empereur recevait son tabac renfermé dans des pots de grès d'une
certaine contenance.
l^"" février 1806. — Tabac râpé livré pour Sa Majesté par M. Angest :
Six pots de tabac pesant ensemble :
166 livres à 3 francs 498 francs.
Trois pots de grès verni, à 9 fr. ... 27 —
Total o'2o francs.
Le 28 août 1807, la manufacture des sieurs Robillard, oncles,
neveux et C''^, boulevard Montmartre, livre à l'Empereur:
Un pot de grès contenant
20 kilos de tabac à 6 fr. 80 le kilo . . 136 francs.
Achat du pot de grès 22 —
Transport à Saint-Cloud 9 —
Total 167 francs.
LES TABxVTIÈRRS DE NAPOLÉON St
Aux pots de grès succédèrent par la suite les coflVels à tabac»
Voyons maintenant ce que Napoléon pouvait consommer de taba^
en poudre,
13 janvier 1808. — Livré à sa majesté l'Empereur par la manufac-
ture des sieurs Robillard et C'", un cofTret de 6 kilos de tabac ù
priser, à 7 fr. 20 le kilo.
8 mars 1808. — Tabac râpé en deux coffrets de 6 kilos chacun
à 7 fr. -20.
23 mai. — Un coffret de 6 kilos, à 7 fr. 20.
30 août et 15 septembre 1808. — Fourni à Sa Majesté 12 kilos
de tabac râpé à 8 fr. — Si nous ajoutons le prix de quatre coffrets, à
4 fr. et le transport à Paris et à Saint-Cloud, nous arrivons au chilTre
de 293 fr. 80. Compte réglé sur le budget de 20,000 francs établi
pour la garde-robe de l'Empereur.
Ces divers mémoires ne complètent certainement pas l'année 1808,
il faut y ajouter au moins une livraison de 6 kilos pour finir l'année.
On arrive ainsi à un total de 42 kilos de tabac à priser, soit 3 kilos
et demi par mois.
L'année suivante, les pots de grès et les coffrets à tabac furent rem-
placés par des boites en étain fin. Le 30 mars 1809, Boicervoise,
potier d'étain, fournit, en effet, cinq boîtes en étain garnies de leurs
bouchons et clés à vis, coûtant ensemble 54 fr. et contenant 3 kilos
ifoO grammes de tabac à priser.
Quoi qu'il en soit. Napoléon, étant Premier Consul, aimait déjà
beaucoup priser, et si nous en croyons Constant, cette habitude aurait
pu lui coûter la vie, sans la surveillance de serviteurs dévoués. « 11
venait d'acheter la Malmaison de M. Lecoulteux de Canteleu. La pré-
sence d'ouvriers nombreux pour diverses réparations et l'allure de
quelques-uns qui, par leur tenue et leur langage, semblaient étran-
gers à leur profession, fit naître des soupçons.
<i En faisant une tournée d'examen, on trouva sur le bureau devant
lequel il avait coutume de s'asseoir dans son cabinet de travail une
tabatière en tout semblable à celle dont il se servait habituellement.
On s'imagina d'abord que cette tabatière avait été oubliée ou posée là
par un valet de chambre, mais les doutes inspirées par la tournure équi-
voque de quelques-uns des faux marbriers ayant pris plus de con-
sistance, on (it faire l'analyse du tabac que contenait la tabatière...
il était empoisonné, » (Constant, Mémoires.)
52 LES lOLIlMSSKURS \)E NAPOLl':ON l''''
VT
Parmi les tabatières emportées par Napoléon à Sainte-Hélène, il y
on avait une avec un Pierre le Grand, sur le couvercle, une autre
avec un Charles-Quint, une troisième avec un Turenne ; d'autres
enfin, dont il se servait journellement étaient couvertes de médail-
lons rassemblés de César, d'Alexandre, de Sylla, de Mithridate, etc.
Venaient ensuite quelques riches boites serties de brillants, ornées de
son chinVe ou de son portrait ; mais ces dernières étaient de celles
qu'il réservait on présents. (Comte de Las Cases, Mémorial.)
cil API TUE M
L'ETiaUETTE DANS LES PALAIS IMPERIAUX
L'Empereur lenait à ce que l'étiquelte fut rigoureusement observée
dans toutes les réunions ayant un caractère officiel. Il n'y avait de
fauteuils que pour lui et l'Impératrice. Madame Mère « eu égard à
son âge » put s'asseoir aussi sur un fauteuil. Des chaises et des pliants
c'taient réservés aux autres membres de la famille impériale, sans
exception.
Dans certaines grandes cérémonies où l'Empereur et l'Impératrice
occupaient le trône, eux seuls étaient assis. Les grands personnages
placés suivant leur rang, derrière et sur les côtés, restaient debout.
Lorsque l'Empereur devait assiter dans une église à quelqye céré-
monie, on plaçait un dais au-dessus de son fauteuil.
Pour les cas embarrassants, on se reportait à ce qui s'était fait sous
la monarchie précédente, ainsi lors du mariage de l'Empereur avec
Marie-Louise, il voulut qu'on procédât de même que pour Marie-
Antoinette.
II
Les loges de l'Empereur dans plusieurs théâtres de Paris étaient
tendues de velours cramoisi relevé de bois doré et meublées par le
Mobilier national. Nous ne trouvons pas de notes concernant cet ameu-
blement, mais il est facile de s'en faire ime idée par ce que fut la loge
de Louis XVIII.
•it LKS FOURNISSEURS DE NAPOLÉON l'^'"
Lcl'2 mai 1814, M. de Rt'miisat, surintendant, des spectacles, don-
nant l'ordre défaire porter dans la loge du Roi à l'académie royale de
niusi(|ue : < un fauteuil très large pour le Roi, une chaise toute prête
pour servir au besoin, un pliant pour M"^'" la duchesse d'Angoulème et
cinq tabourets. «
Prenons connaissance de lettres et notes oniciclles e'changces au
sujet de l'étiquette dans les Palais Impériaux.
Lettre du duc de Cadore à M. Desmazis, administrateur du mobilier
de la Couronne, 15 décembre 1809.
« Je vous renvoie, Monsieur, l'état des meubles d'étiquette à faire
pour le Palais des Tuileries, que vous m'avez adressé. J'y ai fait quel-
(jues observations.
< En général, il ne faut par palais que quelques-uns de ces fauteuils
d'étiquette et, dans les dispositions d'ameublement, il faut faire en
sorte que pour avoir un plus grand nombre de fauteuils de même
espèce, on puisse réunir ceux de divers appartements pourvu que par
palais on puisse faire trois bons assortiments, cela suffit. »
Décision de C Empereur du ^janvier 1811.
« L'Intention de l'Empereur est que quand il tient ses conseils
d'administration, il n'y ait de chaises que pour les Ministres d'Etat et
les Grands Officiers de l'Empire.
« Les ingénieurs, les maîtres des requêtes et les conseillers d'Etat
qui seraient appelés à ces conseils devront être assis sur des tabou-
rets.
« Quant aux conseils privés organisés [conforme'ment aux consti-
tutions, il y aura des chaises pour tous les membres qui y seront
appelés, excepté pour les auditeurs et autres personnes qui y assiste-
raient sans faire partie du Conseil privé. »
Signé : « le Comte de Montesquiou.>
Cette autre décision, datée du :23 février, est ajoutée après la signa-
ture :
« Aux Conseils de l'Université : le grand maître aura une chaise. »
Décision pour l'étiquette des Palais, datée de Compiègne le 12 sep-
tembre 1811, signée de l'Empereur et contresignée du Ministre secré-
taire d'Etat ï le Comte Daru » :
L ÉTIQUETTE DANS LES PALAIS IMPÉRIAUX 55
« Dans les appartements d'honneur et de représentation, il ne sera
réservé de fauteuils que pour l'Empereur et l'Impératrice. Madame, eu
égard à son âge, s'assoira aussi sur un fauteuil. Toutes les autres per-
sonnes y compris les princes et princesses de la famille Impériale, qui
seront dans le cas de s'asseoir dans les appartements d'honneur et de
représentation, auront des chaises, ou des pliants, s'il n'y a pas de
chaises. Cependant on donnera des chaises à dos aux princesses de la
famille Impériale qui seraient enceintes.
« Dans le cas où il viendrait à la cour des souverains étrangers, il
sera fait à leur égard un cérémonial particulier,
« L'Empereur, l'Impératrice et le Roi de Rome, seuls peuvent avoir
leur voiture attelée de huit chevaux et avoir une escorte d'honneur.
« Les princes et princesses de la famille Impériale n'ont jamais
descorte d'honneur et ont leurs voitures attelées de six chevaux.
« Les souverains étrangers qui viennent à la cour, n'ont aucune
escorte d'honneur, et leurs voitures attelées à huit chevaux que d'après
une décision signée par Sa Majesté.
« Dans les cérémonies pour lesquelles Leurs Majestés sont sur le
trône ou sous un dais, excepté celles qui ont lieu au Sénat et au Corps
législatif, ainsi que les grands couverts, l'Empereur et l'Impératrice
seuls sont assis sur des fauteuils. Toutes les autres personnes, princes
et princesses, grands dignitaires, etc., restent debout etplacés suivant
leur rang. » •
Le 25 novembre 1811, le duc de Cadore écrivait à M. Desmazis :
« J'ai l'honneur de vous envoyer, monsieur, les copies de deux
décisions de Sa Majesté concernant l'étiquette du Palais, et qui doivent
servir de règle pour l'ameublement.
« Sa Majesté se plaint de ce qu'on met trop de fauteuils dans les
appartements. A Compiègne, par exemple, le salon de l'Impératrice
est meublé en pliants et fauteuils et celui qui le précède en fauteuils
et chaises. Je vous prie de vous conformer exactement aux décisions
que je vous envoie, soit dans les ameublements à faire ou à renouve-
ler, soit dans l'arrangement des anciens meubles existant dans les
palais. »
LKs FoinMSSi'rr.s dk napoléon T'"
II
Extrait de diverses notes relatives à l'étiquette, inscrites au petit
registre.
« L'étiquette est à observer pour le grand appartement de repre'-
sentation et pour les apparlcmenls d'iionneur. Elle n'est pas suivie
pour les appartements intérieurs qui se garnissent de tous les meubles
nécessaires.
Il y a des petits appartements pour lesquels il n'y a point d'éti-
quette.
Dans les appartements d'bonneur et de représentation, il faut de
la noblesse dans l'ameublement. On réservera la riebesse pour le
salon principal.
Les anticbambres doivent avoir des lanternes, et les salons des
lustres.
Dans les rendez-vous de chasse, il n'y a point d'étiquette. Ils doivent
être meublés suivant leur objet.
Les loges aux différents théâtres doivent être meublées suivant l'éti-
quette, ainsi que les tribunes à la chapelle. Leur ameublement en
général doit avoir une couleur uniforme, velours cramoisi et bois
doré, par exemple. Les places réservées pour les princes et princesses
de la famille seront meublées de la même manière afin d'être distin-
guées des autres places.
Il y aurait avantage à avoir dans les châteaux, plusieurs pièces
meublées de même afin d'avoir une plus grande quantité de meubles
et de pouvoir les réunir au besoin dans la même pièce. »
Grands appartements et apparteinents d'honneur.
« Les antichambres et les premiers salons seront meublés en ban-
quettes larges et tabourets de même, recouverts en tapisserie de la
Savonnerie ; les portières et paravents seront de la même étoffe; il n'y
aura point de rideaux. On fournira pour ces pièces les tables et le
nombre de lits de sangles nécessaires pour le service.
Les deuxièmes salons d'attentes, salles à manger, de musique et
de jeux, salons des princes, et autres grandes pièces seront meublées
de deux fauteuils seulement pour Sa Majesté, et d'un nombre suffi-
sant de pliants et tabourets recouverts en tapisserie ou étoffe de soie ;
l'étiquettr dans les palais I'MI>1':RIAUX o7
les rideaux, portières et paravents seront de même étofîe ; on y ajou-
tera quelques consoles avec des candélabres.
Chambre conseil. Une grande table ronde recouverte d'un riche
tapis, un seul fauteuil, des chaises en maroquin autour de la table et
des tabourets pliants autour de l'appartement.
Chambre à coucher. Un fauteuil de chaque côté du lit, un fauteuil
de toilette, un canapé, des tabourets pliants, commode et rideaux,
écran, portières de la même étoffe que le meuble.
On aura des pendules dans les principales pièces et surtout dans
celles de service.
Il y aura des housses pour tous les meubles ; on ne les ôlera que
les jours de cérémonies et dans les châteaux où sera le souverain. »
Petits aj)partements et appartements intérieurs.
a Les appartements seront meublés de toute espèce de meubles,
sièges à dossiers et point de tabourets pliants.
Si la salle à manger fait partie des petits appartements, elle sera
garnie de chaises en nombre suffisant avec un fauteuil pour Sa Ma-
jesté.
Si Sa Majesté mange dans une des pièces des grands appartements
ou appartements d'honneur, on se servira de l'un des fauteuils et des
tabourets pliants qui doivent y être. »
Chapelle.
« Dans la tribune, un tapis sur lequel sera un tapis pour Sa Majesté
avec un carreau pour s'agenouiller, A droite et à gauche, des tabou-
rets pliants pour les princes et princesses, et tabourets bas pour
s'agenouiller. Derrière, des banquettes pour les dames.
Lorsque, pour une cérémonie, Sa Majesté sera dans le cas d'aller
dans la chapelle ou dans une église, il sera placé dans le choeur un
lapis avec un fauteuil et un prie-Dieu recouvert en velours pour Sa
Majesté, et à droite et à gauche, des tabourets pliants pour les princes
et princesses.
Dans les églises on placera un dais au-dessus du fauteuil de Sa
Majesté.
En général, on doit tenir retournés les fauteuils de Sa Majesté dans
les pièces où il ne va pas ordinairement. »
58
LES FOURNISSEURS DE NAPOLl':ON f
IV
M OBI LIEU IMPERIAL
Rcnscignemenls demandés à S. K. le grand maréchal du Palais sur
la nature et la qiianlilé de meubles d'éliquelle nécessaires dans cha-
cune des pièces dont la désignation suit :
REPONSES
1. Panqueltes en velours d'Ulrecht
ou de la Savonnerie ; bureau en bois
noirci; fauteuil de veille; rideaux
de couleur analogue.
2. Hanquettes et tabourets en Sa-
vonnerie ; bureau en bois noirci ; ri-
deaux de couleur analogue.
3. Pliants en Beauvais, bois dorés
en partie ; table ou bureau en bois
français ; rideaux de couleur ana-
logue.
4. Pliants et quelques chaises en
Beauvais, bois dorés ; rideaux en
Beauvais ; meubles analogues.
5. Deux fauteuils pour le trône et
pliants en velours cramoisi, galon
d'or, tenture idem ; rideaux Idern ;
point de meubles meublants, comme
consoles, etc.
G. Six fauteuils, douze chaises et
pliants en Gobelins, bois dorés ; ri-
deaux analogues ; meubles dorés.
7. Banquettes et tabourets en
Beauvais ; bois et meubles dorés ; ri-
deaux analogues.
8. Comme 7.
9. Comme ci-dessus. Avoir pour
Tappai tement quelques fauteuils et
chaises assorties que l'on pourrait
au besoin transporter dans les pièces
que l'on désignerait.
DESIGXATION' DES PIECES
Antichambre ou salle des gardes.
Salon des officiers de garde et des
pages.
Salon des officiers de la maison ou
salon de service.
Salon des princes.
Salon du trône.
Salon, ou grand cabinet de l'Em-
pereur,
Galerie.
Salle de banquet.
Salle de concert.
l'étiquette dans les palais impériaux
10. Comme 1.
5&
11. Comme 1.
12. Comme 2.
13. Comme 4.
IL Comme 6, et canapé.
1j. Tous les meubles meublanfs
nécessaires, chaises et fauteuils, de
grandes tables ; le bureau de Sa Ma-
jesté.
10. Point d'étiquette particulière;
les meubles nécessaires.
17. Idem.
18. Comme celle des Tuileries.
19. Point d'étiquette ; les meubles
nécessaires.
20. Idem.
Grand appartement de Sa Majesté
l'Empereur ; antichambre ou salle
des gardes.
Salon des huissiers.
Salon des pages et des officiers de
garde.
Salon de service.
Salon de l'Empereur.
Cabinet de Sa Majesté ou topogra-
phique.
Bibliothèque.
Pièces des secrétaires d'État.
Chambre à coucher.
Cabinet de toilette.
Cabinet de bain.
Apparlement d'habilation de S. M. l'Impératrice.
21. Comme 1.
22. Comme 1.
2.3. Comme 2.
24. Comme 3.
25. Comme 4.
26. Comme 6.
27. Comme 6, et canapé.
28. Point d'étiquette, suivant le
besoin.
29. Point d'étiquette, suivant le
besoin.
30. Idem.
31. Idem.
Antichambre ou salle des gardes.
Salle des huissiers.
Salle des officiers de garde ou des
pages.
Premier salon.
Deuxième salon.
Grand salon.
Petit salon.
Cabinet de Sa Majesté.
Bibliothèque.
Chambre à coucher.
Cabinet de repos ou boudoir.
co
LES KOUnXISSEUnS DE NAPOLÉON 1*^
:!2. l'oint d'cUfjuettc, suivant le ('abinet de loiletle.
besoin.
33. llnn.
Salle des bains.
PcUts apparloncnls de rh'tnpereur et de VImpéralrice.
34. Toute espèce de meubles de
goût, commodes et agréables.
Quel genre de meubles peut-on
employer dans les diverses pièces
qui les composent ? Est-ce dans ces
appartements seulement qu'on peut
placer des canapés, des meubles en
gondoles et autres objets de goiU,
de mode ou de fantaisie ?
• Appartement de?. Princes.
Les antichambres en papier, les Quelles sont les pièces qu'on doit
salons en tapisserie, les chambres à décorer en papier et celles qu'on doit
coucher et pièces intérieures, en orner de tapisseries ou en étoffes de
étoffes de soie. soie?
Comme l'appartement d'honneur
de Sa Majesté.
Certainement.
Quand il y a un appartement de
prince souverain dans un palais,
laut-il le meubler suivant l'étiquette
qui sera prescrite pour les apparte-
ments d'habitation de Leurs Majes-
tés.
Faut-il user de même pour l'ap-
partement du Roi de Home et des
enfants de France? A l'exception
toutefois des objets nécessaires à
leur usage.
Grands Officiers.
Dans les pièces de représentation.
{Archiv. nat. O^ooG.)
Faut-il metlre des tentures en
soie ou en tapisserie dans les
chambres seulement des grands offi-
ciers ou dans les salons ainsi que
dans les chambres à coucher?
CHAPITRE VII
L'ETIQUETTE DU FALAIS IMPERIAL
Sous ce titre nous trouvons aux Archives nationales (0-137) des
renseignements détaillés sur les attributions des six grands officiers
de la Couronne composant la maison de l'Empereur : le grand aumô-
nier ; le grand maréchal du palais ; le grand chambellan ; le grand
écuyer ; le grand veneur ; le grand maître des cérémonies. Ces grands
officiers ont, sous leurs ordres, tout un personnel dont les fonctions
sont bien définies.
Les colonels généraux de la garde, les aides de camp de l'Empereur
et les pages, faisaient aussi partie de la maison impériale.
Les attributions de chaque service mûrement étudiées par une com-
mission sous la présidencede l'Empereur, forment dans leur ensemble
un code du cérémonial que chacun devait connaître à la cour. Nous
allons en donner quelques extraits.
II
Le graxd aumônier. — II baptise les enfants dont l'Empereur est
parrain. Il règle la dépense de la chapelle, sur les fonds destinés à cet
effet. Il nomme les prédicateurs de la cour. Il délivre les prisonniers
que Sa Majesté fait mettre en liberté à certains jours solennels. En
cas d'absence du grand aumônier, le premier aumônier remplit ses
fonctions.
<',2 LKS FOIRMSSKURS DE NAPOLl'ON l'^''
Le grand M.vuKciiAi. iju l'ALAis. — Scs iiLLribiiLiuns suiil : le coininau-
<lement niilil.-iirc dans les palais impériaux et leurs dépendances, la
surveillance de leur entretien, embellissement et ameublement, la
distribution des logements.
Le service de la bouche, les tables, le chaufTage, l'éclairage, l'argen-
terie, la lingerie et la livrée.
Il propose à Sa Majesté la distribution du service militaire à établir
pour la garde du palais. 11 est chargé du commandement de la police
dans les palais impériaux, commande au détachement de la garde
impériale qui y fait le service... donne les mots d'ordre...
Il prend les ordres de l'Empereur pour les logements que Leurs Ma-
jestés, leurs officiers et les gens attachés à leurs services doivent occu-
per dans les différents palais impériaux, à l'armée et dans les voyages.
A l'armée et en voyage, le grand maréchal du palais est chargé de
pourvoir au logement de Leurs Majestés.
Les logements marqués par ordre du grand mare'chal du palais,
pour le service de Leurs Majestés, les personnes de leur suite et pour
la garde impériale, ne peuvent plus être pris par aucune autre per-
sonne, quels que soient son rang et ses fonctions et pour aucun autre
service.
Lorsque Sa Majesté arrive, ou fait sa première entrée dans un de
ses palais, le grand maréchal la reçoit à la porte, la précède et la con-
duit dans les appartements où elle peut désirer aller.
Il prévient Leurs Majestés, quand le repas est servi, les conduit jus-
qu'à la table et les reconduit de même après avoir fait son service
d'échanson en offrant à boire à l'Empereur.
Le bureau de poste établi dans chacun des palais impériaux est
sous la surveillance du grand maréchal du palais. Il est logé et a une
table servie aux dépens de la Couronne.
M. de Las Cases nous donne de curieux détails sur la liste civile et
les dépenses de la maison de l'Empereur, d'après diverses conversa-
tions avec l'auguste captif. Voici, dit-il, ce que j'en ai recueilli :
« La table était d'un million, et pourtant le dîner de la personne
de l'Empereur n'était dans ce compte, que pour cent francs par jour.
Jamais on n'a pu arriver à le faire manger chaud, parce qu'une fois
au travail on ne savait jamais quand il quitterait; aussi l'heure du
dîner venue, on mettait pour lui des poulets à la broche de demi-
heure en demi-heure, et l'on en a vu rôtir des douzaines avant
d'atteindre celui qui lui a été présenté.
l'étiquette du palais impérial 63
« De là on est passé aux avantages d'une bonne comptabilité.
LEmpereur citait surtout sur ce point MM. de Mollien et La Bouil-
lerie. Le premier avait ramené le trésor public à une simple mai-
son de banque ; si bien que l'Empereur, dans un seul tout petit
cahier, avait, disait-il, constamment sous les yeux, l'état complet de
ses affaires, sa recette, sa dépense, ses arriérés, ses ressources, etc.
« L'Empereur disait avoir eu dans ses caves, aux Tuileries, jusqu'à
cent millions en or, qui étaient tellement à lui, qu'il n'en existait
d'autres traces qu'un petit livret dans les mains de son trésorier par-
ticulier. Tout s'est fondu à mesure et surtout lors des revers, dans
les dépenses de l'Etat. Comment aurait-il pu, disait-il, songer à s'en
réserver quelque chose ? Il s'était identifié tout à fait avec la na-
tion.
« Il disait encore avoir fait entrer en France, plus de deux milliards
de numéraire, sans compter tout ce que les individus pouvaient en
avoir rapporté pour leur propre compte. »
III
Gouverneur du palais. — Le gouverneur du palais est chargé, sous
les ordres du grand maréchal, et pour les palais dont il est le gou-
verneur, de tous les détails du commandement militaire et de la
police du palais, de la surveillance des bâtiments et leur mobilier, de
la propreté des appartements, cours et jardins, de la distribution des
logements, etc..
Préfet du palais. — Le premier préfet du palais supplée le grand
maréchal du palais, pour le service de la bouche, de l'éclairage, du
chauffage, de la lingerie, de la livrée, etc. Il partage le service avec
les préfets...
IV
Le grand cuambellan est le chef de tout le service de la chandjre ;
il est l'ordonnateur général de toute les dépenses de ce service ; il
jouit de tous les honneurs et de toutes les distinctions attribués aux
grands ofliciers par le règlement général de la maison.
Aux banquets et festins publics donnés par l'Empereur, il présente
à laver à Sa Majesté avant et après le repas.
Ci LKS FOURMSSELT.S DH NAPOLKON l'''
Il prend les ordres de Sa Majesté pour les présents qu'elle désire-
iMJl l'aire aux têtes couronnées, princes, ambassadeurs et autres (pii
devront être payés par sa cassette. Il les fait confectionner, en arrête
le prix et en ordonne le paiement de même qu'à tous les objets sou-
mis à sa surveillance particulière.
Quant au service, il fait celui d'honneur de préférence à tout autre
chambellan, il peut aussi faire le service ordinaire, il en a la surveil-
lance et l'inspection.
Le premier cuambellan remplit les mêmes fonctions que les cham-
bellans, il peut aussi faire le service comme eux, et, à son tour, il est
placé à la tête de la liste des chambellans; par une attribution par-
ticulière, il est maître de la garde-robe.
11 vérifie et arrête tous les comptes de dépenses pour le service de
la chambre, qui sont ensuite visés et arrêtés par le grand chambel-
lan.
Comme maître de la garde-robe, il est spécialement chargé de tout
ce qui la concerne, il a, en conséquence, l'ordonnance et la surveil-
lance sur tous les objets qui la composent, comme habits, linge, den-
telles, chaussures, grand et petit costume, cordons et colliers de la
Légion d'honneur, et autres, ainsi que les diamants, bijoux, etc.,
appartenant à Sa Majesté.
Tous les ouvriers, travaillant pour les objets dont il a la surveil-
lance, reçoivent les brevets du grand chambellan.
S'il assiste à la toilette de l'Empereur, il lui passe lui-même son
habit, lui attache le cordon ou le collier de la Légion d'honneur et
lui présente son épée, son chapeau et ses gants, h^rsque le grand
chambellan est absent.
Il a la confection et l'entretien des diamants de la Couronne ; mais
il les remet en garde au trésorier général de la Couronne qui ne peut
les confier que sur la demande écrite du grand chambellan, ou sur un
ordre direct de l'Empereur pour les diamants à son usage et sur une
demande écrite de la dame d'honneur ou de la dame d'atours, pour
les diamants à l'usage de l'Impératrice.
Les chambellans. — 11 y en a au moins quatre de service par tri-
mestre, qui le font sans aucun tour de droit, mais qui sont désignés
par Sa Majesté à la fin de chaque trimestre, sur la présentation du
grand chambellan.
l'étiquette du palais IMFÉUAL 65
11 y a toujours au palais, deux chauibellans de jour, dont un pour
le grand appartement de représentation, et un pour l'appartement
d'honneur de l'Empereur ; ils sont relevés tous les huit jours.
Les chambellans de jour sont chargés d'introduire, près de Sa Ma-
jesté, les personnesqui peuvent être admises près d'elle, ou auxquelles
elle veut parler...
Ce sont eux qui présentent à l'Empereur toutes les demandes d'au-
diences particulières et qui préviennent de celles que Sa Majesté
accorde.
Chambellan de l'impératrice. — La dame d'honneur a, dans la mai-*
son de l'Impératrice, les mêmes droits, prérogatives et honneurs que
le grand chambellan dans la maison de l'Empereur.
Pour tous les objets de service, la dame d'atours remplace la dame
d'honneur.
Il y a trois chambellans de service par trimestre, auprès de l'Impé-
ratrice qui sont désignés par Sa Majesté à la fin de chacun. Il y a tou-
jours, dans l'appartement de Sa Majesté Impériale, un chambellan de
jour; il est relevé tous les huit jours.
Le premier chambellan fait le service à son tour, comme les autres
chambellans ; il est placé à la tête de la liste.
Il est présent aux audiences de cérémonie et se tient derrière le
fauteuil de Sa Majesté, à gauche, le premier écuyer étant placé à
droite.
Le chambellan introducteur près de l'Impératrice introduit auprès
de Sa Majesté les ambassadeurs et étrangers ; en son absence, il est
remplacé par un chambellan désigné par la dame d'honneur.
Fonction et attribution du grand écuyer et des officiers de son
SERVICE. — L'écurie et ses différents services, les pages, les coureurs,
les armes de guerre de Sa Majesté, la surveillance et la direction
des haras de Saint-Cloud, forment les attributions du grand écuyer.
Il ordonne tout ce qui est relatif aux voyages et désigne les places
que chacun doit avoir.
Il y a la distribution de tous les logements dans les bâtiments affec-
tés par le grand maréchal au service des écuries, pages, etc.
5
00 Li:s fouhmsselus de napoléon i"
II |tr('vi(Mit les personnes que Sa Majcslé admet à monter sur ses
<'lievaux ou dans ses voitures.
Il accompagne toujours Sa Majesté à l'arme'e. 11 porte à l'armée, en
l'absence du connétable, l'épée de Sa Majesté. Si le cheval de Sa
Majesté est tué, ou vient à tomber, c'est à lui à le relever et à lui
«illVir le sien.
A l'armée, le grand écuyer loge aussi près que possible de Sa
Majesté afin de se trouver toujours près d'elle, quand elle sort ; il y
prend lui-même ses ordres à son lever et à son coucher.
Il partage à cheval la croupe de celui de Sa Majesté avec le colo-
nel général de service ; il est à gauche, afin de se trouver toujours
au monloir.
Dans les défilés ou sur un pont étroit, il suit immédiatement Sa
Majesté afin d'être à même de prendre son cheval si elle voulait
mettre pied à terre, ou de la soutenir au besoin.
En cortège ou en route, il va dans la voiture qui précède Sa
Majesté, celles des princes de la famille Impériale ou de l'Empire.
Il présente à Sa Majesté ceux de MM. les pages qui, ayant atteint
leur dix-huitième année, sont dans le cas de passer dans les corps de
l'armée.
Il est logé par la couronne et se sert des gens, chevaux et voitures
de Sa Majesté.
Au grand couvert, il donne le fauteuil à Sa Majesté pour se mettre
à table, il le retire pour qu'elle se lève ; il se tient à sa gauche.
Il soutient Sa Majesté du côté droit pour monter en voiture ou en
ilescendre, dans les cérémonies et toutes les fois qu'il se trouve près
d'elle.
Il marche immédiatement devant Sa Majesté quand elle sort de ses
appartements pour monter à cheval, lui donne la cravache, lui
présente le bout des rênes etl'étrier gauche; il la soutient aussi pour
jnonter à cheval...
Il surveille particulièrement l'instruction des pages et tout ce qui
lient à leur nourriture et leur entretien.
Le premier écuyer surveille les écuries sous l'autorité du grand
écuyer dont il remplit les fonctions en son absence.
Le premier écuyer de Sa Majesté l'Impératrice remplit près d'elle
les fonctions de chevalier d'honneur ; il lui donne la main de préfé-
rence à tout autre ; il est présent aux audiences que donne Sa
Majesté, et se tient derrière son fauteuil.
L ÉTIQUETTE DU PALAIS IMPÉRIAL 67
Il accompagne toujours rimpératricedaus ses voyages ; il ordonne
el dirige tout ce qui y est relatif, désigne les places de chacune, etc.
VI
Les pages. — H y a trente-six pages au moins et soixante au plus.
Les deux premiers passent à dix-huit ans dans les corps de l'armée,
avec le grade de lieutenant, les autres avec celui de sous-lieutenant.
Quant Sa Majesté se sert de voiture de cérémonies, il en monle
autant que possible derrière la voiture et six derrière le cocher.
Les pages font le service dont Sa Majesté juge à propos de les
charger. Ils sont à cheval, précédés d'un palefrenier.
Sous quelque prétexte que ce soit, les pages porteurs d'ordre de
Leurs Majestés ou de Leurs Altesses Impériales soit par écrit, soit
verbal, ne peuvent se dispenser de le rendre directement à la
personne que l'ordre concerne, fùt-elle malade et même gardant le
lit.
On ouvre les deux battants aux pages porteurs d'ordre de Leurs
Majestés On les reconduit jusquà la porte extérieure de l'anti-
chambre.
Le gibier tué au tiré de Sa Majesté appartient au premier page.
Les deux premiers pages suivent de préférence Sa Majesté à lar-
mée ou dans ses voyages ; ils peuvent faire le service d'aide de camp
de Sa Majesté.
Les pages servent Leurs Majestés à table au grand couvert et dans
les appartements d'honneur.
VII
Fonctions et attributions du grand veneur. — La vénerie et tout ce
qui a rapport aux chasses à courre et à tir dans les bois et forêts du
domaine de la couronne.
Les armes de chasse de l'Empereur.
Les princes, les grands officiers de l'Empire, tous les généraux,
colonels sont admis à chasser avec l'Empereur, ils se font inscrire
chez le grand veneur, qui prend les ordres de Sa Majesté.
r.s Lr.s iOLn\issi:rRS nu \apoli^:on i'^''
11 veille ;'i renlrelieu et ameublement des rendez-vous de chasse.
11 nomme les coneierges de ces rendez-vous.
A lâchasse à tir, 1»^ colonel général de service se place à la droite
de Sa Majesté, le grand veneur à la gauche; si Sa Majesté leur
permet de tirer, ils conservent la même place.
Le grand veneur désigne la place de toutes les autres personnes
admises à tirer à la chasse de Sa Majesté. Il fait prévenir les
étrangers et les autres personnes que Sa Majesté admet à l'honneur
de chasser avec elle. 11 donne Tautorisalion de porter l'uniforme de
chasse.
La louveteric est dans ses attributions.
11 est logé par la Couronne et se sert, puur le service, des gens et
et chevaux de la vénerie.
Y 111
Fonctions et attributions du grand maître des cérémonies. — Le
grand maître des cérémonies jouit des prérogatives attribuées aux
grands officiers de la Couronne ; il règle les rangs et les préséances,
dans toutes les réceptions, fêtes, présentations, cérémonies publiques
et solennelles, ctc
IX
Les aides de camp de l'Empereur sont au nombre de douze.
11 y en a au moins quatre de service, par trimestre. L'aide de
camp de jour, relevé toutes les vingt-quatre heures, doit avoir
toujours un cheval sellé ou une voilure attelée à sa portée, dans une
remise du palais...
CHAPITRE VIlï
LE JEU A LA COUR DE NAPOLEON
I
Napoléon n'aimait pas le jeu, dit l'auteur des Mémoires de Dour-
rienne, « et c'était fort heureux pour les personnes invitées à ses
cercles, car lorsqu'il était à une table de jeu, comme il se croyait
quelquefois obligé de le faire, rien n'était plus ennuyeux que le salon
soit du Luxembourg-, soit des Tuileries ». (T. III, p.. i2:29.)
Dans rintimité, l'Empereur éprouvait parfois un certain plaisir à
tricher, mais les enjeux étaient peu élevés et, en se levant de table, il
rendait l'argent gagné.
Consultons M'"*^ de Rémusat: « Le jeu à la cour de l'Empereur, écrit-
elle dans ses Mémoires, entrait seulement dans le cérémonial. Il ne
voulut jamais qu'on jouât d'argent chez lui ; on faisait des parties de
whist et de loto ; on se mettait à une table pour avoir une contenance
mais le plus souvent on tenait les cartes sans les regarder et on cau-
sait. »
II
L'impératrice Joséphine aimait à jouer même sans argent et faisait
réellement un whist. Sa partie, ainsi que celle des princesses, était
établie dans le salon qu'on appelait le Cabinet de l'Empereur et qui
précède la galerie de Diane.
Elle jouait aussi avec les plus grands personnages qui se trouvaient
dans le cercle étranger, ambassadeurs ou français. Les deux dames
er
70 Li;S FOURMSSr.URS DE \APOLl';0\ I
(lo seniaint> «lu jialais clcmeurnient assises derrière elle, un cliam-
bellan près de son fauteuil. Taudis qu'elle jouail, toutes les per-
sonnes qui remplissaient les salons venaient les unes après les autres
lui faire une l'évé ronce.
Les sœurs et les frères de Bonaparte jouaient et faisaient inviter à
leurs parties par leurs chambellans; do même sa mère, qu'on appela
Madame Mère, qu'on fît princesse et à qui on donna une maison.
Tout le reste de la cour jouait dans les autres salons. l/Empereur
se promenait partout, parlait à droite et à gauche préce'dé de quel-
ques chambellans.
III
Dans les premiers temps de son exil à Sainte-IIe'lène, Napoléon
consacrait au reversi une partie de ses soirées. C'était, disait-il, le jeu
de sa jeunesse. « Il pensait, écrit M. de Las Cases, qu'il pouvait s'en
amuser longtemps ; il ne tarda pas à se détromper; du reste, nous le
jouions avec toutes ses variantes, ce qui amenait beaucoup de mouve-
ment; j'ai vu jusqu'à lo ou 18,000 fiches de remises. J^'Empereur
essayait presque à chaque coup de faire le reversi, c'est-à-dire de faire
toutes les levées ; ce qui est assez difficile, et cela lui réussissait néan-
moins souvent : le caractère perce toujours et partout. On se retirait
do dix à onze heures. » [Mémorial de Sainte-Hélène.)
IV
En 1811, Dklatrr, cartier, Au Roi Salomon, livre pour l'Empe-
reur : cent sixains de cartes entières, vélin, bOO fr. — Cinquante
sixains de cartes de piquet, vélin, 150 fr.
IJADin', successeur de Delàlre, fabricant de cartes, rue Helvétius,
fait la même année, une fourniture semblable : cent sixains, cartes
enlières, vélin, oOO fr. — Cinquante sixains, cartes de piquet, vélin,
180 fr. — Les jeux de piquet avaient subi une légère augmentation.
{Arch. nal. 0-34.)
On ne jouait pas seulement aux cartes, à la cour de Napoléon; les
dames, les échecs et le loto dauphin y étaient aussi en faveur. Des
livraisons faites par Biexnais, du 17 janvier au 2 octobre 1810, nous
LE JEU A LA COLR DE NAPOLÉON 71
montrent par leur importance, le développement que prenaient ces
jeux : six damiers en noyer, en merisier : 83 fr. — Deux damiers
d'acajou, avec dames d'ivoire vertes et blanches : 280 fr. — Deux
échiquiers, dont un en ivoire et cbène et l'autre en acajou, avec
incrustations, 170 fr. — Quatre jeux d'échecs ordinaires, 54 fr. —
Quatre jeux d'écliecs, dont deux en bois de rose et deux en ivoire et
ébène, 308 fr. — Une boîte de fiches en nacre de perle, les paniers
en acajou et la boîte en bois de racine, 320 fr. — Cinq boites de fiches
en ivoire, décor en réserve, 420 fr. — Quatre boîtes de fiches ordi-
naires, 32 fr. — ■ Douze râteaux en bois de rose, avec cuillers dessus,
pour loto dauphin, 144 fr. (Arch. nat. 0'34.)
Bien d'autres mémoires de ce genre, qui nous échappent, furent
présentés par Rienxais ; nous savons que, dès 1804, il livrait pour
l'Empereur, à Fontainebleau, de riches tables de quadrille, des jeux
de dauies et d'échecs et une boîte de fiches en ivoire teinté en réserve
{Arch. nat. 0'o6T.)
CHAPITHi: l\
LE PERSONNEL DU CABINET DE L'EMPEREUR
Baron Fain, secrétaire du Cabinet, 2o,000 fr. — Jouanne et de Rumi-
GNY, premiers commis du Cabinet, chacun 12,000 fr. — Baron Bâcler
d'Albe, directeur du Cabinet topographique, 12,000 fr. — Duvivier,
ingénieur géographe, 6,000 fr. — Lameau, ingénieur géographe ,
archiviste, 6,000 fr. — ... chef du bureau de traduction, 6,000 fr. —
... sous-chef, 4,000 fr. — Jaubert, Nolwille, Kermelle, traducteurs,
chacun 3,000 fr. — Lurtaud, traducteur, 2,400 fr. — Bary, archiviste
6,000 fr. — Landoire et Dejean, gardes du portefeuille, 4,800 fr. —
Deux expéditionnaires, à 1,800 fr. chacun. — Cinq garçons de bureau,
à 1,500 fr.
La somme alTectée au paiement des employés et frais de bureau
du Cabinet de l'Empereur, s'élevait à 210,000 fr.
CHAPITRE X
LES CHAMBELLANS
Etat des chambellans et de leurs traitements pour l'année 1807.
MM. DE Talleyrand grand chambellan, 40,000 francs.
DE Rémusat premier chambellan, 30,000 —
DE Brigode, chambellan ordinaire, 12,000 ■ —
Auguste DE Talleyrand, — 1:2,000 —
Dalberg, — — 12,000 —
deViry, - — 12,000 —
MM. Garnier-Laboissière; DE Croy; Mercy-Argenteau; Zuidwyck;
DE TouRNON ; Taillepied de Bondy; de Fallette-Bayol; Ponte de Lom-
briasque, à 6,000 fr.
Ces sommes sont prélevées « sur le fonds de IT-loOO fr. que le
budget de 1807 met à notre disposition pour le traitement de MM. les
chambellans ».
Signé : Charles- Maurice.
II
Le service de chambellan, près de l'Empereur, était extrêmement
envié. Chacun était aux petits soins auprès du souverain.
« Au sujet de ces soins et de cette galanterie, l'un d'eux qui s'était
aperçu que l'Empereur, allant au théâtre, oubliait parfois sa lorgnette
dont il faisait un grand usage au spectacle, avait imaginé d'en faire
7i LES FOURNISSEURS DK XAPOLl'lOX I^''
lairc une toulo semblable et de verres pareils, si bien que la première
l'ois (luil vit rKmpcreur en être privé, il la lui présenta comme la
sienne. De retour dans son intérieur, l'Empereur se trouva donc avoir
deux lorg-nelles, sans qu'on put lui dire comment. Le lendemain il
s'enquil du chambellan, qui lui répondit simplement que c'en était
une en réserve pour son besoin. »
Un autre fois, à table à Trianon et fort enrhumé, l'Empereur
demanda un mouchoir; aussitôt le chambellan de service lui en remit
un dont il s'était précautionné. Comme il voulait reprendre l'autre :
« Je vous remercie dit l'Empereur ; mais je ne me pardonnerais pas
qu'on pût dire que j'ai laissé M. un tel toucher mon mouchoir sale. »
Quand Napoléon quittait Paris pour Saint-GIoud, la Malmaison ou
autres lieux, en un mot quand la cour était à la campagne, il
admettait d'ordinaire son service aux réceptions privées qui com-
posaient le soir son cercle familier et dont la faveur était tenue à si
haut prix.
Les clés de chambellan étaient en vermeil, olTrantdans leur anneau
formé d'une couronne de chêne et de laurier, un aigle symbolique, le
tout ciselé en relief. Elles coûtaient ainsi 144 fr. — Il fallait y ajouter
48 fr. pour le nœud et le gland d'or, ce qui remettait la clé com-
plète à 19^ fr.
Si MM. les chambellans payaient les frais de leur uniforme,
comme tous les fonctionnaires, l'Empereur leur offrait les insignes
distinclifs de leurs fonctions.
III
Le 9 et le 11 octobre 1809, BiiiXXAis livre à l'Empereur dix clés de
chambellan avec leurs nœuds et glands d'or pour MM. de Sellaers, de
Harchiel, de Montam, de Gorverhoost, Smeth d'Alpher, Brautsen,
Vandezyp, de Nysenheim, Othon de Bylande, de Benesse, Vanwilp.
L'année suivante, du mois de janvier au 9 octobre 1810, Biennais
fournit encore cinquante clés complètes de chambellan, avec nœud
et gland d'or au prix convenu de 192 fr. pour chacune.
Cette livraison correspond à la grande nomination de chambellans
calculée pour l'entourage de Marie-Louise ; on avait compris le duc
de Duras. « 11 me fit prier de trouver bon, disait l'Empereur, qu'il
refusât, ayant été, ajoutait-il, premier gentilhomme de la chambre de
LliS CHAMBELLANS 7*
Louis XVI et de Louis XVIII. Jo fus le premier à m'écrier : Comment
voudrail-on qu'il eu pût être autrement?... Il a raison. C'était un
manque de goût dans ceux qui me l'avaient proposé ; mais moi
qu'avais-je à y faire? Pouvais-je deviner de pareils détails? M os-
grandes affaires me pei'mettaient-elles d'y descendre? »
IV
Quand les princes d'Espagne furent internés en France, Ferdinand
eut pour résidence Valençay, et le comte d'Ârberg fut attaché à sa
personne. Le comte étant aux Tuileries où il avait apporté une lettre-
de Ferdinand, l'Euipereur s'informa des princes, demanda s'ils se
conduisaient bien, s'ils étaient sages ; et puis il ajouta : « Vous
m'avez apporté une bien jolie lettre ; entre nous, c'est vous qui la
leur aurez faite ? » D'Arberg assura qu'il ignorait même l'objet de son
conlrnu. « Eh bien ! dit l'Empereur, elle est charmante; un fils n'écri-
rait pas autrement à son père. »
CHAPITRE XI
LES OFFICIERS DE SERVICE DE S. E. LE GRAND MARECHAL DU PALAIS
LES VALETS DE CHAMBRE D'APPARTEMENT
LES GARÇONS DE LA CHAMBRE
I
Etat des officiers du service de S. E. le grand maréchal du Palais,
pour servir au paiement de leurs traitements.
Le duc DE Frioul, grand maréchal du Palais. ... 40 000 francs
M. DE LuGAY, premier préfet du Palais 30 000 —
M. Bkausset, préfet du Palais loOOO —
M. DE Saint-Didier, préfet du Palais lo 000 —
L'adjudant-commandant comte de Ségur, maréchal
des logis 8 000 —
M. de Canouville, maréchal des logis 8 000 —
M. Leduc, secrétaire général 6 000 —
M. Ertault, quartier-maître du Palais 6 000 —
M. Pfister, premier maître d'hôtel, contrôleur . . 12 000 —
M. Desciiamps, fourrier du Palais. ... .... 4 i200 —
M. Bâillon, — 4 200 —
M. Emery, — 4 200 —
M. Picot, — 4 200 —
« Vu, ordonné et approuvé, sur le fonds des lo6 800 que le budget
de 1810 met à notre disposition pour traitements du grand maréchal
du palais et officiers de service. »
Le Grand Maréchal du Palais,
D. de Frioul.
31 décembre 1810.
LES OFFICIERS DR SERVICE 77
II
Le budget pour les « valels de chambre d'appartement » était en
1810 de 81 600 iV. Ils figurent au nombre de vingt-quatre sur un
état signé du grand chambellan, le comte de Montesquiou, et leurs
appointements annuels s'élevaient pour chacun à 3 400 fr. C'étaient :
MM. Dejean, Revoy, Legrand, Varlet, Guillemin, Hoelaets, Petiïj
Hébert, Dupuis, Isidore, Mauciiez, Alexandre Pelard, Bouquillon,
SOUBRILLARD, GrÉPIN, ClIOLET, CrOZOT, EsGOUBÉ, LaBRIÈRE, GoUDAILLER,
BossoN, Gobreau, Brissard, Gagin.
III
Le grand habit des garçons de la Chambre coûtait 398 fr. et le petit
habit 300 fr. Nous en trouvons les détails dans le mémoire de Cheva-
lier daté de 1811.
Grand Habit.
M. CuAUviN. — Un habit de Louviers vert, une veste d'écarlale,
une culotte de drap de soie et un caleçon, 220 fr, — Broderie en or
des collets, parements et écussons, 72 fr. — Quatre onces de galon
pour la veste, à 16 fr. HO l'once, 66 fr. — Fourni un chapeau, 40 fr.
Total, 398 fr.
Un grand habit de même genre pour MM. Noleï, Andray, Delapou-
RIELLE, CUOLLCT, CORDERAXD, JiLLIES, DUNOD , MaRCUAND, LePAGE ,
Liglière, Datessen.
Petit Habit.
Le petit habit se compose d'un habit de Louviers vert, d'une culotte
de Casimir noir, d'un gilet blanc et d'un caleçon, 220 fr. — Broderie
en or des collets et parements, 40 fr. — Chapeau, 40 fr.
Pour chacun des mêmes garçons de la chambre de Sa Majesté, un
petit habit de 300 fr. Total 8,376 fr.
zs LES rounNissiiins di- \apoléo\ i*^'"
« Vu. ordonné et approuve sur le fonds de 08,(»00 fi-. <juc le budycl
de 181 1 met à notre disposition ;i liti-e de fonds de secours. »
Le Grand Chandjellan,
« Le CûMTi: DE MONTESQLIOU. >
lévrier 1812.
Mémoire réglé intéi^ralcmcnt, comme toutes les fois que les prix
étaient arrêtés d'avance.
CIIAfMTRE XII
ROUSTAN, LE MAMELUCK DE L'EMPEREUR
RouSTAN servait tout jeune dans les mamelucks du Caire, quand il
fut donné au général Bonaparte qui l'attacha à sa personne et le
ramena en France.
Le dévouement de Roustan fut longtemps à toute épreuve, il sui-
vait son maître aux revues et sur les champs de bataille et couchait
près de son lit ou à l'entrée de sa tente. Napoléon le combla de bien-
faits et le décora. Il était à Fontainebleau en 1814, lors de l'abdica-
tion. L'Empereur comptait l'emmener à l'île d'Elbe.
Au moment de monter en voiture, accompagné des commissaires
des diverses grandes puissances européennes, l'Empereur, étonné de
ne pas le voir, demanda où il était. Le mameluck Roustan s'était con-
duit comme tant d'autres plus illustres; il avait disparu.
L'ingrat reparut longtemps après dans son costume officiel, à la
cérémonie de la translation des cendres de Napoléon, le 15 décembre
1840.
Il
Roustan portait un superbe costume grec, fait par Cuevalier dont
le mémoire se résume ainsi : Cinq aunes de Louviers bleu, pour un
habit complet, grec, 66 fr. l'aune. — Broderies des deux gilets et du
pantalon, 380 fr. — Façon et fournitures, 32 fr. — Total, 742 fr. —
La toque en velours cramoisi, bordée d'étoiles d'or, avec une aigrette
80 Li:s lOLIlXISSEURS DC NAPOLtON 1^'"
rniiniie jiar Pui l'AUï. chapelier, revenait à ?>\2 fr.. cl la paire de
boites de chez Jacques, à 80 fr.
Dans les grandes circonstances, Roustan était vêtu plus richement
encore; en 1804, par exemple, ri'jnpereur lui fit faire deux costumes
] our les cérémonies du sacre. Lun, exécuté [)ar Saxdoz, tailleur rue
de Seine, coûtait 2,450 fr; celait un costume de mameluck, avec le
dolman en velours vert, la sabretache en pou-de-soie amarante, la
grande culotle de drap fin et la ceinture en mousseline paille, le
tout richement brodé d'or lin avec paillettes et perles.
L'autre costume, de'style grec, sortait des ateliers de Chevalier ; on
y avait employé' cinq aunes de drap de Louviers, tant bleu qu'écarlate
à 58 fr. l'auiie. I^a broderie du gilet rouge était cotée 4,500 fr., et
celle du gilet de dessous, à manches, 600 fr. — Le bonnet en velours
pourpre, brodé, 160 fr. — Le turban et la ceinture brodée à paillettes,
755 fr. — L'ensemble montait à 6,653 fr., mais le mémoire parut trop
élevé et fut réduit à 5,800 fr. [Arc/t. nat. 0-35.)
Ce n'est pas tout, il nous faut ajouter, d'une part, 360 fr. payés à
PouPAHT, chapelier, pour un cordon de sabre or et rouge à garniture
dorée et une giberne brodée d'or; d'autre part, à Jacques, bottier de
l'Empereur, 115 fr. pour sa double livraison d'une paire de bottes en
maroquin rouge garnies de galons et glands d'or, suivant le des-
sin d'Isabey et d'une paire de souliers rouges devant servir le lende-
main du sacre.
III
II y avait un second mameluck, mais d'une authenticité douteuse,
si l'on en juge par son nom qui était Denis. Ce nom popularisé depuis
j)ar la chanson de Désaugiers, manquait de couleur locale et ne rap-
pelait guère l'Orient; il fut changé en celui d'ALY. C'est ce que nous
apprend ce mémoire de Jacques, bottier de l'Empereur.
30 décembre 1811. — Livré au sieur Denis, dit Aly, deuxième mame-
luck deSa Majesté, une paire débottés rouges, 80 fr. [Arch. nat. 0"35.)
A Sainte-Hélène, dans ses promenades à cheval. Napoléon était
accompagné d'un chasseur que 31. de Las Cases, appelle le fidèle Aly.
C'est peut-être le même que ce Denis dit Aly, désigné sous l'appella-
tion de second mameluck.
CHAPITUE Xllf
LES PAGES DE L'EMPEREUR
Peu après son avènement, lEmpereur créa des pages qu'il choisit
parmi les fils de ses généraux et des premières familles de l'Empire.
Ces places, d'ailleurs très recherchées, promettaient un brillant avenir
dans la carrière militaire.
Les pages recevaient une éducation solide et pratique ; ils pouvaient
être admis dès l'âge de treize ans et leur nombre ne devait pas s'éle-
ver au delà de soixante. Ils passaient à dix-huit ans dans l'armée,
presque toujours dans la cavalerie, les deux premiers en qualité de
lieutenant, les autres avec le grade de sous-lieutenant. Par exception,
ils devenaient auditeurs au conseil d'Etat ou entraient dans la marine
comme aspirants de première classe. Vers la fin du règne, la pénurie
d'officiers se faisant sentir, le nombre des brevets de lieutenant
s'accrut sensiblement.
II
Une note, rédigée d'après les instructions de l'Empereur, établit
ainsi les attributions des pages :
a Quand Sa Majesté se sert de voiture de cérémonies, il en monte
autant que possible derrière la voiture et six derrière le cocher.
Les pages font le service dont Sa Majesté juge à propos de les
charger. Ils vont à chevaL précédés d'un palefrenier.
cr
82 LES FOURNISSEURS DE NAPOLl'lOX I
Sous quel<|uc prôtoxlc (juc ce soit, les pages porteurs d'ordres de
Leurs Majestés ou de Leurs Altessesimpérialcs,soit par écrit, soit ver-
bal, ne peuvent se dispenser de le rendre directement à la personne
que l'ordre concerne, fùt-elle malade ou même gardant le lit.
On ouvre les deux battants aux pages porteurs d'ordres de Leurs
Majestés... Ou les reconduit jusqu'à la porte extérieure de l'anti-
chambre.
Le gibier tué au tiré de Sa Majesté appartient au premier page.
Les deux premiers pages suivent de préférence Sa Majesté à l'armée
ou dans ses voyages ; ils peuvent faire le service d'aide de camp de
Sa Majesté. Les pages servent Leurs Majestés à table au grand couvert
et dans les appartements ci'lionneur... [Arcli. nat. O'^IST.)
m
Le général Gardanne (les mauvais plaisants prononçaient Garde-
ùnes) remplit pendant quelques années les fonctions de gouverneur
des pages.
Voici l'état nominatif des gouverneur, sous-gouverneurs et profes-
seurs des pages, au 1'^'" janvier 1812 :
Gouverneur, le général de division, comte de Caulatncourt ,
16,000 fr. — Le baron Marin et l'abbé Gaudon, sous-gouverneurs,
chacun 8,000 fr. — Yergez, médecin, et Ruffin, chirurgien, chacun
3,500 fr. — Landumiey, chirurgien-dentiste, 1,200 fr. — Eudter,
Oraxge, Extault, Dutertre, Beaupré aîné, Laboessière, Fieffé, Deli-
GNY, Desmezières, Carré, professcurs, 3,000 fr. chacun. — Bertin,
Beaupré jeune, Renevier, professeurs à 1.800 fr. — Saint-Quentin,
contrôleur-économe, 3,000 fr. — Denise, Martin, Lartigue, chacun
1,800 fr.
L'habillement des pages revenait à un prix élevé. Bastide, tailleur
rue des Pelils-Augustins, demandait pour le grand uniforme, habit,
veste et culotte, en drap écarlate, 850 fr., et pour la petite tenue, y
compris la culotte et la veste de manège, 284 fr.
Il fallait encore ajouter : un nœud d'épaule de 180 fr. fourni par
Dallemagne, brodeur, rue des Portes-Saint-Sauveur. Le nœud d'épaule
était en « pékin vert », semé d'abeilles, bordé d'un franjon d'or et
garni par le bas d'une frange de même, avec un aigle vers chaque
extrémité.
LES PAGES DE l'eMPEREUR 83
Deux paires de boites, à 36 fr. la paire, de chez Laurent.
Un cliapeau de grand uniforme, brodé d'or, à plumet blanc et tor-
sade d'or, livré par Daydé, chapelier des écuries de l'Empereur,
110 fr. — Le chapeau de petite tenue, avec torsade d'or, ne revenait
qu'à 36 fr. ; l'épée, de chez Lepagk, en coûtait oïJ.
Parmi les autres fournisseurs, nous pouvons citer : Paillard, blan-
chisseur; M"'^^ LoLiVE et DE Beuvry, les célèbres lingères de l'Empe-
reur et de l'Impératrice ; Groslard, marchand poêlier ; Yirtel, coute-
lier; DuBAN, marchand faïencier, rue Coquillière, etc. En 1806, ce
dernier réclame 684 fr. pour ses livraisons de plats d'entrée, carafes
et gobelets en cristal taillé, verres à vin de Bordeaux et de Cham-
pagne, verres à liqueurs, pots à crème, etc. On voit, par ces menus
détails, que MM. les pages étaient bien traités.
Un mémoire de 4,140 fr., délivré par Dallemagne, brodeur, pour
vingt-trois nœuds d'épaule à 180 fr., porte cette mention : « Vu,
ordonné et approuvé sur le fonds de 2,577,1:20 fr., mis à notre dispo-
sition par le décret du 8 septembre 1807, pour les dépenses de notre
service pendant ladite année. — Le grand écuyer de France, Gau-
laincourt. » [Arch. nat. 0-86.)
En Italie, l'Empereur avait aussi des pages, mais d'origine italienne ;
ils remplissaient leurs fonctions en Toscane et au palais impérial de
Milan.
IV
L'institution des pages, payée sur le budget du grand écuyer, coû-
tait, année moyenne, près de 260,000 fr. Le fonds de 1810 est ainsi
réparti : traitement des gouverneur, sous-gouverneurs, etc., 83,800 fr.
— Nourriture, 71,173 fr. — Habillement, 44,000 fr. — Lingerie,
blanchissage, 6,000 fr. — Argenterie, coutellerie, porcelaine, verre-
rie, 1,800 fr. — Gages et habillement des domestiques, 26,080 fr. —
Chauffage et éclairage, 13,610 fr. — Dépenses imprévues, 7,140 fr.
Dans les premières nominations de pages, se trouvent MM. Baval
et Lemercier, âgés de dix-sept ans ; de Beaufranciiet, de Najac et
TiNTiGNiES, âgés de quinze ans ; Devienne et Mongenet, âgés de qua-
torze ans; Bonnaire et Lauriston, âgés de treize ans; B.\lincourt,
Hatry et Masséna, fils du maréchal.
Les listes mentionnant le nom des pages laissent beaucoup à dési-
rer; les unes font défaut; d'autres sont incomplètes; nous y renié-
84 LES FOLRMSSELnS DE NAPOLÉON 1^'
dicfons, dans une cerlaiiic mesure, à l'aide des niénioires de quelrjiies
fournisseurs.
Au mois de juillet 1800, Bastide, tailleur, présente un mémoire
s'élevant à 9,;20o fr. pour avoir fourni des vêtements aux trente pages
dont les noms suivent :
MM. DE IUlincoukt, de Xaintrailles, dk Beaufrancuet, de Bon-
NAiu en terre, achève de panser le pied droit.
CHAPïTRi: XV
SERVICE DU GRAND ÉCUYER. — LES CHEVAUX DE L'EMPEREUR
SES ÉQUIPAGES, ETC.
I
Les chevaux de Napoléon. — On a dit et répété que les chevaux de
Napoléon étaient blancs ; ce n'est pas exact. L'Empereur montait des
chevaux gris, de toutes nuances : — gris truite, gris vineux, gris
foncé, gris ardoisé, gris sale, gris pâle, gris pommelé, gris moucheté,
gris étourneau, gris cendré, gris souris, gris miroité, gris mélangé,
gris blanc, gris clair. (Textuel.) {Arch. nat. 0-*T9.)
Napoléon n'était pas très bon écuyer et ses chevaux recevaient une
éducation particulière. On agitait devant eux des drapeaux, on dégai-
nait des sabres et des épées, on croisait la baïonnette, on tirait près
de leurs oreilles des coups de pistolet, on faisait partir des boites
d'artifice quand ils s'y attendaient le moins et c'est lorsqu'ils restaient
calmes devant ces bruits et ces mouvements imprévus, qu'on les livrait
à l'Empereur.
II
Les écuries impériales renfermaient des chevaux de diverses cou-
leurs, mais c'est parmi les chevaux gris qu'étaient choisis ceux que
Napoléon devait monter.
Nous parcourons le registre 0^*79 {Arch. nat.) sur lequel sont ins-
crits le nom, l'âge, la robe, etc., des chevaux de selle des écuries
impériales, pendant la durée de l'Empire jusqu'en 1815. Voici la liste.
SERVICE DU GRAND ÉCUYEU 93
restreinte, des principaux chevaux gris. Quant aux chevaux blancs,
nous n'en trouvons pas.
Le Gaillard, hongre, abattu le P'' octobre 1807 ; — la Sauterelle,
réformée le o décembre 1815; — le Ramier, gris truite, réformé le
2 avril 1807 ; — Y Audacieux, gris vineux, réformé le 7 décembre 181.^5 ;
— le Sélim, gris sale, donné à l'Empereur de Russie, le 2 juillet 1807;
— VAly, gris sale, marqué de feu, passé à l'école d'Alfort, le 27 oc-
tobre 1812 ; — le César, gris sale, limousin anglaisé, marqué aux
naseaux, mort le 23 octobre 1808 ; — la Fillette, réformée le 14 fé-
vrier 1811 ; — le Diomède, gris pâle, mort le 10 mai 1808; — le
Solide, gris pommelé ; — la Fayonne ; — le Djezzar; — le Gracieux,
gris pommelé, perdu dans la retraite du 18 au 19 juin 1815; — le
Divan, gris sale, réformé le 5 décendjre 1815; — le Moucheté, gris
vineux, mort à Vittoria, le 14 janvier 1808; — la Grisette; — VAr-
taxerce, entier, mort le 1'^'' novembre 1810; — le Robuste, gris étour-
neau, réformé le 13 avril 1815 ; — le Verdier, gris vineux, réformé
le 29 juin 1813; — la Poulette, le Bijou, la Brillante, le Forestier, le
Castor, gris étourneau. L'Empereur en a disposé au mois d'avril 1814;
— le Jaspé, gris vineux, mort au retour de Moscou, le 10 dé-
cembre 1810; — la Cléopdtre, gris cendré, morte le 12 mai 1806 ; —
le Citadin, gris vineux, passé au service de Monsieur, le 15 no-
vembre 1814; — le Grisou, gris pommelé', passé au service de M"^'- la
duchesse d'Angouléme, le 15 novembre 1814; — la Truite, gris truite,
réformée le 31 décembre 1813 ; — le Cliébréis, entier, gris truite,
passé au ministère de l'intérieur, le 9 mars 1811 ; — le Bucéphale,
gris vineux, réformée le 12 mars 1812 ; — le Suez, gris cendré,
réformé le 14 avril 1815; — la Baladière, gris souris, réformée le
19 août 1811 ; — le Darius, surnommé le Diogène, gris vineux,
réformé le 26 octobre 1812; — YAspasie, réformée le 11 sep-
tembre 1807 ; — le Hongre, réformé le 2 avril 1807; — le Don Qui-
chotte, gris sale, réformé le 24 février 1812 ; — le Russe, gris mou-
cheté, réformé le 18 mars 180G ; — le Duc, gris miroité, mort
le 17 mai 1806 ; — Y Emule, gris foncé, donné par en
avril 1814 ; — YEndurant, gris pommelé, réformé le 6 février 1810;
— YEdile, gris étourneau, mort à Yilna le 12 décembre 1812 ; —
YEffendi, gris étourneau, réformé le 6 février 1810 ; — YEpiménide,
gris ardoisé, entier, mort au retour de Moscou, le 15 décembre 1812;
— YElbersdorf, huit ans en 180G, gris sale, courte queue, réformé
le 17 août 1809; — Y Etrangère, morte le l'-"" novembre 1810; — le
04 LES FOURNISSEURS DE NAPOLEON l*^""
Fn've, gris vineux, pris pur l'ennemi, à Troyes, le 7 février 181 i.
18U7. — Le léna, gris sale, entier: — le Forestier, gris vineux,
réformé le 26 novembre 1810; — le Figurant, gris pommelé, nor-
mand, réformé le 6 février 1810 ; — le Gréméal, gris, passé au service
du duc de Berry, le lo novembre 1814; — le Gaza, gris cendré, mort le
12 juin 1812: — le Gesner, gris vineux, réformé le 23 septembre 1813.
1809. — ]^'Ingolstaclt, gris sale, réformé le 6 décembre 181,j ; —
VJIerbii're, gris pommelé, morte à Burgos, le 29 septembre 1810 ; —
Vlléraclius, gris, le blanc dominant, pris par l'ennemi à Troyes, le
7 février 1814 ; — le Géorgien, gris de fer, réformé en 1814 ; — le
Bondroff, gris pommelé, « disposé par l'Empereur » en avril 1814.
1810. — Le Boukarre, gris blanc, mort au retour de Moscou, dans
la campagne de 1812; — Y Intime, entier, surnommé Commode, donné
par l'Empereur en avril 1814; — le Poliantus, gris pommelé, réformé
ie 6 décembre 1815; — Vllione, gris étourneau, passée aux écuries
du duc de Berry, le 7 avril 1818 ; — V Idolâtrée, gris mélangé, réformée
le 15 avril 1815 ; — la Jacinthe, gris clair, sept ans en 1810, morte
près Ostende le 13 juin 1812; — V Hector, gris blanc, mort au retour
de Moscou, le 6 décembre 1812 ; — la Julienne, cinq ans en 1811, gris
vineux, passée aux écuries de la duchesse d'Angoulême en 1815; —
Yispahan, passé à l'attelage en 1815 ; — la Judith, gris pommelé,
six ans et demi en 1811, réformée le 15 avril 1815; — le Jarnac, gris
sanguin, mort le 30 mai 1812.
1811. — La Lorraine, gi-is pommelé, morte à Versailles le 22 fé-
vrier 1812 ; — le Libéral, le Ladislas, la Levrette, la Roche, la Lou-
vette, etc., robe grise.
1812. — Le Lantara, huit ans, pris par les Cosaques, au retour de
Moscou ; — la Lisette, la Jeunesse, la Lionne, la Lance, le Lami-
neiix, le Loir, le Lionceau, le Loyal, le Lioji, le Médor, le Marau-
deur, robes grises; — le Lutzelberg, pris par les Autrichiens à Dresde,
en octobre 1813 ; — le Memphis, le Muphti ; — le Bautzen, entier,
pris par les Autrichiens à Dresde, en octobre 1813.
1814. — Le Pallas, le Nadir. Venus de l'ile d'Elbe, le 20 mars 1815 ;
— le Tauris, gris pommelé; — le Gladiateur, le Roitelet, le Favori,
le Gonzalve, le Grisou, le Caressant, etc., tous de robe grise; — le
Cerbère, perdu dans la retraite du 18 au 19 juin 1815 ; — le Floris-
sant, surnommé Mourad-Bey, « parti à la suite de Bonaparte le
29 juin 1815 » ; le Gracieux, gris argent; — le Lampus, le Capucin,
le Java. [Arch. nat. U-*79.)
SERVICE DU GRAND ÉCUYER
III
Yoici vingt-trois superbes chevaux mentionnés comme étant « du
rang de Sa Majesté » et dont l'Empereur fait faire les portraits par
les peintres Sauewied et Horace Vernet. Que veut dire cette phrase
obscure « du rang de Sa Majesté » ? Nous supposons que, dans les
écuries impériales les chevaux réservés a Napoléon occupaient un
rang particulier désigné sous le nom de « rang de Sa Majesté » .
1813. — A M. Horace Vernet, pour les portraits des quatre che-
vaux, le Vizù', le Giso?'S, le Lowka et le Favori « du rang de Sa
Majesté », à 2S0 fr. l'un, 1,00U fr.
A M. Horace Vernet, pour les portraits de six chevaux, le Ilarbet,
le Nelson, le Wagram, le Calvados, le Tamerland et le Hippogriffe ,
« du rang de Sa Majesté », à ^50 fr. l'un, l,oOO fr.
A M. Sauewied, peintre à Paris, pour les portraits de treize che-
vaux c du rang de Sa Majesté », à 130 l'un, 1,690 fr. — Ces chevaux
sont le Curde, le Labrador, le Cyrus, le Cid, le Cordoue, le Sara,
le Sagonte, VEpicurien, \' Intendant, VEmbelli, le Gessner, le
Bréant, le Wurtzbourg. {Arch. nat. 0-82 )
Fourni par Roland, marchand d'estampes, place des Victoires,
vingt- trois bordures pour les portraits de chevaux « du rang de Sa
Majesté », 400 fr.
Ces diverses sommes sont payées sur le fonds de 90,000 fr. mis à
la disposition du grand écuyer, pour les dépenses imprévues. {Arch.
nat. 0-'8!2.)
IV
C'est dans cette liste et mieux encore dans le Registre d'où nous
l'avons tirée, qu'il faut chercher les chevaux de selle à l'usage de
Napoléon. Dès à présent, nous pouvons, avec certitude en citer quel-
ques-uns, le Timide, le Coyiquérant, le Russe, V Estimé, le Coceyre^
VArtaxerce, VAly et le Bouffon. Comme toujours, nous joignons les
preuves à l'appui.
Le 23 septembre 1806, le grand écuyer M. de Caulaincourt, fait par-
tir pour Mayence les palefreniers Rouquet, Simonet et Adelchim
avec quatre chevaux de selle de Sa Majesté, nommés le Timide, le
<)G LKS lOUnMSSKlRS DE NAPOLl'ON l'"'
Conquérant, le Rusae, et VEslimé. « Le noiiiiiié Bousquet comman-
dera le détachement et réglera sa marche de manière à faire huit
lieues par jour et à être rendu à sa destination dans dix-huit jours. »
{Arch.nat. 0^76.)
\j- 7 septembre 1808, un convoi de trente-trois chevaux de selle,
des écuries impériales, se rendit de Paris à Krfurt en dix-neuf jours,
après avoir franchi 204 lieues. Dans ce convoi, se trouvaient quatre
chevaux réservés à l'Empereur, pour la célèbre entrevue ; c'étaient
le Coceyre^ VArlaxerce, VAbj et le Bouffon. Le grand écuyer, Caulain-
court, montait ÏExtrvme et le Sultan ; le général de Nansouty, pre-
mier écuyer, s'était réservé le Folàlre, le Renard et le Géant. {Arc/i.
nat. 0^77.)
V
L'Empereur donnait beaucoup sous toutes les formes et ne s'en
tenait pas seulement aux bijoux et aux produits de ses manufactures
nationales, il oll'rait à l'occasion quelques-uns de ses propres che-
vaux.
Le 13 janvier 1800, le Commode, des écuries de l'Empereur, est
donné au roi de Bavière.
Le 29 septembre suivant, le grand écuyer, de Caulaincourt, ordonne
au palefrenier de la selle Legrandaîné, de partir le jour même, pour
conduire deux chevaux, VEtoile et V Ethiopienne, donnés à S.A.I. la
princesse de Bade. [Arch. nat. 0''76.)
Le 2 juillet 1807, Napoléon offre le Sélim à l'empereur Alexandre,
. l*"'" décembre 1807. Présent du Soliman, gris moucheté, au général
Vharville.
En 1811, la. Fauvette est donnée à M. deKergariou. (ylrc/i. nat. 0"79.)
Ces six chevaux, ainsi qu'une partie de ceux venus de l'ile d'Elbe,
le 20 mars 1813, cités à la lin de la grande liste précédente, peuvent
figurer parmi les chevaux historiques montés par Napoléon.
Au mois d'avril 1808, le général Sébastian!, ambassadeur à Gons-
lautinople, achète, pour l'Empereur, huit chevaux arabes et trois tur-
comans.
Le Circassien, gris; le Ilarbert, gris clair; le Darius, gris rougàtre ;
le Hélavert; Vllagias; le Herac;VArabella, VEuphrate; gris clair; le
Babylonien; le Ilahim, gris rougeàtre ; Vlléricle; Vllapas; VHadra-
mat. Prix, 2o,989 fr. [Arch. nat. 0^82.) Ces chevaux étaient-ils desti-
SERVICE DU GRAND ÉCUYER 97
nés à TEmpereur, ou bien étaient-ce des étalons pour les haras ? C'est
ce que nous ignorons.
Tous ces chevaux n'étaient appelés que pour compléter un service
existant déjà, et nous avons lieu de penser que l'Empereur, en cam-
pagne, n'avait pas moins de huit chevaux de selle, pour son service
personnel. Notre opinion s'appuie sur cette lettre de Napoléon au
grand écuyer, datée de Saint-Cloud, 10 septembre 180G. On y retrou-
vera la prévoyance habituelle du grand capitaine.
« M. de Gaulaincourt, faites arranger toutes mes lunettes. Faites
partir demain soixante chevaux de mes écuries parmi lesquels il y
en aura huit de ceux que je monte. Vous me remettrez l'état de ceux
de mes chevaux que vous voulez faire partir. Je désire que cela se fasse
avec tout le mystère possible. Tâchez qu'on croie que c'est pour la
chasse de Compiègne. Ce sera toujours deux jours de gagnés... Dans
la journée de demain préparez mes fourgons. Je désire qu'il y en ait
un qui porte une tente avec un lit de fer... » {Corresp. de Najyoléon /'',
t. XIII, p. 200.)
VI
Le IG août 1806, le grand écuyer donne l'ordre d'envoyer à Ram-
bouillet, pour les chasses qui vont avoir lieu, quatre-vingt-dix
employés, cent trente chevaux de selle et cent trente-cinq chevaux
d'attelage. Les chevaux de selle se nomment :
LeSélim, le Cyrus, YArtaxerce, VAly, le Chébreis, V Epicurien,
l'Embelli, le Coquet, le Discret, le Léger, V Agréable, le Madrid,
Y Extravagant, le Bienveillant, le Muscadin, le Gaillard, le Plaisant,
le Réchappé, le Gouverneur, le Mylord, le Déserteur, le Coureur,
le Danseur, le Chevreuil, le Renard, YEffréné, le Médiateur, le
Joyeux, le Russe, Y Autrichien, le Solide, le Volage, le Pétillant,
le Courtois, le Docile, le Confident, le Trompeur, Y Ami, le
Brusque, YEtonnant, le Marbré, le Veneur, YArpenteur, YEme-
raude, Y Etoile, la Bonne-Fille, la Boudeuse, la Vicieuse, la Divine,
la Syrène, la Sauteuse, la Jenny, Y Aimable, la Légère, la Cadence,
la Bellone, la Sylvie, la Belliqueuse, la Brillante, la Prude, la
Mazette, la Mésange, la Pie, la Linotte, la Demoiselle, la Dame, la
Novice, la Vestale, Y Amazone, la Comtesse, la Marquise, la Cau-
choise, la Bergère, la Villageoise, YAinazone, etc. [Arch. nat. 0"7G.)
98 LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON l^""
Les inslruclions du grand éouycr ne disent rien concernant les
chevaux réserves à l'Empereur ; mais nous reconnaissons VA)'-
laxercc et IM///, cités troisième et quatrième sur la liste, où l'ordre
alphabétique n'est pas observé. On ne déplaçait pas moins de quatre
chevaux pour l'Empereur. Par induction, nous avons lieu de penser
que le Sélim et le Cyrus, cités premier et deuxième, doivent être
classés parmi les chevaux « du rang de Sa Majesté ».
YII
Les chevaux d'attelage sont :
Le Compagnon, le Consulleur, le Charlatan, le Démon, le Chéri,
le Dromadaire, le Constant, le Dictateur, le Condamné, le Devin,
le Chapelain, le Chanoine, le Candidat, le Célibataire, le Destruc-
teur, le Corsaire, le Combattant, le Cyclope, le Dey, le Derviche, le
Converti, le Conquis, le Convalescent, le César, le Dauphin, le Diseur,
le Basset, le Dominateur, le Déserteur, le Causeur. VAffamé, le
Cordier, le Chimiste, VOpérateur, le Connétable, V Argonaute, le
y>^o« Quichotte, le Chérubin, V Ariane, la Diane, la Duchesse, la. Dan-
seuse, la Débutante. {Arch. nat. 0-76.)
Parmi les chevaux d'attelage des écuries de l'Empereur, citons
encore les noms suivants :
Le Ilustique, le Gaillard, le Soldat, le Pacha, le Baron, V Admi-
rateur, le Bucentaure, le Turbulent, le Bélisaire, V Affamé, le /?ri7-
/«nf, la Danseuse, VArtisan, la Danaë, la Bonne, la Traîtresse,
ï Hélène, VIlébé, la Laërte, la Légataire, le Nègre, le Sénateur,
VAchille, le Grivois, le Directeur^ le Militaire, le Caporal, le
Drogman, le Gaulois, l'Africain, le Janissaire, le Ligurien, le
/.^■o/^, le Confident, le Triomphant, le Tranquille, le Grave, le
Vainqueur , le Belliqueux, Vlntrépide, VEclatant, Yllarmonica, le
Z?eaw, le Corbeau, le Hibou, le Cyclope, le Savant, le Lancier,
Y Hydromel, le Légataire, leLovelace, le /,!<//«, le Masque, le Météore,
le Moscou, le Bouffon, le Mage, le Magnifique, etc.. {Arch. nat.
O-80.)
VIII
Li^s Haras. — Pour entretenir ses écuries, en chevaux de selle, d'at-
telage et d'équipage de campagne, l'Empereur avait créé trois haras,
SERVICE DU GRAND ÉCUYER 99
dont un à Saint-GIoud, un autre en Normandie et le troisième en
Limousin. Ces sages précautions n'empêchaient pas de faire chaque
année des achats considérables de chevaux pour un prix dépassant
cinq cent mille francs.
Les écuries de l'Empereur étaient à Paris, à Saint-Cloud, à Meudon,
à Viroflay.
Etalons, inscrits en 1807, pour le service des haras : le Cheik, VA-
houlîir, \q Sésostris, \q Distingué, le Volant, le Chebreis, le Salahié,
le Mourad-Bey, le Mameluck, le Calife, VOmar, le Soliman, VAga,
V Algérien, le Néron, le Romulus, le Carthaginois, V Alexandre, le
Cadi, le Capitoul, le Turcoman, tous chevaux de sang, arabes, turcs,
anglais, barbes. [Arch. nat. 0-76.)
14 mars 1809. — « II est ordonné au sieur Berngillon, brigadier
des écuries de l'Empereur, de partir sur-le-champ, en Normandie,
avec quatre palefreniers et huit étalons pour la monte, nommés le
Romulus, V Alexandre, le Cygne, VOmar, VAboukir, le Drogman,
VOrosman, le Carthaginois. » [Arch. nat. 0-'T7.)
IX
Parfois, l'Empereur acceptait des chevaux qui lui étaient offerts,
mais il y répondait par un présent.
Le i28 février 1810, Marguerite, joaillier de la couronne, livre au
général de Nansouty une bague d'un rubis balais avec entourage de
vingt brillants. Prix : 1,200 fr. « Cette bague a été donnée par
ordre de Sa Majesté à M... en remplacement d'un cheval, qui a été
offert pour le service des écuries. »
Le 13 juillet 1810, Foncier fait au général une nouvelle livraison
consistant en une riche bague d'un brillant monté à jour, serti à huit
griffes, valant 7,800 fr. Somme réduite, après expertise, à 7,703 fr.
Le bijou est envoyé à M. Devoise, consul général et chargé d'affaires
à Tunis, « en remplacement de trois chevaux barbes qu'il a offerts
pour le service des écuries ».
« Vu, ordonné et approuvé sur le fonds de oO,000 fr., pour
dépenses imprévues. » Signé du grand écuyer Gaulaingourt duc de
ViCENCE. {Arch. nat. 0-*82.)
KtO LES FOURNISSEURS DE ISAPOLÉO.N l"
Fournisseurs DE CHEVAUX. — Nous trouvons aux Archives nationales
les noms de quelques fournisseurs des écuries impériales :
Janvier 181:2. — Au sieur Rivière, pour trois chevaux destine's aux
écuries de l'Empereur, 1,3G8 fr.
Au sieur Manet, pour huit chevaux de transport, 5,004 fr.
Mars 1812. — Au sieur Rivière, pour un cheval gris moucheté,
1,0l!>fr.
Avril 1812. — Au sieur Vixcknt, pour avoir fourni la Lj/re, gris
moucheté, 1,Î212 fr. ; et la Lydienne (bai), 1,112 fr.
Janvier 1814. — Au sieur Verdure la somme de 1,412 fr. pour
une jument appelée la Nymphe, d'un gris très légèrement moucheté
à la tête, au cou et aux épaules.
Au sieur Peïit.iean, pour trois chevaux d'attelage, le Nacré, le
Naïf et le Négociant, 3,436 fr. Ces chevaux sont payés tant sur
le fonds de 700,000 fr. pour l'équipage de guerre que sur le fonds
de 121,603 fr. provenant de la vente de chevaux réformés. [Arch. nat.
0^82.)
Février 1814. — Remboursement au sieur Rivière du prix de neuf
chevaux qu'il a fournis pour les écuries de l'Empereur, pendant le
mois de février 1814, soit, 7,300 fr. Les neuf chevaux sont ins-
crits sous les noms suivants : le Naufragé, le Navigateur, le Navire,
le Naturaliste, le Nankin (hongres) ; la Naïade, la Ninon, la Navette,
la Nausica. {Arch. nat. O-*107.)
Mars 1815. — Des livraisons de chevaux sont faites par Simon,
Vincent, Gervais aîné, Manet, Lendormi, marchands, et Turquet, pro-
priétaire.
Mai 1815. — Le général Le Tellier cède à l'Empereur le Friedland,
en échange du Narcisse, et312fr. M. Pierre Laurent, propriétaire,
fournit VOlmutz, au poil gris, légèrement vineux, pour 936 fr. [Arch.
nat. 0^84.)
XI
Les courriers de l'Empereur. — Voici le tableau des courriers de
l'Empereur, en 1808 :
SERVICE DU GRAND ÉCLYER ICI
CiTAZAL, chef courrier, i2,:200 fr. ; Auradour, sous-chef, 1,800 fr.;
MoTUEY, MuRAT, Gi^RMAiiv, CuAZAL dit Bloxdin, Maillard, Soyé, Loir,
Marchand, Suzy et Gmoux, courriers à 1,000 fr.
Six surnuméraires de première classe, ù GOO fr. : Rovenïy, Dieu-
LOUARD, SeCUESNE, LeCOCQ, GRÉGOIRE, LyOT.
Six surnuméraires de deuxième classe, à 500 fr. : Cuéteil, Ciiazal
fils, Lange, Charbonnier, Haureau et Sauvage. {Arch. nat. O-*101.)
Les courriers n'arrivaient pas toujours à destination ; guettés, sur-
pris par l'ennemi, les uns couraient à la mort, d'autres étaient enlevés
avec leurs dépêches. En Russie, ils eurent à redouter les paysans et
la lance des Cosaques. L'Empereur s'en émut et donna les instructions
suivantes au prince de Neufchàtel, major général de la grande
armée :
« Des Hauteurs de Viazma, 29 août 181 '2. — Mon cousin, écrivez
au gouverneur de Smolensk qu'il organise nos communications. A cet
effet, on retranchera la maison de poste de Goredikino avec de
fortes palissades, de manière à la mettre à l'abri de toute attaque de
cosaques et de paysans. Il y placera un commandant avec cent hommes
d'infanterie, un piquet de quinze hommes de cavalerie, des chevaux
de poste et les chevaux de l'estafette. Il aura soin que cette redoute
soit toujours approvisionnée pour huit jours en pain et viande. Un
pareil établissement sera placé au point de Sloboda-Pnevo, de ma-
nière à défendre en même temps les ponts. Un pareil sera fait à
Mikhaïl owka,..
a Les ordres seront donnés pour que les estafettes soient escortées
par de l'infanterie et de la cavalerie quand on aura à craindre quel-
que chose. Aussitôt qu'il sera possible et que l'artillerie sera arrivée
à Smolensk, on placera une pièce de canon dans chacune de ces
redoutes ou blockhaus. » {Corresp. de Napoléon F'\ t. XXIY,
p. 217.)
L'Empereur voulait être au courant de tout co qui se passait dans
son vaste Empire et n'admettait pas qu'on pût lui cacher une dépêche
expédiée par un de ses ministres. Le 21 avril 1813, il écrivait :
« A Monsieur Maret, duc de Bassano, ministre des relations exté-
rieures, à Erfurt.
« Monsieur le duc de Bassano, je suis très mécontent qu'un de vos
courriers soit passé par Mayence, sans se rendre chez le grand écuyer
et qu'à Kaiserlautern il ait continué sa route, nonobstant l'ordre que
M. de Rumignv lui a donné de retourner.
1(i2 LKS FOLRMSSKIRS DE XAPOLf:0\ I^""
€ l'.-S. .rallcnds avec impalicnce Tcnvoi que vous me ferez de ce
ilont élail porleur le courrier de Vienne qui a passé ici le 19. J'ai des
raisons de croire qu'il portait des choses importantes. » [Corresp. de
yapoléon r\ l. XXV, p. 2o0.)
XII
L'Equipage de guerre. — Dans ses campagnes, Napoléon se faisait
suivre de voitures et de fourgons renfermant ce dont un souverain
chef d'armée peut avoir besoin à la guerre, trésor, lits de camp,
tontes, garde-robe, bibliothèque, selles et harnais de rechange, etc.,
puis des forges, des outils de toute sorte pour remédier sur place aux
accidents.
D'après un document des Arcluces nalionales (0-87), l'équipage de
guerre, en 1812, comprenait : 1° un équipage léger, fort de soixante-
seize chevaux ; 2° un e'quipage d'expédition de cent soixante chevaux ;
3*^ un équipage de gros bagages, de deux cent quarante chevaux de
dépôt. Le budget pour ce service était de 700,000 fr.
Le personnel se composait de bourreliers, de selliers, serruriers,
forgerons, charrons, maréchaux, vétérinaires, brigadiers, cochers,
postillons, courriers, etc. Ils étaient bien payés et sans avoir d'étrennes
ils recevaient, après chaque campagne, de larges gratifications. Mais
chacun devait faire son devoir et si le souverain récompensait géné-
reusement les services rendus, d'où qu'ils vinssent, il savait aussi punir
les délinquants. Quelques exemples en feront foi.
1806. — « Le nommé Dufour, délivreur à Meudon, sera renvoyé et
rayé du contrôle, à dater d'aujourd'hui 29 juillet, pour avoir recudans
son magasin du fourrage de mauvaise qualité. Le présent ordre du
jour sera affiché dans les écuries de Paris, Saint-Cloud, Meudon,
Viroflay, par les écuyers commandants. »
Eylau, 12 février 1807. — « Le cocher d'Argence sera mis à la
troisième classe pour avoir fait le motionneur dans les cafés. Quand
on a des plaintes à porter ou des abus à faire connaître, on s'adresse
à ses chefs, au grand écuyer même, qui écoute tout le monde et on ne
met pas le public dans ses confidences. »
Berlin, 13 novembre 1807, — « Le courrier de cabinet Thiébaud
est cassé pour indiscrétion dans son service ; en considération de son
ancienneté, il sera mis à la queue des surnuméraires de deuxième
SERVICE DU GRAND ÉCUYER 103
classe; s'il ne se conduit pas mieux, il sera définitivement réformé. »
{Arch. nat. 0-*76.)
13 septembre 1808. — « Girardet est rayé des contrôles de l'admi-
nistration des écuries, pour n'avoir pas paru aux écuries depuis son
arrivée du 23 août et s'être marié sans permission. » [Arch. nat.
0^*77.)
XIII
La bibliothèque de campagne mérite quelques détails. Une lettre
de M. de Méneval à M. Barbier, bibliothécaire de l'Empereur, va nous
faire connaître les genres de livres dont Napoléon aimait à s'entourer.
Baj'onne, 17 juillet 1808. — « L'Empereur désire se former une
bibliothèque portative d'un millier de volumes, petit in-12, imprimés
en beaux caractères. L'intention de Sa Majesté est de faire imprimer
ces ouvrages pour son usage particulier sans marges, pour ne point
perdre de place. Les volumes seront de cinq à six cents pages, reliés
à dos brisé et détaché et avec la couverture la plus mince possible.
Cette bibliothèque serait composée d'à peu près quarante volumes de
religion, quarante des épiques, quarante de théâtre, soixante de poé-
sie, cent de romans, soixante d'histoire. Le surplus, pour arriver à
mille, serait rempli par des mémoires historiques de tous les temps.
« Les ouvrages de religion seraient V Ancien et le Nouveau Testa-
ment, en prenant les meilleures traductions, quelques épîlres et
autres ouvrages les plus importants des Pères de l'Eglise ; le Coran ;
de la mythologie; quelques dissertations choisies sur les différentes
sectes qui ont le plus influé dans l'histoire, telles que celles des Ariens,
des Calvinistes, des Réformés, etc. ; une histoire de l'Eglise, si elle
peut être comprise dans le nombre des volumes prescrit.
« Les épiques seraient Homère, Lucain, le Tasse, Télémaque, la
Ilenriade, etc.
« Les tragédies ; ne mettre de Corneille que ce qui est resté, ôter de
Racine les Frères ennemis, V Alexandre et les Plaideurs ; ne mettre
de Crébillon que Rhadamiste , Alrée et Thyeste; de Voltaire, que ce
qui est resté.
« L'histoire ; mettre quelques-uns des bons ouvrages de chronologie,
les principaux originaux anciens, ce qui peut faire connaître en détail
l'histoire de France. On peut mettre comme histoire, les Discours de
104 LES FOlT.MSSF.rRS DH NAPOLl'lOX I*"'"
Machiavel sur Tile-IJve, V Esprit des Lois, la Grandeur des liomains,
ce qu'il est convenaltlc de garder de l'iiisloire de Yollaire.
« Les roiii.iiis : la Nouvelle H ëloïse ctlcs Confessions de Rousseau.
U.i no parle pas des chefs-d'œuvre de Fielding, de Richardson, de
Lesage, etc., tpu trouvent naturellement leur place; les contes de
Voltaire.
« Nota. — Il ne faut mettre de Roussseau ni V Emile, ni une foule
de lettres, mémoires, discours et dissertations inutiles ; même obser-
vation pour Voltaire.
« L'Empereur désire avoir un catalogue raisonné avec des notes
qui fassent connaître l'élite des ouvrages et un mémoire sur ce que .
ces mille volumes coûteraient de frais d'impression, de reliure. Ce
que chaque volume pourrait contenir des ouvrages de chaque auteur;
ce que pèserait chaque volume ; combien de caisses il faudrait, de
([uelles dimensions et quel espace cela occuperait?... » [Corresp. de
Napoléon I"\ t. XVII, p. 463.)
Gomme on va le voir par celte seconde lettre du secrétaire de
l'Empereur à M. Barbier, Napoléon aimait à prendre connaissance des
ouvrages sérieux dès leur apparition et avant tout le monde.
Laa, 10 juillet 1809. — « Je dois prévenir M. Barbier que deux
ouvrages importants sont parvenus à Sa Majesté par le courrier
d'avant-hier ; le Fragment d'histoire d'Angleterre, de Fox, en deux
volumes, et un ouvrage de M. de Montgaillard, intitulé Du Rétablisse-
ment du royaume d'Italie et Du droit de la couromie de France sur
le duché de Rome... Il faudrait faire prendre les ouvrages avant qu'ils
soient livrés au public. Il me semble que l'Empereur peut bien avoir
ce droit. » [Corresp. de Napoléon /''', t. XIX, p. 277.)
Trois années plus tard, M. de Méneval informe Barbier que l'Empe-
reur désire remplacer dans sa bibliothèque les romans et la plus
grande partie des poésies par des ouvrages d'histoire; puis il ajoute :
« Je prie M. Barbier de rassembler un choix d'ouvrages de ce genre et
de m'envoyer, en attendant, une Histoire de France, de Velly, com-
plétée jusqu'à la Révolution. Sa Majesté désire lire cette histoire. »
[Corresp. de Napoléon r, t. XXIII, p. 298.)
Autre lettre du 19 décembre 1811 : « Je prie M. Barbier de m'en-
voyer, pour Sa Majesté, quelques bons ouvrages les plus propres à
faire connaître la topographie de la Russie et surtout de la Lithuanie,
sous le rapport des marais, rivières, bois, chemins.
Par ordre de l'Empereur.
SERVICE DU GRAND ÉCUYER 10^
Sa Majesté désire aussi ce que nous avons, en fran(^,ais, de plus
détaillé sur la campagne de Charles XII en Pologne et en Russie.
Quelques ouvrages sur les ope'rations militaires dans cette partie
seraient également utiles. (Corresp. de Napoléon / "', t. XXIII, p. 110.)
Ailleurs, l'Euipereur demande l'ouvrage du colonel anglais Wilson,
sur l'armée russe, et l'ouvrage de M. de Plotho sur l'organisation de
l'armée russe. {Idem, t. XXIII, p. 466.)
Enfin, le 18 février 1813, l'Empereur envoie de Paris à son biblio-
thécaire la note suivante :
« Je n'ai pas besoin qu'on forme une nouvelle bibliothèque de
voyage ; il faut seulement préparer quatre caisses pour des in-12 et
deux pour des in-18. Quelque temps avant mon départ, on me remet*
tra la liste des livres de ce format que j'ai dans ma bibliothèque, et
je désignerai les volum.es qu'il faudra mettre dans les caisses. Ces
volumes seront successivement échangés contre d'autres de ma biblio-
thèque, et le tout sans qu'il soit nécessaire de faire de nouvelles
dépenses. » {Idem, t. XXIV, p. 618.)
Dans le courant de l'année 1810, l'ébéniste de l'Empereur, Jacob
Desmalter, livre : six boîtes d'acajou massif garnies en peau, pour
servir de bibliothèques portatives. Les couvercles se lèvent, mainte-
nus par un compas. Prix : 1,440 fr. ; — deux boîtes en chêne des
Vosges, faites comme les précédentes, garnies en molleton de laine,
290 fr. — Le mémoire, augmenté de 2oi2 fr., pour réparation de trois
boîtes d'acajou et frais divers, se monte à 1,982 fr. — « Vu, ordonné
et approuvé sur le fonds de oO,000 fr., que le budget de 1810 met à
notre disposition pour achat de livres et entretien de bibliothèques. »
Signé du grand chambellan : le comte de Montrsquiou. {Arch. nat.
0^33.)
XIV
Après la bibliothèque de campagne viennent les fameux lits de
camp.
En septembre 1807, Aubineau, pelletier, livre pour l'Empereur
deux lits de camp en peau d'ours doublée de coutil rayé et de velours
vert, au prix de 940 fr. {Arch. nat. 0-3o.)
Mentionnons de suite une autre commande de ce genre, au retour
de l'île d'Elbe. Paris, le 27 avril 181o. Lettre de l'écuyer comman
dant à M. Desmazis, administrateur du mobilier de la couronne :
lOG LES FOURMSSIXnS DK NAPOLEON l*^""
« M. le jxraïul éciiyer, auquel j"ai rendu compte qu'il ircxiste que
trois lits en peau d'ours pour rEmpcrcur, a trouve ce nombre très
insuffisant et désire que vous en fassiez confectionner encore quatre.
J"ai riioiineur de vous transmettre les intentions de Son Excellence,
et je vous prie de vouloir Lien donner des ordres pour que ces lits
soient prêts le plus tôt possible, n {Arch. nat. 0-*67.)
Desoucues, serrurier du garde-meuble, fournit à l'Empereur, t\\
1809, deux lits de campagne comme suit. Le premier, en fer poli, à
ornements dorés, avec un fond élastique et son étui doublé de drap
bleu, l.,000 fr. ; deux porte-manteaux en cuir et quatre courroies en
cuir jaune, de deux mètres, 360 fr., deux forts cadenas et leurs clés
en fer poli, avec le chitfre N, 90 fr.
Un autre lit de campagne du petit modèle, pouvant être transporté
à dos de mulet, avec impérial exhaussé portant platine et pomme en
cuivre doré; les ornements dorés et son étui en cuir doublé de drap,
1,100 fr; deux porte-manteaux en cuir et quatre courroies, 360 fr.
Total, 2,910 fr.
« Vu, ordonné et approuvé sur le crédit de 8,000 fr. ouvert par le
budget de 1809, pour supplément et faire face aux dépenses occasion-
nées par le séjour de Sa Majesté, à Erfurt, en 1808. » [Arch. nat.
0^34.)
XV
Voyages. Déplacements. Frais de toste. — Dans les voyages et
déplacements de l'Empereur et de l'Impératrice à travers l'Empire
Français, les frais de poste étaient établis sur le taux de 3 francs
par poste, pour les postillons, et de 2 francs pour les chevaux.
En 1808, quand l'Empereur se rendit à Bayonne, au-devant du
roi d'Espagne, qu'il devait garder prisonnier, le cortège était ainsi
composé : la berline à huit chevaux de l'Empereur, douze voitures
à six chevaux, dix-sept voitures à quatre chevaux et sept à trois che-
vaux, plus trente et un « bidets » pour deux sous-inspecteurs, trois
piqueurs, six sous-officiers coureurs, seize courriers et quatre guides.
La dépense pour aller fut de 8o,lo8 fr. — Le retour de Bayonne à
Saint-Cloud, composé au départ de trente-six voitures, coûta
126,08ofr.
1808. — Le voyage de l'Empereur à Erfurt, pour l'entrevue, est
inscrit avec le retour pour 300,814 fr. [Arch. nat. 0'8T.)
SERVICE DU GRAND ÉCUYER 107
1800. — Voyage de l'Impératrice Joséphine de Strasbourg à Plom-
bières et retour à la Malmaison, 40,500 fr. — Voyage de Leurs
Majestés à Fontainebleau, aller et retour, 11,449 fr. [Id. 0-87.)
1810. — Pour aller chercher, à Braunau, la nouvelle Impératrice
Marie-Louise, avec cent quarante-six chevaux et soixante-treize pos-
tillons, les frais s'élevèrent à 139,794 fr. {Id. 0-77.)
1810. — Le voyage de Hollande, entrepris par l'Empereur en com-
pagnie de Marie-Louise peu de temps après leur mariage, coûta, en
frais de poste, 239,481 fr. {Id. 0^77.)
1811. — Voyage de Leurs Majestés à Randiouillct et Cherbourg,
87,927 fr. — Voyage de Saint-Gloud à Rambouillet, de Trianon à
Compiègne et de Compiègne en Hollande, et retour, 396,878 fr.
Pour les années 1810 et 1811, les frais de poste s'élèvent ensemble
à 724,286 fr. [Id. 0^87.)
II ne s'agit ici que des sommes à rembourser au directeur général
des postes. Toutes les dépenses concernant les voitures, les harnais,
la nourriture, les frais de représentation, etc., sont en dehors.
XVI
Frais de poste de quelques officiers d'ordonnance de l'Empereur.
— Le 6 février 1813, le duc de Vicence reçoit des « états de frais
de poste et de missions de MM. les officiers d'ordonnance de Sa
Majesté pendant 1812, dont le détail suit » :
A M. le baron Gliristin, de Skranne à Paris, 2,620 fr. ; à M. Atllia-
lin, de Vilna à Razasna, 530 fr. ; au même, de Vierballen à Paris,
2,580 fr. ; à M. le comte de Montaigu, de Vilna à Vitepsk et
Smolensk, 1,440 fr. ; au même, de Gumbinen à Paris. 3,100 fr. ;
à M. le comte de Chabrillan, de Gumbinen à Paris, 3,100 fr. ; à
M. le baron de Mortemart, d'Osunina à Paris, 2,902 fr. ; à M. de
Teinteignies, de Gumbinen à Paris, 2,717 fr. ; à M. le baron d'IIau-
tepoul, de Gumbinen à Paris, 2,4i0 fr. ; à M. le baron Gourgaud,
de Vilna à Paris, 2,967 fr. ; à M. de Lauriston, de Gumbinen à Paris,
2,462 fr.
21 février 1813. — Etat des frais de poste de trois officiers d'or-
donnance de l'Empereur, en 1812, à M. de Chateigner, de Gumbinen
à Paris, 3,457 fr. ; à M. le baron Desaix, pour le même trajet,
108 LES ro( nxissr.riîs dk napolkov i*"''
8,i.'iT IV.; à M. (Ir (ijilz, pour le inrine |);u'cours, 2,Jj0o fr. (Arch.
na(. 0-71.)
Ajoutons, jiour la même année, les frais de poste d'un autre officier
il'ordonnance de ri']inpcreur, le baron de Montmorency, 3,780 fr.
(/(/. 0^'71.)
XVII
Les voitures, les équipages de l'empereur. — Les voitures du
sacre ont été décrite?, mais n'ayant pas trouvé aux Archives natio-
nales lesmémoiresdes fournisseurs, nous n'en dirons rien. Notre travail
ne comprend que des documents officiels, inédits, puisés aux sources
mêmes sur des feuilles manuscrites, ou sur les factures délivrées par
les fournisseurs. Nous avons été plus heureux en ce qui concerne les
voitures de la cour, commandées par l'Empereur, en 1810, lors de
son mariage avec Marie-Louise.
Les carrossiers de Napoléon se nommaient Devaux, faubourg Pois-
sonnière ; Cauyette et Gœtting, rue des Martyrs. En dehors des
fournisseurs brevetés, l'Empereur étendait ses commandes à de nom-
breux fabricants de premier ordre, tels que Braidy, Rasp, Dussaussoy,
Grosjean, Pichard, Leduc, Chibourg, Vosgien, Boutin, Delocue,
Derague, Blanciietox, etc.
Le 10 juin 1810, le grand ecuyer, M. de Gaulaincourt, écrit à
M. Daru, intendant général de la liste civile : « Monsieur le Comte, j'ai
l'honneur de vous adresser ci-joint, en double expédition, des pièces
de dépenses du service des écuries dont le détail suit. Ces pièces sont
imputées sur le fonds de 516,995 fr. mis en ma disposition, par déci-
sion du 10 mars dernier pour les dépenses du mariage de Sa Majesté. »
Les dépenses, dont il est question dans cette lettre, ont trait aux
mémoires des habiles maîtres carrossiers cités plus haut ; elles s'élè-
vent à la somme de 377,112 fr. — Ce sont ces mémoires que nous
allons résumer ; ils donneront une idée de ce qu'étaient les somptueux
équipages de la cour impériale. Disons de suite que les trente-quatre
berlines mentionnées ci-dessous avaient toutes la caisse décorée à
fond d'or.
Braidy, sellier-carrossier, 4, rue de l'Arcade : deux berlines garnies
de drap et satin blancs : 19,000 fr. — Gœtting, rue des Martyrs, 9 ;
une berline de ville élégante, l'intérieur garni de velours rose, à bou-
SERVICE DU GRAND ÉGUYER 109
quels et guirlandes de roses sur les panneaux ; toutes les ferrures,
moulures et ornements dorés en plein pour le service de l'Impératrice,
17.000 fr.
Pour le service de l'Empereur : une riche berline de six places,
l'intérieur garni de velours blanc, une housse en velours blanc, une
courroie de laquais et deux poignées de pages ; le train en frêne riche-
ment sculpté. Le fond de la caisse doré, glacé en vert, sur un fond
d'or. Sur les panneaux, les armes impériales et quatre bouquets
peints, 20,000 fr.
Rasp, sellier-carrossier, 46, rue de Verneuil : quatre berlines garnies
de drap blanc et galons de soie, les matelas de custode en satin,
17,o00 fr. ; deux autres voilures, 16,000 fr.
DussAUSSOY, sellier, rue Neuve-du-Luxembourg : deux berlines gar-
nies de drap blanc, les matelas en satin et galon de soie ; les châssis
garnis en velours de soie vert, 18,000 fr.
Grosjean frères, selliers, rue du Ilelder : trois berlines riches, à fond
d'or, l'intérieur garni de drap blanc, satin au custode, les armes de
l'Empereur sur chaque face de la voiture, 28,500 fr.
PicuARD, sellier, rue Montmartre, 170 : une berline à flèche et à cou
de cygne garnie de drap et satin blancs. La caisse, fond d'or ; les
armes sur les quatre faces ; des bouquets aux quatre panneaux d'en
bas, des couronnes dans les frises et dans la coquille, 9,000 fr. — Une
autre berline, fond orange garnie de même, 9,000 fr. — Une berline
à brancards, garnie de drap et salin blanc, 8,672 fr.
Leduc, fabricant de voitures, rue dmBac, 28 : deux berlines peintes,
les caisses à fond d'or, avec les armes de Sa Majesté sur les quatre
faces des panneaux du milieu et autres décors sur ceux de côté, les
trains peints en fond vert glacé, l'intérieur garni de drap blanc, avec
galon de soie bleu et blanc, 18,500 fr.
CuiBOURG, sellier et bourrelier, rue Neuve-Saint-Augustin, 49, et rue
Napoléon : deux berlines garnies de drap blanc et galon de soie, avec
des matelas en satin, 16,000 fr. — Deux autres berlines riches, peintes
à fond d'or, 14,800 fr.
YosGiEN, sellier-carrossier, rue Neuve-Saint-Augustin : deux berlines
garnies de drap blanc, les caisses peintes fond d'or, avec les armes
dans les quatre panneaux, fleurs dans les petits panneaux et cou-
ronnes dans les frises, 16,000 fr.
BouTiN, sellier, rue Saint-Dominique : trois berlines, fond d'or, gar-
nies de drap blanc, le train doré et rechampi de vert, 24,000 fr.
110 LES FOUnMSSELRS DK NAPOLÉON l""''
Dklociie, scllier-cliarron- serrurier (autrement dit carrossier), i\,
rue Iluutcfeuille : trois berlines garnies de drap blanc, les caisses à
fond d'or, les armes de l'Empereur sur les quatre faces ; des branches
de laurier de chêne et d'iunnortelles dans les frises et sur les panneaux
de custodes, 27.000 fr.
Jean-Baptiste Behaghe jeune, carrossier, rue de Provence, 48 :
deux berlines peintes à fond d'or, doublées de drap blanc ; sur les
panneaux, des bouquets et les armes impériales, 15,000 fr.
Blancheton, sellier, 68, rue de Lille : une berline, avec armoiries
et bouquets sur les panneaux, garnie de drap blanc, 8,000 fr.
Percuelet, bourrelier des écuries de Leurs Majestés : — vingt-
quatre attelages riches, à six chevaux, à la française, garnis en plaqué
d'argent, 43,-00 fr. — Vingt-deux attelages, à six chevaux, de guides
en laine écarlate, garnis de leurs glands de parade et en boucles pla-
quées, tous les bouts et enchapures en cuir rouge dans la main du
cocher, l,3fi0 fr.
MiLBOURN, sellier et harnacheur, rue Saint-Honoré, lo9 : vingt-
quatre selles d'attelage, 1,236 fr. [Arch. nat. 0-*77.)
DuON, passementier, 32, rue Bourg-l'Abbé : — vingt-deux attelages
à six chevaux, guides en laine écarlate, glands, nattes, pompons,
cocardes, à 486 fr. l'attelage. Total, avec diverses fournitures de même
genre, 12,669 fr.
Fel'cuère, ciseleur-doreur, rue Notre-Dame-de-Nazareth, 25 : pour
avoir fourni aux harnais et voilures des ornements ciselés, dorés au
mat, tels que rosettes, étoiles, petits aigles, frontaux découpés à jour,
etc., 592 fr. 50.
Terwaen, brodeur, 33, rue de l'Arbre-Sec : quatre demi-soleils
brodés en paillettes d'or de trois pouces de diamètre, pour une berline,
80 fr.
Malgré la sécheresse de ces renseignements, puisés sur les factures
mêmes, nous croyons devoir citer encore, par ordre de date, les
acquisitions suivantes :
DuciiEMiN : un fourgon à cassettes, 5,800 fr. Pour réparations di-
verses faites l'année précédente, 25,214 fr.
Devaux : <t charron » une berline, 15,600 fr. — Un chariot de poste,
7,600 fr. — Une calèche de poste, 6,300 fr. — Une gondole, 5,000 fr. —
Deux fourgons, 8,000 fr. — Une guinguette, 7,000 fr. — La plupart
de ces voitures sont désignées pour « l'équipage des transports ». C'est
l'équipage de guerre qui suitl'Empereur dans ses campagnes. Le bud-
SERVICE DU GRAND ÉCUYER Hl
get de 1811, pour l'équipage des transports, est de 77,060 fr. {Arch.
nat.O-ni.)
1812. — Devaux : une calèche Daumont, 5,500 fr. — Un cabriolet,
1,600 fr. — Réparations aux voitures de voyage, 4,435 fr. — Une
berline de ville et de voyage, cotée 9,000 fr., prix réduit après exper-
tise à 8,800 fr. {fdem, 0-71 et 0-84.)
Voici neuf voitures de la fabrique de Cauyette, dirigée parGETXiNG,
rue des Martyrs : un landau en berline, 11,560 fr. — Un landolet, en
forme de dormeuse, 7,600 fr. — Deux voitures pour les lits de Sa
Majesté, 10,240 fr. — Une voiture de ville incognito, 7,000 fr. — Une
dormeuse, iO,282 fr. — Un landau, 9,000 fr. — Une calèche Dau-
mont, 5,500 fr. — Une diligence, 6,000 fr. — Réparations de diverses
voitures, i,900fr. {Arch. nat. 0-71.) Une dormeuse, d'une nouvelle
voie allemande, offrant à l'intérieur un lit complet et tout ce qu'il
faut pour écrire, 8,500 fr. (/(/., 0-84.)
Mars 1812. — Voici, pour le service de l'Empereur; une ber-
line de voyage d'un prix exceptionnel ; elle coûte 17,000 fr. après
avoir subi une réduction de 1,000 francs. Le mémoire est ainsi apos-
tille :
« Vu, ordonné et approuvé sur le fonds de l,178,79ifr. mis à notre
disposition pour achat de chevaux, nourriture, voitures, voyages, par
le budget arrêté le 8 février dernier. — A Paris, le 19 mars 1812. Le
grand écuyer, duc de Vigexce. » {Arch. nat. 0-84.)
Presque toutes ces voitures vont faire la campagne de Russie ; elles
iront jusqu'à Moscou. Combien en reviendra-t-il ?
Janvier 1814. — Cvuyette est toujours le fournisseur préféré ; sa
facture se résume à cinq berlines, 36,000 fr. ; trois dormeuses,
24,282 fr.
Nous trouvons à la même date quelques autres fournisseurs :
Devaux, pour trois voitures, 18,200 fr. — Percuelet, pour harnais,
22,010 fr. Daydé, chapelier, 3,369 fr. — Laurent, bottier, 6,062 fr. —
Bastide, tailleur, pour habillement des employés, 115,542 fr. Les
employés dont parle Bastide comprennent surtout le nombreux per-
sonnel des écuries impériales et des équipages de guerre. Lercbours,
opticien, pour fournitures et réparations de lunettes, 1,518 fr. {Arch.
nat. 0-*73.)
1815. Les Cent-Jours. — Au nombre des dernières voitures livrées
par Cauyette à l'Empereur, nous remarquons : une dormeuse, cotée
9,753 fr. Napoléon n'eût guère le temps d'en faire usage ; le repos
112 LES FOURNISSEURS DE NAPOLEON 1*^'"
{ju'il y clifrcha dut être bien trouble par d'amères réflexions sur
rinslabililé des grandeurs humaines.
Devaux fait pour 10,1:21 fr. de réparations etGAUTiiiER, peintre, pour
10,944 fr. de peintures [Idem, 0-*74). Sans avoir le détail de ces tra-
vaux, il est facile de s'en rendre compte. Il s'agit des voitures de la
cour ; on a changé leur habit en les remettant aux couleurs et aux
armes impériales, en attendant qu'elles reprennent les fleurs de lis et
le chifl're de Louis XVlll.
Le registre (O-*107) qui mentionne les dépenses du grand écuyer,
pendant les Cent-Jours, porte à l'en-tête des comptes : Maison de
Bonaparte. 2 mois et \() jours de 181o.
CHAPIÏHI:: XVI
LES THEATRES DE LA VILLE ET DE LA COUR
academie impékiale de musique. theatre de
l'impératrice
Napoléon était partisan du faste extérieur, dès qu'il s'agissait de
représentations théâtrales, soit à la ville, soit à la cour, soit à
l'étranger. Dans ce dernier cas surtout, il recommandait de déployer
le plus grand luxe, voulant que la France en imposât par sa civilisa-
tion autant que par ses armes.
On en trouvera un exemple dans la lettre suivante de l'Empereur
au comte de Rémusat, premier chambellan, surintendant des spec-
tacles, à Paris :
8 février 1810. — « Vous ne me rendez aucun compte de l'admi-
nistration des théâtres et vous faites mettre de nouvelles pièces à
l'étude sans m'en instruire. J'apprends que la Mort (VAbeU et un
ballet sont mis à l'étude. Vous ne devez mettre aucune nouvelle
pièce à l'étude sans mon consentement. Faites-moi un rapport là-
dessus. » [Corresp. de Napoléon /'', t. XX, p. 2ÎÎ4.)
Nouvelle lettre datée de Paris le 2 mars 1810 : « Monsieur de
Rémusat, mon premier chambellan, il faudrait donner la Mort d'Ahel,
le 20 mars ; donner le ballet de Persée et Andromède le lundi de
Pâques ; donner les Baijadcres, quinze jours après ; Sophocle, Armide,
1 Opéra en trois actes, par Rodolplic Kreutzer, premier violon de la musique
de l'Empereur.
8
il* LES FOrnMSSEURS DE NAPOLÉON l'^''
dans le courant de l'élé ; les Danaïdes, dans l'automne ; les Sabines,
à la fin do mai. l]u général, mon intention est que, dans le mois de
Pàijues, il y ail le plus de nouveautés possible, vu qu'il y aura un
grand nombre d'étrangers à Paris, à cause des fêtes. » {Corresp. de
Napoléon /"'', t. XX, p. !2V)5.)
A son retour de l'Ile d'Elbe, pendant les Cenl-Juurs, Xapoléon eut
le temps de donner quelques fêtes. Au milieu des graves préoccupa-
tions qui l'absorbaient, ce n'était certes pas pour se divertir, mais il
voulait rassurer l'opinion publique et donner une confiance qu'il
n'avait peut-être p'as lui-même.
Nous voyons, sur un Mémoire de Mignerct :
'1815. 12 avril. — 400 lettres pour le spectacle du Palais des Tui-
leries, dont 200 pour les Excellences, sur
papier blanc superflu, composition, tirage
et papier 16 fr.
13 avril. — 400 lettres pour annoncer que le
spectacle n'aura pas lieu 16 fr.
19 avril. — 400 lettres pour le spectacle, au Palais
de l'Elysée, dont 100 pour les Excellences. 16 fr.
3 mai. — 400 lettres pour le spectacle au l^alais
de l'Elysée K; fr.
10 mai. — 400 lettres pour le spectacle au Palais
de l'Elysée 16 fr.
11 mai. — • 500 lettres pour être admis au lever de
Sa Majesté 20 fr.
16 mai. — 400 lettres pour le spectacle au Palais
de l'Elysée 16 fr.
24 mai. — 400 lettres pour le spectacle au Palais
de l'Elysée 16 fr.
29 mai. — 300 billets pour être admis à la céré-
monie du champ de Mai, pour la musi(|ue
de la Chapelle 9 fr.
Total 141 fr.
Vu, ordonné et approuvé, sur le fonds de loo,5o6 fr. que le
budget de 1813 met à notre disposition pour les théâtres de la cour,
ballets, etc.
Le Grand Chambellan,
Le comte de Montesquiou.
Paris, 19 juin 1815.
LES THÉÂTRES DE LA VILLE ET DE LA COUR 115
II
L'Empereur avait sa loge dans les grands théâtres de Paris, qu'il
payait trimestriellement sur un budget établi chaque année ; celui
de 1806 s'élevait pour les locations à 60,000 fr. Les reçus des direc-
teurs nous en indiquent les prix par trimestre :
Deux loges à 1" Académie impériale de Musique, 5,000 fr. — La
loge impériale à rOpéra-Gomique, 3,000 fr. — Au théâtre de l'Impé-
ratrice (Italiens), 4,000 fr. — Au Théâtre-Français, 3,000 fr. [Arch .
nat. 0^30.)
Suivant un Mémoire datée de 1809, Jacob Desmalter fournit pour
la loge de l'Empereur, à Feydeau :
Une chaise d'affaire en bois d'acajou, le dessus avec couvercle
garni de compas et charnière en cuivre, l'intérieur, avec un vase en
faïence, 60 fr. — Une table de nuit en acajou, de forme carrée, le
marbre dessus et celui intérieurement en petit granit, garnie de deux
vases en porcelaine blanche. 100 fr. [Arch. nat. 0-36.)
Des modifications surgissent au cours des événements.
Le io janvier 1814, le comte de Montesquiou, grand chambellan,
écrivait à M. Mogé, conservateur du mobilier :
« J'ai l'honneur de vous prévenir, Mozisieur, que l'intention de Sa
Majesté est de ne point conserver les deux loges qu'elle avait prises
il y a trois ans, à l'Opéra du côté de l'Impératrice, non plus que la
grande, située au Théâtre-Français du même coté. Yous pouvez, en
conséquence, faire retirer de ces trois loges les meubles appartenant
au mobilier de la couronne que vous y auriez fait placer.
« Je vous prie, Monsieur, de recevoir l'assurance d*^ ma parfaite
considération.
Signé : « le comte de montes.juiou. »
Enfin, le l!2 mai 1814, pendant que Napoléon était à l'île d'Elbe,
M. de Rémusat, surintendant des spectacles, donnait l'ordre de faire
porter dans la loge du roi Louis XYlIl, à l'Académie royale de Musi-
que :
« Un fauteuil très large, pour le roi ; une chaise toute prête pour
servir au besoin; un pliant, pour M'"' la duchesse d'Angoulême
et cinq tabourets. » [Arch. nat. O-ooo.)
110 LES FOIRMSSELRS DE NAPOLfiON l'"'"
111
Le Ihéàlrc de l'Opéra, sous la dénomination d'Académie impériale
de Musique, venait alors en première ligne.
En 1807, pour fêter le retour de la grande armée, il y eut dans
tous les the'àtres des spectacles gratis. L'Opéra donna le Triomphe
de Trajan, tragédie lyrique en trois actes, paroles d'Esménard, musi-
que de Lesucur et Persuis.
« Le parterre, l'orchestre et les principaux rangs de loges et de
galeries étaient réservés à la garde impériale. L'Opéra donna le
Triomphe de Trajan... Cet opéra n'était qu'une série d'allusions ingé-
nieuses à la gloire de Napoléon Au moment du triomphe, quand
l'Empereur romain apparaissait sur un char traîné par quatre
chevaux blancs, ce n'était pas Trajan qu'on applaudissait, c'était
Napoléon. » (Imbert de St-Amand, La Cour de l'impératrice José-
phine, p. 401.)
IV
Quant au budget de la danse, il s'élevait à 40,000 fr. En 1808, le
corps de ballet était ainsi composé : Gardel, maître de ballet :
G, 000 fr. — Despréaux, maître à danser : 3,000 fr. — Vestris, pre-
mier danseur : 3,000 fr. — Saint-Amand et Beaulieu, deuxièmes dan-
seurs, chacun i2,400 fr. — Beaupré et Branchu, troisièmes danseurs,
chacun 2,000 fr. — M'""^ Gardel et Glotide, premières danseuses,
chacune 3,000 fr. — M"""* Bizottini et Chevigny, deuxièmes dan-
seuses, chacune 2,400 fr. — M'"*^* Millière et Duport, troisièmes
danseuses, chacune 2,000 fr. — Pilate et Launer, répétiteurs, chacun
600 fr.
« Vu, ordonné et approuvé, sur le fonds de 40,000 fr. que le bud-
get de 1808 met à notre disposition pour le maître de ballets, dan-
seurs, danseuses et le maître à danser.
« Le vice-grand électeur, grand chambellan,
« CuARLES Maurice. »
Signé par Tallcyrand, d'une très mauvaise écriture, à Yalençay le
lo juillet 1808. [Arch. nat. 0^33.)
LES THÉATRE3 DZ LA VILLE ET DE LA COUR 117
V
Concurremment avec l'Académie impériale de musique, le Théâtre
de l'Impératrice « Opéra séria e buffa », autrement dit : Théâtre-
Italien donnait des représentations spéciales auxquelles assistaient la
plupart des grands personnages.
De temps à autre, les premiers sujets de ce théâtre étaient appelés
à jouer sur les théâtres de la cour.
Parmi les artistes italiens engagés pour l'année 1808, nous remar-
quons M'"'- Grassini, première chanteuse : oG,OUO fr. par an. —
jjme Y^'év. première chanteuse de la chambre : -lO.OOO fr. — Nozzani,
engagé pour quatre mois : 10,000 fr. — Barrilli, ténor, et Tarilli,
chacun 066 fr. 66 par mois. — Lombardi, première basse, 1,000 fr,
par mois. {Ardi. nat. 0H8.)
Benelli, premier ténor : 11,000 fr. par an. — Pianelli, deuxième
ténor : 7,000 fr. — Lombardi, première basse : 1:2,000 fr. — Angri-
zani, deuxième basse : 11,000 fr. M""' Anglola Chies, deuxième dame,
et Antonio Chies, deuxième ténor : 9,000 fr.
« Sur le fonds de 60,000 fr. mis à notre disposition suivant le décret
daté de Bayonne le 26 mai 1808, pour les appointements des nou-
veaux artistes italiens. » [Arch. nat. 0-34.)
« Signé par Talleyrand,
« CoARLES Maurice. »
VI
Dans le second semestre de l'année 1810, le Théâtre-Italien donna
les représentations suivantes : le 22 juillet, aux Tuileries : la Moli-
nara. — A Saint-Cloud, les 23 août, 6 et 20 septembre : les Nozze di
Dorina. — Les Due Rivali.
A Fontainebleau, du 1'"'' octobre au 5 novembre. /. Zingari in fie-
ra. — Bue Gemelli. — La Grisilda.
Aux Tuileries, du 27 novembre au 18 décembre : V Imprésario et
la Provera delV opéra séria. — Il Barbiere di Siviglia et II Matri-
monio secrelo. — La Nina et la Cosa rara.
Voici, d'ailleurs, quels étaient les appointements des nouveaux
artistes italiens, employés au théâtre de la cour en 1810 :
H8 LES FOlRMSSF.LnS DF, NAPOLKON l'''
Genlilli, premier ti'-nor 14,000 fr. — Benelli, premier ténor 9,000 fr.
— Angrizani et Botrgia, premières basses, chacun 9,000 fr. —
M'"''Giacomelli et M"'' Jlymin, chacune 5,000 fr. — Havelli. remplissant
les fonctions de régisseur, 3,600 fr. — Rinaldi, souCrieur, irlOO fr.
« Sur le fonds de o6,000 fr. que le budget de 1810 met à notre dis-
position pour les appointements des nouveaux artistes italiens alta-
chés aux théâtres de la cour. » {Arch. nat. 0-33.)
Signé : « Le comte de Montesquigu. »
« 23 mai 1810. .
VII
Le 2 mai 1811, le Théâtre de l'Impératrice joue à Saint-Cloud, la
Destruction de Jérusalem, 2,400 fr. ; le 16 juin, aux Tuileries : Didon,
2,000 fr. ; le 25 juillet, la Grisilda ; le 21 août, la Molinara. En sep-
tembre, àCompiègne : Cosi fantutte. — Nemici generosi. — Le Can-
tatrice villane. Les premières à 1200 fr., ces dernières à 2,700 fr.
1811. Du 3 au 19 mars, le même théâtre vient donner six représen-
tations devant la cour : la Provera delV liuilièmes en avril 1807 et pai-L rnlière en 1809. Després, reçu
en 1803, a débuté enl792, dans Mahomet ; mis, on 1799, aux appoin-
tements de 3,000 fr. ; en 1803, à 4,000 fr. ; en mars 1807, à quart de
part; en avril 1808, à trois huitièmes; en novembre 1809 à demi-
part et en avril 1811 à cinq huitièmes.
Lacave, reçu en 1803, a débuté en 1796; il a été en 1799 aux
appointements de 3,000 fr. ; en 1803, à 3,500 fr. les six premiers
mois et à 4,000 fr. les six derniers ; en mars 1807, à quart de part;
en avril 1808, à trois huitièmes ; en novembre 1809, à demi-part; en
avril 1811, cinq huitièmes de part.
Thénard, admis en 1810, a débuté le 3 novembre 1807 dans le Dis-
sipateur et la Fausse Agnès, aux appointements de 3,000 fr. ; en
novembre 1808 à 4,000 fr. ; en octobre 1810, à quart de part ; en avril
1811, à trois huitièmes; en mai 1812, à demi-part.
Vigny, reçu en 1811, a débuté le 18 octobre 1808, dans la Métro-
manie, aux appointements de 3,000 fr. ; mis à 4,000 fr. ; en juin 1810,
à quart de part, en avril 1811 ; à trois huitièmes, au mois d'octobre
suivant et à demi-part, en avril 1812.
Michelot, reçu en 1811, a débuté en mars 1803, dans Brilannicus
et les Fausses Infidélités, aux appointements de 2,400 fr. ; en mars
1807, porté à 3,000 fr. ; en juillet 1808, à 3,500 fr. ; en avril 1809, à
4,000 fr.; en octobre 1811, mis à quart de part et en avril 1813, à
trois huitièmes.
M™*^* Rancourt, reçue en 177o;
Thénard, reçue en 1781 ;
Contât (Emilie), reçue en 1785;
Mézerai, reçue en 1793, a débuté le 21 juillet 1791, dans les Dehors
trompeurs, aux appointements de 2,000 fr.; puis à 4,000 fr. en 1792 ;
en 1799, admise à trois quarts de part et en janvier 1803, à part
entière ;
Mars, reçue en 1799, a débuté en janvier 1795 ; admise à trois hui-
tièmes de part, l'année de sa réception; à cinq huitièmes, en janvier
LES THÉÂTRES DE LA VILLE ET DE LA COLR 127
1803 ; à trois quarts en octobre; à sept huitièmes, en septembre 1804,
et à jiart entière, en mars 1807 ;
Bourgoin, reçue en 180iî, a débuté en mars 1801, a repris ses
débuts le 28 novembre, dans Mélanie et l'Ecole des femmes, aux
appointements de 7,000 fr. Admise en janvier 180:2 à trois huitièmes
de part ; en avril 1804, à demi-part, en avril 1809 à cinq huitièmes
de part; en avril 1811, à trois quarts de part;
Volnais, reçue en 180:2, a débuté le 4 mai 1801 dans Britannicus,
aux appointements de :2,400 fr. ; mise en janvier 1803, à 4,000 fr. ; à
trois liuilièmes de part, en avril 1804; à demi-part, en avril 1807 ; à
cinq huitièmes, en avril 1809; à trois quarts, en novembre de la
même année, et à sept huitièmes en avril 1811 ;
Duchesnois, reçue à trois huitièmes de part en 1804, a débuté, le
6 août 1802, dans Phèdre aux appointements de 4;000 fr. ; admise à
demi-part, en 1806; à cinq huitièmes en avril 1807; à trois quarts en
août 1808 ; à sept huitièmes en avril 1809, et à part entière en
novembre de la même année;
Georges a débuté, le 29 novembre 1802, par le rôle de Clytemnestre
dans Iphigénie en Aulide, aux appointements de 4,000 fr. ; reçue
sociétaire, en février 1804, à trois huitièmes de part ; en 1806, à demi-
part ; en avril 1807, à cinq huitièmes de part; est partie pour la
Russie en mai 1808 ; est rentrée à la Comédie-Française en septembre
1813, à cinq huitièmes de part ; mise à part entière au mois d'avril
suivant ;
Leverd, a débuté le 30 juillet 1808, par le rôle d'Aramynthe, dans
le Misanthrope, aux appointements de 4,000 fr. ; reçue le l""" avril 1809
à trois huitièmes de part; en novembre à demi-part; en janvier 1811
à cinq huitièmes; en avril, à trois quarts et en avril 1812, à sept
huitièmes ;
Dupuis a débuté, le 17 février 18U8, dans Andromaque et l'Ecole
des Maris, aux appointements de 3,000 fr. ; mise, en avril 1809, à
4,000 fr. ; reçue sociétaire en janvier 1813, à quart de part et à trois
huitièmes en avril de la même année.
Demerson a débuté, le 9 juillet 1810, dans le Joueur, à 2,400 fr. ;
portée à 3,000 fr. en avril 1812 et reçue le l'^'" avril 1813, à quart de
part. {Arch. nat. 0'4o.)
128 LES lOLRMSSEUnS DE NAPOLÉON l*"""
VIII
Pendant les Cenl-Jours, l'Empereur voulut que des reprc'sentalions
dramatiques eussent lieu sur les llie'àtres de la Cour comme par le
passé. C'était, à ses yeux, le meilleur moyen de rassurer l'opinion
]iul)Iique.
Voici, h cet égard, ce que nous trouvons aux Archives nationales.
Tdéatrk-Français. — Aux Comédiens français ordinaires de Sa
Majesté l'Empereur, pour la représentation Suite dCun bal masqué,
donnée par eux sur le théâtre de l'Élysée-Napoléon, le 4 mai 1815, la
somme de 1,:200 fr.
« Vu, ordonné et approuvé sur le fonds de loo.ooC fr. pour 9 mois
et 10 jours que le budget de 181o met à notre disposition... »
Aux Comédiens français pour la représentation de la Nièce supposée
donnée par eux sur le théâtre de la cour au Palais des Tuileries, le
13 avril 1815, 1,200 fr.
1815. — La loge de l'Empereur est payée seulement du 20 mars au
31 mai, 3,111 fr. 10.
« Le comte de montesql'iou.
« Paris, ce 8 juin 1815. »
Au mois d'avril 1815, le grand chambellan nomme Membres du
Comité de lecture MM. Fleury, Saint-Prix, Saint- Phal, ïalma.
Michot, Damas, Baptiste aîné, Lafondet M"'^ Mars. Sont nommés jurés
supplémentaires, Baptiste cadet, M'"*^^ Duchesnoy et George. [ArcJi.
nat. 0-45.)
LES spectacles, LES CONCERTS ET LES lîALLETS
OPÉRA-COMinCE
I
En 1810, les artistes de l'Opéra-Comique furent souvent appelés sur
les théâtres de la cour. Nos recherches aux Archives nationales noua
LES THÉÂTRES DE LA VILLE ET DE LA COUR i29
permettent de citer vingt-neuf représentations, aux Tuileries, à Saint-
Gloud, à Compiègne et à Fontainebleau.
Tuileries, du 4 février au 1o mars : le Roi et le Fermier. —
L'Epreuve villageoise. — Le Prisonnier. — Le Trente et Quarante.
Total pour les quatre soirées : G, 400 fr. — A Compiègne, du 11 au
18 avi-il, sept représentations à 3,200 fr. — Le 8 juin, à Saint-Cloud :
.Joseph, 2,000 fr.
A Fontainebleau, du 7 octobre au 12 novembre : le Calife de Bag-
dad. — Les petits Savoyards. — Le Roi et le Fermier. — Le Prison-
nier. — Une Folie. — Une Heure de mariage. — Maison à vendre.
Palais des Tuileries, du 20 novembre au 30 décembre : VAmi de la
maison. — La Fausse Magie. — Renaud dWst. — L'Oncle valet. —
Le Tableau parlant. — La Mélomanie. — Alexis ou V Erreur d'un
bon père. — La belle Arsène. — Zémire et Azor. — Le Calife de
Bagdad. — Stratonice. — La Servante maîtresse. Aux Tuileries, le
prix de la représentation est de 1,200 fr. tandis qu'à Fontainebleau,
il est de 2,700 fr.
II
1811. — L'Opéra-Gomique joue, au palais de Saint-Cloud, du 8 au
22 janvier : les Evénements imprévus. — Les Visitandines. — Azema
ou les Sauvages. — Le 10 et le 28 février : Ma tante Aurore. —
Gulnare. Total : 6,000 fr.
i^jn.os Barilli, Festa et Camporesi reçoivent chacune une indemnilé
de 500 fr. pour leurs frais de costumes dans la pièce jouée sur le
théâtre de la cour, à Trianon, le 2o août 1811. (0-39.)
L'engagement de M'"*^ Camporesi date du 14 mai 1811. Ses appoin-
tements étaient de 24,000 fr. Elle touche en outre, une somme de
2,000 fr.
III
Pendant la courte période des Cent-Jours, le théâtre impérial et
rOpéra-Gomique jouèrent plusieurs fois sur les théâtres de la cour.
1815. — Bordereau des représentations données sur le théâtre de la
cour à l'ËIysée-Napoléon, pendant les mois d'avril et de mni. savoir :
9
130 LES FOLRMSSELRS DE NAPOLÉON 1*^'"
^Yt iiwW : le Nouveau Seigneur du village '1,12()0 fr.
'8 mai : les Deux Jaloux 1,200 fr.
THÉÂTRES DE LA COUR
I
Peu de temps avant le divorce, le Moniteur parlant des fêtes de
Fontainebleau dit : « 5 novembre 1809. — ... Avant-hier, on a joué, sur
le théâtre de la cour, la comédie intitulée : le Secret du ménage. Les
artistes de l'Opera-BufTa ont ensuite exécuté un acte de la Serra inna-
morata. Sa Majesté a chassé à courre hier pendant cinq heures et
demie et a fait plus de vingt lieues à cheval. »
« Fontainebleau, 8 novembre. — Le nombre des personnes que la
cour attire ici augmente chaque jour. On a joué ce soir, sur le théâtre
de la cour, le premier acte d'un opéra de M. Paër, intitulé : Leonora. »
« Fontainebleau, 11 novembre. — S. M. le Roi de Westphalie est
ici depuis plusieurs jours. Il y a eu hier et avant-hier chasse à tir, et
aujourd'hui chasse à courre... On dit qu'il y aura un bal nombreux
dans la grande salle du château et une représentation de Roméo et
Juliette, sur le théâtre de la cour. » (Imbert de Saint-Amand. Les
dernières années de V Impératrice Joséphine., p. 102.)
II
La dernière fête à laquelle assista Joséphine avant son divorce eut
lieu le 12 décembre 1809, au château de Grosbois, chez Berthier,
prince de Neufchàlel et de Wagram. L'Empereur et l'Impératrice s'y
trouvaient avec le roi de Wurtemberg, le roi et la reine de Naples, le
roi et la reine de Westphalie.
Pour distraire ses augustes hôtes, Berthier chargea Brunet, le célèbre
comique, de venir jouer une des pièces les plus drôles de son réper-
toire dont il lui laissa le choix, négligeant de s'assurer si elle ne ren-
fermait pas d'allusions désagréables à entendre. Brunet, ignorant les
projets de divorce, choisit un vaudeville très amusant en toute autre
LES THÉÂTRES DE LA VILLE ET DE LA COUR 131
circonstance : Cadet Roussel, maître de déclamation, où précisément
on parlait de divorce. « Qu'on juge de l'embarras, de la stupeur de
l'infortuné Berlhier, dit M. Imbert de Saint-Amand, quand Cadet
Roussel annonce l'intention de divorcer a pour avoir des ancêtres »,
puis change d'avis en faisant cette très sage remarque : « Je sais ce
qu'est ma femme, je ne sais ce que serait celle que je prendrais. »
L'Impératrice luttait contre les larmes, l'Empereur paraissait
sombre, triste, et leur attitude contrastait avec Thilarité de Berthier,
dont le gros rire cherchait à dissimuler le malaise. {Les dernières
années de VImpératrice Joséphine., p. 133.)
III
Le divorce était résolu, cependant Napoléon pour donner le change
à l'opinion publique, voulut qu'une représentation théâtrale eût lieu
à la Malmaison pour fêter la présence du roi de Saxe. Dans cette
demeure qui devait être bientôt le refuge de Joséphine, les artistes de
la Comédie- Française vinrent jouer deux charmantes pièces, la
Gageure imprévue et la Coquette corrigée. M"'- Contât, bien que
retirée du théâtre, vint y jouer pour la dernière fois. Elle voulait
remercier l'Impératrice de la bienveillance qu'elle lui avait toujours
témoignée.
IV
Dans certaines circonstances la poste était insuffisante pour trans-
porter la masse de voyageurs qui se présentaient sur le même par-
cours. Lors des fêtes données à Compiègne à l'occasion du mariage de
l'Empereur avec Marie-Louise, on dut recourir à des entreprises par-
ticulières.
En avril 1810, Le Prévost, entrepreneur de voitures, rue Contres-
carpe, réclame 3,204 fr. pour le transport de Paris à Compiègne, et
de Compiègne à Paris de toutes les personnes qui ont été employées
au théâtre de l'Opéra-Comique, pendant le séjour de Sa Majesté. Le
transport des bagages était compris dans la réclamation. {Arch. nat.
0^33.)
i;j2 LES rOlRNISSEURS DD NAPOLÉON 1
or
s
1810. — Le !''■ mars, les acteurs de M. Barré, directeur du Vaude-
ville, jouent, sur le petit théâtre des Tuileries : Monsieur Guillaume.
Prix : 900 fr.
« Vu, ordonné et approuvé » par le grand chambellan comte de
Moiitesquiou, sur le fonds de 150,000 fi-. que le budget de 1810 met à
a disposition pour les théâtres des maisons impériales. [Arch. nal.
0236.)
VI
1810. — La troupeéquestre deFranconi, dans l'éclat desa renommée,
fut appelée à Trianon où se trouvaient l'Empereur et l'Impératrice.
Une somme de 6,600 fr. fut remise à « M. M. Franconi, tant pour
la représentation qui a eu lieu devant Leurs Majestés, au palais de
Trianon, le 11 août 1810, que pour onze journées de séjour avec leur
troupe, frais d'orchestre et déplacement ».
Compte soldé « sur le fonds de 150,000 fr. que le budget de 1810
met à notre disposition pour les théâtres des maisons impériales ». Le
grand chambellan: « le comte deMontesquiou. » [Arch. nat. 0-36.)
VII
En dehors des théâtres de Paris, qui venaient assez souvent donner
des représentations sur les théâtres de la cour, l'Empereur avait son
théâtre particulier avec corps de ballet, composé d'artistes distingués
dont l'engagement se renouvelait chaque année. Quelques-uns n'étaient
engagés que pour une saison.
CONCERTS
En 180G, Paër, l'auteur du Maître de chapelle, quitta Parme, sa
patrie, pour venir à Paris prendre la direction du théâtre de la cour
LES THÉÂTRES DE LA VILLE ET DE LA COUR 133
et de la musique particulière de l'Empereur. Ses appointements s'éle-
vaient à 28,000 fr. Dans ses déplacements, il touchait en plus 10 fr.
par poste et 24 fr. par jour.
M'"° Paër, chanteuse hors ligne, engagée au théâtre de la cour,
au prix de 30,000 fr. par an, jouissait des mêmes avantages que
son mari, dans ses déplacements. D'ailleurs ces frais supplémentaires
étaient semblables pour tous les artistes distingués ; les autres avaient
bien aussi leurs frais de poste payés, mais ils ne recevaient, en outre,
que 12 fr. par jour.
Le costume de directeur, que portait Paër, gracieusement payé par
l'Empereur, coûtait l,olo fr. La broderie d'argent seule de la
veste et de l'habit montait à 1,130 fr., Frassy, tailleur, ne deman-
dait, en ce qui le concernait, que 2oo fr. L'épée, à poignée de nacre,
fournie par Dupont, fabricant d'armes. Au Dieu Mars, valait avec le
ceinturon en soie blanche, 130 fr. [Arch. nat. 0-38.)
Comblé de bienfaits par l'Empereur, Paër joignit à ses fonctions de
directeur des spectacles de la cour, celui de maitre de chant de l'Impé-
ratrice. A la chute de l'Empire, il fit des démarches pour être appelé
à Parme, auprès de Marie-Louise, mais il abandonna bientôt ce pro-
jet, ayant été nommé directeur des concerts de Louis XYIIL
Le maestro se plaisait à raconter une aventure qui lui était arri-
vée avec François P'", empereur d'Autriche, en l'accompagnant sur le
piano ; l'empereur jouait du violon. Je me permis, dit Paër, de faire
observer à Sa Majesté que son la était faux -, aussitôt François P'" posa
son violon sur le piano et se retira. Le lendemain, je parus à son lever
et lui prodiguai les flatteries les plus exagérées ; « je l'appelai Titus,
Trajan, Marc-Aurèle..., il ne m'écouta pas. Je n'étais qu'un sot... Si
je l'eusse appelé Paganini, il m'aurait embrassé. » (Vatout. Le Château
de Compiègne, p. olO.)
II
En dehors des théâtres et des concerts, il y avait aussi la musique
de la Chapelle, dirigée par Lesueur ; elle comptait des instrumentistes
de premier ordre.
Le budget pour la musique et les artistes de la Chapelle était, en
1806, de 110,000 fr. Le Sueur, directeur, touchait 10,000 fr. ; Rey-
maitre et chef d'orchestre, 4,000 fr. ; Kreutzer, premier violon.
134 LES FOURMSSFURS DE NAPOLEON 1*^'"
4,000 l'r. Les autres artistes, chanteurs et instrumentistes, au nombre
de trente-huit, recevaient de l,oOO fr. à 3,000 fr. par an.
Les artistes de la Chapelle et des concerts de l'Empereur recevaient
m fr. d'indemnité par jour quand ils étaient appelés dans les rési-
dences impériales, loin de Paris, telles que Compiègne et Fontaine-
bleau. Une somme de 11,11:2 fr. est payée à ce sujet, le 27 novembre
1807. Le reçu est signé par « leDirecteur de la musique de l'Empereur,
Le Sueur », pour indemnité de séjour de ses artistes à Fontainebleau.
{Arch. nat. 0-34.)
III
1807. — A M"*^ Colbran, première cantatrice de la reine d'Espagne,
pour avoir chanté dans un concert à Saint-Cloud, devant l'Impéra-
trice, le 20 juillet 1807 : 1,200 fr. Le 24 décembre suivant, la même
artiste reçoit 1,000 fr. pour le loyer d'une loge à la salle Favart, au
concert qu'elle a donné.
En juin, M™'^ Gervasio reçoit 1,200 fr. pour avoir chanté dans six
concerts aux Tuileries.
A M"'^ Ilinon, pour s'être fait entendre dans cinq concerts aux Tui-
leries et à Fontainebleau, 1,200 fr.
Blanchi, Tarulli, Barilli, et plus tard Cuvelli et Tachinardi touchaient
aussi 200 fr. quand ils participaient à un concert, soit aux Tuileries,
soit à Saint-Gloud.
IV
Etat des concerts italiens donnés à Saint-Gloud devant Leurs
Majestés pendant le mois de mai 1808.
M'"'" Barilli, première cantatrice, un concert le 7 mai : 240 fr.
Tachinardi, premier ténor, deux concerts, le 3 et le 7 mai, 400 fr.
Tarulli reçoit 1,000 fr. pour s'être fait entendre dans cinq concerts,
à Paris et à Fontainebleau du 25 octobre au 30 novembre 1807.
Si, en 1800, les artistes ne viennent pas jouer à Compiègne devant
Leurs Majestés, c'est qu'à celte époque le château était la résidence
LES THÉÂTRES DE LA VILLE ET DE LA COUR 135
du roi d'Espagne Charles IV. De fréquents accès de goutte le privant
des plaisirs de la chasse, il se rabattait sur la musique et se plaisait
à faire sa partie dans des morceaux d'ensemble. Peu soucieux de la
mesure, il partait souvent trop tôt ; sur les observations de son pre-
mier violon, le célèbre Boucher, il lui répondit majestueusement :
« Monsieur, je ne suis pas fait pour attendre ». (Vatout. Le Château
de Coinpiêgne, p. SIO.)
VI
1810. — Etat des frais de voyage à Fontainebleau, pendant le
séjour de Leurs Majestés, pour M. Paër, directeur des théâtres de la
cour et la musique particulière de l'Empereur, et M™'' Grassini, pre-
mière cantatrice de la musique particulière, suivant leur engagement.
Paër, directeur, pour ol jours à 24 fr 1,224 francs.
Aller, neuf postes à 10 fr 90 —
Retour, neuf postes à 10 fr 90 —
M'"" Grassini, 49 jours à 24 fr 1,176 —
Aller, neuf postes à 10 fr 90 —
Retour, neuf postes à 10 fr 90 —
Total 2,760 francs.
« Vu, ordonné et approuvé sur le fonds de 40,000 fr. que le budget
de 1810 met à notre disposition pour copie de musique, achats d'ins-
truments, entretien et dépenses diverses.
« Le Grand Chambellan
Signé : « Le C'° de Montesquiou. »
VII
1811. Voi/age de Bruxelles et de Hollande.
Au château de Lacken, près de Bruxelles, deux concerts sont don-
nés les 24 et 27 septembre. Chacun des artistes suivants reçoit 120 fr.
par soirée : Artot, cor solo; Robberechts, violon solo; Borremann,
premier violon; Geusse, second violon; Faucquette, alto; Beeckmans,.
premier violoncelle.
Le directeur du théâtre de Bruxelles touche 1,200 fr. pour locationi
de loges, pendant le séjour de l'Impératrice à Lacken.
136 LF.S FOURNISSKl RS DE NAPOLl':0\ f
Boggui et le lénor Genlilli rcooiveiil de fortes indemnités de voyage
pour venir chanter dans des concerts à Lacken et ailleurs. {Arch. nal.
0237.)
Concert au palais d'Amsterdam, le ^1 octobre 1811. Les chanteurs
Pantœnida et Chiodi s'y font entendre et reçoivent chacun 5^00 fr. —
Nauvigille, premier violon, touche 150 fr. ; Ceulen, second violon;
Raup, premier violoncelle; Sùla, alto; Bcrti, contrebasse, chacun
80 fr. {Arch. »rt/. 0-3G.)
Une indemnité de 3,000 fr. est accordée à l'administration du
Théâtre-Français d'Amsterdam, pour les loges et places occupées
tant par Leurs Majestés que par dillerentes personnes de leur suite
pendant le voyage de Hollande. [Arch. nat. 0^37.)
YIII
Les derniers concerts furent donnés sur le théâtre de la Cour, à
TElysée-Napoléon, du 16 mai au 11 juin I8I0.
M""" Mainvielle-Fodor : concerts du 30 mai, du 6 et
du 11 juin 360 francs.
M""^ Crivelli : concerts des 16, 21 et 28 mai ... 600 —
M. Reyez : concert du 30 mai 100 —
Total 1,060 francs.
INDEMNITÉS. GRATIFICATIONS. BENEFICES
I
Comme on l'a vu précédemment, les diverses troupes des grands
théâtres étaient appelées à jouer sur les théâtres de la cour, aux
Tuileries, h l'Elysée-Napoléon, à Saint-Cloud, à Trianon, à Compiègne
et à Fontainebleau.
Lors de certaines fêtes qui attiraient d'Allemagne beaucoup de
princes à Paris, comme au mariage de l'Empereur avec Marie-Louise,
à la naissance du roi de Rome, des loges supplémentaires étaient
louées à l'intention des princes allemands.
LES THÉÂTRES DE LA VILLE ET DE LA COIR 137
Certains artistes obtenaient dans leur engagement une représenta-
tion à leur bénéfice. Dans ce cas l'Empereur, soit qu'il assistât à la
représentation, soit que sa loge restât fermée, envoyait au bénéfi-
ciaire 1,000 fr. et le plus souvent l,i200 fr. — Les auteurs et composi-
teurs recevaient aussi à l'occasion des gratifications. Dans les concerts
à Paris et à Saint-CIoud les premiers artistes recevaient, en ge'néral,
200 fr. par soirée. En voici quelques exemples tirés des Archives
nationales :
II
1807. — A M. Olivier, mécanicien, pour une représentation de son
spectacle, le 31 mars, devant l'Impératrice, aux Tuileries : 1,000 fr.
1807. — A M. Steibelt, pianiste, pour un concert donné à l'Impé-
ratrice, le 30 avril : 1,200 fr.
1807. — A M. Pierre, directeur du théâtre pittoresque et mécanique
pour une représentation donnée à Sa Majesté l'Impératrice, le 24 jan-
vier : 3,000 fr.
1807. — Au sieur Bogulawski, directeur du théâtre polonais de
Varsovie, pour la représentation donnée sur l'ordre de TEmpercur,
suivant la quittance du 24 janvier : 3,000 fr.
Adrien, de l'Académie impériale de musique, reçoit pour une
représentation à son bénéfice, le 5 février 1807, à l'Opéra : 1,200 fr.
A M™'' Gontier, de l'Opéra-Comique, pour la représentation donnée
en sa faveur, le 30 mars 1807 : 1,200 fr. [Arch. nat. 0-36.)
III
1808. — Pour trois mois de loyer des loges de Sa Majesté à l'Aca-
démie impériale de musique, à commencer du l'" avril 1808, o,000 fr.
« Vu, ordonné et approuvé sur le fonds de 60,000 fr. que le budget
de 1808 met à notre disposition pour le loyer des loges aux différents
théâtres.
« Le vice-grand électeur, grand chambellan
« Charles Mauricc.
« A Valençay ce 8 juin 1808. »
{Arch. nat. 0-33.)
138 LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON l*^'"
'J808. — La loge de Sa Majesté au Ihéàlre de l'Impératrice était de
4,000 fr. par trimestre. Au Théàtre-Francais, 3,000 fr.
1,200 fr. accordés pour la loge de Sa Majesté à M. Chéron, artiste
du grand Opéra, pour la représentation donnée à son bénéfice, le
!2o avril 1808, sur le théâtre de l'Académie impériale de musique.
Gratification de 1,200 fr. à M. Rode pour le concert qu'il a donné
au théâtre de l'Impératrice, le 23 décembre 1808, pour la loge de
Sa Majesté.
1808. — Gratification de 600 fr. accordée à la veuve Dozainville,
pour la représentation donnée le 2 avril au profit de feu Dozainville
artiste sociétaire de l'Opéra-Comique, pour la loge de Sa Majesté.
Dû pour le loyer pendant six mois de la loge n° 2 au second à
commencer du 15 jamier 1808, 2,100 fr.
Loge à l'Académie impériale de musique par ordre de l'Empereur
pour l'usage des princes de Mecklembourg-Schwérin et Strélitz et de
Saxe-Cobourg.
4808. — Gratification accordée à M"'° Grassini, première chanteuse
de Sa Majesté pour les loges de l'Empereur à l'Opéra à l'occasion du
concert donné au bénéfice de cette artiste en mai 1808.
1808. — Indemnité de 1,500 fr. accordée au sieur Gortais dit Beau-
jolais, directeur du théâtre de Bordeaux, pour les deux loges qu'ont
eues Leurs Majestés pendant leur résidence, en 1808.
21 juillet 1808. — Gratification de 600 fr. à M'"'^ Grespi-Bianchi,
pour avoir joué le rôle de Lisette dans la Grisilda, opéra italien
représenté le 9 janvier au palais des Tuileries.
(Sur le fonds de 150,000 fr.)
1808. — Gratification de 1,200 fr. chacun aux sieurs Nourrit et
Dérivis, pour avoir chanté dans cinq concerts à Fontainebleau et à
Paris.
(Sur le fonds de 60,000 fr.)
1808. — Gratification de 400 fr. au sieur Carmanini pour avoir joué
le rôle du grand prêtre dans le deuxième acte d'Achille, opéra italien
représenté le 19 mars, aux Tuileries.
(Sur le fonds de 150,000 fr.)
« Guarles-Maurice. »
{Arch. nat. 0-36.)
1808. — A M. Brizzi, l'^'' ténor du théâtre de la cour, pour son voyage
de Paris à Munich, 126 postes à 10 fr. 1,260 fr.
LES THÉÂTRES DE LA VILLE ET DE LA COUR 13D
Idem pour son voyage de Munich à Paris : 1,260 fr. — {Arch. nal.
0^34.)
IV
Le 14 novembre 1809, l'Empereur accorde une gratification de
36,000 fr. aux artistes qui ont fait partie du dernier voyage de Fon-
tainebleau. M"'*' Grassini reçoit 10,000 fr. ; Grescentini et ^1'""= Festa,
chacun 6,000 fr. ; M"^« Barilli, 4,000 fr. (0^38.)
Décembre 1809. — Il est dû au théâtre de l'Impératrice 18,000 fr.
pour six représentations et dix jours de séjour à Fontainebleau. (0^38.)
1810. — Dans son premier voyage à Compiègne, du 24 au 30 mars,
M"^*^ Grassi touche une indemnité de 398 fr. pour sept jours à 24 fr. et
23 postes à 10 fr., aller et retour.
Pour son second voyage à Compiègne, du 7 au 27 avril, l'indemnité
s'élève à 734 fr. (21 jours à 24 fr. et 23 postes à 10 fr.)
1810. Voyage de Belgique. — L'Empereur fait un don de 6,000 fr.
aux artistes qui ont joué devant lui et l'Impératrice, sur le grand
théâtre de Bruxelles, le 15 mai 1810. La somme est ainsi répartie :
MM. Desfossés, Eugène, Coriolis, Perceval, Bousigue ; M™*^^ Berteau,
Luisel, Saint-Albin, Depoix, chacun 650 fr. — Les choristes, au nombre
de six, chacun 25 fr.
L'acteur Pierre Bourson, auteur de la pièce de vers récitée devant
Leurs Majestés, reçoit 3,000 fr. [Arch. nat. 0-36.)
VI
1812. — Gratification de 1,000 fr. à M™® veuve Dugazon, pour une
représentation à son profit, sur le théâtre français, pour l'indemniser
des loges de Sa Majesté qui sont restées fermées pendant la représen-
tation.
20 mars 1812. — Une indemnité de 1,500 fr. est accordée à M. Alis-
san de Chazet, auteur de deux pièces en vaudeville.
iiO LES FOURMSSELT.S DH NAPOLEON I*^''
30 avril 1812. — A M. Delourt, compositeur, auteur d'une messe
pour la chapelle de Sa Majesté, 600 fr.
Mars 1812. — A M. La Durner, professeur de piano, qui a touché de
Sa Majesté l'orgue expressif, au concert spirituel du 25 mars, 300 fr.
12 août 1812. — Indemnité de GOO fr. à M. Delouët, pour un Te
Deum et \in Domine, salviim fac Imperatorem nostrum qu'il a fait
pour la musique de la chapelle de l'Empereur.
CHAPITRE XVII
LES PRESENTS DE NAPOLEON
Comme on l'a vu dans la plupart des chapitres qui précèdent, le
nombre des présents oITerts par Napoléon est incalculable. Naturel-
lement généreux et habile dans Fart de manier les hommes, il donna
beaucoup sous toutes les formes. II a multiplié ses dons envers ceux
qui lui avaient rendu service, comme aucun souverain ne l'a jamais
fait; les services militaires primaient chez lui tous les autres et il a
distribué dans son armée, en dotations, en secours, en présents, des
centaines de millions.
Napoléon a donné des bijoux, des tabatières, son portrait enrichi
de diamants, des porcelaines de Sèvres, des tapisseries, des médailles,
des livres richement reliés, etc. Il a même offert de ses propres che-
vaux, comme VEloile et YEthiopienne, qu'il envoyait en 1806 à sa
fille adoptive, la princesse de Bade, et le Sélim, qu'il donnait l'année
suivante, à l'empereur Alexandre.
Les bijoux se composent le plus souvent de médaillons, de bagues
ou de tabatières, ornés soit du portrait de l'Empereur entouré de
brillants, soit de son chiffre couronné, soit de l'N seul, en brillants.
Les peintres en miniature chargés de multiplier l'image impériale
étaient AuBRY, Augustin, Isabey, Gilliard, Jean Guérin, Gauci, Robert
Lefèvre, Muneret, Nitot, Prosper, QuAGLiA, Saint et l'habile peintre
en émail, Soiron père.
Les tapisseries sortaient des Gobelins, de Beauvais ou de la Savon-
nerie.
Quant aux porcelaines, toutes provenaient de la manufacture de
cr
142 LES FOIUMSSELRS DE NAPOLEON 1
Sèvres. Pour rameuljlemcnt des palais impériaux, l'Empereur s'adres-
sait parfois à l'industrie privée, entre autres k la fabrique de Diiil i:t
GuÉRARD et à celle de Dagoty, mais pour les présents, il aimait mieux
oiVrir les beaux modèles de Sèvres.
Napoléon donna aussi des armes, fabriquées à Versailles, sous la
direction de Boutet, puis encore des pièces d'orfèvrerie pour les
églises, comme lor.s du sacre à Notre-Dame, et des services d'argen-
terie à quelques-uns de ses grands officiers, de ses ambassadeurs, ou
aux mess des régiments de la Garde.
Pour certains pays comme Alger, Tunis, Gonstantinople, les pré-
sents consistaient surtout en montres, pendules, fusils, en draps de
couleurs vives, en étoffes de soie, de velours, d'or et d'argent.
Quelques industriels adressèrent des demandes au ministre des
relations extérieures, pour le prier de faire comprendre leurs produits
parmi les objets de l'industrie française dignes d'être envoyés en pré-
sents, aux ambassadeurs étrangers.
M. Girard, Iiabile fabricant de lampes, écrivait de Fontainebleau
une demande de ce genre, en 1807.
M. Etienne Michrl, éditeur du Traité des arbres et des arbustes,
par M. Duhamel, faisait la même année semblable demande, pour
cet ouvrage (pi'il désirait faire admettre parmi les présents diploma-
tiques. La réponse du ministre ne nous est pas connue, mais nous
savons que des livres imprimés par Pierre Didot reçurent cette desti-
nation.
Les demandes de l'industrie française étaient motivées parce décret
de l'Empereur du 12 mai 1806 :
Article premier. — « Tous les présents donnés par le ministre des
relations extérieures seront en porcelaine de la manufacture de
Sèvres, en tapisseries des Gobelins ou de la Savonnerie, en gravures
et armures et, sous quelque prétexte que ce soit, il n'en sera plus donné
en diamants.
Art. 2. — « Le ministre des relations extérieures commandera
chaque année, pour la somme de trois cent mille francs, en diffé-
rentes manufactures, des présents suivant la valeur déterminée par
les décrets précédents, à donner aux ambassadeurs et ministres. »
[Arch. nal. A F, iv, 1324.)
LEmpereur ne persista pas longtemps dans ces idées, comme nous
le verrons plus loin.
Rappelons de suite que, dès la même année, il commandait à son
Li:S PRÉSENTS DE NAPOLÉON 143
joaillier Marguerite (successeur de Foncier), cent riches tabatières
d'or, serties de brillants de difTérents prix, pour lesquelles il avait éta-
bli un budget de 380,688 fr. {Arch. nat. 0-3U.)
II
Consulat. — Nous commençons, avec le Consulat, par la série des
présents diplomatiques, en nous guidant sur les documents qu'on a
bien voulu nous communiquer aux Archives nationales. Malgré ses
lacunes et son énumération unpeu sèche, cette liste a le mérite d'être
presque entièrement inédite.
Sous la monarchie précédente, lorsqu'un ministre ou chargé
d'affaires, étranger, accrédité à la cour de France, avait terminé sa
mission, il recevait, après son audience de congé, un présent du roi ;
c'était, le plus souvent, sous Louis XIV, une boîte à portrait, sous
Louis XV et sous Louis XVI, une tabatière de prix. Cet usage était si
bien établi, qu'en" cas de décès de l'ambassadeur, le présent était
envoyé à la veuve.
Devenu Premier Consul, Napoléon Bonaparte voulut rétablir les
présents diplomatiques ; ses collègues, habitués à respecter ses déci-
sions, se rallièrent à son avis.
Le 7 thermidor an VIII, « les consuls de la République arrêtent
ce qui suit :
a Le présent d'usage du gouvernement français aux ministres
étrangers sera une boite d'or, portant le chiffre R. F., enrichi de
diamants.
« En conséquence, il sera fait des boîtes de différentes valeurs et en
raison du titre des agents auxquels elles seront destinées. Celles pour
les ambassadeurs seront du prix de 15,000 fr. — Celles pour les
ministres plénipotentiaires, de 8,000 fr. — Celles pour les chargés
d'affaires, de 5,000 fr.
« Les présents, pour les négociations de paix, traités de commerce,
et autres circonstances extraordinaires, seront, quant à leur nature et
leurs valeurs, déterminées en particulier.
« Le ministre des relations extérieures est chargé de l'exécution du
présent arrêté, qui ne sera pas imprimé. » [Arch. nat. AF, iv, 97.)
« Le Premier Consul,
Signé : « Bonaparte. «
144 LFS FOURMSSiaRS DK NAPOLÉON T''
III
!28 brumaire an IX (19 novembre 1800). — Les Consuls delà Répu-
blique, après avoir entendu le ministre des relations extérieures,
arrêtent : « 11 sera fait à M. de Bouligny, ambassadeur d'Espagne, à
Conslantinople, un présent en argenterie de la valeur de 30,000 fr.
— Le ministre des Relations extérieures fera au nom du gouverne-
ment, le présent d'usage au S'" Boccardi, ex-ministre plénipotentiaire
de la République ligurienne. Conformément à l'arrêté du 7 thermi-
dor dernier, il consistera en une tabatière d'or, enrichie de diamants,
de la valeur de 8,000 fr. » {Arch. nat. AF, iv, 130.)
7 frimaire an IX (38 novembre 1800). — 11 sera fait à M. le chevalier
Urquijo, secrétaire d'Etat de Sa Majesté le roi d'Espagne, un présent
en tapisseries des Gobelins, de la valeur de 36,000 fr. — A M. San y
Barres, premier secrétaire de la secrétairerie d'Etat de Sa Majesté le
roi d'Espagne, un présent de trois cents pièces d'or de vingt-
quatre francs. [Arch. nat. AF, iv, 142.)
15 nivôse an IX. — La lettre suivante est adressée à Boutkt
directeur de la manufacture d'armes de Versailles : « J'ai besoin,
citoyen, pour le service de mon département, de trois ou quatre
nécessaires d'armes, composés chacun d'une carabine et d'une paire
de pistolets renfermés dans leur boite d'acajou et dans le prix de
6,000 fr. l'une.
« Je vous prie de vous occuper immédiatement de ce travail et de
donner tous vos soins pour sa prompte exécution. Vous n'épargnerez
rien, sans doute, pour que ces ouvrages, par leur richesse et leur
perfection, remplissent les vues que je me propose et ajoutent encore
à la réputation de votre établissement. » {Aff. étr. Comptabilité,
179oàl81o.)
18 nivôse an IX (8 janvier 1801). — Présent au prince de la Paix,
d'un nécessaire d'armes, de la manufacture de Versailles, du prix de
iO,000 fr.
ïalleyrand, ministre des relations extérieures, proposait une
armure et pressait les Consuls de ne pas négliger le présent au prince
de la Paix.
« J'ignore, leur écrivait-il, par quelles circonstances, l'envoi de ce
présent a été relardé ; mais quoi qu'il en soit, il n'a point été fait
LES PRÉSENTS DE NAPOLÉON 145
encore, et il paraît cependant que le prince de la Paix serait très
flatté de le recevoir.
« C'est ce que M. de Musquiz a fait entendre à mon prédécesseur
avec discrétion, et duquel pourtant on a pu inférer que M. d'Urquijo
l'avait expressément invité à rappeler cet objet.
« Dans l'état actuel de nos relations avec l'Espagne et à raison de
l'influence que conserve le prince de la Paix, il paraît convenable
de lui faire le présent qu'on lui a donné le droit d'attendre. > {Arch.
nat. AF, iv, lo7.)
Le présent du prenier Consul ne passa pas inaperçu. « Cette atten-
tion du plus grand personnage de l'Europe, dit M, Thiers, avait
touché la vanité du prince de la Paix. Quelques soins de notre
ambassadeur (M. Alquier) avaient achevé de nous le conquérir, et
depuis lors la cour d'Espagne tout entière semblait se donner à nous
sans réserve. »
« Le roi Charles IV, ayant vu les belles armes expédiées au prince,
exprima le désir d'en avoir de pareilles. « On se hâta d'en faire fabri-
quer de magnifiques qu'il reçut avec une véritable joie. La reine aussi
désira des parures, et M'™ Bonaparte, dont le goût était renom-
mé, lui envoya tout ce que Paris produisait en ce genre de plus
recherché et de plus élégant. Charles IV, généreux comme un Castil-
lan, ne voulut pas rester en arrière, et prit soin de s'acquitter d'une
manière toute royale. Sachant que des chevaux seraient agréables
au premier Consul, il dépeupla de leurs plus beaux sujets les haras
d'Aranjuez, de Medina-Celi et d'Altamire, pour trouver d'abord six,
puis douze, puis seize chevaux, les plus beaux de la péninsule. » {Le
Consulat et VEmpire, t. II, p. 117 et 118.)
On verra un peu plus loin, de quelle façon furent récompensés les
conducteurs et palefreniers de ces magnifiques chevaux.
11 ventôse an IX (2 mars 1801). — Le ministre de la marine rendra
un témoignage de satisfaction au contre-amiral Decrès, pour le
combat glorieux qu'il a soutenu avec le Guillaume Tell, contre trois
vaisseaux anglais. Il lui sera fait présent d'une montre marine et
d'un sabre d'abordage. {Arch. nat. AF, iv, 17o.)
28 germinal an IX (18 avril 1801). — A le M. le Marquis de Musquiz,
ex-ambassadeur d'Espagne, présent d'une boîte d'or, enrichie de dia-
mants, de lo,000 fr. {Arch. nat. AF, iv, 189, dossier.)
7 fructidor an IX (2o août 1801). — Jl est mis à la disposition
du ministre des relations extérieures, une partie des diamants exis-
10
liG LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON f
tant au Trésor public, et d'une valeur de 205, OTÎ) fr. pour les présents
d'usage à la légation de l'Empereur, à Lunéville y> {Arch. nat. AF,
IV, 229.)
17 fructidor an IX (4 septembre 1801). — il sera fait présent à
M. lloppé, secrétaire de la légation de l'Empereur à Lunéville, d'une
bague et d'une épingle en diamants, du prix total de 80,000 fr, — A
M. de Micheroux, ministre plénipotentiaire de Sa Majesté le roi des
Deux-Siciles et à l'occasion du traité de paix conclu entre la Répu-
blique française et le Roi de Naples, présent d'une tabatière d'or
enrichie de diamants, estimée 18,660 fr. {Arch. nat. AF, iv, 233.)
IV
7 vendémiaire an X (29 septembre 1801). — Présent à l'amiral Gra-
vina, d'une boîte d'or enrichie de diamants, de la valeur de 8,000 fr.
{Arch. nat. AF, iv, 242, dossier.) — Il sera fait présent aux minis-
tres plénipotentiaires de la cour de Rome, savoir : à M. le cardinal
Consalvi, d'une boîte de 15,000 fr., et à M. Cazelli, d'une boîte de
0,000 fr. {Arch. nat., même dossier.) — Le paiement de la somme de
7,000 fr. fait chaque année au chirurgien Bocardi, sera continué
aux ministres de la République ligurienne, en France, pour leur tenir
lieu des droits de franchise auxquels les ministres de Gênes ont
renoncé, par arrangement. — Le même jour, les Consuls arrêtent
qu'il sera prélevé des diamahts au Trésor public pour une valeur de
72, 719 fr. afin d'établir sept tabatières destinées aux présents. {Arch.
««/. AF,iv,242.)
Le ministre des relations extérieures fera remettre cinq cent qua-
tre-vingts pièces d'or (13, 920 fr.) à M. l'ambassadeur d'Espagne près
le gouvernement français, pour être distribués par lui à dom
Chely et autres personnes qui ont amené les chevaux donnés par Sa
Majesté Catholique au premier Consul.
Cette somme sera imputée sur les dépenses secrètes.
Une somme de quatre cents pièces d'or de vingt-quatre francs
(9,600 fr.) sera remise au directeur des affaires étrangères à Naples,
à l'occasion du traité de paix entre la République française et Sa
Majesté le roi des Deux-Siciles. Ce présent sera transmis par le chi-
rurgien Alquier, ambassadeur de la République, à Naples, à M. le
chevalier Acton. (Même dossier.)
LES PRÉSENTS DE NAPOLÉON 147
24 vendémiaire an X (IG octobre 1801). — II sera mis àla disposition
du ministre des relations extérieures , une partie des diamants ,
déposés au Trésor public et d'une valeur de 1200,000 fr., pour les pré-
sents à faire, à l'occasion de la paix avec l'Empire de Russie. Une
somme de 24,000 fr. sera envoyée à Pétersbourg, pour y être distri-
buée aux officiers du Collège des affaires étrangères de la cour de
Russie. Elle sera remise à M. le comte de Marcoff. Présent à M, de
Getto, ministre plénipotentiaire de S. A. Electorale le duc de Bavière,
d'une somme de 24,000 fr. à roccasioii du traité de paix conclu avec
la Bavière. Une somme de 15,000 fr. sera aussi envoyée à la chan-
cellerie de Munich par l'entremise de M. de Getto.
Le guide du Bon.vparte pour franchir le Saint-Bernard. — Bonaparte
franchit le Saint-Bernard le 20 mai 1800, Il était accompagné d'un
guide dont M. Thiers ne donne pas le nom dans son Histoire du Con-
sulat et de l'Empire, mais sur lequel il entre dans quelques détails,
en relatant le mémorable passage des Alpes par l'armée française.
Laissons d'abord parler M. Thiers :
a Les arts ont dépeint le général Bonaparte franchissant les neiges
des Alpes sur un cheval fougueux; voici la simple vérité. Il gravit le
Saint-Bernard, monté sur un mulet, revêtu de cette enveloppe grise
qu'il a toujours portée, conduit par un guide du pays, montrant dans
les passages difficiles la distraction d'un esprit occupé ailleurs, entre-
tenant les officiers répandus sur la route, et puis, par intervalles,
interrogeant le conducteur qui l'accompagnait, se faisant raconter sa
vie, ses plaisirs, ses peines, comme un voyageur oisif qui n'a pas
mieux à faire. Ce conducteur, qui était tout jeune, lui exposa naïve-
ment les particularités de son obscure existence, et surtout le chagrin
qu'il éprouvait de ne pouvoir, faute d'un peu d'aisance, épouser l'une
des filles de cette vallée. Le premier Consul, tantôt l'écoutant, tantôt
questionnant les passants dont la montagne était remplie, parvint à
l'hospice, où les bons religieux le reçurent avec empressement. A
peine descendu de sa monture, il écrivit un billet qu'il confia à son
guide, en lui recommandant de le remettre exactement à l'adminis-
trateur de l'armée resté de l'autre côté du Saint-Bornard. Le soir, le
jeune homme retourné à Saint-Pierre, apprit avec surprise quel puis-
sant voyageur il avait conduit le matin, et sut que le général Bona-
parte lui faisait donner un champ, une maison, les moyens de se
marier enfin et de réaliser tous les rêves de sa modeste aiibition. »
(T. I, p. 375.)
Ii8 LES FOURNISSEURS DE NAPOLf:ON l*"''
Rétablissons les faits. La vive imagination du grand historien l'a
entraîne un peu au delà des limites de la vérité. Le guide, qui devait
acquérir une certaine célébrité, par le fait même de la mission qu'il
avait l'honneur de remplir, se nommait Pierre-Nicolas Dorsas. Une >y
fois sa mission accomplie, il ne revint certainement pas les mains
vides, mais il n'apprit que plus tard la récompense qui lui était
réservée, ainsi qu'on va le voir, par ces documents officiels.
o brumaire an X (27 octobre 1801). — Le ministre des relations-
extérieures fera remettre à Pierre-Nicolas Dorsas, habitant du bourg
de Saint-Pierre-Montjoux en Suisse, et qui a servi de guide au Pre-
mier Consul, au passage du mont Saint-Bernard, une somme de
1,200 fr. en récompense de son zèle et de son dévoùment dans cette
circonstance.
C'était le prix de la maison habitée par Dorsas et la réponse des
Consuls au rapport suivant, que Talleyrand venait de leur adresser :
* J'ai mandé au ministre de la République, en Suisse, de faire l'ac-
quisition de la maison habitée par Nicolas Dorsas, guide du Premier
Consul, au passage du mont Saint-Bernard. Il vient de me répondre
que Dorsas est aujourd'hui propriétaire de celte maison. Je crois
renqilir l'intention du premier Consul en lui proposant d'envoyer à
cet homme le prix qu'il avait mis dans le temps à cette habitation et
que j'avais fixé moi-même au ministre de la République.
« Le citoyen Verninac m'annonce qu'il va faire placer au-dessus de
la porte de la maison, un marbre qui, en rappelant le grand événe-
ment du passage des Alpes, consacre le zèle de Dorsas et la récom-
pense qu'il a obtenue. »
Présent à M. de Kalistchew, ministre plénipotentiaire de S. M. l'em-
pereur de Russie, pour la négociation de la paix encre la République
française et la Russie, d'une tabatière d'or enrichie de diamants de
8,000 fr.
1""" ventôse an X (20 février 1802j. — Le ministre des relations exté-
rieures fera remettre au citoyen Beaussier, les objets suivants, exis-
tant au dépôt des présents des relations extérieures pour être offerts
au pacha de Tripoli et à ses principaux officiers, au nom du gouver-
ment, à l'occasion de la conclusion de la paix entre la République et
cette Régence.
-Savoir, pour le pacha : une montre d'or enrichie de diamants,
avec sa chaîne : 4,800 fr. — Un tapis de la Savonnerie : 3,000 fr.
Pour les grands et autres officiers de la Régence : un nécessaire
LES PRÉSENTS DE NAPOLÉON 149
d'armes de la maimfacLure de Versailles : 6,000 fr. — Un cangiar :
3,600 fr. — Un dito : 1,700 fr. — Cinq montres d'or avec leurs chaî-
nés : 3,100 fr. — Huit montres d'argent, avec leurs chaînes : 576 fr.
— Une écritoire à la Turque, en vermeil : 96 fr. — Total : 22,87iî fr.
Il sera mis de plus à la disposition du citoyen Beaussier, une somme
de 3,000 fr. pour être employée par lui à l'acquisition des présents
particuliers à distribuer au nom du commissaire de la République près
cette Régence.
17 pluviôse an X. — Par l'intermédiaire du ministre des affaires
étrangères, le gouvernement fait présent au roi d'Etrurie d'un magni-
fique lot de porcelaines de Sèvres s'élevant au prix de 66,137 fr. Nous
y remarquons : deux vases, en bleu avec fleurs, en biscuit : 4,800 fr.
— Un grand vase blanc, avec bas-reliefs en biscuit, monté en bronze
par Thomire : 50,000 fr — Un service de vingt-quatre couverts, fond
jonquille et guirlandes de raisins sur toutes les pièces : 4,280 fr. —
Une table avec bas-reliefs, cotée 3,000 fr. sans comprendre le pied,
livré par le citoyen Lignereux. [Aff. étrang. Comptabilité, 1793 à
1813, carton.)
29 ventôse anX (20 mars 1802). — Envoyé au citoyen Dovoize com-
missaire général, chargé d'affaires de la République près le bey de
Tunis, une boîte de 2,300 fr. pour être remise au nom du gouverne-
ment français au citoyen Nyssen, commissaire batave. Ce présent est
un témoignage de bienveillance et de satisfaction pour les services
qu'il a rendus à la République pendant la détention des Français et
postérieurement, lorsque le commissaire général et la nation française
ont été forcés de quitter la Régence et de repasser en France.
11 germinal an X (l""" avril 1802). • — Présent au cardinal Bellinzoni,
envoyé du pape à la Consulta de Lyon, d'une boîte d'or, enrichie de
diamants du prix de 13,700 fr. — Au citoyen Melsy vice-président de
la République italienne, une boîte de même valeur : 15,700 fr.
Rapport de Talleyrand aux Consuls.
« La confection des boites destinées aux présents exige un temps
considérable, il faut donc calculer à l'avance les besoins du service et
prendre des mesures pour que l'assortissement reste complet, malgré
les dispositions que les circonstances nécessitent.
« J'ai ordonné l'établissement de deux boîtes de 13,000 fr. chacune
pour lesquelles je n'ai point de diamants. Je crois convenable d'en
faire faire encore quatre autres du même prix et deux de 8,000 fr.
Ces huit boîtes s'élèveront à 98,800 fr.
01-
ir.O LES FOLRMSSELHS DE NAPOLl'iOX 1
• Je prupctse aux Consuls, un proji'l d'arrêlé pour que ces diamants
nio soiiiil remis par Je Trésor public. »
Les Consuls, faisant droit à la demande du ministre prirent un
arrêté par lequel ils l'autorisaient à prélever au dépôt du Trésor, un
lot de diamants de 98,8U0 fr. pour établir huit boîtes destinées aux
présents.
!'='■ nivôse an|X (52 décembre 1801). — OlTerl au bey de Tunis et à ses
principaux officiers, à l'occasion de la conclusion de la paix entre la
République et cette Régence. Savoir : Pour le bey de Tunis, une taba-
tière d'or, enrichie de diamants, de 10,266 fr. — Pour le sabtabb, un
nécessaire d'armes de 0,008 fr. ; plus une lunette de longue vue (objet
promis depuis longtemps). — Pour Sidi-Mustapha, premier ministre,
beau-père du bey, une boîte d'or et diamants : Î2,o40 fr. — Pour
Marianna Stinca, secrétaire particulier du bey, une montre d'or à
répétition, avec sa chaîne : 920 fr. — Pour les deux grands écrivains,
deux montres, dont une avec sa chaîne d'or : 770 fr. , et une boîte
d'or : 720 fr. — Pour différents officiers du bey, quatre boîtes d'or :
1820 fr. et quatre montres d'argent : 204 fr. — Total : 23,300 fr.
{Arch. nat. AF, iv, 292.)
Même date, même dossier. — Il sera fait présent au général Spreng-
porten, commissaire de S. M. l'empereur de Russie, pour l'échange
des prisonniers, d'une boîte d'or enrichie de diamants, d'une valeur de
15,000 fr. — Une somme de 12,000 fr. serapaye'e au citoyen Cacault,
ministre plénipotentiaireàRome en remboursement de pareille somme
remise par lui à M. de Hompesch, grand maître de l'ordre de Malte.
Cette somme sera imputée sur les dépenses secrètes. Il est mis à la
disposition du ministre des Relations extérieures un lot de diamants,
valant 48,000 fr. pour établir quatre tabatières re'servées aux pré-
sents.
8 Horéal an X (28 août 1802). — Dans un rapport aux Consuls,
M. Barbé-Marbois annonce qu'il a fait choisir parmi les diamants du
Trésor public, dix pierres précieuses pour être employées à la confec-
tion de dix bagues, dont une dostince au cardinal-le'gat, et les autres
aux archevêques de France.
Le prix de l'estimation des pierres de couleur est ainsi fixé, par
Gibert, joaillier expert. — Un saphir de 30 karats; 4,000 fr. — Huit
balais rubis (pesant ensemble 176 k. 1/4) : 0,000 fr. — Un dito, de
20 kilogrammes : 1,800 fr.
26 floréal an X (16 mai 1802). — Il sera fait un présent de 100,000 fr.
LES PRÉSENTS DE NAPOLÉON loi
à M. le chevalier de Azara, ambassadeur de Sa Majesté Catholique près
de la République française, à l'occasion du traité de paix conclu à
Amiens. — Présent de 100,000 fr. au citoyen Shinimel Penninck,
ambassadeur extraordinaire de la République batave près la Répu-
blique française, à l'occasion de la paix d'Amiens.
M prairial an X (30 mai 180fî). — Présent d'un nécessaire d'armes de
la manufacture de Versailles, à l'aide de camp du général Mollendorf
venu à Paris avec le prince d'Orange : 6,000 fr. [Arch. nal. AF, iv, 362.)
20 prairial an X (9 juillet 1802). — Deux lots de diamants de 38,000 fr.
chacun, tirés du Trésor public, sont mis à la disposition du ministre
des relations extérieures pour établir deux tabatières. L'une est des-
tinée à l'ambassadeur de Portugal ; l'autre, à lord Cornwallis, en
souvenir du traité conclu à Amiens. {Arch. nat. AF, iv, 366.)
10 messidor an X (29 juin 1802). — Le ministre des relations exté-
rieures remettra au premier Consul, deux boîtes à portrait, enrichies
de diamants, tirées du dépôt des présents, et du prix total de 36,700 fr.
{Arch. ra'. AF, iv.)
6 fructidor an X (24 août 1802). — A Ali EfTendi, ex-ministre pléni-
potentiaire de la Porte ottomane auprès de la République française,
présent d'une tabatière de 15,000 fr. — Présent à M. Merry. secré-
taire d'ambassade de Sa Majesté Britannique au congrès d'Amiens,
d'une boite de 15,000 fr. A MM. de Lucchesini, Haugwiz et Avensleben,
ministres de Sa Majesté Prussienne, de deux tabatières, valant cha-
cune 20,000 fr. — Une somme de 100,000 fr. sera envoyée à MM. Haug-
wiz et Avensleben. — Une somme de 24,000 fr. sera également
envoyée à M. Lombard, secrétaire privé au département des affaires
étrangères, à Berlin. Ce présent sera fait à l'occasion du traité parti-
culier conclu entre la République française et Sa Majesté, le roi de
Prusse. Présent à M. de Fère, ministre plénipotentiaire de la reine de
Portugal, d'une boîte de 41,025 fr. à l'occasion du traité conclu entre
la République française et le Portugal. — • Une somme de 12,000 fr.
sera aussi envoyée à Lisbonne, pour présent de chancellerie, en faveur
du même traité ; elle sera remise à cet effet, à M. de Souza. — Pré-
sent à M. de Normann, nn'nistre plénipotentiaire du duc de Wurtem-
berg, d'une somme de 12,000 fr. et d'une boîte de 8,000 fr. à l'occa-
sion de la paix conclue entre la République française et le duc de
Wurtemberg. — Une somme de 15,000 fr. sera envoyée à Sluttgard,
pour présent de chancdlerie, à l'occasion du même traité ; elle sera
remise, à cet effet, à M. de Normann.
1.2 LES FOURMSSKUns DK NAPOLKOX 1^'"
A la même date du G fructidor, les Consuls arrêtent : « Il est mis à
la disposition du ministre des Relations extérieures, une partie des
(liamanls se trojivant au Trésor public, et dont l'estimation s'élève à
11:2,000 IV. pour l'établissement de six boîtes destinées aux présents
du gouvernement. » Comme toujours, cet arrêté est signé :
« Bonaparte. »
{Arch. nat. AF, iv, 39^.)
11 vendémiaire an X (3 octobre 1801). — Rapport du ministre des
relations étrangères aux Consuls :
M Dans le courant de l'an IX, j'ai payé : 1° plusieurs objets de modes
envoyés par le gouvernement à la reine d'Espagne, savoir : au
citoyen Leroy, marchand de modes, la somme de 19,9o8 fr. ; — à la
dame Minette, marchande de modes, 29,000 fr. ; — à la demoiselle
LoLivE, marchande lingère, 5,686 fr., et au citoyen Duplan, marchand
de fleurs arlitîcielles : 3,173 fr.
« 2° Une somme de 13,487 fr. pour deux boîtes enrichies de dia-
mants, données en présent par le premier Consul, aux deuxième et
troisième Consuls. »
26 vendémiaire an XI (18 octobre 1802). — Au capitan pacha, un
nécessaire d'armes de la manufacture de Versailles : 10,000 fr. — A
Ghalib Effendi, ministre plénipotentiaire de la Porte ottomane, une
boîte d'or à portrait, enrichie de diamants : 21, 700 fr. à l'occasion
du traité conclu entre la République française et la Sublime Porte. —
Au prince Monrousi, secrétaire de la légation ottomane, une boîte
d'or garnie de diamants.
5 brumaire an XI (27 octobre 1802). — Le ministre des relations
extérieures fera remettre au citoyen Cavaignac, résident et commis-
saire des relations commerciales à Mascate, les objets suivants, exis-
tant au dépôt des présents des Relations extérieures, pour être offertes
à l'Iman de Mascate, au nom du gouvernement français. Savoir :
Un nécessaire d'armes de la manufacture nationale de Versailles :
6,000 fr. — Trois montres d'or, à répétition et à timbre, avec leur
chaîne garnie de diamants : o.OOO fr. — Une aigrette en diamants de
LES PRÉSENTS DE NAPOLÉON lo3
couleur : 3,000. — - Une lunette achromatique, en or émaillé : 700 fr.
— Deux tabatières d'or : 1,200 fr. {Arch. nat. AF, iv, 430.)
28 brumaire an XI (19 novembre 1802). — Rapport de M. de Tal-
leyrand aux Consuls : « Il a été fait depuis quelque temps, un emploi
de boîtes très considérable et il devient urgent de les remplacer. Sur
le million qui avait été mis en réserve au Trésor public, par l'arrêté
du 15 thermidor an IX, il a été extrait des diamants en vertu des
arrêtés précédents, pour une somme de 862,81)7 fr. Il n'en reste plus
que pour 137,103 fr. Ils serviront à établir douze boîtes, dont sept
dans les prix inférieurs, il n'en existe plus aucune au dépôt.
« Il en sera établi une très riche à portrait monté en roses de la
valeur de 32,000 fr. II a fallu employer en totalité l'assortiment de
ces roses qu'on ne pourrait dépareiller sans inconvénient et sans
perte. Il y aura en sus une bague de 14,000 fr. et une autre de 9,000 fr.
Ces pierres ne peuvent être montées qu'en solitaire.
« Au reste, les besoins du service ont été tellement variés qu'il a
fallu souvent sortir des coupures ordinaires et faire des présents de
genre différent de ceux que les premiers arrêtés prescrivaient ; l'em-
ploi de ces derniers objets deviendra donc aussi facile que celui des
boîtes ordinaires. » [Arch. nat. AF, iv, 441.)
5 frimaire an XI (26 novembre 1802). — A l'occasion du traité de
paix conclu entre la République française et l'Angleterre, un présent
de porcelaines de Sèvres de la valeur de 43,972 fr. est fait à lord
Hawkesbury. Le même jour, le ministre des Relations extérieures
remet au Premier Consul quatre boîtes d'or enrichies de diamants,
dont deux à portrait et du prix de lo,000 fr., la troisième de 8,000 fr.
et la quatrième de 5,000 fr. [Arch. nat. AF, iv, 444.)
25 frimaire an XI (16 décembre 1802). — Présent à M. Merry, ex-mi-
nistre plénipotentaire de Sa Majesté Britannique près la République
française, d'une boîte d'or enrichie de diamants : 8,000 fr. — Une
somme de de 20,000 fr. sera remise à M. deSandoz, ci-devant ministre
plénipotentiaire de Prusse près la République française, pour lui-
tenir lieu du présent d'usage qui devait lui être fait aux termes de
l'arrêté du 7 thermidor an YIII. — Au citoyen Schimmel-Penninck,
ex-ambassadeur de la République batave prés la République française,
une boîte d'or, enrichies de diamants : 15,000 fr. — Au citoyen Fra-
vega, ex-ministre de la République ligurienne, prés la République
française, une boîte de 8,000 fr. {Arch. nat. AF, iv, 453.)
13 nivôse an XI (3 janvier 1803). — Au secrétaire de la Légation
liit LES FODUMSSKURS DE NAPOLEON' f
rspagiiule, aucdiiyrt's d'Auiicas, lors du Iruilé de paix conclu en celle
ville, un présent de I^JjOOO fr. — Pareil présent au secrétaire de la
Légation balave, audit congrès. (Ai'ch. nat. AF, iv, 464.)
10 noréal an IX (80 avril 1803). — Présent à M. d'AfTry, premier
Landaniman de la République helvétique, d'une riche tabatière de
18,iJ3D fr. — A chacun des dix membres de la commission helvétique
une boîte d'or, ornée du chiffre des Républiques française et helvé-
tique. Prix total des dix boîtes: 8,734 fr. — Au général Decaen, capi-
taine général aux Indes-Orientales, une boîte d'or offrant au milieu
d'un entourage de diamants le portrait du premier Consul : S, 049 fr.
{Arch. nat. AF, iv, oiJ-2.)
lo prairial an XI (4 juin 1803). — A M. Marcoff, ministre plénipo-
tentiaire de Russie, un présent de la valeur de 100,000 fr. à l'occasion
de l'accession de Sa Majesté l'empereur de Russie, au traité conclu
entre le Premier Consul et l'empereur d'Allemagne et relatif aux
indemnités du grand duc de Toscane. {Arch. nat. AF, iv, 5i0.)
Un arrêté du 24 prairial an XI (13 juin 1803) ordonne la confec-
tion des bijoux suivants :
Douze bagues du prix de 6,000 fr. chacune. — Six bagues de
12,000 fr. — Une ganse de 40.000 fr. — Quatre boîtes ou tabatières
d'or enrichies de brillants de 3,000 fr. — Neuf boîtes de 6,000 fr. —
Dix boîtes de 8.000 fr. — Deux de 12,000 fr. — Huit de lo,000 fr. —
et trois de 24,000 fr. — Total, 534,000 fr.
YI
10 vendémiaire an XII (3 octobre 1803). — Le gouvernement de la
République (c'est-à-dire le Premier Consul) arrête : Il sera fait pré-
sent aux citoyens Bicker et Brantzen, membres du gouvernement
Batave, et van der Goes, secrétaire d'Etat, chargés de complimenter
le Premier Consul pendant son voyage en Belgique, de boîtes d'or,
enrichies de diamants, de la valeur de 10,000 fr. chacune. D'autres
présents sont accordés en date du môme jour. A M. de Cobentzel,
ambassadeur d'Allemagne, une tabatière de 36,000 fr. — A M, le
président Carelli, chargé par le roi de Naples, de présenter au Pre-
mier Consul les objets d'art antique, qu'il lui a envoyés, une boîte de
8,000 fr. — Une somme de 1,200 fr. remise au concierge du muséum
de Naples chargé d'accompagner à Paris, les précieux objets. — Au
LES PRÉSENTS DE NAPOLÉON iol.;
général d'IIitrofF. envoyé de l'empereur de Russie, une tabatière de
19,000 fr. {Arch. nat. AF, iv, o9o.)
lo frimaire an XII (7 décembre 1803). — Présent au chevalier
d'Arazza, ambassadeur de Sa Majesté Catholique « d'une valeur de
100.000 fr. 1» et d'une boîte à portrait enrichie de diamants, de
8,6oo fr. {Arch. nat. AF, iv, 624.)
7 pluviôse an XII (17 février 1804). — « Le trésor public acquittera
une ordonnance de lo,000 fr. délivrée par le ministre des Relations
extérieures pour remplacement de pareille somme remise par lui à
M. le chevalier d*Arazza, ex-ambassadeur d'Espagne, pour lui tenir
lieu de présent d'usage. » [Arch. nat. AF, iv, 665.)
5 ventôse an XII (25 février 1804). — Présents au bey de Tunis :
Diverses pièces d'orfèvrerie en vermeil, 17,711 fr. — Un fusil de la
manufacture de Yersailles, 4,245 fr. — Pendules, trépieds, vases en
cuivre doré etébénisteries, 9,597 fr.
5 ventôse an XII (25 février 1804). — Présents distribués aux grands
de la Régence : draps, velours, étoffes d'or et d'argent, 6,078 fr.
Somme à répartir entre les officiers de la maison du Bey, les secré-
taires et les écrivains. 20,000 fr.
Présents à l'envoyé de Tunis. La chaîne d'or d'usage, 1.800 fr. —
Argenterie dorée. 6.000 fr. — Présents aux personnes de sa suite, un
poignard enrichi de diamants, 3,800 fr. — Une montre et une taba-
tière d'or, 1416 fr. — Quatre montres en or et deux en argent,
1,732 fr. — Pour distribuer aux valets et esclaves, 1,210 fr.
Présents faits, à Paris, à l'occasion du séjour de l'envoyé du Bey
de Tunis. A l'adjudant commandant Doucet, une boîte d'or, 2,970 fr.
Au chef de la division des Relations commerciales, une boîte d'or,
3,820 fr.
Les dépenses faites pour la réception, les voyages et le séjour de
l'envoyé de Tunis à Paris, et celles de toute nature qui y sont rela-
tives, sont fixées à la somme de 95,555 fr.
9 ventôse an XII (29 février 1804). — Envoyé au dey d'Alger, un
« foccone » et autres pièces d'orfèvrerie, en vermeil à l'usage des
Orientaux, 55,929 fr. — Deux pendules dont une à régulateur,
8,000 fr.
Pour les grands du pays et les chefs de la Régence : dix pièces de
draps de différentes couleurs, 9,4i3 fr. — Trois pièces de velours,
étoffes d'or, d'argent et de soie, 6,932 fr.
Pour être distribués aux officiers de la maison du dey, secrétaires
or
150. LES FOLRMSSEinS DE NAPOLÉON 1
€1 ccrivuins, 20,000 fr. espèces. Totul, 101,804 fr. {Arch. nal. AF, iv,
671.)
!28 genniiial au XII (18 avril 180'i). — Envoyé à Dréjar Pacha
un fusil de la manufacture d'armes de Versailles de la valeur de
7,o00 fr. Cette arme fut remise par l'interme'diaire du citoyen Tait-
bout, sous-commissaire des Relations commerciales à Saint-Jean
d'Acre. — Au citoyen Bazile, négociant à Damiette, une bague de
i2,400 fr. en témoignage de satisfaction pour les services qu'il a rendus
au colonel Sébastiani pendant sa mission dans le Levant.
En date du même jour. Le ministre des Relations extérieures est
chargé de remettre au Premier Consul une boîte d'or enrichie de
diamants de la valeur de 34,100 fr, [Arch. nat. AF, iv, 7052.)
YII
Ici nous sommes arrêtés, par l'absence de documents. Les registres
ne fournissent plus de renseignements sur les présents de Napoléon.
Messieurs les archivistes nous assurent n'en pas connaître d'autres.
Au ministère des Affaires étrangères, M. Girard de Rialle, ministre
plénipotentiaire et directeur des Archives, nous affirme de son côté
n'avoir ni registre, ni carton ayant trait aux présents de l'Empereur.
Nous ne mettons pas un instant en doute la parole de ces messieurs,
qui ont été si obligeants pour nous, mais nous pensons que ces docu-
ments existent parmi les pièces non classées.
Nous nous souvenons avoir vu aux Archives nationales, dans un
carton de la série O'^, une note dictée plté de les revendre, pour en placer la
valeur en France, plus des sommes en argent comptant, pour acheter
et meubler des hôtels. Ce n'était là qu'un premier don, car ces dota-
tions furent plus tard doublées, triplées, quadruplées même pour
quelques-uns.
« Le maréchal Lannes reçut 328,000 fr. de revenu et un million
en argent; le maréchal Davout, 410,000 fr. de revenu et 300,000 fr.
en argent-, le maréchal Masséna 183,000 fr, de revenu et 200,000 fr.
en argent (il fut plus tard l'un des mieux dotés) ; le major-général
Berthier, 405,000 fr. de revenu, et 500,000 fr. en argent; le maréchal
Mortier, 198,000 fr. de revenu et 200,000 fr. en argent ; le maréchal
Augereau, 172,000 fr. de revenu et 200,000 fr. en argent ; le maréchal
Soult, 305,000 fr. de revenu et 300,000 fr. en argent; le maréchal
Bernadotte, 291,000 fr. de revenu et 200,000 fr. en argent.
« Les généraux Sébastiani, Victor, Rapp, Junot, Bertrand, Lema-
rois, Caulaincourt, Savary, Mouton, Moncey, Friand, Saint-Hilaire,
Oudinot, Lauriston, Gudin, Marchand, Marmont, Dupont, Legrand,
Suchet, Lariboissière, Loison, Reille, Nansouty, Songis, Chasseloup et
autres, reçurent, les uns 150,000, les autres 100,000, 80,000,
50,000 francs de revenu, et presque tous 100,000 fr. en argent.
« Les hommes civils eurent aussi leurs parts de ces largesses.
L'archichancelier Cambacérès, et l'architrésorier Lebrun obtinrent
chacun 200,000 fr. de revenu. MM. Mollien, Fouché, Decrès, Gaudin,
Daru, en obtinrent chacun 40,000 ou 50,000. Tous, civils ou militaires,
n'étaient encore que provisoirement dotés par ces dons magnifiques.
« Après les généraux, les officiers et les soldats reçurent aussi des
marques de sa libéralité... Napoléon leur fit donner des gratifications
1C4 LDS FOURNISSEURS DE NAPOLÉON l*^'"
considérables. Les blessés avaient lri[)le part... A ces gratifications
<lii moment, il fut ajouté des dotations permanentes de 500 fr. pour les
soldats amputés, et de LOOO, -2,000, 4,000, 3,000, 10,000 IV. en faveur
des militaires qui s'étaient distingués, depuis le grade de sous-officier
jusqu'à celui de colonel. Pour les officiers comme pour les généraux,
ce ne fut là qu'une première rémunération suivie postérieurement
d'autres plus considérables et indépendante des traitements de la
Légion d'honneur, ainsi que des pensions de retraite légalement dues
à la fin de la carrière militaire. » (Thiers. Le Consulat et lEmpù^e,
t. VIII, p. 139.)
XIII
Cinq jours après la bataille d'A.usterlitz, Napoléon rend le décret
suivant :
« Du camp impérial d'Austerlitz, 7 décembre ISOo. — Les veuves
des généraux morts à la bataille d'Austerlitz jouiront d'une pension
de [6,000 fr. leur vie durant; les veuves des colonels et des majors
d'une pension de 2,400 fr. ; les veuves des capitaines d'une pension de
1,200 fr., les veuves des lieutenants et sous-lieutenants d'une pension
de 800 fr. ; les veuves des soldats d'une pension de 200 fr. » {Corresp.
de Napoléon /"', t. XI, p. 56o.)
En 1807, Napoléon, au faîte de sa puissance, accorde de nouvelles
récompenses aux chefs de sa glorieuse armée. Le 23 septembre, il
écrit au prince de Neufchâtel (Berthier) :
« Mon cousin, vous trouverez ci-joint une lettre au ministre des
finances par laquelle je lui ordonne de mettre onze millions à votre
disposition, sur les fonds appartenant à la grande armée, qui sont
déposés à la caisse d'amortissement.
« Vous disposerez de ces onze millions de la manière suivante :
Vous garderez un million pour vous, que vous prendrez, moitié en
argent, moitié en rentes sur l'Etat au cours de 85 fr.
« Vous donnerez 000,000 fr., moitié en argent et moitié en rentes
au cours de 85 fr., aux maréchaux Ney, Davoust, Soult et Bessières,
et 400,000 fr. moitié en argent et moitié en rente au cours de 83 fr.,
aux maréchaux Masséna, Augereau, Bcrnadotte, Mortier et Victor.
Vous ferez connaître à chacun de ces maréchaux que les rentes sur
l'Etat doivent être réunies aux autres biens, et faire partie du fief que
LES PRÉSENTS DE NAPOLÉON 163
je veux établir incessamment en leur faveur et qu'ainsi ils ne peuvent
aliéner ces rentes; que, quant à la somme qui leur est donnée en
argent, ils doivent l'employer à se procurer un hôtel à Paris qui doit
être compris dans le fief que nous érigeons en leur faveur, étant
nécessaire que les possesseurs de grands fiefs aient un hôtel à Paris;
qu'il faudra donc qu'ils vous fassent connaître l'hôtel qu'ils auront
acheté, et que dès ce moment ils ne pourront ni le vendre ni l'aliéner.
Vous ferez connaître au maréchal Lannes qu'il est nécessaire que,
sur les fonds de la grande armée que je lui ai donnés, il se procure
un hôtel à Paris qu'il ne pourra plus aliéner.
« Vous donnerez :2Û0,000 fr. à chacun des généraux dont la liste
est ci-jointe. Cette somme leur sera donnée également moitié en
rentes sur l'Etat, au cours de 80 fr., et il faut qu'ils aient un hôtel à.
Paris ou dans un chef-lieu de département. Cette maison sera inalié-
nable et fera partie du fief que je veux ériger en leur faveur. »
Annexe à la pièce précédente. Répartition des onze millions accordés
par l'Empereur. — 100.000 fr. argent, et 100,000 fr. sur l'Etat, aux
généraux Oudinot, Songis, Chasseloup, Wallher, Dupont, Grouchy,
Nansouty, Belliard, La Riboisière, Suchet, Junot, ilarmont, Saint-
Hilaire, Priant, Duroc, Legrand, Caulaincourt, Savary, Lauriston,
GafTareUi, Bertrand, Rapp, Mouton, Clarke et Ordener.
A M. de Ségur et à M. de Beauharnais, sénateur, les mêmes
sommes.
Aux généraux Reille et Lacoste, 2o,000 fr. placés en rentes sur
l'Etat.
Note autographe,
« Ducs. — Il faut trente maisons à Paris qui s'élèvent avec le trône.
Il faut leur donner S00,000 fr. argent, ou bons de la caisse pour payer
la maison et au moins 100,000 fr. de rente : 15,000,000 fr. ;
3,000,000 fr.
« Comtes. — Soixante maisons qui aient maison à Paris ou dans les
chefs-lieux de département. Il faut qu'ils aient oO,000 fr. de rente au
moins et 200,000 fr. pour payer la maison : 12,000,000 fr. ;.
3,000,000 fr.
tt Barons. — Quatre cents barons ayant au moins 5,000 fr.
de rente : 2,000,000 fr. [Corresp. de Napoléon r'\ t. XVI, p. 52.
et suiv.)
er
16G LI-S FOLRNISSEURS DE NAPOLl':0\ 1
XIV
Le lo août 1809, l'Empereur écrit de Schœnbrun au eoinlc Daru,
intendant général de l'armée d'Allemagne :
« Monsieur Daru, j'ai pris aujourd'hui un décret pour accorder
une dotation de 500 fr. à mes enfants adoptifs d'Austerlitz, garçons
et lilles, et 2,000 fr. aux enfants d'officiers. Prenez les mesures néces-
saires pour faire toucher cette rente en leur nom ; et comme ils doivent
être entretenus à mes frais jusqu'à leur majorité, vous en ferez verser
le montant à la caisse d'amortissement et on le placera sur le grand-
livre pour former avec le temps un bien-être à ces enfants. » [Corresp.
de Napoléon /-'', t. XIX, p. 40.'>.)
Voici encore un beau décret du même jour, lo août 1809 :
« Tous les généraux, officiers et soldats, de quelque arme qu'ils
soient, qui, aux batailles de Thann, d"Abensberg, d'Eckmidil, de
Ratisbonne, d'Essling et de Wagram, auraient perdu un membre et
seraient vivants aujourd'hui 15 août, seront compris dans les dota-
tions que nous accordons pour récompense de services qui nous ont
été rendus. » {Corresp. de Napoléo7i /"', t. XIX, p. 407.)
Ces dotations sont de plusieurs classes, suivant le rang de chacun,
et forment un total de deux millions de revenu.
Le 18 janvier 1810, Napoléon mande au duc de Bassano (Maret) de
lui présenter à signer des projets de lettres patentes.
« 1° Pour instituer la principauté de Raab, en mémoire de la vic-
toire de Raab et en faveur du prince Eugène et de sa descendance
masculine. J'afl"ecte à la dotation de celte principauté le château de
Saverne, à la charge, d'ici à dix ans, de le rétablir et de le mettre en
état d'être habité et un revenu de 500,000 fr...
« 5° Pour instituer six comtés attachés aux grandes charges de la
cour, chaque comté doté d'un revenu de 100,000 fr. de la manière
suivante :
« Un comté pour le grand aumônier, doté de 50,000 fr. de rente sur
le grand-livre de France, 50.000 fr. de rente en bons sur la Wcsl-
phalie ;
« Un comté pour le grand maréchal doté de 50,000 fr, de rente
sur le grand-livre de France, 50,000 fr. de rente en bons sur la Saxe;
« Un comté pour le grand chambellan, doté de 50,000 fr. de rente
LES PRÉSENTS DE NAPOLÉON 167
sur le grand-livre de France, 50,000 fr. de rente en bons sur la West-
phalie ;
« Un comté pour le grand veneur, doté de 50,000 fr. sur le grand-
livre de France, 50,000 fr. en bons de Saxe.
« Un comté pour le grand maître des cérémonies, doté de 50,000 fr.
sur le grand-livre de France, 50,000 fr. en bons de Saxe.
« Notre intention est que le titre et le revenu soient attachés à la
charge et transmissible avec elle. Napoléon. » {Corresp. de Napo-
léon P',i. XX, p. 148.)
Deux jours après, le !20 janvier 1810, TEmpereur, craignant d'avoir
laissé dans l'oubli quelques-uns de ses officiers, adresse cette seconde
lettre au duc de Bassano :
« Monsieur le duc de Bassano, je désire que vous réunissiez le
prince deNeufchàtel et le duc de Frioul, pour former un conseil pareil
à celui qui a été tenu à Vienne et que :
« 1'^ Vous me fassiez connaître quels sont les individus de l'armée
d'Allemagne auxquels j'ai accordé des dotations, ceux que j'aurais
oubliés et ceux à qui il conviendrait d'accorder de nouvelles dota-
tions ;
« 2'' Vous me présenterez le même travail pour l'armée d'Espagne
sous le rapport des dotations et des titres : il y a entre autres le
général Bonet, qui s'est distingué en Espagne et que je voudrais
récompenser ;
« 3" Présentez-moi le même travail sur les officiers employés dans
l'intérieur et sur les officiers de la marine ;
a 4° Présentez-moi le même travail sur les sénateurs, conseillers
d'Etat, préfets, ministres et administrateurs quelconques, employés
civils. Il est nécessaire que ce travail me soit bien en règle au P'" fé-
vrier. » {Corresp. de Napoléon /"", t. XX, p. 154.)
Napoléon connaissait le dévouement absolu de la Garde impériale
pour sa personne, aussi ne négligeait-il jamais l'occasion de la récom-
penser. Le 11 février 1811, il écrivait au maréchal Bessières :
« Mon cousin, réunissez les chefs de corps de la Garde, et présentez-
moi un travail qui me fasse connaître ce que j'ai donné à ma Garde
dans les trois campagnes comme dotations et ce qu'il est convenable
de lui donner encore. Tous les officiers ont-ils eu quelque chose ?
Vous me remettrez l'état des officiers et soldats indiquant ce qu'ils
ont eu ou ce qu'il faudrait leur donner. » {Corresp. de Napoléon I",
t. XX, p. -213.)
<68 LliS FOIRNISSEURS DE NAPOLÉON l'^'*
XV
2 février 1811. — Lettre de l'Empereur au grand maréchal Duroc :
ï Depuis Marcngo, un certain nombre de colonels et chefs d'esca-
dron et de bataillon de notre Garde ont été tués sur le champ de
bataille. Ils ont des enfants qui auraient hérité de leurs titres et de
leurs dotations si Tinslitution eût existé alors ; mon intention est de
revenir là-dessus et de donner des titres et des dotations à leurs
enfants. Ce qui me met sur la voie, c'est que Dahlmann, Morland et
d'autres ont laissé des enfants sans dotation ni litres ; faites-moi un
rapport là-dessus. » [Corresp. de Napoléon F\ t. XXI, p. 44G.)
Morland, colonel des chasseurs de la Garde, fut tué à Austerlitz. II
fut remplacé par Dahlmann, tué à Eylau.
Pendant la campagne de Russie, le général Deroy, qui comman-
dait une des deux divisions bavaroises de la grande armée, avait été
blessé mortellement au combat de Polotsk ; il expirait le 18 août.
L'Empereur lui écrivait le 27, ignorant encore ce malheur :
« Monsieur le général de division comte Deroy, je vous fais cette
lettre pour vous témoigner toute ma satisfaction de la belle conduite
que vous avez tenue au combat de Polotsk elle regret que j'ai de vous
savoir blessé. Je veux moi-même vous apprendre que je vous ai
nommé comte de l'Empire et vous ai accordé une dotation de
30,000 fr. transmissible à vos enfants; et voulant vous rassurer sur le
sort de votre famille, je vous fais passer un brevet de 6,000 fr. de
pension pour la comtesse Deroy. * {Corresp. de Napoléon J"', t. XXIY.)
Après la mort de Duroc l'Empereur écrivait au prince Cambacérès :
« Mon cousin, vous recevez un décret par lequel je transmets le duché
de Frioul à la fille du grand maréchal. Je désire que vous fassiez
connaître ce décret à sa veuve et que vous régliez tout ce qui est
relatif au placement des 100,000 fr. par an, ainsi qu'au placement
désintérêts. Le duché étant de plus de 200,000 fr., il restera donc
100,000 fr. à la disposition de la veuve... » Ilaynau, 7 juin 1813.
XVI
Les hommes de lettres avaient aussi leur part des largesses impé-
riales. Le 3 janvier 1810, Napoléon adressait au comte de Montalivet,
LES PRÉSENTS DE NAPOLÉON 460
ministre de l'intérieur, 1' « État des gens de lettres et savants qui
ont des pensions sur les journaux » :
MM. Ilauy, 6,000 fr. — Bernardin de Saint-Pierre, 2,000 fr. —
Duthel, 2,000 fr. — Gosselin, 2,000 fr. — Coraï, 2,000 fr. — Monge,
6,000 IV. — Gianni, 3,000 fr. — Lebrun, 1,200 fr. — Legendre,
3,000 fr. — Barré, 4,000 fr. — Badet, 4,000 fr. — Desfontaine,
4,000 fr. — Monsigny, 2,000 fr. — Palissot, 3,000 fr. — Villevieille,
2,000 fr. (Décrets de 1806.)
Chénicr, 6,000 fr. — Ducret-Duniinil, 3,000 fr. — Baour-Lormian,
6,000 fr. — Picard, 6,000 fr. (Décrets de 1807.)
Delricu, 2,000 fr. (Décret du 20 août 1808.)
Luce de Lancival, 6,000 fr. (Décret du 6 février 1809.) {Corresp. de
Napoléon P% t. XX. p. 113.)
A propos de Baour-Lorniian, Ernest Legouvé, dans ses Soixante
ans de Souvenirs, raconte la visite qu'il lui fit, en allant lui demander
sa voix pour l'Académie française. Le prince Louis-Napoléon venait
d'être élu Président et Baour-Lormian s'était empressé de lui adresser
des vers d'une louange outrée, dans l'espoir que la rente faite jadis
par l'oncle lui serait continuée par le neveu. Legouvé dut subir jus-
qu'au bout la lecture de celte épître que l'auteur n'hésitait pas à
trouver admirable et dont il attendait le succès.
c Au bout de quinze jours, écrit Legouvé, je reviens le voir, je lui
trouve la mine un peu triste.
« Eh bien, monsieur Baour-Lormian, lui dis-je, et votre épître? et
la réponse du prince ?
— « Oh ! le c ! s'écria-t-il, voyez ce qu'il m'a envoyé! Une
tabatière de deux cents francs ! »
Un poète dont nous avons oublié le nom, avait reçu, comme
Baour-Lormian, une pension de 6,000 fr. Loin de s'en montrer
reconnaissant, il faisait le bel esprit aux dépens de son bienfaiteur.
« Ce diable d'homme, disait-il, en parlant de Napoléon, dès qu'il
aperçoit quelqu'un s'élever au-dessus des autres, il faut qu'il le
llétrisse d'une pension. » Après la chute de l'Empire, les Bourbons
réduisirent k pension à 3,000 fr., ce qui fit dire que Louis XVIII lui
avait ôté la moitié de sa flétrissure. aU.^^i<^ci^,
Napoléon, ayant appris la situation précaire des héritiers du grand
Corneille, ordonna qu'on lui soumît un projet de décret pour leur
venir en aide. Le projet suivant lui fut présenté.
« Nous accordons à la demoiselle Catherine Corneille, fille de
J70 LES FOLRXISSEURS DE NAP0L1-:0N f''
Louis-Âmbroise, et à la demoiselle Marie-Alexandrine, fille de Jean-
Baplislc-Anloine, toutes deux descendant en ligne directe de Pierre
Corneille : i'^ à la première, une pension annuelle et viagère de
.300 fr. : 2° à la seconde, également une pension annuelle et viagère
de 300 IV. »
L'Empereur répondit par celle « Décision i :
« Ceci est indigne de celui dont nous ferions un Roi. Mon intention
est de faire baron l'aîné de la famille, avec une dotation de
10,000 fr. ; je ferai baron l'aîné de l'autre branche avec une dotation
de 4,000 fr., s'ils ne sont pas frères. Quant à ces demoiselles, savoir
leur âge et leur accorder une pension telle qu'elles puissent vivre. »
{Corresp. de Napoléon r% t. XXV, p. 140.)
XVIT
La veuve Ilari, nourrice de Napoléon, fut pensionnée dès le début
de l'Empire et reçut en donation une maison à Ajaccio et deux vignes
situées au terroir dit Yilullo. {Corresp. de Napoléon I"', t. XX.j
Deux autres nourrices, la dame veuve Mallard, nourrice de Louis XYI
et la dame veuve Laurent « nourrice de la fille de Louis XVI »
reçurent chacune une pension de 1,':200 fr. par un décret daté de
Saint-Cloud, le 2 septembre 1810. {Corresp. de Napoléon P'',
t. XXI, p. 101.)
Un décret daté de Fontainebleau, 16 octobre 1810, accorde une
pension de 30,000 fr. à M'"" Hyacinthe-Dominique de Bourbon,
religieuse au couvent de Saint-Dominique, à Rome. (Corresp. de
Napoléon P'\ t. XXI, p. 260.)
1807. — Le ministre de la guerre propose à l'Empereur d'accorder
une somme de 2,000 fr. à M'^° Dujardin, nièce du général d'artillerie
et sœur du commissaire ordonnateur de ce nom, pour la faire entrer
à l'hospice des ménages.
La réponse part de Tilsitt le 22 juin 1807. « Accordé le secours
proposé. Sa Majesté désire qu'en outre un projet de décret lui soit
présenté pour une pension de 500 fr. » [Corresp. de Napoléon /''",
t. XV, p. 449.)
Ayant à se louer de M™*^ Boubcrs et de M. de Ganisy, Napoléon
écrivait le 3 décembre 1811, à M""' la comtesse de Montesquiou,
gouvernante de la Maison des enfants de France :
LES PRÉSENTS DE NAPOLÉON 171
« Madame la comtesse de Montesquioii, sur le rapport que vous
m'avez fait de la satisfaction que vous avez du service de la dame
Boubers, sous-gouvernante de nos enfants, et du baron de Canisy,
notre écuyer, nous avons accordé à la dame Boubers une dota-
tion de 10,000 fr. de rente, et au baron de Canisy un supplément
de dotation de 6,000 fr. » [Corresp. de Xapoléon /"', t. XXIII, p. 53.)
XVIII
Napoléon pensait à tous les déshérités, à tous les malheureux. De
Yalladolid, le 13 janvier 1809, il informait son oncle, le cardmal
Fesch, qu'il mettait à sa disposition une somme de 60,000 fr. par an
« pour soulager, disait-il, les pauvres veuves et les enfants de mes
soldats et autres veuves de mon Empire » . (Corresp. de Napoléon P''.)
Le 8 mai 1811 il adressait ces instructions au comte de Montalivet,
ministre de l'intérieur :
« Je désire que, pendant le mois de mai et juin, les secours des
comités de bienfaisance soient doublés, et ce à dater de demain 9, et
que, dans les faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marceau, ils soient
même triplés. Faites cela avec le moins d'éclat possible. Donnez des
ordres pour que tous les travaux prennent plus d'activité.
« Je mets sur mon domaine, à votre disposition, 300,000 fr. pour
être distribués par les comités de bienfaisance de Paris, 100,000 fr.
pour être distribués par ceux de Rouen et 200,000 fr. pour ceux de
Lyon. » [Corres}'). de Napoléon /'-''.)
L'Empereur ne négligeait pas les petits présents quand il les croyait
utiles à sa politique ; sa lettre du 4 avril 1807 au prince Eugène en
est une preuve :
& Mon fils, envoyez au général Lauriston vingt-cinq montres du
prix de dix louis à celui de deux louis. C'est-à-dire les unes d'or à
répétition et les autres d'argent. Ces montres sont destinées à faire
des présents aux Turcs. Envoyez-en également vingt-cinq au général
Marmont. » {Corresp. de Napoléon P\ t. XY.)
XIX
20 janvier 1808. — Lettre du grand maréchal Duroc à M. de Cham-
pigny, ministre des Relations extérieures :
172 LES FOrnMSSEURS DE NAPOLÉON 1*^''
« Jai riionncur d'envoyer à Votre Excellence le mémoire dû à
M. Houtet, entrepreneur de la manufacture d'armes de Versailles,
pour le fusil dont j'ai eu l'honneur de vous parler, qui a été envoyé
par le dernier courrier à M. de Caulaincourt, ambassadeur de
Russie, et que Sa Majesté désire faire payer sur les fonds des Relations
extérieures. »
Le fusil, tourné, garni d'argent ciselé, avec de riches fonds en or,
coûtait 3,000 fr. [Affaires étrangères. Comptahililé, 'lT9o à 1815.)
XX
1808. Erfurt. — La célèbre entrevue d'Erfurt dura du 17 septembre
au 14 octobre, au milieu de fêtes magnifiques non interrompues.
Napoléon se montra très empressé auprès d'Alexandre dont il voulait
non seulement se faire un ami, mais encore un puissant et fidèle
allié. Alexandre ayant admiré un superbe nécessaire d'or, au chiffre
impérial, Napoléon le lui offrit aussitôt. Un autre jour il le pria d'ac-
cepter son épée, parce que le Tsar avait oublié la sienne. « Je ne la
tirerai jamais contre Votre Majesté, » dit Alexandre avec son aimable
esprit d'à-propos. Par malheur, les circonstances en décidèrent
autrement. L'épée du grand homme est conservée au musée de l"Her-
mitage. (Albert Vandal. Napoléon et Alexandre.)
Ayant su que Nicolas Spéranski, jeune homme de grand mérite,
était le favori du Tsar, Napoléon manifesta le désir de le voir ; après
s'être longuement entretenu avec lui, il lui offrit son portrait entouré
de brillants.
A l'entrevue d'Erfurt, les deux souverains échangèrent à profusion
des croix, des tabatières, des bijoux et autres présents. Le général
comte Tolstoï recevait les huit tapisseries qui ornaient à Erfurt le
logement de l'Empereur, ainsi que les porcelaines de Sèvres, saut
quelques-unes des plus belles pièces, réservées à l'Impératrice de
Russie.
Tolstoï, ambassadeur d'Alexandre à Paris, d'un caractère sec, ne
convenait pas à l'Empereur qui venait de demander son remplace-
ment. Pour ôter à ce départ l'apparence d'une disgrâce, Napoléon lui
avait offert les belles pièces dont nous venons de parler.
Le doyen Meimung, après avoir dit deux fois la messe au palais,
LES PRÉSENTS DE NAPOLÉON 173
reçut une bague en brillants, avec le chiffre N couronne', et il fut
remis cent napoléons aux deux prêtres qui l'avaient assisté.
Alexandre ne se montra pas moins généreux que son illustre ami
et multiplia les cadeaux, sous toutes les formes. Voulant donner un
gage de sa bienveillance au secrétaire de Napoléon, M. le baron de
Méneval, il lui remit une tabatière ornée de son chiffre en diamants,
d'une valeur d'environ 10,000 francs. (Baron de Méneval. Napoléon
et Marie- Louise.)
L'année précédente, à la lin de 1807, Savary, duc de Rovigo, en
quittant son ambassade de Saint-Pétersbourg, avait été l'objet des
niéines attentions.
a Outie les présents d'usage qui consistaient dans une tabatière de
grand prix, dit Savary, Alexandre me fit remettre un collier d'amé-.
thystes qui était le plus bel ouvrage qu'il y eût chez le joaillier de la
couronne; il était accompagné de tous les accessoires de celte parure ;
il y ajouta deux fourrures, l'une de martre zibeline, qui fit l'admira-
tion des dames de Paris, et l'autre d'oursin noir, d'une égale
rareté... » Son successeur était M. de Caulaincourt. [Mémoires du
duc de Rovigo, t. III, p. "20:2.)
XXI
Voici un compte des Archives nationales qui élargit un peu le
cercle de nos renseignements relatifs aux présents de l'Empereur à
Erfurt :
« Il est dû à S. E. le Ministre des Relations extérieures une somme
de 23,012 fr. pour le prix de deux boîles et de deux bagues données
de la part de l'Empereur (à Erfurt) au grand écuyer de Wurtem-
berg, Goeurlitz ; à M. de Reus, aide de camp du roi de Bavière ; à
M. de Brennig, aide de camp du roi de Wurtemberg, et à M. de Salm,
aide de camp du même roi, ci : 23,012 fr. » dont voici le détail :
Une boîte à portrait (c'est-à-dire ornée du portrait de l'Empereur,
entouré de brillants) : 0,002 fr. — Une boîte à chiffre (un N cou-
ronné, en brillants) : 6,118 fr. — Une bague de 5,800 fr. ; une autre
de 4,492 fr.
« Ces quatre objetséfaut ou s'il s'agit du métropolitain, l'évêque le plus ancien de la
province procédera à l'institution de l'évêque nommé, de manière
qu'un siège ne soit jamais vacant plus d'une année. (Le Chevalier
Artaud. Histoire de Pie VII.)
C'était réduire à néant le rôle de la papauté. Il suffisait à l'Empe-
LES PR1':SENTS DE NAPOLÉON 181
rcur d'attendre six mois pour donner l'instilulion canonique aux
évêques nommés par lui, sans avoir besoin de recourir au pape.
Par suite des événements, le traité n'eut pas d'effet ; malgré cela,
Pie YH se reprocha toujours sa faiblesse. Suivant l'usage, après la
signature du Concordat de Fontainebleau, des décorations, des taba-
tières et des présents de toute sorte furent distribués aux membres
du clergé qui avaient su plaire à l'Empereur.
« Le cardinal Doria reçut de la propre main de Sa Majesté, le
grand aigle, de la Légion d'honneur. Le grand aigle fut aussi donné
au cardinal Fabricio RufTo ; le cardinal Maury, évêque de Nantes,
l'archevêque de Tours reçurent la grande croix de l'Ordre de la Réu-
nion ; les évêques d'Evreux et de Trêves, la croix d'officier de la
Légion d'honneur, enfin, le cardinal Bayane et Téveque d'Evreux
furent faits sénateurs par Sa Majesté. Le docteur Porta, médecin du
pape, fut gratifié d'une pension de 12,000 fr. et le secrétaire ecclé-
siastique qui était venu dans le cabinet transcrire les articles du Con-
cordat, reçut en cadeau une magnifique tabatière. »
XXVI
Le 24 décembre 1813, le comte Bertrand écrivait au duc de Cadore :
« Monsieur le duc, l'Empereur est dans l'intention de faire, cette
année comme les précédentes, des cadeaux choisis dans les produits
de sa manufacture de Sèvres, pour être distribués aux princesses et
dames de la Cour. Sa Majesté désire que votre excellence fasse porter
le plus tôt possible chez S. M. l'Impératrice, les porcelaines parta-
gées en un même nombre de lots que l'année dernière et à peu près
du même prix. '
« Le directeur de la manufacture pourra les remettre au concierge
du Palais, qui en donnera un reçu et, après la distribution, il en don-
nera l'état et rendra les objets qui resteront. » [Arch. naf. O'-'202.)
Le général Bertrand exerçait, depuis peu, les fonctions de grand
maréchal du palais ; il remplaçait Duroc, tué par un boulet le
22 mai précédent, vers la fin de la bataille de Wurlschen.
En 1814, lorsque Napoléon se rendit à l'Ile d'Elbe, il effectua son
passage sur la frégate anglaise the Undounted {V Indomptable),
commandée par le capitaine Aslier.
« L'Empereur lui donna, lorsqu'il vint prendre congé de lui, une
1S2 LES FOURNISSEURS DE NAPOLl'ON l'^'"
tabatière en or, avec son portrait entouré de vingt gros brillants
(chacun estimé 4,oU0 fr.). On m'a assuré que le capitaine Asher avait
refusé de cette tabatière 110,000 fr. » (La générale Durand. Mémoires
sur Marie-Louise, p. 239.)
XXYII
Pendant les Cent-Jours, Nitot et fils firent encore quelques fourni-
tures pour le service des présents. Voici celles du 5 mai 1815.
Une tabatière carrée, longue, en or ciselé, émaillé, enrichie d'un
cercle en brillants et du portrait de l'Empereur, par Robert Lefèvre,
10,773 fr., le portrait est de 600 fr., et les brillants seuls, au nombre
de trois cent vingt-six, pesant trente karats, sont estimés 9,000 fr.
— Deux tabatières ovales, en or ciselé, émaillé, ornées, l'une de
trente-quatre brillants et l'autre de vingt-six, avec le portrait de
Napoléon, par Robert Lefèvre (chaque portrait payé 600 fr.),
7,599 fr. et 11,615 fr. — Une tabatière de même genre, sertie de
vingt-huit brillants, surmontée du portrait de l'Empereur, peint par
Saint (payé 600 fr.), 6,139 fr.
La deuxième livraison des bijoutiers-joailliers Nitot et fils, datedu
5 juin 1815 ; elle s'élève en chiffres ronds à 30,000 fr. pour six taba-
tières et six bagues que l'Empereur voulait offrir en présents. Eut-il
le temps de les distribuer? On sait que treize jours plus tard, il
était vaincu à Waterloo. Voici en détail le prix de ces divers
bijoux :
Tabatière de forme carrée longue, en or ciselé et émaillé, ornée
d'un cercle en brillants et du portrait de Sa Majesté, par Robert
Lefèvre (le portrait payé 600 fr.), 5,699 fr. — Tabatière semblable à
la précédente, enrichie de quarante brillants, le portrait de l'Empe-
reur peint par Isabey (payé à l'artiste 600 fr.), 4,863 fr. — Tabatière
carrée longue, en or ciselé, émaillé, surmontée d'un N couronné,
enrichie de brillants, 2,096 fr. ; — trois tabatières de même genre,
avec chiffre (N) sans couronne, 6,577 fr. ; — trois bagues en bril-
lants, offrant sur le chaton un aigle, en roses, 6,598 fr. ; — trois
bagues en brillants, ornées du chiffre couronné de l'Empereur :
4,682 fr.
« Vu, ordonné et approuvé sur le fonds de 200,000 fr. que le bud-
LES PRÉSENTS DE NAPOLÉOX 183
get de I8I0 (dépenses extraordinaires) met à notre disposition pour
achat de diamants et bijoux destinés à être donnés en présents.
Signé : « Le comte de Montesquiou.
tt Paris, ce 5 juin 1815. >»
L'Empereur étant rentré le 20 mars, tous les budgets de l'année
furent diminués de près d'un quart.
Pour la suite des présents, nous renvoyons aux chapitres sur la
Manufacture de Sèvres, Xo. Manufacture des Gobelins, Marie-Louise
et le Roi de Rome, insérés dans la deuxième partie du présent
ouvrage.
LIVRE TROISIEME
L'ART ET L'INDUSTRIE SOUS LE PREMIER EMPIRE
CHAPITRE PREMIER
LES PEINTRES EN MINIATURE
Sous le règne de Napoléon P'', les peintres en miniature de talent
étaient nombreux. Isabey, soutenu par sa grande vogue, par son titre
de « peintre en miniature du cabinet de l'Empereur », tenait la tête
de ces artistes distingués, mais à la condition de faire des efforts
journaliers pour ne pas se laisser distancer.
Parmi les miniaturistes qui ont répété le portrait de l'Empereur
pour être monté sur des tabatières, des bracelets, des médaillons, etc.,
nous citerons Aubry, Augustin, Dumont, Gauci, Gilbert, Gilbard,
Guérin, Isabey, Muneret, Nitot, Robert Lefebre, Prosper, Quaglia,
Saint, Soiron père.
lis reçurent d'abord cinq cents francs par portrait, mais, dans la
suite (1808), sur les réclamations personnelles d'Isabey, classé dans
le service des portraits sur le même pied que les autres, il fut alloué
le plus souvent GOO fr. pour chaque portrait reçu.
L'Empereur n'était pas toujours satisfait de ses petits portraits et
eut plusieurs fois l'occasion de s'en plaindre.
Le lo septembre 1807, M. Daru, intendant général de la maison de
l'Empereur, écrivait à... ? :
« Sa Majesté n'est pas satisfaite, Monsieur, du portrait que vous
m'avez envoyé. Elle trouve que le ton de la figure est trop dur; elle
18G LES FOURNISSEURS DE NAPOLl'lON I*"'"
préfère être représentée avec ses habits militaires. Sa Majesté désire
que sans avoir égard à Ici ou tel peintre, on en prévienne plusieurs que
l'on a besoin de quarante à cinquante portraits de l'Empereur: qu'ils
seront payés vingt-cinq louis chacun, c'est-à-dire ceux reconnus bous
et qui conviendront à Sa Majesté. Tant mieux, par conséquent,
pour celui qui réussira. Recommandez-leur de faire des figures plutôt
gracieuses. Signé : Daru. > [Arch. nat. O-!20i.)
Malgré son grand talent, Isabey lui-même se relâchait quelquefois,
et l'Hmpereur en témoignait avec vivacité son mécontentement.
On en peut juger par cette lettre de M. Daru au peintre du ca-
binet :
1807. « L'Empereur a ordonné, Monsieur, la confection de cent
boîtes d'or enrichies, parmi lesquelles vingt-cinq doivent être ornées
de portraits. J'ai déjà eu l'honneur de vous en prévenir de vive voix
et de vous engager à vous occuper de ces portraits avec tout le bien
dont vous êtes capable. Je ne dois pas vous laisser ignorer que Sa
Majesté a été fort mécontente des derniers, et ce n'est qu'à la condition
de l'engagement du mieux que je suis autorisé à vous en charger,
mais avec un artiste de votre talent, le désir de plaire au héros que
vous peignez et l'amourde la gloire sont de bien sûrs garants de l'exé-
cution de votre engagement. » [Arch. nat. 0^30.)
Le goût répandu de ce style étrange, emprunté à la Grèce et à l'an-
cienne Rome fit naître l'idée, chez quelques peintres, de donner à
leurs petits portraits l'apparence de camées en sardoine, en agate-
onyx. Ce goût se continua sous la Restauration. Ce n'était pas à
proprement parler une nouveauté. Pendant le règne de Louis XVI,
Degault s'était fait une réputation par ses petits sujets peints à
l'imitation de camées antiques. Il y a si bien réussi qu'il est resté le
maître du' genre.
Tout en reconnaissant aux miniaturistes de l'Empire un faire
habile à imiter dans leurs portraits des camées sculptés sur pierre
dure, nous constatons que les peintres de grande réputation, tels que
Dumont, Augustin, Isabey, Jacques, Périn, Saint, Jean Guérin, etc.,
se sont abstenus de ces imitations.
Il
Nous allons passer en revue les peintres en miniature de Napo-
léon \" et de son temps.
LES PEINTRES EN MINIATURE 187
Pour éviter de nous répéter, nous renvoyons le lecteur à notre
Livre des Collectionneurs, surtout pour les artistes suivants : Aubr}-,
Augustin, Isabey, Jacques, Guérin, M'"*^ Kugler, Musson, Parrant,
Périn, Quaglia, Saint, Soiron, Thouron, Van Daël, Yan Pol et Van
Spaëndouek.
Nous nous contentons ici d'élargir notre cadre, soit en donnant
de plus amples renseignements, soit en citant de nouveaux ar-
tistes.
III
Augustin, peintre de portraits à l'huile, en miniature et en émail,
est un des plus habiles miniaturistes du xix° siècle. Tous les critiques
qui ont parlé de lui ont fait son éloge.
Au Salon de l'anlX, Augustin partage avec Isabey l'attention des con-
naisseurs : « Si le second paraît avoir plus de finesse dans le dessin,
dit le Moniteur de l'an X, le premier plaît davantage aux coloristes.
Tous deux ont un talent supérieur dans ce genre. »
A propos du portrait de la reine de Naples, le Mercure de 1808
s'écrie : « Il est impossible, je crois, de voir en ce genre rien de plus
agréablement composé, de plus délicatement peint, de plus précieu-
sement fini que ce portrait de la reine de Naples. Tout est charmant
dans cet ouvrage fait peut-être, et c'est beaucoup dire, pour ajouter à
la réputation de son auteur. «
Vente La Béraudière, 1883. — Portrait de femme, en robe noire
serrée sous les seins. Signé : Augustin, 1798, 3G0 fr. — Portrait de
jeune femme, à chevelure blonde, en robe blanche, les bras nus,
assise sur un canapé. Signé : Augustin, 1792. Cadre d'or ciselé,
6,900 fr.
Vente Maze-Sencier, 1886. — Portrait de Rosalie Duthé, vue à
mi-corps, vêtue de blanc ; le sein et le bras gauche découverts.
Miniature ronde, signée : Augustin, 1793. Cadre d'or à réverbère,
1790,2,900 fr.
Vente Lafaulotte, 1886. — Portrait de femme vêtue de blanc et
d'une écharpe noire, le sein en partie découvert. Signé : Augustin.
Dans un médaillon en or à double face, 6,000 fr.
Vente Lémj-Crémieux, 1886. — duchesse de Penthièvre. Elle est
assise en robe blanche et tient un crayon d'une main et de l'autre,
un carton à dessin. Signé : Augustin, 1791. Adjugé, 3,o00 fr.
1S8 LES FOURNISSEURS DE NAPOLfiOX l*"'"
AuTissiER (Louis-Muric), né cà Vannes en 177:2, mort à Paris en
ÏS'I'.^. II résida longtemps en Belgique où il vécut honoré et devint
membre de l'Acade'mie des beaux-arts de Gand.
Au Salon de l'an IX, il exposa un cadre renfermant plusieurs minia-
tures, entre autres le portrait de son oncle, le sien, celui de sa femme
et celui du frère du général Morcau.
Kn 1819, Aulissier eut l'honneur de faire le portrait du roi des
Pays-Bas.
Venle Bouvier, 1873. — Deux portraits de femmes, dont l'un est
signé : Aulissier, 7:2 fr.
Vente A. Terme. — Portrait de femme, en costume de la fin du
xviiie siècle. Signé : Aulissier, 300 fr.
BvRRABAND (Pierrc-Paul), né à Aubusson (Creuse) en 1767, mort à
Lvon en 1809.
Très habile peintre d'histoire naturelle. Il a peint sur vélin, avec
un rare talent, des fleurs, des insectes et des oiseaux de toute espèce.
Il a collaboré au grand ouvrage d'Egypte, au Buffon de Sonnini, à
l'ouvrage sur l'Egypte, de Fournier, à VHisloire des insectes, de La-
treille. Ses dessins pour l'Histoire naturelle des oiseaux d'Afrique,
de Le Vaillant, sont parliculièrement admirables.
Barraband a peint des oiseaux sur des porcelaines de la manufac-
ture de Guérard et Dihl, dite àWngoulême, exposés au Salon de 1798.
Plus tard, il fit des dessins pour la manufacture de Sèvres. En 1807,
il était professeur à l'école des beaux-arts de Lyon, où il termina sa
carrière deux ans plus tard.
Berjox (Antoine), né à Lyon, le 17 mai 1753, mort dans la même
ville au mois de novembre 1843. Fleurs et fruits, genre, à l'huile, au
pastel et en miniature. Il a fait aussi le portrait en miniature, notam-
ment le sien, qu'il a peint à l'âge de soixante-cinq ans.
Les œuvres de Berjon ont figuré à diverses expositions depuis 1791
jusqu'en 1842.
Venle Bouvier, 185o. — Jeune femme portant les attributs de Diane
chasseresse, ivoire signé : Berjon, 53 fr.
Venle La Béraudière, 1885. — Boîte d'écaille brune surmontée
d'un portrait de jeune femme, ornée de perles et vêtue d'une robe
de soie violette ouverte sur la poitrine. Signé : Berjon, an VI, 190 fr.
Berny d'Ol'Ville (Charles- Antoine-Claude), né à Clermont, dans la
seconde moitié du xviii° siècle. Genre : portrait en miniature. En 1808,
il exposa les Regrets de l'absence et le portrait de M"® Levert, actrice
LES PEINTRES EN MINIATURE 180
du Théâtre-Français. Dans son compte rendu de l'exposition, le
Journal de V Empire dit : « Après les très belles miniatures de
M. Aubry et Augustin, je placerais ensuite les cadres de MM. Ber-
trand, Berny et Thiboust. »
Bertrand (Vincent), élève de Regnault, et bon peintre de portraits
en miniature. Il a exposé avec succès de 1804 à 1817 et mérita, en
1810, une médaille d'or de première classe.
Au nombre de ses meilleurs portraits nous citerons ceux de Félix
Rousseau, de Leniaire et Redouté, peintres de fleurs ; de Lemaire,
peintre d'histoire, 1808 ; du colonel Tascher, du duc d'AngouIème ; de
M"" Bertrand, harpiste, fille de l'auteur; de Guillon, première flûte
de l'école royale et de la Chapelle, 1817.
A la date de 1804, nous lisons dans les Lettres impartiales : « Le
portrait de M. Félix Rousseau, par M. Bertrand, est peint avec beau-
coup de talent. »
Le Journal de V Empire dit, ainsi que nous le rappelons plus haut,
à propos du Salon de 1808, qu'après les miniatures d'Augustin et d'Au-
bry, il placerait ensuite « les cadres de MM. Bertrand, Berny et Thi-
boust ».
En 1817, le Journal de l'Empire cite encore le nom de Bertrand
parmi ceux qui « ont produit de bonnes miniatures ».
Barrois (Jean- Pierre -Frédéric), né à Paris, en 1786, décédé à
Meaux où il s'était retiré. Genre : portrait à l'iuiile et en miniature.
Elève de Fontalland et de Louis Hersent.
Il a souvent exposé de 1806 à 1841. Le portrait en miniature de
M"® Julie Béry, de l'Opéra, lui valut en 1819 une médaille d'or de
seconde classe. En 1817, l'artiste avait présenté au Salon : Le Billet
doux, grande miniature.
BoiCRARD (Joseph-Alexandre), élève de Yincourt. De 1804 à 1814, il a
exposé à chaque Salon de Paris « un cadre de miniatures ».
A la vente de la comtesse de Montesquiou-Fezensac, en 1871, une
tabatière d'écaillé, rectangulaire, surmontée d'un portrait d'homme,
en costume de l'Empire, signé : Boichard, a été adjugée 460 fr.
BoiLEAU, peintre en émail, qui florissait sous Louis XVI. Il exposa au
Salon de la co?Tesponda7ice, en 1779, un portrait en émail de Pierre
le Grand, qui fut très apprécié.
CuARRiN (M'"" Fanny), peintre en miniature, puis sur porcelaine, née
à Lyon, vers la seconde moitié du règne de Louis XVI, morte à Paris
en 1854. Durant l'Empire, elle a exposé à tous les Salons des por-
190 Li;S FOLRMSSKURS DE NAPOLl'ON f
traits eu inuiialurc. Suus Charles X, clic fui altachcc à la manufac-
lurc de Sèvres, où elle ne tarda pas à prendre rang parmi les meil-
leurs.
M"'- Charrin a fait beaucoup de petites miniatures sur ivoire, repré-
sentant des personnages historiques du xviii'^ et surtout du xvii'' siècle.
Quelques-uns de ces gentils portraits ont eu l'honneur d'élre montés
sur de riches tabatières. Le musée céramique de Sèvres possède de
celte artiste une belle copie du Trompetle de Gérard Dow et un por-
trait de M'"« de Sévigné.
Vente Jacquinol-Godard, i8o9. — Portraits en miniature sur
ivoire, par M"*' Charrin, M"*-^ de Retz, 158 fr. — M"*-' de Fonlanges,
80 fr. — AP^ de Château-Renaud, 100 fr. — M"° de Rlois, 64 fr. —
La duchesse d'Aiguillon, 61 fr. — M""° de Grignan, 9o fr. — M"'" de
Grammont, 79 fr. — La marquise du Chùtelet, 67 fr. — 31""- de
Rochefort, 100 fr.
Vente Laperlier, 1867. — Le duc de Beaufort : 125 fr.
Vente Allègre, 187:^. — Boîte d'or, Louis XYI, émaillée gros bleu,
avec demi-perles incrustées. Sur le couvercle, le portrait de ^I""*^ de
Sévigné, par M"^^ Charrin, 2,100 fr.
Vente J. Théret, 1873. — La reine Christine de Suède, 155 fr.
CuASSELAT (Pierre), né à Paris dans le courant du xvm® siècle, mort
dans cette ville en 1814. Elève de Vien. Sujets de genre à la gouache
et portraits en miniature.
Il était peintre en miniature de Mesdames de France, fdies de
Louis XV, et son nom figure à diverses reprises sur les livrets
du Salon, de 1793 à 1810.
Les œuvres de Chassclat méritent une place honorable dans nos
collections, et il faut surtout rechercher ses petits portraits du siècle
dernier.
Le catalogue de la vente Soret, 1863, mentionne : une Jeune Fille
en riche costume Louis XV, dans un parc, sur une boîte d'écaillé
galonnée d'or et signée : Chasselat.
CuATiLLON (Charles), né àDoullens (Somme) dans la seconde moitié
du xvm** siècle. De 1793 à 1808, il a exposé aux Salons de Paris des
paysages à la gouache, des portraits en miniature et des sujets de la
Fable, à l'imitation des camées en agate-onyx.
Vente Jacquinot-Godard, 1859. — Portrait d'homme, grande
miniature, 34 fr.
Ilùtel nroiiot, 1862.
LES PEINTRES EN MINIATURE 191
Ctor (Pierre-Charles), né à Paris en 1769, peintre en miniature du
roi dEspagne. II a exposé des cadres de miniatures aux Salons de
1796 et de 1797, puis en 1831 et en 1838. Un lui doit les portraits à
l'huile de divers grands personnages, tels que l'empereur Paul P'";
l'Impératrice douairière de Russie; le prince Kourakin; le prince
Nérakin et son fils ; la princesse Poniatowska ; la reine des Pays-
Bas ; le prince Esterhazy ; le duc de Luxembourg, pour lequel il fit
le portrait en miniature de Louis XVIII.
Cless (Jean-Henri), né à Strasbourg, élève de David. Il a exposé des
cadres de miniatures aux Salons de 1806 et de 1808.
GossARD, établi à Paris, à la fin du wiii*^ siècle et au commencement
du xix". « Artiste d'un mérite distingué pour les camées et le portrait
en miniature ». [Tablettes de Renommée .. . Paris, 1791.)
Gossard a exposé diverses miniatures aux Salons de 1808, de 1810
*tl81^.
Delacazette (M"*^ Sophie-Glémence), née à Lyon en 1774, morte à
Paris le 27 octobre 1834. Elève de Regnault et d'Augustin. Elle a sou«
vent pris part aux Salons de Paris de 1806 à 1838, et remporta deux
médailles, l'une au Salon de 1819, l'autre, en 1834. On cite, parmi ses
bons portraits, ceux de Garât, de M"'^ Crispi et de M'"*^ Morand dans le
rôle de Suzanne. Le Louvre renferme, dans la salle des émaux
de Pelitot, un charmant portrait de jeune femme dû au gracieux pin-
ceau de M"'^ Delacazette ; c'est une œuvre très fine et d'une belle cou-
leur, signée et datée de 1814.
Delacluze (Jean-Edme-Pascal-Martin), né à Paris en 1778, mort
vers 1838. Peintre de portraits à l'huile, à l'aquarelle et en miniature.
Elève de Regnault et d'Aubry. Il prit part à divers Salons de Paris, de
1810 àl832, etremporta dès son débutunemédaillede secondeclasse.
Delacluze tenait un atelier d'élèves et donnait des leçons particu-
lières, ce qui ne l'empêcha pas de beaucoup produire. Sans être un
artiste hors de pair, il jouissait d'une bonne réputation. Le musée de
Rouen possède de ce maître le portrait de Hyacinthe Langlois.
Drolling (Martin), né à Oberbergheim, près Colmar, en 1732,
mort cà Paris en 1817. Genre, Intérieurs. Il prit des leçons d'un
peintre obscur de Schlestadt et vint assez tard se perfectionner à
Paris. Il a peint beaucoup d'intérieurs avec un soin minutieux et un
incontestable talent, mais sa touche est monotone. « On peut dire de
Drolling, observe M. Gh. Blanc, ce que disait Voltaire de je ne sais
plus qui : « Il fait toujours bien, jamais mieux. »
102 LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON l*^""
Le chef-d'œuvre de ce maître est un Intérieur de cuisine, qui fut
acheté en 1817, au fils de l'auteur, 4,000 fr.
Martin Drolling a laisse de jolis fixés, très estimés des collection-
neurs. On sait que les fixés sont des miniatures à l'huile, peintes sur
taffetas et collées ensuite à une glace qui leur tient lieu de vernis.
Vente Jacquinot-Godard, 18.j9, — Boite carrée en racine de bois,
ornée d'un fixé, par Drolling : la Sortie de Vécole, 32 fr. — Sur une
autre boîte : Jeune fille puisant de Veau à une fontaine, 47 fr.
Hôtel Drouot, 1878. — Jeune paijsanne, en buste, coiffée d'un
bonnet blanc à ruban bleu ; un fichu en mousseline lui couvre les
épaules; une rose orne son corsage. Charmant fixé, dans la manière
de Greuze, signé : Drolling. Cadre en or (D. 0,07o), o3o fr.
Vente La Béraudière, 188o. — Miniature à l'huile (probablement
un fixé). Sujet tiré du conte de La Fontaine : Le Faucon, 400 fr.
Vente Sichel, 188G. — Villageoises assises à la lisière d'un bois.
Fixé. (D. 0,07), 7o fr.
DoucET-SuRiNG (Madeleine). Elle naquit à Lyon, mais toute sa vie
artistique se passa à Paris. De 1793 à 1806, elle exposa de nombreux
portraits en miniature.
Dubois (Frédéric), miniaturiste de talent qui florissait à Paris vers
la fin du xviii*' siècle et au commencement du xix" siècle.
En 1780, il présenta au Salon de la Correspondance le « portrait
du jeune prince de Craou ». De 1793 à 1804, l'artiste a exposé, aux
Salons du Louvre, bon nombre de portraits en miniature qui le
firent avantageusement connaître.
Lors du Salon de l'an IX, le Moniteur écrivait, après avoir fait le
plus grand éloge d'Augustin et d"Isabey : « Aubry et Dubois sont les
premiers, après ces deux maîtres. »
DuMONT (François), né à Lunéville, le 7 janvier 17ol, m.ort à Paris
le '21 août 1831. Peintre en miniature de la reine Marie-Antoinette.
Il eut pour maître Girardet et fut reçu à l'Académie en 1788, « sur
le portrait en pied de M. Pierre, premier peintre du Roi, » exécuté en
miniature.
Au mois de janvier 1785, quand Isabey vint chercher fortune à
Paris, sa première visite, comme il le dit lui-même dans d'intéres-
sants mémoires, fut pour François Dumont : « J'étais porteur d'une
lettre de recommandation pour Dumont, mon compatriote, premier
peintre en miniature de la Reine. Je me rendis chez lui. II habitait
un bel appartement où tout respirait le luxe ; je le trouvai enveloppé
LES PEINTRES EN MINIATURE 1D3
■îlans une robe de chambre bleu et or, coiiïé et poudré à l'oiseau
royal. Sa froideur me déconcerta. « Je ne puis rien faire pour vous,
« me dit-il, je ne prends pas d'élèves pour la miniature, mais je con-
« nais un atelier de modèles que je visite quelquefois le matin; si vous
« le désirez, je vous recommanderai à la personne chargée de rece-
cc voir. » Ce n'était pas la réception à laquelle je m'attendais. Faute
de mieux, j'acceptai son offre et me rendis à l'atelier... » (Edm. Tai-
Dumont parait avoir été très occupe à la ville et à la cour. Lorsque
Marie-Antoinette voulait offrir son portrait à quelque amie, comme
elle le fit pour M'"°^ de Tourzel et de Polignac, c'est au « peintre en
miniature de la Reine » qu'elle s'adressait le plus souvent.
Notre artiste a beaucoup exposé depuis 1789 jusqu'en 1830. Parmi
les personnages qui ont posé devant lui nous citerons, après la
famille royale, la duchesse de Polignac, Charles de Calonne, contrù-
îeur général des finances sous Louis XVI ; le comte de Montmorin ;
Duvivier, graveur de médailles ; M™' de Saint-Phar ; l'acteur La Rive ;
Vien; M""' Drouais et ?on fils; David; Viennet ; Rcgnault ; Daru;
Chérubini ; Arnault, de l'Académie française ; Mandini, chanteur ita-
lien ; Anne Morichelli. Dumont a fait aussi des portraits à fhuile et
au pastel et a laissé quelques tableaux d'histoire.
Le peintre de la Reine figure parmi les bons miniaturistes chargés
•de multiplier l'image du Roi et de la famille royale, pour orner les
bijoux et les riches tabatières que Louis XYI offrait en présents. Nos
recherches nous permettent de citer plusieurs exemples de ces dons
gracieux.
Le 22 juin 1788, le secrétaire de M. de Montmorin, ministre des
aflaires étrangères, écrit à Ouizille, joaillier du Roi, pour lui com-
mander une tabatière d'or, émaillée, enrichie de diamants, du prix
de dix à onze mille livres, y compris le portrait du Roi. Ouizille est
informé que Dumont doit fournir le portrait et qu'il devra se concer-
ter avec lui sur les dimensions dans lesquelles il faudra l'exécuter.
Dans une autre lettre, datée du 11 novembre 1790, le même joail-
lier est chargé d'exécuter une tabatière ronde, assortie de diamants,
d'une valeur totale de quatorze à quinze mille livres, puis il est prié
de « vouloir bien s'entendre avec M. Dumont pour le portrait du Roi,
à placer sur cette tabatière ».
Sans sortir de notre sujet, nous citerons cette lettre, adressée au
joaillier Solle, le 18 mars 1789 :
13
104 LF.S FOURNISSEURS DE NAPOLEON l'^''
« M. le comte de Montmoriii aura besoin pour le service du Roi^
monsieur, de deux beaux bracelets eu diamants avec les portraits
du Roi et de la Reine, du prix d'environ neuf mille livres, chaque
bracelet : et de deux boutons de chapeau, avec leur ganse de la
valeur d'environ quatre mille livres chacun ; c'est-à-dire pour le
tout à peu près 20,000 livres. Cette fourniture est destinée pour les
présents d'un baptême qui doit avoir lieu dans les premiers jours du
mois de mai prochain. Vous voudrez bien vous entendre avec
M. Dumont pour que les deux portraits qu'il aura à exécuter soient
prêts pour ce temps. Les boutons de chapeau doivent être à peu près
dans la même forme que ceux que vous avez fournis, en 1783, pour
le baptême des enfants de M. l'ambassadeur de Portugal.
« Je vous serai obligé de m'informer de vos dispositions sur cette
commande afin que je puisse en rendre compte au ministre. »
{Affaires étrangères. Comptabilité.)
Dumont a fait quelques petits portraits de l'Empereur pour le Ser-
vice des présents. Voici une lettre qu'il écrivait en 1808 à M. Daru,
intendant général de la maison de l'Empereur.
« Monsieur le comte, pendant votre absence, j'ai été chargé par
feu M. Desmaisons, votre ancien secrétaire, de faire trois portraits
en miniature de Sa Majesté l'Empereur.
Œ Au décès de M. Desmaisons, j'ai réclamé, ils m'ont été rendus ; je
vous supplie de me permettre de vous les présenter, je les crois tou-
jours susceptibles d'être employés pour le service de Sa Majesté. Vous-
en jugerez mieux que moi, que mes soins et mon zèle pourraient
abuser... »
Dumont demeurait alors Cour-des-Fontaines, n° 5. [Arch. nat.^
O230.)
Vente A. Maze-Sencier. — Charles- Alexandre de Galonné, contrô-
leur général des finances sous Louis XVI, 1,020 fr. — Portrait de la
duchesse de Pulignac, la célèbre amie de Marie-Antoinette. La minia-
ture est montée sur une tabatière d'écaillé jaspée, décorée de cercles-
à torsades en or vert, 4,220 fr. — Portrait du comédien Jean Mau-
duit de la Rive, 1,520 fr.
Quelques jours plus tard, un portrait de M. de Galonné, par Du-
mont, un peu plus petit que le précédent, et d'une exécution peut-
être moins parfaite, a été adjugé 400 fr.
Vente Lévy-Crémieux, 1886. — Portrait de jeune femme, vue à
mi-jambe, en robe vert clair, les cheveux retenus par un ruban rose.
LES PEINTRES EN MINIATURE 195
Elle tient des roses de ses deux mains. Signé, au bas, à gauche : Du-
MONT, 5,100 fr.
Dln, artiste flamand, établi à Naples au commencement du
xix° siècle, peintre en miniature du roi Murât. OEuvres finies jusqu'à
la mollesse.
EsMENARD (M"'= Inès d'), née à Paris vers la fin du xviii° siècle.
Peintre d'histoires, de portraits. Elève de Golson et de Franque pour
la peinture à l'huile, et de Hollier pour la miniature.
Pendant longtemps, son nom ligure sur les livrets du Salon, où il
paraît pour la dernière fois en I80I.
Le Journal des Débats écrivait, en 1817 : « MM. Aubry, Bertrand,
M"*^ Esménard, d'autres encore, ont produit aussi de bonnes minia-
tures. Le nombre de ceux qui font bien augmente. » Cette artiste
obtint, en 1819, une médaille de deuxième classe. Au Salon de 1834,
elle exposa le portrait de Redouté, grande miniature.
Evrard (Jean-Marie), né à Chauny (.\isne) vers 1780. Peintre de
tableaux à l'huile et de portraits en miniature que l'on fit figurer à
divers Salons de Paris, de 1810 à 1835.
Gilbert. Cet artiste, dont nous ne trouvons de trace nulle part
qu'aux Archives nationales, a travaillé pour le Service des présents.
Au mois de novembre 1810, l'Empereur établit un budget de
135,000 francs pour vingt-cinq médaillons à donner aux enfants tenus
par Leurs Majestés sur les fonts de baptême, à Fontainebleau. Chaque
médaillon offrait les portraits de l'Empereur et de l'Impératrice, en-
tourés de brillants. Gilbert fit quatorze de ces portraits pour lesquels
il reçut, le 15 février 1811, la somme de 7,000 fr. {Arch. nat. O-50.)
GiLLiARD, artiste peu connu qui a fait, pour le service des présents,
plusieurs petits portraits de l'Empereur.
En mars 1811, il livre aux bijoutiers Nitot et fils, trois portraits de
Napoléon qui sont montés sur de riches tabatières d'or, ciselées,
émaillées, serties de brillants, valant à elles trois 1G,570 fr.
Tandis que, dans la même livraison, d'autres portraits sont payés
à leurs auteurs 500 fr. et GOO fr., Gilliard ne reçoit pour chacun des
siens que 300 fr.
Le mois suivant, il fournit encore trois portraits qui lui valent cette
fois 1,200 fr.
En somme, de tous les peintres qui ont travaillé pour les présents
c'est le moins rétribué ; tous les autres ne touchent pas moins de
500 fr. et le plus souvent GOO fr. par portrait. {Arch. nat, 0-34.)
19G Li:s i'OLi\Nissi:uns de napoléon i''''
GuÉRi.N (Jean). Ce maître hors de pair, se montra l'égal d'Isabey et
<rAugustin. Il exposa souvent aux Salons de Paris, de 1798 à 1827.
Son chef-d'œuvre est le portrait de Kléber, grande miniature acquise
par le musée du Louvre en 1849, au prix de .'iOO fr. Bonaparte, alors
général, voulut voir ce portrait et le conserva plusieurs jours sur la
•cheminée de son petit salon de la rue Ciiantereine, où il l'admira
Jonguement à diverses reprises.
Guérin travailla pour le Service des présents, notamment vers la
Un de 1810. Le 26 novembre de cette même année, l'Empereur éta-
iblit un budget de 133,000 fr. pour vingt-cinq médaillons à donner
en cadeaux aux enfants tenus sur les fonts de baptême par Leurs
Majestés, à Fontainebleau. Chaque médaillon, serti de brillants, offrait
les portraits de l'Empereur et de Tlmpératrice. {Arch. nal. 0^34 et
O^oO.) Guérin fut associé à ce travail ; il fit dans la circonstance six
petits portraits, et son mémoire, écrit de sa main, est ainsi formulé :
« Mémoire présenté à Son Excellence le grand chambellan de
France, par Jean Guérin, peintre, pour six portraits de Leurs Majes-
tés Impériales, à raison de 500 fr. chaque. Total : 3.000 fr.
{Arch. nat. 0-U.)
« Jean Guérin. »
« Paris, le 15 janvier 1811. »
HoLLiER (Jean-François), né à Chantilly dans la seconde moitié du
xvm*^ siècle, mort à Paris en 184o. Portrait en miniature, à l'aquarelle
et à la sépia.
Elève de David et d'Isabey. Il a beaucoup exposé depuis 1804,
jusqu'en 1831. Il obtint une médaille d'or en 1817 et une seconde
en 1824.
Ce maître a fait preuve de talent et cependant les critiques d'art en
parlent peu. Nous lisons dans le Mercure de France, à propos du
Salon de 180G : « Les miniatures ne sont pas moins nombreuses que
les portraits à l'huile. J'ai remarqué celles de M. Saint, de M. Hollier
■et de M"*^ Capet. » On voit que notre artiste est en bonne compagnie.
Parmi ses nombreux portraits nous citerons ceux de Talma, de
Lafont, de M"*^^ Duchénois, Yolnai. Mézeray, Boissière, de M'"" Miche-
îot, artistes du Théàtre-Fiançais ; de M™ Paradol, du même théâtre,
<lans le rôle de Sémiramis ; d'Etienne de Choiseul-Stainville, capitaine
aide de camp, mort en 1809 ; du docteur Carre, du maréchal Ney,
•de la princesse Radzivill ; du général comte Lobau, aide de camp de
LES PEINTRES EN MINIATURE i97
l'Empereur ; du cardinal Maury, de la baronne Blondeau et de l'In-
fante d'Espagne Dona Louisa Garlolta.
Hôtel des Ventes, Paris, 1846. — Portrait du docteur Broussai§,
12,50. — Portrait de M'"^ Raucourt (?), 11 fr.
Vente La Déraudière, 1885. — Jeune femme en robe blanche et
chapeau de paille orné d'un bouquet de roses. Signé : nolliei\
195 fr.
Iaser (Marie-Marguerite-Françoise), née à Nancy, en 1782. Aquarelle
et miniature. Elève de Claudot, d'Aubry et d'Augustin. Elle prit
aussi des leçons de Regnault, pour la peinture à l'huile. M"'' laser
vint s'établir à Paris, où elle exposa souvent de 1808 à 1844.
Parmi ses principales miniatures nous citerons les portraits de la
princesse de Danemark, de M"*' de Berry et du duc de Bordeaux. Ce
dernier a été lithographie par l'auteur.
Ingles, artiste espagnol, né à Valence en 1718, mort en 1786.
Histoire, portrait et miniature. Elève de Richarte, membre de l'Aca-
démie. Il avait une palette brillante et se fît, comme portraitiste, une
bonne réputation.
IsABEY (Jean-Baptiste). La grande réputation d'Isabey date de l'Em-
pire. Dans notre Livre des collectionneurs, nous parlons longuement
de ce maître charmant qui fut comblé par la fortune jusqu'à la fin
de ses jours.
Son titre officiel, celui qu'il mettait comme en-tête à ses lettres, est
le suivant : « J. Isabey, peintre, dessinateur du cabinet de Sa Majesté
l'Empereur, des cérémonies et des Relations extérieures. »
Au Salon de 1806. Jean-Baptiste exposa, sous le n° 264, la Visite
de Sa Majesté V Empereur à Jouy. A propos de ce tableau, un journal
du temps, le Flâneur au Salon ou M. Bonhomme, Paris, Aubry,.
1806, fit paraître les vers suivants :
« Gros sait de son pinceau sévère,
D'un héros peindre les hauts faits,
Ici d'une main plus légère
Isabey trace ses bienfaits :
Quelle frappante ressemblance
Règne en ce dessin enchanteur.
Mais sa bonté, mais sa vaillance
L'ont mieux gardé dans notre cœur. »
Tous les critiques d'art font l'éloge d'Isabey. A propos du Salon
198 LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON I*^""
de 181:2, le Moniteur du 22 janvier 1813 nous renseigne sur di-
vers procédés du célèbre artiste , dans cet intéressant compte
rendu :
« M. Isabey, qui après avoir porté la miniature à un degré de per-
fection que peu de ses rivaux ont atteint, avait tracé d'une main
aussi adroite que savante des dessins au pointillé, manière particu-
lière à laquelle on donna le nom de l'artiste et qui fut adoptée avec
ime sorte de fureur pendant quelques années. Dès lors, ce genre
devenu banal a été abandonné par M. Isabey ; il en a cherché et
trouvé bientôt un autre dont il aura la fleur ; elle conservera son
éclat entre ses mains et ne risque de se faner que sous les doigts
pesants de ses imitateurs. La collection de portraits d'après nature de
la famille impériale d'Autriche, tient le milieu entre le dessin aqua-
relle et la miniature. Le vélin sert de fond et les chairs sont réservées
et non touchées, comme à la gouache. Les têtes sont au pointillé et
atteignent presque à la vigueur des plus belles miniatures ; les fonds
et les vêtements sont traités au lavis avec une telle légèreté qu'ils
semblent aériens ; ces accessoires accompagnent les chairs sans dis-
puter de vigueur avec elles et les font valoir en sacrifiant leur propre
éclat ; cet artifice, qui serait un abus en peinture, convient à ces jolis
dessins et leur donne une fraîcheur et un agrément tout particulier.
La composition dans laquelle le même artiste a groupé les enfants de
S. E. le duc de Rovigo autour du buste en marbre de leur mère, est
un petit chef-d'œuvre de grâce et de sentiment. »
Malgré le temps consacré aux fonctions de Dessinateur du cabinet,
Isabey, très recherché des plus illustres personnages, multipliait à la
cour et dans la famille impériale, ses jolies miniatures ; il faisait de
nombreuses répétitions du portrait de l'Empereur^ pour orner les
bijoux et les tabatières.
Lors du mariage de Napoléon avec Marie-Louise, en 1810, Isabc}'
fut très occupé ; il livra, entre autres, à Frièse et Devillers, bijoutiers
du Roi et de la Reine des Deux-Siciles, deux petits portraits de
l'Empereur, dont l'un pour être monté en bague, l'autre pour orner
une boîte d'or, à cure-dents, gravée et ciselée. Ces dépenses furent
comprises dans l'état des achats de bijoux faits pour le mariage de
Sa Majesté. [Arch. 7iat. 0^34.)
En 1806, Isabey recevait 500 francs pour chacun de ses petits
portraits, bien qu'il en demandât 600. Sur une demande de sa
main, nous voyons cette réponse de M. de Fleurieu : « Sa Majesté,
LES PEINTRKS EN MINIATURE 199
ayant décidé que les petits portraits seraient payés 500 fr., ne peut
revenir sur celte décision, »
Dans une lettre, datée du mois d'octobre 1808, Isabey se montre
moins endurant :
« Je vous adresse,' Monsieur, deux portraits de l'Empereur. J'ai
l'honneur de vous prévenir que mon prix est de 600 fr. et que je ne
souffrirai aucune diminution. »
Cette fois, notre artiste eut gain de cause et désormais le prix de 600 fr.
fut établi, pour tous les petits portraits de Napoléon, quel qu'en fût
i'auteur. Toutefois, nous l'avons déjà dit, l'Empereur ayant eu à se
plaindre de la mauvaise expression de quelques-uns de ses portraits,
avait exigé qu'ils fussent, à l'avenir, soumis à son examen et acceptés
par lui avant d'être envoyés chez le bijoutier.
Vente A'..., 188o. — Portrait d'homme miniature, ovale, 42o fr.
Vente de yi/'"° Jubinal de Saint-Albin, 1886. — Petit portrait de
Louis XVIII, de trois quarts, à droite, 143 fr.
Vente Maze-Sencier, 1886. — Jeune femme de profil, à droite. Elle
est coiffée d'un grand voile blanc et porte autour du cou une écharpe
jaune. Robe bleue, bordée au corsage d'une dentelle, à larges dents
tombantes. Cadre en bronze ciselé, de style Louis XIII, timbré d'un
écusson aux armes du duc d'Harcourt, 640 fr.
Vente Defoer, 1886. — Portrait déjeune femme, 460 fr. — Autre,
1,010 fr. — Portrait de M""^^ Récamier, 800 fr.
Hôtel Drouot, 1887. — Portrait de jeune femme, coiffée d'un cha-
peau à rubans, le visage encadré d'une voilette de gaze. Signé.
I,6o0 fr. — Louis XVIII, en buste, dans son costume fantaisiste de
général. Signé : Isabey, 1814, 510 fr.
Vente de Mad***, 1886. — Jeune femme vêtue d'un corsage rouge,
à col et revers de velours, passé sur une robe blanche, 1,010 fr. —
Très petit portrait ovale de W^ Récamier, de face, en robe blanche
décolletée, 800 fr.
Vente Adolphe Kohn, 1889. — Napoléon P'", 201 florins. — L'im-
pératrice Joséphine, 355 florins. — Lafayette, 108 florins.
Hôtel Drouot, 1889. — Portrait de Marie-Louise, miniature ovale
sur ivoire, 1,000 fr. — Uonbonnière d'écaillé, cerclée d'or décorée
du portrait de la femme d'Isabey, 2,500 fr.
Vente à Londres, 1889. — La comtesse Golloredo, miniature
signée : Isabey, 1829, 27 livres.
Jacob (Nicolas-Henri), peintre et dessinateur lithographe, né à Paris
200 LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON f '
en 178:2. Elève de David, deDupasquier et de Morgan. Sous l'Empire,
il a été dessinateur du j)rince Eugène de 1805 à 1814. Il exposa pour
la dernière fois en 1865 et fut décoré en 18l-]8. Il parait n'avoir fait
que très peu de miniatures.
Vente Jules Haas, 1884. — (Jrando miniature ovale, représentant
un dame de la cour de Napoléon l''" en grand costume. Signé : Jacob,
^80 fr.
Jacques, né en 1789, mort en 1844. Miniaturiste de talent déjà
avantageusement connu sous Napoléon 1".
Elève de David et d'Isabey, Jacques traita largement la miniature
et s'éleva au niveau des bons maîtres en ce genre. Son dessin est
pur et sa couleur vraie. C'est sur le portrait qu'il fit du roi Le'opold
de Belgique, alors prince de Saxe-Cobourg, que la fille aînée de
Louis-Philippe décida du choix de son époux. Jacques remporta
deux médailles, l'une en 1810, l'autre en 1817. Son nom est peu
connu ; ses portraits ne paraissent presque jamais dans les ventes ;
ils sont restés dans les grandes familles pour lesquelles ils ont été faits.
« Les œuvres de ce maître, dit M. Théodore le Jeune, sont classées
sur le même rang que celles d'Isabey et de Saint, quoiqu'elles s'en
distinguent essentiellement et avec avantage. » Cette opinion n'est
pas admise par tout le monde ; un de nos amis, M. de Pommayrac,
peintre en miniature de premier ordre, nous affirmait que M'"*" de
Mirbel, Isabcy, Saint et Augustin étaient bien supérieurs à Jacques.
Nous regrettons de ne pouvoir confirmer cette opinion.
KuGLER (Louise Bourdon, dame), veuve en premières noces de
l'habile peintre en émail Weyler, son maître. Elle continua l'œuvre
interrompue de son premier mari, en exécutant les portraits d'un
grand nombre de personnages célèbres des xxif et xviii'^ siècles.
En 1811, M"'° Kugler reçut « une indemnité, pour un portrait en
émail de Sa Majesté l'empereur d'Autriche ». La somme n'est pas
indiquée. {Aixh. nat. 0-33.)
Lecourt, peintre en miniature à Versailles. De 1804 à 1819 il
exposa, à Paris, de nombreux portraits en miniature.
Lefebvre (Robert), peintre de portraits, né à Bayeux le 18 avril
1750, mort à Paris le 3 octobre 1830. Il a exposé depuis 1791 jusqu'en
18:27. Il eut l'honneur d'être admis à faire les portraits de l'Empereur,
d'une partie de la famille impériale, du pape Pie VII, pendant son
séjour à Paris et d'une foule de notabilités. Il peignait surtout à
l'huile, mais il n'a pas dédaigné le genre de la miniature ; nous
LES PEINTRES EN MINIATURE 201
voyons qu'il a exécuté de celte manière plusieurs portraits de Napo-
le'on, pour orner de riches tabatières.
Ciiacun de ses petits portraits lui était payé GOO fr., ce qui indique
un véritable talent de miniaturiste.
Dans un mémoire de Nitot et fils, daté du 5 mai i815, nous remar-
quons la mention de trois tabatières émaillées, enrichies d'un cercle
en brillants et du portrait de l'Empereur, peint par Robert Lefebvre^
cotées ensemble 29,987 fr. {Arch. mit. 0-^3.)
Sur une autre facture, du 43 juin 1815, nous retrouvons de Robert
Lefebvre un portrait de Napoléon dans un cercle de 38 brillants, sur
une tabatière d'or, cmaillée, du prix de 5,699 fr., y compris les 600 fr.
du portrait. [Arch. nat. 0-33.)
Leguay (Charles-Etienne), né à Sèvres en 1762. Peintre en minia-
ture sur ivoire et porcelaine. Elève de l'école de Sèvres, puis de l'aca-
démie de Paris. Il a beaucoup exposé depuis 1795 jusqu'en 1819.
Pendant la Révolution, Leguay travailla dans la manufacture de
porcelaine de Dihl, dite du duc d'Angoulême, et fut le chef des
travaux d'art. Il décora de jolies pièces qui parurent aux Salons de
l'an VI à l'an XII.
Entré à Sèvres, sous l'Empire, il s'y fit remarquer par des ouvrages
admirables au nombre desquels nous citerons les suivants : une table
offrant l'histoire de Psyché, d'après Raphaël ; elle fut offerte au roi
d'Espagne. — Un vase, pour Louis XVIII, figurant Diane au retour de
la chasse. — Un déjeuner représentant, sur les tasses et le plateau, les
Peines et les Plaisirs de Vamour, avec 54 figures, enfin un superbe
vase de six pieds de circonférence dont les sujets : Diane triomphante,
ne comptait pas moins de 33 figures de 11 pouces de haut. Ce vase,
auquel Ch. Leguay consacra trois années, était estimé 50,000 fr. A
l'époque de son sacre, Charles X en fit présent au duc de Northum-
berland.
Les Lettres impartiales^ sur le salon de 1804, consacrent à notre
artiste ces quelques mots flatteurs : « Voyez ce portrait de M. Leguay,
en grande miniature, il est charmant pour le faire ; il est d'une res-
semblance étonnante. »
Vente La Béraudière, 1885. — W" Jaquotot en robe blanche, la tète
recouverte d'une voilette de gaze ; elle est occupée à feuilleter un
carton de dessins posé sur un chaise. Cadre en bois noir, à feuillure en
bronze cisé et doré, à palmettes, 485 fr,
Lemain (Antoine), reçu à l'Académie en 1648, en même temps que
•202 LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON l*"''
ses deux frères Louis et Mathieu. Antoine était l'aîné, « il excellait
pour les miniatures et les portraits en raccourci ».
jMore.\u (Louis-Gabriel), né à Paris en 1740, mort dans cette ville,
en 1806. Elève de Demachy, puis membre de l'Académie de Saint-Luc
et peintre du comte d'Artois. Son œuvre comprend le paysage à
l'huile, à la gouache, à l'aquarelle et en miniature. Son morceau de
réception à l'Académie est un Paysage avec architecture qu'il exposa
en 176i.
A partir de 1791, Louis Moreau prit une part active aux diverses
expositions de Paris. Au Salon de 1804, il est représenté par les paj'-
sages suivants : Vue prise dans le parc de Saint-Cloud ; — Ruines
du monastère de Montmartre ; — Vue de la maison indienne
de Petit-Bourg ; — Vue de Paris, prise de Ventrée des Champs-Ely-
sées.
Louis Moreau, ou Moreau aîné, bien que ne faisant pas partie de
l'Académie de peinture comme son frère, Moreau le jeune, n'était
cependant pas le premier venu. Recommandé par son propre talent
et protégé par le comte d'Artois, dont il était le peintre attitré, il
s'était fait de belles relations.
Au commencement de 1784, il fut chargé par le comte de Vergen-
nes, ministre des Affaires étrangères, d'aller prendre diverses vues de
Châteauneuf, pour les réduire en miniature, de manière à être mon-
tées sur une tabatière.
Châteauneuf, sur la Loire, près de Chanteloup, appartenait au duc
de Penthièvre.
Cette tabatière confiée à Solle, « joaillier des Affaires étrangères »,
dit une note, doit cire d'or émaillé, en carré long, sans diamants, ni
autres ornements que les miniatures, par Louis Moreau.
Le 18 juin, l'artiste, ayant achevé son travail, écrivait au secré-
taire du ministre : « IMonsieur, j'ai remis à M. Solle, mardi soir, les
tableaux représentant les vues de Châteauneuf, la boîte doit être
terminée samedi et nous nous proposons d'aller ensemble, dimanche
prochain, la remettre au ministre. J'ai l'honneur d'être. Monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur. — L. Moreau. »
Le prix demandé n'était pas excessif. Pour la peinture des deux
grands dessins et des quatre côtés, 600 fr. ; et loO fr. pour le voyage
à Châteauneuf.
La lettre suivante, adressée du ministère des Affaires étrangères à
Louis Moreau, le 31 décembre 1783, mérite d'être citée ; elle faithon-
LES PEINTRES EX MINIATURE 203
neur à l'habile paysagiste, dont les travaux avaient su intéresser
M. de Yergennes : « Il m'a été rendu compte, Monsieur, du projet
que vous avez formé de profiter d'un voyage en Touraine pour dessi-
ner des vues de quelques endroits de celte province et d'élever des plans
relatifs à votre art. Je ne puis. Monsieur, qu'applaudir à votre projet ;
j'y contribuerais moi-même bien volontiers, si mon concours vous était
nécessaire.
« Vous n'avez besoin ni de permission, ni de passeport pour voya-
ger dans l'intérieur du royaume. Je compte qu'à votre retour, vous
voudrez bien me communiquer votre travail. » [Affaires étrangères.
Comptabilité, 1783 à 1830. Présents. Pierreries.)
MuNERET, un des meilleurs élèves d'Isabey. De 1804- à 1814, il a
exposé un assez grand nombre de portraits en miniature parmi les-
quels nous citerons les personnages suivants : l'auteur ; Chenard, de
l'Opéra ; de Cavandon et sa femme, du même théâtre ; la belle-sœur
de l'auteur, les peintres Corbetet Watelet, le général Jomini, la com-
tesse de Nesselrode, etc.
Ouvrons le Journal de rEnipire, 1"'" nov. 1806. « 3IM. Augustin,
Sicardi, Muneret, plus anciennement connus par des succès dans la
miniature, ont aussi exposé de leurs ouvrages. »
9 février 1813. — « Quelques artistes ont déjà retiré leurs ouvrages :
de ce nombre sont M"^ Thibault, élève très habile de M. Saint, et M. Mu-
neret, l'un de nos bons peintres en miniature. De trois portraits pour
lesquels cet artiste est porté au livret, celui de M. Talma, en habit de
théâtre, est le seul que j'eusse remarqué les premiers jours de l'exposi-
tion : c'était une miniature de grande dimension, ressemblante et bien
exécutée. »
Vejite Laperlier, 1867. — M"^*^ Boulanger, de l'Opéra-Comique, par
Muneret, 50 fr.
MussoN. — Nous avons parlé assez longuement de ce miniaturiste dans
notre Livide des collectionneurs. Artiste de talent, il travailla pour les
présents diplomatiques et pour la famille royale sous Louis XVI, et
cependant, il est moins connu comme peintre que par sa verve déso-
pilante. La duchesse d'Abrantès le cite dans ses Mémoires comme un
des plus fameux mystificateurs du temps de l'Empire.
Suivant le Dictionnaire d' anecdotes de Ghérard, Musson eut une
fin tragique précédée de noirs pressentiments. Depuis quelque temps
il était triste, parlant de sa mort prochaine. Un matin, un de ses amis
vient le voir et le trouve abattu. « Ah ! mon ami, lui dit Musson, je
'J0 5 LES FOrnNISSEURS DE NAPOLl'-.OX F
viens de faire un ivvc a(rreu\..r;u rêvé qu'étant occupé àtravaillcrdans
mon atelier, j'enlenilais frapper à ma porte. — Entrez, m'écriai-je. Une
femme, vêtue de noir, couverte d'un long voile, se présente devant
moi et me prie de vouloir bien faire son portrait. — A vos ordres, ma-
dame, lui dis-je en m'inclinant. — Je vous remercie, monsieur; je suis
très pressée et je voudrais commencer de suite. — Soit. Veuillez prendre
place dans ce fauteuil, mais avant, il faudrait ôter votre voile. Elle ûte
son voile, mon ann', et que vois-je ? une horrible tète de mort, dont
les yeux, semblables à des trous, flamboyants, me regardent en face et
dont la bouche édentée me crie, comme un sifflement : — Ah ! ah !
ah! comment la trouvez-vous, celle-là, monsieur le mystificateur?
Elle est bien bonne, n'est-ce pas? »
Après ce récit, Musson, malgré les afl'ectueuses paroles de son
ami, restait triste, et répétait que sa fin était proche. Le soir, il
dînait en ville chez M'"'' Ilainguerlot, rue du Mont-Blanc. En sortant,
vers onze heures, le temps était sombre, la rue mal éclairée; absorbé
dans ses idées, il ne vit pas une voiture de maître qui s'avançait rapi-
dement vers lui, il tomba après que le limon lui eut défoncé la poi-
trine.
Ainsi finit l'homme, peut-être le plus gai de son temps, qui pen-
dant de longues années provoqua des explosions de fous rires et dont
les Tablettes de Renommée disaient dès 1791 : « Cet artiste a fait
plusieurs portraits, à la cour, pour la famille royale et a eu l'art
de Tamuser souvent par son caractère naïf et facétieux. »
NiTOT, miniaturiste de talent, dont le nom nous est révélé aux Ar-
chives nationales. Il a travaillé pour le Service des présents de l'Em-
pereur. En 1808, il livre deux petits portraits de Napoléon qui lui sont
payés 1,200 fr. les deux. C'est le prix accordé à Aubry, à Augustin, à
Isabey, à Muneret, à Quaglia, à Saint, etc.
Ces miniatures, enrichies d'un cercle de brillants, sont destinées à
surmonter de riches tabatières d'or, ciselées, émaillées, faites parles
joailliers 3Iarguerite et Nitot et fils. [Arch. nat. O-oO.)
Parant (Louis-Bertin), né à Mer (Indre) en 1768, mort en 18ol.
Peintre de genre, d'histoire et de portraits sur ivoire, sur pierre, sur
porcelaine et à l'huile. La plupart de ses sujets et de ses petits por-
traits sont petits en grisaille, en camée, imitant l'agate-onyx, la sar-
doine, le jaspe vert.
L'auteur des Lettres imjjartiales sur les exj)ositions de Van XIII
(1804) écrivait : « N'oublions pas, madame, ces charmantes imitations
LES PEINTRES E\ MINIATURE 205
de pierres précieuses de M. Parent. Il est impossible de faire mieux ;
il faut savoir que cela est peint. »
Ve)ite Lafaulotfe, 1886. — Portrait de l'impératrice Joséphine, de
profd à gauche, peint à l'imitation d'un camée. (II. 0,023 ; L. 0,017.)
Signé : Parant, 200 fr.
Pécqeux (Gajetan), peintre en miniature qui florissait sous Napo-
léon P'" et sur lequel on manque de renseignements, ce qui ferait croire
qu'il avait peu de talent.
Périn (Louis-Lié), habile miniaturiste né à Reims en 1753, mort en
1817. Ses œuvres sont fort estimées.
Hôtel Droiiot, 1878. — Jeune femme le sein découvert, la tète
coiffée d'un foulard. Cadre d"or, à points d'émail blanc, 700 fr.
Vente Sapia, 1883. — M"" de Cossé, assise dans un parc, tenant un
livre à la main. Attribué à Périn, 1,150 fr.
Vente Maze-Sencier,\^%'o. — Tabatière en poudre d'écaillé jaspée,
galonnée de cercles en or de couleur, ciselés. Sur le couvercle, un
ravissant portrait de femme, par Périn, 1,000 fr.
Petit (Louis-Marie), né à Fontainebleau en 1784, graveur, peintre
de divers genres. De 1814 à 1839, il a exposé, à Paris, des tableaux
de genre, des aquarelles et des portraits en miniature.
PicuoREL (M"*^ Eugénie) florissait à Paris, sous Napoléon P"". Elle
exposa diverses miniatures aux Salons de 1808 , 1810 et 1812. Cette
artiste n'était pas sans mérite, si nous enjugeons d'après l'appréciation
du Jounialde l'Emjiire (1808) : « Le moins agréable des portraits de
M"'' Pichorel n'est point assurément celui qu'elle a fait d'elle-même
sous le n"^ 473 ; mais tous sont la preuve d'un talent distingué. »
Point, élève de Vincent. Il a présenté aux Salons de Paris, de
179G à 1806, plusieurs cadres renfermant des portraits en miniatures,
entre autres, le portrait de Montgolfier (1804).
QuAGLiA (Ferdinand), artiste de talent, dont les œuvres devraient
être plus répandues, l'artiste ayant vécu soixante-treize ans.
La duchesse d'Abrantès avait pour Quaglia une admiration sans
bornes. Dans ses Mémoires, elle raconte qu'en 1812, elle fit faire le
portrait de son fils, âgé de trois ans, en uniforme de lancier polonais.
« Je m'adressai, dit-elle, à Quaglia, l'homme qui, selon moi, a le
mieux peint la miniature. Celle qu'il fit de mon fils est une des plus
belles choses en ce genre que l'on puisse voir au monde ; elle était pour
son père et lui fut portée en Russie. »
La duchesse ajoute en note : « J'excepte Isabey, parce que son genre
l'OG LES FOIRNISSEURS Dli NAPOLKOX T'"
or-l li»uL iuilre cl lellcmcnt spécial que personne ne l'a encore imilù
lui-même. » (XIV, 374.)
C'est là une opinion toute personnelle el (jui ferait croire que la
duchesse d'Abranlès ne connaissait pas les plus habiles peintres en
miniature de son temps. Il y avait alors Aubry, Augustin, Saint,
Dumonl, (Gilbert, Guérin, Soiron père et Robert Lefebvre, qui parta-
geaient avec Isabcy l'honneur de faire des portraits de Napoléon I'-"",
pour être montés sur de riches tabatières, serties de brillants, par les
bijoutiers ÎNitot el (ils.
Quaglia, protégé par Joséphine, obtint de faire quelques répétitions
du portrait de l'Empereur, mais sa réputation n'a pas égalé celle des
peintres dont nous venons de citer les noms.
Quaglia est enterré à Montmartre, 9" division ; sa tombe porte cette
inscription :
« Ici repose Paul-Ferdinand-Louis Quaglia, artiste peintre ; atta-
ché à Sa Majesté Tlmpératrice Joséphine, pensionnaire du Roi de
Suède, et Norvège, né à Plaisance (duché de Parme, Italie), le 13 oc-
tobre 1788. Mort à Paris, le 3 février 1853. Ave Maria. L'Espérance
du juste est pleine d'Immortalité. »
Saint (Daniel), artiste hors ligne, a traité la miniature de main de
maître. C'est un charmeur, dans ses petits portraits fort bien dessinés,
et peints d'une brillante couleur.
Le Journal de VEmjnre du 1^'' novembre 1806 parle de ce maître
en ces termes : « La miniature délaissée (momentanément) par
M. Isabey, a trouvé un nouvel appui dans M. Saint. Le cadre exposé
par cet artiste, n° 462, contient six portraits de femmes et d'hommes
de différents âges ; tous sont remarquables par la franchise du carac-
tère.
« Le dessin de M. Saint n'est pas aussi sûrement arrêté, aussi histo-
rique, s'il est permis d'employer ce grand mot en parlant de si petites
choses, que celui de M. Isabey ; mais sa couleur est plus suave ; sa
touche, moins posée que celle de la plupart des autres peintres en
miniature, est plus pittoresque et [ses figures ont dans leurs petites
dimensions une grâce et une élégance que l'on finira peut-être par
regarder comme le caractère particulier de l'école de Regnault. »
Au Salon de 181:2, Saint exposa plusieurs portraits parmi lesquels
furent très remarqués le portrait du ministre de l'Intérieur et celui
d'un géographe ; « ce dernier esta peu près en pied de la plus grande
dimension que comporte la miniature et d'une très belle exécution ».
LES PEINTRES EN MINIATURE 207
L'auteur de cet article si justement louangeur élève Saint au niveau
d'Isabey.
Saint est du nombre des artistes privilégiés qui ont été appelés
à faire le portrait de l'Empereur pour orner les tabatières et les
bijoux qu'il offrait si libéralement.
Saint travaillait encore pour l'Empereur en 1815. Sur un mémoire
de Nitot et fils, où sont décrites de riches tabatières livrées pour le
Service des présents, nous relevons une boîte d'or, ovale, émaillée,
surmontée du portrait de l'Empereur dans un cercle de 28 brillants.
Elle est cotée 6,131) fr., y compris le portrait payé à Saint, 600 fr.
(Arch. nat. 0^ 33.)
Hôtel Drouot, 188o. — Portrait d'un général en costume du premier
Empire. Signé : Saint, 5i0 fr.
Vente Lévy-Crémieux, 1886. — Portrait de l'impératrice Joséphine
vêtue de blanc, couronnée d'un diadème de perles. (H. 0,036. L, 0,026.)
La miniature signée : Saint, est montée sur une boite d'or, guilloché),
gravé et ciselé, 2,500 fr.
Vente Maillard de Valenciennes, 1888. — M"" Mars, dans un de ses
rôles, 300 fr.
Vente Adolphe Kohn, 1889. — L'impératrice Joséphine, 405
florins.
Vente de Lancey, 1889. — Portrait de femme, grande miniature
carrée par Saint, 1,480 fr. (Elle avait fait 2,400 fr.à la vente Allègre,
en 1872.)
(Voir le Lwre des collectionneurs, p. 556.)
Sauvage (Piat-Joseph), peintre de grisailles, à l'huile et en miniature,
né à Tournay (Belgique), en 1747, mort dans la même ville en 1818.
Son père était vitrier ; l'honnête artisan, ayant reconnu chez son fils
des dispositions pour la peinture, l'envoya étudier à Anvers sous
l'habile direction de Geeraerts.
Dans la suite, Piat-Joseph vint s'établir à Paris, où il se fit avan-
tageusement connaître. L'Académie de peinture le reçut en 1783.
Dès 1776, à la suite d'une exposition à l'académie de Saint-Luc, VAlma-
nach historique disait : « M. Sauvage mérite les éloges des curieux
pour deux raisons : la première, c'est qu'il paraît avoir bien étudié la
Fable, l'Allégorie et leur application ; la seconde, c'est la manière avec
laquelle il a l'adresse de tromper nos yeux et nous rendre sur la toile
de beaux bas-reliefs de marbre. Son tableau de Germanicus mourant
a été très applaudi et méritait de l'être. »
•208 LES FOURNISSEURS DE XAPOLfiON l'^'"
Kii 1808, il rdourna dans sa ville natale pour y diriger les écoles
académiques, mais, au bout de quelques aimées, il eut le chagrin de
se voir préférer un rival indigne de lui.
Sauvage a souvent exposé au Louvre, depuis l'année 1781. Il exé-
cutait les sujets à trompe-l'œil avec une vérité surprenante. En 1783,
le Mercure de France s'exprime ainsi: « Les tableaux de M. Sauvage
sont des enchantements par l'illusion et la vérité trompeuse qu'il met
dans son imitation de la nature morte, des bas-reliefs et de tout ce
que son pinceau réalise. » Ces observations ont trait à la peinture à
l'huile.
En miniature, il a fait une foule de portraits et de petits sujets,
soit en camées, soit surtout en grisailles, qui ont établi sa réputation
en ce genre ; c'est à ce point que toutes les grisailles non signées,
sont attribuées à Sauvage, comme on attribue tous les camées h
Degault.
Sauvage a peint aussi des bas-reliefs sur porcelaine, pour une fabri-
que célèbre connue dans le principe sous le nom de Manufacture du
duc d' Angouléme et longtemps dirigée por Guérhard de Dihl.
SÉGUix, peintre en émail, demeurait à Paris, rue Saint-Victor,
n'^ 78.
Au Salon de 1803, il exposa « un cadre contenant plusieurs
émaux ».
SiEURAG (François-Joseph-Juste), né à Cadix (Espagne) de parents
français, en 1801, mort à Sorrèze, près de Toulouse vers 183:2. Elève
de l'Académie de Toulouse et d'Augustin.
De 1801 à 1830, il exposa à divers salons de Paris bon nombre
ile portraits en miniature, parmi lesquels nous citerons les sui-
vants :
Salon de 181:2 : S.A.I. Madame Letitia, Bonaparte, mère de l'Em-
pereur. — Salon de 18:27 : Sir Thomas Mooreet Washington Irving. —
Salon du Luxembourg 1830 : Walter Scott, lord Byron, la duchesse de
Berry, etc..
Vente Adolphe Kohn, 1880. — Marie-Letilia Bonaparte, mère de
l'Empereur, par Sieurac, 110 florins.
SiLVY (M"'"), née à Paris, élève d'Augustin. Elle a exposé deux por-
traits au Salon de l'an X.
SiNGRY, mort en 1824, élève d'Isabey. Parmi les portraits qu'il a
exposés au Louvre, nous citerons les suivants : l'auteur, 1806. Le
portrait en pied de M""-' Alexandrine Saint-Aubin, dans le deuxième
LES PEINTRES EN MINIATURE 209
acte de Cendrillon, 1810. — Michelot, des Français, 1817. — Henry
Berthoud, 18-24.
SoiRON (Jean-François), habile peintre en émail, qui a travaillé
pour le service des présents. "
Le P"" mars 1811, notre artiste réclame 600 fr. pour un portrait en
émail de l'Empereur, puis il signe : « Jean-François Soiron, dit père,
peintre en émail rue de Bondy, 48. » [Arch. nat. 0-34.)
Un des beaux émaux de Soiron appartient à M'"'^ Charles Lenormant
et représente le portrait de M'"^ Récamier, sa tante. Elle porte un voile
de dentelle sur la tête et un chàle jaune, drapé sur l'épaule droite.
Les yeux sont baissés. Ce ravissant portrait est signé: Soiron père.
Strasbeaux, élève de Regnault. De 1801 à 1824, il a exposé à divers
Salons de Paris de nombreux portraits en miniature.
SwEBACH, dit Fontaine, né à Metz en 1769, mort à Paris le 10 dé-
cembre 1823. Peintre de batailles et de genre. Il a fait beaucoup de
petits fixés, où le cheval joue le principal rôle.
Sous le premier Empire, il entra, comme premier peintre, à la ma-
nufacture de Sèvres. Appelé en Russie en 181o, il y dirigea la manu-
facture impériale de porcelaine de Saint-Pétersbourg. Au bout de
cinq années, il revint en France, rapportant des dessins et des croquis,
dont il composa de nombreux tableaux, qui établirent sa réputa-
tion.
TuiBAULT (M"'' Aimée), née vers le milieu du règne de Louis XYI,
morte à Paris en 1868. Elève de Saint et deLeguay. Cette habile artiste
a exposé de 1804 à 1817, divers portraits, entre autres ceux de
M™° Giacomelli, de la marquise Délia de JVIayo, le portrait en pied
du roi de Rome, peint d'après nature, grande miniature. Les portraits
de Ferdinand VII et de Marie-Isabelle, reine d'Espagne, miniatures
gravées par Dieu en 1817 ; l'encadrement de ces deux portraits, dit
M. Louis Auvray, a été composé et dessiné par Percier. {Dictionnaire
général des artistes de l'école française. Paris, Renouard, 188o.)
Le Journal de V Empire écrivait à propos du salon de 1808 :
« Plusieurs dames cultivent aussi avec succès ce genre de peinture
(la miniature). Aucune ne fait mieux, ce me semble, que M"*^ Thibault.
Ses ouvrages dans le cadre n° o77 sont peints et coloriés à la manière
de l'école d'isabey et singulièrement remarquables par la perfection
des détails de l'ajustement. Je cite à l'appui de cette remarque le por-
trait d'un officier supérieur vêtu de son uniforme chargé de dorure. »
TmBOusT (Jean-Pierre), né à Paris en 1763. Elève de Durameau et
14
210 LES rOURNISSlXRS DE NAPOLÉON l"
de Lcyuay. l'ciulre en niiuialure el sur porcelaine. Ses ouvrages ont
ligure aux Salons de Paris depuis 1793 jusqu'en 1819.
En 1808, le Journal de VEmpire accorde quelques éloges à
Thiboust qu'il met sur le même rang que Berny et Bertrand et qu'il
place immédiatement après Isabey, Saint, Augustin et Aubry.
Au nombre des miniatures exécutées par ce maître, nous citerons
les portraits des peintres Fournier, Barraband et Dabos ; le portrait
de l'auteur ; l'auteur faisant le portrait de sa mère ; un tableau de
famille ; le portrait de M. Persius, chef d'orchestre de la musique de
l'Empereur.
Van Daèil, très habile peintre de fleurs et de fruits à l'huile et en
miniature. 11 a souvent exposé, depuis l'an IX jusqu'en 1883. Ses
tableaux étaient toujours très admirés.
Van Daël a été enterré au cimetière du Père-Lachaise, ll*^ division.
On lit sur sa tombe : Ci-gît Jean-François Van Daël, peintre de fleurs,
né à Anvers le Ti mai 1784, mort à Paris, le 20 mars 1840.
« Si lu viens au printemps, dans ce lieu de douleurs,
Ami des arts, ta dois le tribut d'une rose
A ce tombeau modeste, où pour jamais repose
La cendre de Van Daël noire peintre de fleurs. »
Van Spaendonck (Gérard), (1746-182ïJ). — Fleurs et fruits à l'huile et
en miniature. Grand talent.
Membre de l'ancienne Académie en 1781, puis de l'Institut en
1795. A cette époque, il était professeur d'iconographie au Jardin des
Plantes, place qu'il conserva jusqu'à sa mort.
Tablettes de Renommée... — Paris, 1791 : Van Spaendonck, peintre
et dessinateur du roi pour les objets d'histoire naturelle et de bota-
nique. Cet artiste célèbre a le sublime talent de rendre la nature d'une
manière inimitable. Il a produit au Salon une infinité de tableaux de
fleurs et de fruits dont la touche précieuse et la vivacité des couleurs
ne le cèdent en rien aux tableaux si recherchés de Vanhuyseim.
Vente Charles Van Loo de Gand,\^'è\. — Bonbonnière d'écaillé
brune, ronde, ornée d'une miniature sur ivoire et provenant de la
reine Marie-Antoinette, 7,400 fr.
Vente Marquise de Turgot, 1887. — Boîte d'écaillé ronde, ornée de
deux miniatures cerclées d'or : la Madeleine en prière et une corbeille
de fleurs avec des fruits sur une table, par Corneille Van Spaendonck,
G60 fr.
LES PEINTRES EN MINIATURE 211
Vente Maze-Sencier, 1886. — Tabatière en vernis Martin à raies
tricolores, cerclée d'or ciselé à jour et enrichie de deux belles minia-
tures. Celle du couvercle offre un vase posé sur une table, remplie
de fleurs et près duquel se trouve un nid renfermant quatre œufs.
Signé sur l'épaisseur de la table : C. Van Spaendongk. La miniature
qui remplit le dessous de la boîte représente des fleurs et des fruits,
1,180 fr.
Hôtel Drouot, 1887. — Tabatière d'écaillé, ornée sur le couvercle
d'une miniature g.ouachée, par Van Spaëndonck. A^ase de fleurs,
630 fr.
Hôtel Drouot, 1888. — Tabatière d'écaillé, sur le couvercle, dans
un cercle d'or, une miniature signée : G. Van Spaëndonck, représen-
tant un vase de fleurs, 830 fr.
Hôtel Drouot, 1889. — Boîte d'écaillé doublée d'or. Sur le cou-
vercle, une guirlande de fleurs, 39o fr.
CHAriTlŒ II
VIVANT DENON
Au nombre des artistes en vogue à l'époque du premier Empire,
nous ne saurions oublier le baron Dominique-Vivant Denon. Des-
sinateur, graveur et archéologue, Denon s'attacha à Bonaparte qu'il
suivit en Egypte et qu!il accompagna plus tard dans ses campagnes
'Autriche, d'Espagne et de Pologne.
L'en-tête de lettres de Denon mérite d'être cité. Le voici :
« Le chevalier Denon, officier de la Légion d'honneur, chevalier des
Ordres de Sainte-Anne de Russie et de la couronne de Bavière, membre
de l'Institut, directeur général du Musée Napoléon, de la monnaie, des
médailles, etc. »
Il aurait pu ajouter, comme certains nobles d'autrefois, après
l'énoncé d'une kyrielle de titres : « Excusez du peu. »
Quand le Pape fut interné à Fontainebleau, l'Empereur lui envoya
Denon, dont le caractère aimable et la conversation nourrie furent
bien vite appréciés. Le Pape ne tarda pas à l'aimer ; en lui parlant, il
le tutoyait et l'appelait mon fils.
Un jour, il lui dit: « Mais, mon fds, tu as fait un bel ouvrage sur
l'Egypte ; apporte-le-moi, je veux le lire. » Denon ne se hâtait pas
d'apporter son livre qui avait été mis à l'index et l'auteur excom-
munié. Cependant, pressé de nouveau, il dut s'exécuter.
Le lendemain Pie VII adressa à Denon ses félicitations : « C'est très
beau, mon fds... ton ouvrage m'a vivement intéressé. » Denon après
avoir remercié ajouta doucement : « Et cependant. Sa Sainteté a mis
mon livre à l'index et m'a excommunié. » — « Comment ! je t'ai
excommunié ; mon fds ! ma foi, je ne m'en doutais pas. »
VIVANT DENON 2i:{
Quelques années auparavant le même ouvrage avait valu à Denoii
un compliment bizarre.
Le prince de Talleyrand, devant recevoir à dîner le directeur
général du Musée Napoléon, avait prié la princesse, sa femme, de
prendre dans le rayon qu'il lui désigna, de sa bibliothèque, l'ouvrage
de Denon pour le parcourir et l'en complimenter le soir.
La princesse, on le sait, était dépourvue d'intelligence; elle com-
mença par se tromper de volume, puis le soir venu, s'adressant à
Denon : « Vous avez fait un voyage bien extraordinaire, monsieur,
lui dit-elle. » Denon s'inclina et attendit un instant pour répondre.
« Mais vous avez dû bien vous ennuyer... jusqu'à l'arrivée du fidèle
Vendredi... » La princesse avait lu le Robinson Crusoé de Daniel de
Foë.
CIIAPITHE HT
LA CERAMiaUE
L'Empire ne fut pas pour la céramique une époque de prospérité.
Quand Napoléon arriva au pouvoir, les fabriques de faïence et de por-
celaine étaient déjà aux abois, les unes fermées, les autres sur le
point de tomber faute de commandes et aussi de prix rémunérateurs.
Dès 1786, le traité de commerce avec l'Angleterre porta un coup
terrible à nos faïenceries françaises qui ne purent lutter contre la
nouveauté et l'extrême bon marché des produits anglais. Quelques
années plus tard, la Révolution réduisait à néant nos industries de
luxe. De nombreuses fabriques, rivalisant presque avec Sèvres, long-
temps soutenues par de puissants protecteurs, se virent, tout à coup,
mortellement frappées.
En 1791, Glot, 7naire de Sceaux et propriétaire de la manufac-
ture de porcelaine et faïence dudil lieu, adresse une pétition à
l'Assemblée nationale dans le but de se plaindre « de l'immensité des
maux occasionnés par le traité de commerce avec l'Angleterre...
traité si destructeur du commerce français. »
A cette adresse était joint un Etat des manufactures de faïence
et de porcelaine établies dans le royaume, non comjiris les
poteries de terre.
Parmi ces fabriques, au nombre de IG^J, nous citerons celles de
Paris, Sceaux, Bourg-la-Reine, Chantilly, 'Melun, Montereau,
Rouen, le Havre, Nevers, Marseille, Lyon, Roanne, Tours, Saint-
Omer, Lille, Valenciennes, Douay, Dijon, Mâcon, Orléans, Apray
(sic), Grenoble, Montpellier, Mousliers, Varages, Nismes, Bordeaux,
LA CÉRAMIQUE - 215
Toulouse, Rennes, Nantes, Quimper, Angouléme, La Rochelle,
Saint-Cenis (sic), Lunéville, Saint-Clément, Toiil, Yaucouleurs,
Nidreville, Ilagueneau, Montauban, etc.
Environ soixante-dix établissements, de moindre importance, n'a-
vaient pu signer la pétition, mais se trouvaient dans le même état.
{Archiïjes de la préfecture de la Nièvre.)
II
Sous le Consulat, lorsque le calme commence à renaître, l'industrie
céramique cherche à se relever; elle supplie qu'on lui vienne en aide
et fait entendre partout ses doléances.
Au mois de novembre 1802, le Premier Consul vint à Rouen
où l'on avait organisé une grande exposition industrielle ; elle eut
lieu dans le bâtiment de la Bourse, dit des Consuls, et la faïence de
Rouen y occupa une place importante. On y remarquait d'abord huit
vases provenant de la manufacture des héritiers Yavasseur ; divers
vases de faïence bronzée fabriqués chez M. de la Mettairie ; des bis-
cuits de faïence, de chez Bedeau, rue Martainville, décorés avec goût,
pouvant servir aux usages domestiques.
Guibert, faïencier à Forges-les-Eaux, avait exposé des ustensiles de
cuisine et une caisse pour recevoir un arbuste ou des fleurs. Mais cette
visite, observe M. André Pottier, ne remédia pas aux souffrances de
l'industrie qui resta frappée d'un coup fatal. {Histoire de la faïence
de Rouen, p. 349.)
Dans sa séance du 6 janvier 1797, le conseil général de la commune
de Nevers, constatait que sur douze manufactures de faïence, six
avaient suspendu leurs travaux, les avaient réduits de moitié. (Du
Broc de Segange. La faïence, les faïenciers et les émailleurs de
Nevers, p. 215.)
Quel était le décor des faïences françaises sous Napoléon P""? Chose
curieuse, on est moins bien renseigné sur les produits de cette
récente époque, que sur ceux des siècles précédents.
« Autant sont fréquentes les faïences relatives aux événements de
la période révolutionnaire, dit M. Gustave Gouellain, autant sont
rares celles qui rappellent les hommes et les choses du Directoire, du
Consulat et de l'Empire. » {Note sur une faïence avec portrait du
général Bonaparte.)
•2lfi LES FOLRMSSEIRS DE NAPOLÉON l*^''
III
Dos le commencement de l'Empire, l'aigle remplace partout les
derniers emblèmes de la Révolution. On voit aussi se répandre le
goût des assiettes chargées, sur le marly, d'attributs militaires. Toute
une variété de costumes, d'uniformes, de dolmans, de bonnets à poil,
de shakos, de casques, de sabres, de canons, de cuirasses, imprimés
ou peints, couvrirent le bord des assiettes de service-
Mais le plus souvent, les fabriques du Nord et du Midi, de l'Est et
de l'Ouest, reproduisent sur la faïence, sur la terre de pipe et sur la
porcelaine, l'aigle symbolique dont les serres reposent sur la foudre.
« L'aigle dont les serres reposent sur la foudre apparaît seul, sans
légende, écrit M. Champfleury. Le profd napoléonien n'apparaît pas
au début sous l'émail de la faïence populaire. Plus tard, seulement
après le martyre de Sainte-Hélène, la figure du héros sera popula-
risée par l'imagerie et la poterie au fond des chaumières.
« Napoléon devient alors une machine d'opposition. Son nom sans
cesse est mis en regard de la Restauration. Alors les presses d'Epinal
suffisent à peine à imprimer portraits et conquêtes de l'homme qui
préoccupe poètes, peuples et gouvernants.
« Au fond de chaque chaumière, chaque soldat veut se réveiller en
face du portrait de son Empereur.
« La légende traverse quatre règnes, puisant de nouveaux rayon-
nements dans chaque gouvernement renversé et aboutissant au règne
<ie Napoléon III.
« Plus l'art est grossier, plus il devient enthousiaste ; chansons,
•complaintes, vaudevilles, gravures crûment enluminées, grossières
poteries, forment une monographie la plus considérable qu'on con-
naisse relative à un souverain. > {Les faïences patriotiques et la
Révolution, p. ?*S)%.)
M. A. MarescJial, dans Vlmagerie de la faïence française, donne
huit types d'assiettes de l'Empire, qui toutes se composent de l'aigle
«eul, sans le'gende. Mais il existe d'autres types. Une assiette, ofTerte
récemment au musée de Sèvres par M. Alph. Maze, figure l'aigle impé-
rial bordé de quatre abeilles posées sur le marly.
Les décorateurs céramistes ont abordé divers sujets d'actualité
■relatifs au grand Empereur. Le musée de Saint-Etienne (Loire) pos-
LA CÉRAMIQUE 217
sède un plat de Nevers, au fond duquel est représenté Napoléon P""
parlant à un lieutenant. On lit au bas :
— Dans quel régiment, sire?
— Dans ma garde.
L'Empereur s'est trompé, il a appelé le lieutenant capitaine, et
celui-ci, homme d'esprit, en a profité pour s'en faire conférer le
grade. (A. Maze. Recherches sur la céramique.)
Une faïencerie de l'Argonne, établie aux Isjettes, a figuré sur des
plats et des assiettes non seulement des aigles, mais des types variés
de militaires, le lancier, le hussard, le cuirassier, etc., et les épisodes
se rattachant à la vie de Napoléon ^^ Un de ces sujets représente
l'Empereur, vêtu de la redingote grise, en face d'un troupier qui porte
la main à son shako, avec cette légende explicative : On m'a fait
trois fois la queue pour la croix.
Voici un sujet bien connu : un jeune soldat, n'ayant jamais vu
l'Empereur, croise la baïonnette devant lui et lui dit, dans le jargon
de son pays : Je vous disons qiion ne passe pas!
Un plat représente l'épisode de l'entrevue d'Erfurt (1808) : l'em-
pereur de Russie et les souverains d'Allemagne sont groupés autour
d'une table sur laquelle ils rédigent le projet du fameux traité contre
Napoléon P"". Une porte s'ouvre et Napoléon paraît ; les souverains
coalisés, saisis de terreur, s'écrient : « Ah! mon Dieu, le voilà! »
Sur d'autres plats on voit V Entrevue de Napoléon et de François II,
d'Autriche; — la Mort du prince Louis, de Prusse; — la Prise
d'un drapeau pjrussien ; — Marie-Louise en pied, etc. Tous ces ou-
vrages sont de Dupré père et fils.
Les mêmes artistes ont peint aussi des scènes égrillardes et des
pochades militaires, dans lesquelles des voltigeurs de la garde et
d'autres jolis cœurs en congé, après les batailles d'Austerlitz ou
d'Iéna, viennent sur[)rendre leurs payses au moment où elles se dis-
posent à s'ébattre aux bords d'une source fraîche.
Dans le simple appareil
D'une beauté qu'on vient d'arracher au sommeil.
Mais ces dessins, d'un goût douteux, sont aussi d'une médiocre exé-
cution.
Les fabriques des Charentes figurèrent aussi l'Aigle symbolique.
M. Ris-Paquot, dans ses Documents inédits sur les faïences charen-
taises, nous donne le dessin d'une gourde qu'il attribue à l'atelier de
218 LES FOrnMSSEURS DE NAPOLÉON l'''"
Cognac. L'aigle peiiil m jaune, surmonté d'une couronne de lauriers,
est posé sur un médaillon dans lequel est inscrit le nom du proprié-
taire : « Denis Duvignaud, gendarme impérial. >
On fabriquait, à Roanne et à Lyon, des assiettes ornées d'attributs
militaires et oITrant parfois le portrait du Petit Caporal. En 1810,
Claude Besson peignait sur un saladier un écusson jaune, entouré
de drapeaux, lauriers et canons, avec le buste de Napoléon, la
lettre N au-dessus de la croix d'honneur et les initiales C. B. (D'' Noé-
las. Histoire des Faïences roanno-bjonnaises , Roanne, Raynal,
1883.)
Une assiette, en terre de pipe, appartenant à M. Gustave Gouellain,
décorée en bistre, provenant de l'usine de Bosc, dans le Luxembourg,
représente, au centre, un aigle couronné tenant de sa patte droite le
globe du monde au milieu duquel se trouvent les lettres E. F. {Em-
pire français).
Le marly est orné d'un fdet et d'un rang de perles.
L'aigle jaune et l'aigle rouge ont été faits à Rouen simultanément.
On y a fabriqué aussi des médaillons polychromes modelés en relief,
figurant Napoléon, Joséphine, Marie-Louise.
En dehors de l'aigle symbolique, très répandu, des épisodes mili-
taires et de quelques portraits de Napoléon, on dessinait sur les
assiettes et sur les pièces de service des scènes familières d'enfants
qu'on croirait inspirées de Proud'hon, des scènes contemporaines de
la vie privée, des réminiscences de sujets exécutés sous Louis XYI,
amours, fleurs, etc.
Malgré l'état précaire des fabriques de l'Empire, poteries opaques
et translucides, elles ont suffi pour alimenter la consommation ; mais,
en somme, elles n'ont rien produit de remarquable. Leur médiocrité
les a fait peu rechercher; œuvres sans valeur, on a négligé de les
recueillir, et cet abandon semble expliquer pourquoi il en reste
aujourd'hui si peu.
Quant aux pièces historiques ou symboliques, comme les assiettes
à l'aigle et autres, on a dû en détruire des quantités durant les pre-
mières années de la Restauration. En 1815 et pendant tout le temps
de la Terreur blanche, les cris et emblèmes séditieux étaient punis
avec la dernière rigueur.
Dans le Midi, où les passions politiques se traduisaient par des
arrestations illégales, par le vol. et l'assassinat, on était exposé, sur le
moindre soupçon, à voir sa maison envahie, livrée au pillage ; on
LA CÉRAMIQUE 219
courait même le risque d'être égorge' lorsque le mobilier semblait
vous désigner comme un ardent bonapartiste.
Les passions se calmèrent avec le temps, et à la mort de Napoléon,
le gouvernement cédant à l'opinion publique et n'ayant plus à
redouter Vusurpateur, loléra sur les vitrines des marchands les por-
traits du grand homme. « Ce furent partout et de toutes parts des
compositions en prose et en vers, des peintures, des portraits, des
tableaux, des lithographies et mille petits objets plus ou moins ingé-
nieux, constatant bien plus que ne saurait faire toute la pompe des
rois, la sincérité, l'étendue, la vivacité des sentiments qu'il laissait
après lui. » (Comte de Las Cases. Mémorial de Sainte-Hélène.)
Les faïenciers, toujours prêts à saisir l'impression du moment, ne
furent pas les derniers à suivre le mouvement des esprits. Leurs
ouvrages en cette occasion, ne sont pas d'un classement facile ; sou-
venirs de l'épopée impériale, ils sont confondus souvent avec les
types fabriqués de 1804 à 1814.
Sous la Restauration, les assiettes populaires présentent des fleurs
de lis, trois fleurs pendant le règne de Louis XVIII, une seule plus
grande, du temps de Charles X. Sous Louis-Philippe, le coq gaulois
fut souvent reproduit, mais les sujets à la gloire de Napoléon lui
firent une rude concurrence. Les procédés d'impression permirent
de reproduire à l'infini les batailles de l'Empire, les portraits de
l'Empereur et ceux de ses généraux.
A l'avènement de Napoléon 111, l'aigle reparut sur les assiettes.
IV
Maigre' les encouragements donnés par Napoléon P"" à l'industrie
française, les guerres incessantes, qui appelèrent en peu d'années
tous les Français sous les drapeaux, nuisirent à sa prospérité.
Une grande exposition industrielle eut lieu à Paris en 1806 ; ce fut
la seule du règne. Les grandes occupations du conquérant et ses
absences trop répétées, ne lui permirent pas de la renouveler, mais
elle fit connaître l'état de l'industrie au début de l'Empire et le rap-
port du jury va nous permettre de donner un peu plus d'importance
à nos renseignements.
Alluaud, de Limoges, « a envoyé (à l'exposition industrielle de 1806)
une grande quantité de porcelainesusuelleset groupes de biscuit. Cette
220 Li:S FOURNISSEURS DE NAPOLfiOX l*^''
inaniiracliirc est une des plus anciennes de France ». Mention hono-
ralde.
Bertrand, établi à Paris, rue Neuvc-Saint-Gilles, prit part à l'ex-
position universelle de 180G. 11 présenta des fleurs, en biscuit de por-
celaine, « exécutées avec beaucoup de délicatesse » qui lui valurent
une mention honorable.
BoNNKT, d'Api (Vaucluse), et M"^*^ veuve Arnoux de la même ville, ont
obtenu des mentions honorables à l'exposition de l'Industrie, de 180G.
« La poterie marbrée que ces fabricants ont envoyée à l'exposition
est d'un aspect agréable et a très bien soutenu les épreuves. » [Rapport
du jury.)
Carox et Lki'kvre, rue Amelot, ont mérité, à l'exposition indus-
trielle de 1806, une médaille d'argent de seconde classe.
« Des pièces d'une grande dimension, richement décorées et peintes
avec goût, ont donné au jury une idée très avantageuse de la manu-
facture de MM. Caron et LEFÈVRii: et de celle de M. Dagoty. »
Dagoty, obtient une médaille d'argent de seconde classe, à l'expo-
sition de 1806, pour ses belles pièces « de grande dimension, riche-
ment décorées et peintes avec goût ».
Porcelaines de la manufacture du sieur P.-L. Dagoty. pour l'ameu-
blement des palais de Compiègne et de Versailles.
En dehors des pièces ordinaires, nous citerons : Une paire de vases
à ornements étrusques, 1:20 fr. — Une paire de vases à sujets et
ornements, 19:i fr. — Une paire, forme Médicis, à ornements riches,
600 fr. — Une paire, de style égyptien, 700 fr. — Une autre paire
avec couronne en biscuit, parsemée d'abeilles, 1,1200 fr. — Un grand
vase représentant la bataille d'Austcrlitz, 1,200 fr. — Un grand vase
figurantlc combat de Lower, 1,200 fr.
Soumission du sieur P.-L. Dagoty, manufacturier de porcelaine.
Vases à ornements étrusques variés, 120 fr. ; 192 fr. et 340 fr. la
paire. — Vases, forme Médicis, à repos de chasse, en couleur, orne-
ments riches, 600 fr. — Vases dits forme égyptienne, décoration ana-
logue et sujets coloriés, 700 fr. — Vases de deux pieds, couronne de
fleurs en biscuit, relief sur fond de couleur et parsemé d'abeilles d'or,
la paire, 1,200 fr. — Grands vases de batailles, l'un la bataille d'Aus-
terlitz, l'autre, le combat de Lowes, gagné sur les Autrichiens par le
lieutenant général Deroi, commandant les Bavarois (sujets peints en
couleur), 2,400 fr. — Un grand Vase représentant le Retour de l'Em-
pereur. Les Arts et l'Abondance l'accompagnent, 2,400 fr.
LA CÉRAMIQUE 221
Dartiie frères, rue de la Roquette, obtiennent une médaille de
seconde classe, à l'exposition industrielle de 1806, pour porcelaine
usuelle, de bon goût, et bien de'corée. »
Després, rue des Récollets, à Paris, remporta, à l'exposition indus-
trielle de 1806, une médaille d'argent de seconde classe. Il a exposé
des camées en pâte de porcelaine, « parfaitement exécutés ». Ce genre
trouve son application dans la décoration des vases de porcelaine et
dans la bijouterie.
« M. Després a aussi exposé des tasses en porcelaine d'une forme
et d'une décoration élégantes. »
DiiiL ET GcÉRUARD, Tue clu Temple. — Cette fabrique a produit des
ouvrages admirables soit peints, soit modelés, qui lui valurent la
médaille d'or à l'exposition industrielle de 1806.
<t Cette fabrique, dit le rapport du jury, jouit depuis longtemps de la
première estime. M. Dihl s'est appliqué avec succès à la préparation
des couleurs, et il a soin de n'en confier l'emploi qu'àdes artistes d'un
mérite distingué. Il est un des hommes qui ont le plus contribué à
porter l'art de la porcelaine au haut degré où il est parvenu en
France.
Œ Cette fabrique avait déjà obtenu en l'an VI, la distinction de pre-
mier ordre, équivalente à la médaille d'or. » (L'usage de distribuer des
médailles n'a été établi que postérieurement à l'exposition de
l'anYI.)
Manufacture de Dihl et Guérhard. Pour l' ameublement des
palais de Compiègne et de Versailles :
Groupes en biscuit à 100 fr. ; ï>00 fr. ; 400 fr. ; 800 fr. ; l,oOO fr.
— Pendules à 400 fr. ; 800 fr. ; 1,200 fr. et 2,400 fr. ; 4,800 fr. —
Vases à fleurs ornés de peintures et dorure à 300 fr. ; 600 fr. —
D'autres à 1,200 fr. ; 2,400 fr. et 4,300 fr. Total de la commande pro-
posée : 20,780 fr.
1807. — -Soumission des sieurs Dihl et Guérhard, manufacturiers de
porcelaine.
Vases à fleurs, la pièce 1,000 fr. ; 800 fr. ; 600 fr. ; 360 fr. ; 240 fr
loO fr. ; 120 fr. et 72 fr. — Groupes en biscuit : 1,200 fr. ; 720 fr
400 fr. ; 350 fr.; 300 fr. ; 240 fr. ; 200 fr. ; loO fr.; 96 fr. ; 84 fr
72 fr. et 60 fr. - Pendules à 8o0 fr. ; 800 fr. ; 720 fr. ; jusqu'à 2o0 fr.
Les plus chères sont de 6,000 fr.
1807. — Soumission des sieurs Fabry et Olzsctneider, de Sarregue-
mines, en faïence et terre cuite.
cr
222 LES FOLRNISSEIRS Dlî NAPOLIÎON 1
N<nis y rciiifirquons do grands vases en terre étrusque ou en terre
l)ronzc à 4.') fr. {Arc/i. )iat. 0-6:28.)
Nast, rue des Amandiers. Porcelaines de toute espèce. Vases de
très grande dimension et bustes de l'Empereur et de l'Impératrice
en porcelaine.
11 obtint une médaille de première classe. Le rapport du jour dit :
« La manufacture de M. Nast se distingue par le choix et le bon goût
des formes. Le jury regarde ce mérite comme essentiel et fondamen-
tal. » (Exposition industrielle de 1806.)
Les frères Phianési, rue de l'Université, 296, obtiennent à l'Exposi-
tion industrielle de l'an IX, une médaille d'argent. Le motif en est
formulé : « Pour avoir formé, à Paris, un établissement de calco-
graphie qui doit fournir de l'occupation à beaucoup d'artistes et
assurer à la France une branche intéressante d'industrie. »
L'un de ces deux fabricants établit à Morfonlaine (Oise), en 1807,
une fabrique d'objets artistiques en terre cuite. L'Empereur les
trouva dignes d'orner les palais impériaux. Sur un « Etat des objets
en terre cuite provenant de la fabrique du sieur Piranési, à Morfon-
taine, nécessaires pour l'ameublement des palais de Gompiègne et de
Versailles », nous trouvons :
Des vases étrusques à oO fr. ; 100 fr. et 1200 fr. la paire. — Des
vases avec bas-reliefs, à 48 fr. ; 96 fr. et 192 fr. la paire. — Des
caisses à fleurs en terre, avec bas-reliefs, à 36 fr. ; 72 fr. et 144 fr. —
Des candélabres en terre cuite, ornés de bas-reliefs imitant les plus
beaux marbres et dorés, à 200 fr. ; 400 fr. et 609 fr. [Arch. nat.
0^622.)
PouYAT et RussiNGER, ruc Fontaine-Nationale, ont présenté à l'Expo-
sition industrielle de 1806 a un groupe en biscuit d'une très grande
dimension et d'une exécution difficile dont la réussite est bonne ».
Mention honorable.
WouTERS, fabricant de faïence noire, à Andenne (département de
Sambre-et-Meuse, sous l'Empire) prit part à l'Exposition industrielle
de 1806. « Sa faïence noire, par sa solidité et par la manière dont
elle soutient le passage du chaud au froid, mérite d'être honorable-
ment mentionnée. »
CHAPITRE IV
LA MANUFACTURE DE SEVRES
Napoléon fut pour la manufacture de Sèvres, un protecteur éclairé.
Il l'alimenta d'importantes commandes pour son service personnel,
pour l'embellissement des palais impériaux et pour les présents nom-
breux qu'il se plaisait à distribuer.
Des pièces de toutes sortes et notamment de magnifiques vases
d'une dimension inusitée jusqu'alors furent, par son ordre, décorés
de sujets historiques pour rappeler la gloire de son règne, pour
retracer ses hauts faits et ceux de sa vaillante armée.
Percier, architecte et dessinateur habile, après avoir longtemps
étudié à Rome l'art ancien, inspira ou donna de nombreux modèles
de vases et de pièces diverses. Ces imitations fantaisistes de l'antique,
très goûtées sous l'Empire, sont peu estimées aujourd'hui. Heureuse-
ment Percier eut pour collaborateurs des artistes distingués.
Bergeret fournit les dessins à l'aquarelle de diverses campagnes
de TEmpire : la Levée du camp de Boulogne, la Prise d'Ulm, la Prise
de Vienne, V Entrée de Vienne, la Bataille dWusterlitz, etc.
SwEBAcn fit, à l'aquarelle, la Bataille des Pyramides, en projet de
meuble. « Cette aquarelle dont l'idée appartenait à Percier, dit
M. Champfleury, fut vraisemblablement exécutée sur plaque de por-
celaine à la manufacture de Sèvres, vers 1805 ou 1806, pour l'Empe-
reur. »
Le baron Gérard fut chargé de peindre, sur deux toiles, les por-
traits de Napoléon et de Joséphine. L'Empereur porte une cravate de
dentelle blanche et le manteau rouge semé d'abeilles d'or recouvert
LES FOURNISSEURS DE NAPOLl^ON 1
er
d'iienniue. L'Impératrice est vêtue d'une robe de satin blanc décolle-
tée, à broderies d'or avec manches à bouillon garnies de dentelles.
Sur son front brille un diadème de pierres fines, et sur sa poitrine, un
collier de perles.
IsABEY donna plusieurs modèles. En 1810, il peignit à l'aquarelle :
le Dé/Hé de l'Empereur, de l'Impératricee des personnages de la
Cour dans les galeries du Louvre, le^ avril 1819, après la célébra-
tion du mariage religieux par le cardinal Fesch. On ignore
Tusage qui fut fait de cet important morceau.
L'année suivante (1811), notre célèbre miniaturiste fit à l'aqua-
relle, daprés un projet de Percier, un modèle de secrétaire pour
l'Empereur. On y voit Napoléon debout sur les marches du trône,
ayant à sa gauche Marie-Louise. L'entourage réunit vingt petits por-
traits-médaillons représentant les membres de la famille impériale y
compris le roi de Rome.
IsABiîY a peint aussi sur porcelaine. Sa pièce capitale est la Table
dite des Maréchaux, exposée au Salon de 1812, d'après le dessin de
Percier. « Elle représente, dit le livret, S. M. l'Empereur entouré des
portraits des maréchaux de l'Empire et généraux commandant les
divisions de la grande armée pendant la campagne de 1803. »
AcuiLLE Vallois statuaire, élève de David et de Ghaudet dessina à
la plume V Arrivée à Paris des objets conquis par Vannée fran-
çaise en Italie. Ce projet de décoration d'un vase commémoratif, fut
adopté à quelques variantes près et peint par Béranger, en 1813.
On doit à IIeim (François-Joseph), le Baptême du roi de Rome,
sépia datée de 1814; à Fragonard (Alexandre-Evariste), une frise
représentant le Mariage de l'Empereur, dessin à la plume que
M. Champfleury suppose avoir dû servir pour la décoration d'un
vase peint en imitation de camée ; à Alexandre Brongniart, des attri-
buts militaires, pour marlys d'assiettes et des scènes de la vie privée
égyptienne antique, reproduites en fac-similé de gravures en creux.
II
Les procédés de fabrication atteignirent, sous la savante direction
de Brongmart, des développements considérables, dit M. Edouard
Garnier; « on fit alors des vases qui n'avaient pas moins de 2'", 40
de hauteur, des plaques rectangulaires de 1 mètre et même de
LA MANUFACTURE DE SÈVRES 225
4'", 25 de longueur, sur lesquels des peintres d'une habileté sans
égale exécutaient ces admirables copies de tableaux de maîtres qui
resteront une des gloires de la manufacture de Sèvres ; de grands
surtouts de table, composés de monuments égyptiens, de colonnes,
de chars de triomphe, etc., œuvres d'un goût et d'un art bien démo-
dés et quelque peu ridicules aujourd'hui, mais dont l'exécution est
au-dessus de tout éloge ; des tables, des guéridons, des armoires et
des coffrets à bijoux, des pendules, etc., etc. »
III
Tableau des peintres et doreurs de la manufacture de Sèvres, en
1805 et 1806.
PEINTIiES
Godin jeune.
Girard, de Versailles.
Adam.
Bouillat.
Buteux.
Baraban.
Bergeret.
D'"« Burel.
Caron,
Choisy.
Cussey.
Drolling.
Delafosse.
Dequilly.
Drouet.
Dépérais.
Evans.
Georget.
Godiné aîné et sa femme.
Boullemier.
Boitel.
Gonstans.
Dieu.
Girard.
Le Grand père.
D™« Jacquotot.
Dme Kugler.
Landon.
Le Bel.
Micaud père.
Parant.
Perrenot,
Parpette.
D'"^ Parpette.
Swebach.
Sisson.
Sauvage.
D"'' Thibault.
Troyon.
Robert.
DOREURS
Mozin.
Vandé.
Vincent.
Weydinger père.
Ilallette.
15
22C
LES FOrRMSSEURS DE NAPOLÉON f '"
Le Gros.
METTEURS EN FONDS
I Vandé.
BRUNISSAGE
h''""" Assclin.
Boulleniier.
Baudoin.
Buteux.
Boitel.
Dépérais.
Godin jeune.
{Archives de la manufacture de Sèvres.)
D'™^ Laleu.
Legrand.
Noulialier,
Vandé.
Micaud.
D'"' Frédéric.
IV
Les Archives de la manufacture de Sèvres sont des plus pauvres;
elles se résument à trois in-folio manuscrits, dont deux ont Irail à
des ventes particulières de menus objets, sans importance. Le
troisième volume daté de 1811, est réservé au personnel; il men-
tionne les travaux des artistes et parfois les prix qui leur sont alloués.
Ce volume nous a permis de fournir quelques renseignements sur
le
BÉRANGER, figuriste.
Buteux, ornemaniste.
BuNEL (D™), fleuriste. Fleurs
et fruits.
Caron, peintre d'animaux.
CuoisY, ornemaniste.
Dépérais, ornemaniste.
Drouet, fleuriste.
Delafosse, figuriste.
Georget, figuriste.
Personnel de Sèvres, en 1811.
PEINTRES
GoDiN, ornemaniste.
Lebel, peintre de genre.
Leguay, figuriste.
Micaud, ornemaniste.
Parpette (D"^), fleuriste. Fleurs
et fruits.
Philippine, ornemaniste, fleu-
riste.
SissON, fl(;uriste.
Troyon, ornemaniste.
LA MANUFACTURE DE SÈVRES 227
Travaux extraordinaires
Blondi (D"''), peintre de perspectives.
BosscLMAN. Figures. Nous trouvons à son compte, cette mention :
sur une assiette à marly d'or, la Vierge jardinière, d'après Raphaël,
120 fr. — Sur une tasse, tête d'Hippolyte, d'après Guérin, oO fr.
Brongniakt, architecte.
CouPiN. Portraits genre cornées et sujets polychromes sur vases et
sur assiettes à marly d'or. En 1811, il exécute une peinture allégo-
rique aux couches de Marie-Louise. Ses petits portraits lui sont payés
CO fr. chacun ; ils représentent Pallas, Persée, Proserpine, Gybèle,
Alexandre, César, Antoine, Auguste, Vitellius, .\ntonin le Pieux,
Trajan, etc.
Davigxon, Français.
Degault. Figures historiques, mythologiques et autres, en imitation
de camées.
DÉMARNE. Paysage avec figures. Pour avoir peint, sur deux vases
cordelière, deux sujets avec figures, dont un représente une chasse
au cerf de l'Empereur, dans la forêt de Fontainebleau, 900 fr. — Sur
un autre vase cordelière, vue de Palais et chasse à courre au bord de
la forêt, 900 fr.
Deutscu. Figures et ornements peints en or et en camée.
Drolltng. Sur un vase Clodion, fond écaille, un grand cartel carré
représentant la Fête de la Paix, sur la place du Corps législatif,
l,.^00fr.
Fragonard (Alexandre- Evariste).
GOXOR.
Huard.
ISABEY. Il livre, en 1811, un portrait en miniature de l'impératrice
Marie-Louise, pour servir de modèle aux peintres de Sèvres. Ce por-
trait lui est payé 600 fr.
Jacquotot (M'"'), artiste hors de pair qui a laissé à Sèvres une
grande réputation. Ses petits portraits de femmes célèbres sur tasses
sont d'un délicieux fini. Dans son œuvre de 1811, nous pouvons citer
les portraits suivants : lléloïse, Jeanne d'Arc, Jeanne Gray, Blanche
de Castille, la duchesse de Montmouth, Jeanne Seymour, Elisabeth
d'Angleterre, la princesse d'Orange Ilortense Mancini, la duchesse de
fC
1»2S LES l'OL'RMSSELRS DE NAPOLl'ON 1
Longuevillc, M"" de Fonlangcs,M'""(lc Sôvigné, M"'Mc Grignan, M""'dc
.Mainlendii. la princesse de Gunli, Marie-Thérèse, M'"'' Dcshoulièrcs.
Fanglack. Pavsa^:e. Sur une assiette à marlv d'or, vue de Saint-
Sauveur (Pyrénées-Orientales).
LiiGUAY. Portraits et sujets divers, sur des assiettes à marly d"or, sur
des tasses, des jattes, des vases, etc. — Paul et Virginie, surpris par
un orage. Les Peines et les Plaisirs de V Amour. Enfants dans un
paysage. Les portraits de Napoléon, de Marie-Louise, du Roi de Rome,
de Joseph II. th^ la reine llorlense, de la reine de Naples, etc.
Legrand, peintre et doreur.
Parant, peintre de sujets en imitation de camées. Sur une coupe à
bouillon pour deux camées allégoriques à la naissance du Roi de
Home, oOO fr. — Sur un vase œuf, à anse poisson, pdur grands
camées, 1,200 fr.
Ratu (D""). Figures : pour un portrait de Jean-Jacques Rousseau,
sur une tasse jasmin, 72 fr.
RiOCREUX.
SwEBACU, peint sur des vases et particulièrement sur des assiettes
à marly d'or, des tombeaux de mamelucks, des temples debout et
on ruine, le sphinx, près des pyramides, les statues de Memnon, le
vieux Caire, la mort du chef de brick Duplessis, etc.
Ténise Tard (D"''). Portraits de personnages anciens sur assiettes.
Mithridate, Thémistocle, Cicéron, Trajan, etc., à 3(3 fr. l'un.
TiiOMiRE, ciseleur-doreur, mouleur en bronze doré, ajoute une
grande valeur aux précieuses porcelaines de Sèvres, très bien cise-
lées.
Van Os. Fleurs. Sur un plateau de déjeuner ovale, pour un tableau
de fleurs dans la totalité du fond, 600 fr. — Sur tasse et soucoupe,
pour trois cartels ovales de fleurs sur fond de tableau, 150 fr. —
Deux cartels sur une théière Pœstum, 100 fr. — Un cartel sur un
pot au lait Pœstum, 50 fr. — Un autre, sur un pot à café, 50 fr.
Doreurs, Moreau, Legrand.
Pour impression, Gonor. Legros.
Brunis-euses. M'"''* Buteux, Godin jeune; M'""* Aimée, Deutsch,
Madeleine Legrand, Parpette aînée, Richard, Saint-Omer.
LA MANUFACTURE DE SÈVRES 229
V
Marques des porcelaines de Sèvres, de 1804 à 1814.
1804 à 1809. — Marque appliquée en rouge avec une vignette
à jour.
De 1810 à 1814, l'aigle impérial au vol abaissé imprimé en rouge,
fut substitué à la marque précédente.
Signes pour marquer les dates de 1801 à 1814.
T. 9 pour l'an IX, 1801. 8 pour 1808.
X — l'an X, 180î>. 9 — 1809.
II — l'an XI, 1803. 10 — 1810.
— l'an XII, 1804. oz — 1811.
— l'an — 180o. dz — 1812.
— l'an — 1806. tz — 1813.
— l'an — 1807. qz — 1814.
YI
Fraudes. — Le prix élevé des porcelaines de Sèvres sous l'Empire
fit naître la fraude et les contrefaçons qui s'exercèrent sur une assez
grande échelle. La manufacture, nous devons le dire, y contribua
pour beaucoup en se défaisant chaque année par une vente publique,
de tous les blancs défectueux après la cuisson. Ces pièces achetées
par le commerce et décorées de toutes mains, étaient revendues
comme du vieux Sèvres.
En 1800, Brongniard arrivant à la direction et voulant renoncer,
d'une façon absolue , à la fabrication de la porcelaine tendre, fit
vendre tous les blancs en pâte tendre, qui attendaient la décoration.
Quelle bonne fortune pour les brocanteurs et les chambrelans '.
Bientôt ces beaux blancs, non tarés cette fois, sont décorés de gra-
cieux sujets et enlevés à grands prix par les amateurs étrangers,
surtout par les Anglais.
' On donnait le nom de chambrelam, dit M. Ed. Garnier, à des décorateurs sur
porcelaine qui travaillaient en chambre, pour les fabricants ou les marchands.
2i() LES FOURNISSEURS DE .NAPOLÉON I'
VII
Nous allons donner maintenant quelques détails sur les fournitures
faites pour les palais impériaux et le service des présents. La descrip-
linu des pièces, leur prix; les noms de quelques artistes célèbres et
la mention des personnes auxquels étaient adressés les pre'sents de
riùnpereur, donnent à ce travail un véritable intérêt.
6 juin 1808. — Livré au garde-meuble, pour la blibliothèque du
palais de Compiègno :
Deux figures, Corneille et Molière, 400 fr.
'•]! octobre 1808. — Pour le palais de Saint-Gloud, une figure
d'Uranie, pour pendule, 500 fr. — Deux vases dits de floréal à anses
serpent, fond brun, cartels de figures représentant sur l'un, Jeanne
Hachette sauvant Beauvais ; sur l'autre, Bavard défendant seul le
pont de Garillan. La paire, 6,000 fr.
19 septembre 1808. — Livré pour le compte de l'Empereur.
Quatre bustes de l'empereur Napoléon, 240 fr. — Quatre bustes de
l'empereur Alexandre, 240 fr.
Mars 1810. — La manufacture livre pour l'appartement de l'Impé-
ratrice à Compiègne :
Un buste de l'Empereur, première grandeur, avec socle et cou-
ronne en bronze doré, 1,200 fr. — Deux vases cordelière, fond lilas,
fieurs, etc., 5,000 fr. — Deux vases œuf, fond vert antique, figure en or,
2,000 fr. — Un vase cordelier, fond bleu ; sujet de figures coloriés,
la loilelle de Vénus, 4,000 fr. — Deux vases œuf, fond bleu lapis,
d'un mètre de haut, orné de bronze ciselés; cartel de figures colo-
riées. L'entrée de l'Empereur à Berlin, 12,000 fr. — Deux vases
Médicis, fond rouge. Paysage, 2,000 fr. — Deux vases japonais,
fond vert, 520 fr. Compte soldé sur le fonds de 660,000 fr. établi en
1810, pour l'ameublement du palais de Compiègne.
{Arch. nat. O^ooo.)
Cette même année 1810, nous trouvons une autre fourniture s'éle-
vant à 19,886 fr. 50, et dont nous menlionnous les pièces les plus
intéressantes.
Deux vases, forme Médicis, à paysage, fond bleu. 2,000 fr. —
Henri IV revenant de l'armée. Vase du cordelier, beau bleu, sujet
colorié, 3,000 fr. — Deux vases jasmins, beau bleu, ornements en
LA MANUFACTURE DE SÈVRES 231
or, 1,100 IV. — Deux vases Médicis, beau bleu; sujet égyptien en
gris, 1,500 IV. — Deux vases, tête de bélier, fond vert antique, 480 fr.
— Deux vases étrusques, beau bleu ; camées, oOO fr. — Deux vases
étrusques, fond vert; figures imitant le camée, 900 fr. — Lavabo im-
périal, fond beau bleu ; décor en or, S60 fr. — Buste de l'Empereur,
première grandeur, avec socle et couronne en bronze doré, 1,200 fr.
— Vase forme Médicis, fond écaille. Vue de Sans-Souci; riche décor
en or, 4,000 fr. — Deux vases forme étrusque, fond vert; figures
coloriées, décor en or et platine, 1,600 fr. — Lavabo impérial, blanc
et or, 250 fr.
{Arch. nat. O'Soo.)
YIII
Elat des objets fournis par la manufaclure nationale de porce-
laine de Sèvres, au ministre des relations extérieures pour être
remis à Sa Majesté le Rot/ d'Etrurie.
Exercice de l'an X.
Deux vases beau l»Ieu, fleurs en biscuit, 4,800 fr. — Cabaret de
neuf pièces, beau bleu, miniatures, 1,500 fr. — Cabaret de douze
tasses et quatre pièces accessoires bleu tendre, arabesques, 550 fr.
— Seau à laver les pieds: beau blanc, monté en bronze, 600 fr. —
Tables bas-relief ; pour la porcelaine seulement, sans y comprendre
le pied livré par le citoyen Lignereux, 3,000 fr. — Grand vase beau
blanc, bas-relief en biscuit, monté en bronze, sans y comprendre les
frais de réparation des citoyens Thomire et Lignereux, 50,000 fr. —
Un service de vfngt-quatre couverts, fond jonquille et guirlandes de
raisins sur toutes les pièces, 4,280 fr.
Remise 10 p. 100. Reste dû 58,257 fr. En plus pour frais de répara-
tions faites au grand vase et à la table bas-reliefs, 7,900 fr. — Total :
66,157 fr.
Le Ministre de l'Intérieur,
CUAPTAL.
[Affaires étrangères. Comptabilité, 1795 à 1815. Ouvrages impri-
més et objets d'art.)
Service des présents. — 22 juin 1810. Livré par ordre de S. M.
l'Empereur à S. A. I. le grand-duc de Wurtzbourg : Deux vases, fond
232 LES FOURNISSEURS DE NAPOLflOX f
blou, anses en lêle de bélier, cnrlel de paysage représentant sur l'un
la nouvelle route d'Italie par le Simplon, et sur l'autre, une vue du
canal de l'Ourcq, riches ornements en or. La paire 10,000 fr, — Vase
fuseau, deuxième grandeur, fond beau bleu, avec portrait de
l'Empereur peint en miniature, 1,500 fr.
29 juin 1(S10. — Livré à S. A. le prince de IlESSE-DARiiSTAnT : un buste
de TEmporour. première grandeur, avec socle en marbre et couronne
en bronze doré, 1,000 fr. — Deux vases œufs, à figures, première
grandeur, fond vert de chrome; dans le fond, ornements en or et pla-
tine. Riche garniture en bronze doré, la paire, 6,000 fr. — Quatre
figures de grands hommes, Corneille, Racine, La Fontaine et Molière,
800 fr.
9 août 1810. — Livre' à M™" la baronne de la Turbie : un buste
de l'Empereur, avec socle, 90 fr. — Un service, fond nankin, volu-
bilis, soixante-six assiettes à 12 fr., 792 fr. — Quatre compotiers à
pied, 72 fr. — Quatre compotiers étrusques, 72 fr. — Deux sucriers,
80 fr. — Deux jattes, oO fr. — Deux seaux à glace, 300 fr. — Quatre
corbeilles basses, 180 fr. — Un déjeuner composé de douze lasses
décorées de raisins, fond d'or, l,3o0 fr. — Total : 2,98G fr.
A M""" la baronne de Farigliano-Novello : un buste de l'Empe-
reur, avec socle, 90 fr. — Un service fond nankin volubilis, com-
posé de soixante-six assiettes, 792 fr. — Huit compotiers, 144 fr. —
Deux sucriers, 80 fr. — Deux jattes, 50 fr. — Deux seaux à glace,
300 fr. — Deux corbeilles paniers, 144 fr. — Un déjeuner de seize
pièces décorées de raisins sur fond noir, 1,430 fr. — Total : 3,030 fr.
A M""' la baronne d'Albaret : un Iniste de l'Empereur, avec
socle, 90 fr. — Un service fond rose, vigne, etc. : soixante assiettes,
900 fr. — Six compotiers, 14't fr. — Deux sucriers, 90 fr. — Deux
jattes à pied, 60 fr. — Deux seaux à glace, 2o0 fr. — Quatre cor-
beilles basses, 144 fr. — Un déjeuner composé de douze tasses et
trois pièces, fond pourpre; riche décor en or, 1,124 fr. — Deux vases
jasmins, fond rouge, décor en or. La paire, 200 fr. Total : 3,002 fr.
14 août 1810. — A M'"'' la baronne de Gazzom-Venturi : un
buste de l'Empereur, 2° grandeur, 60 fr. — Deux vases, beau bleu.
bronzés, 300 fr. — Un déjeuner de tasses à café composé de seize
pièces, fond beau bleu, fleurs, etc., 032 fr. — Huit tasses valant de
lofr. à 45 fr. — Total : 1,188 fr.
31 août 1810. — A M""" la baronne de Lucuesini : une figure
équestre de l'Empereur , avec socle en marbre et cage de verre ,
LA IMAMTACTURE DE SÈVRI-S 233
400 fr. — Un déjeuner composé de douze tasses et trois grandes
pièces fond bleu, agate, fleurs jaunes etc., 439 fr. — Deux vases,
forme étrusque, fond vert antique, décor en or, 130 fr. — Une écri-
toire cygne, fond pourpre, décor en or, loO fr. — Une tasse fond
pourpre, idem, to fr. — Plus o fr. pour moitié de la valeur d'un mé-
daillon camée de l'Impératrice. Total : i,209fr.
Le 4 octobre 1810, l'Empereur décida d'offrir à M. de Metternich,
un présent de porcelaines de Sèvres. En conséquence, les pièces sui-
vantes furent livrées au comte de Montesquiou, grand chambellan,
pour les faire parvenir à leur adresse :
Un buste de l'Empereur, première grandeur, avec couronne en
bronze et socle en tùie vernissée, 1,200 fr. Une tasse, avec portrait
en miniature de S. M. l'Impératrice fond bleu, anse en vermeil,
508 fr. — Un vase en forme de coupe élevée de 4G centimètres et 55
de diamètre, fond bleu, frise d'or représentant une bacchanale d'en-
fants, 2,500 fr. — Deux vases, forme allongée copiée de l'étrusque,
ornements en or sur fond d'or. Portraits de Cicéron et de Démosthène,
peints à la manière du camée, 1,000 fr.
Service de dessert, fond bleu, frise d'or sur le bord des pièces,
fleurs d'or au milieu.
Quatre-vingt-seize assiettes, à 20 fr., 7,920 fr. — Douze compotiers,
à 25 fr.. 300 fr. — Deux sucriers, à 65 fr., 130 fr. — Deux glacières,
à 180 fr., 360 fr. — Deux jattes à pied, à 45 fr., 90 fr. — Deux cor-
beilles à 1 40 fr., 280 fr. — Total : 8,280 fr.
25 décembre 1810. — Le duc de Frioul (Duroc), à M. le comte
Daru, intendant général de la Maison de l'Empereur «... Sa Majesté
désirant faire quelques cadeaux à l'occasion des étrennes, aux prin-
cesses de sa famille, comme Elle l'a fait l'année dernière, m'a chargé
de vous demander de faire choisir dans ses manufactures de Sèvres,
des Gobelins et de la Savonnerie, des objets propres à cela, comme
vases, tasses, portraits, petits tapis ou tableaux en tentures.
« Je vous prie d'avoir la complaisance d'ordonner que l'on remette
les objets que vous désignerez au concierge des Tuileries, qui les
réunira dans un appartement du palais, et lorsqu'ils le seront, je les
ferai placer suivant l'ordre que m'en a donné Sa Majesté, dans sa
chambre à coucher où elle fera son choix. Il serait nécessaire que
chaque objet portât l'indication de sa valeur et que tous pussent être
mis sous les yeux de l'Empereur, samedi au plus tard.
« Je vous prie de comprendre dans ces objets, le tableau du por-
23 5 LES FOlRMSSKinS DR ^'APOIJ•:0^ f
Irail ilr ri-'iiipcreiir \)av Daviil ri d'auli-cs iJurlruib on busle, ([ue vous
y pourriez avoir. » {A?'ch. nat. O-202.)
IX
Le 31 décembre 1810, le dii-ectcur de Sèvres livrait, au nom de
riinpôratricc, do nombreuses porcelaines pour être distribuées en
présents par S. M. à l'occasion du piemier jour de l'an. L'Kmpereur,
se réserva un buste de l'Impératrice, première grandeur, de 1,600 fr.
les autres pièces furent ainsi réparties.
La reine de Naples, un vase forme fuseau, avec cartel offrant le
portrait de l'Empereur, 1,500 fr. — La duchesse de Trévise, deux
vases forme étrusque, avec les portraits de Boileau et de La Fontaine,
000 fr. — La duchesse de Frioul, un pot à eau et sa cuvette, fond
vert de chrome à guirlandes de fleurs et oiseaux, GOO fr. — La com-
tesse DE Taliiouet, une coupe à bouillon, fond pourpre, doublée d'or,
riche décor en couleur, 300 IV. — La comtesse de Montesquiou, une
tasse forme jasmin, fond bleu, avec le portrait de l'Empereur, 300 fr.
— La grande-duchesse de Toscane, une tasse forme jasmin, fond vert
de chrome. Portrait de Madone, 350 fr. — La princesse Aldobrandim,
une tasse fond bleu, à paysage, !22o fr. — La duchesse de Belllne,
une tasse et soucoupe fond bleu. Vue de la vacherie de la Malmaison.
i'iO fi". • — La comtesse de Périgord, une tasse et soucoupe. Vue du
château de Saint-Cloud, 220 fr. — La duchesse d'Elgoingen, une tasse
et soucoupe. Vue de Saint-Cloud, 220 fr. — La comtesse de Luçay, un
déjeuner de douze tasses et trois grandes pièces. Décor d'oiseaux et
d'or en relief, sur fond vert, 2,290 fr. — La comtesse de Bouille, un
déjeuner de cinq pièces décoré en or et platine, 210 fr. — La comtesse
DE Montmorency, un déjeuner de six pièces, fond vert. Décor en or et
fdaline, 390 fr. — La comtesse Lauriston, un déjeuner de sept pièces,
fond vert; décor en or et platine, 3o0 fr. — La princesse de Neufcda-
TEL, une tasse forme jasmin, fond d'or, cartel avec figures. Jeux d'en-
fants, oOO fr, — La comtesse Lobau, une tasse conique, à fond d'or,
paysage, 220 fr. — La reine de AVestphalie, une tasse litron, fond bleu,
doublée d'or. Portrait de la grande-duchesse de Toscane, 350 fr. — La
duchesse de Bassano, une tasse de même genre. Portrait deJoconde,
d'après Léonard de Vinci, 3o0 fr. — La comtesse de Montalivet. une
coupe à bouillon, fond brun doublé d'or. Riche décor polychrome,
LA MANUFACTURE DE SÈVRES 23.";
'■)00 fr. — La comtesse Duroxel, une assiette à marly d'or. Vue d Er-
menonville, 260 fr. — La duchesse de Dalmatie, une assiette à marly
d"or. La Ma tejmité, ^00 îv. — La duchesse d'Elcuingen, une tasse. L7n-
constance, 300 fr. — La duchesse d'Istrie, un déjeuner à thé, fond
agate; doubhirc et frise d'or sur le fond, G40 fr. — La princesse d'Eck-
MUDL, un pot à eau, fond bleu. Guirlande de fleurs dans un fond d'or,
o30 fr. — 31™"^ DE Be.vuveau, deux vases forme fuseau, fond bleu ;
décor en or, oiiO fr. — La comtesse Bertrand, une tasse jasmin bleu,
doublée d'or, 100 fr. — La duchesse de Rovigo, une tasse jasmin fond
vert de chrome, 100 fr. — La vice-reine d'Italie, une coupe à bouil-
lon, fond pourpre, doublée d'or. Décor en or et camée, 240 fr. —
M™*^ DE Ségur, une écuelle, même fond et décor, 280 fr. — Les com-
tesses DU Gn.VTEL et de Canisy, deux tasses, fond pourpre, décor en
or, 200 fr.
X
1811. Service des présents. — La naissance d'un fils comblait les
vœux de l'Empereur. Après les cérémonies du baptême (2 juin), i
distribua de nombreux présents, avec sa largesse habituelle. Nous
groupons ici ceux dont nous avons trouvé la mention dans divers
cartons des Archives nationales.
Au grand-duc de \Yurtzbourg, désigné comme parrain, mais repré-
sentant l'empereur d'Autriche, les porcelaines de Sèvres suivantes :
Portrait en buste do l'Eiupereur, peint sur porcelaine, d'après Gérard,
par Georget, 7,000 fr. — Buste de Marie-Louise, première grandeur,
en biscuit, par Bosio, 1,200 fr. — Yase œuf, avec sujet peint en
camée, relatif à la naissance du roi de Rome, 2,o00 fr. — Grand vase,
forme Médicis, de 1"',40 de hauteur, fond vert de chrome, à riches
ornements en bronze doré, lo,000 fr. — Deux vases Médicis, fond
dor. Vues de la haute Egypte. Marche d'une caravane, ^q.y SwebacJi,
10,000 fr. — Deux vases, dits cordeliers, à guirlandes et bouquets de
fleurs, par Drouet, 7,000 fr. — Buste de Napoléon, en biscuit, gran-
ileur naturelle, avec socle et couronne, 1,200 fr. — Tasse, avec por-
trait de Marie-Louise, par Leguay, oOO fr. — Vases fuseaux, avec
cartel, représentant Napoléon franchissant le Saint-Bernard, d'après
David par Georget, 6,000 fr. — Grand vase de 1™,30, dit étrusque, riche
tors de fleurs par Drouet. Ornements en or bruni et riches bronzes
2:\G LFS FOrnXISSEURS DE NAPOLÉON l"^'"
!2(),00() fr. — Deux vases do 0,8o ; ornements en or «mibré ol, eu
bronze doré; sur cliaque vase, un grand cartel |)(inl par Drolliny.
j)ans lu II. lo Marché des Innocents, dans l'autre le Palais du Corps
législatif avec les réjouissances à l'occasion de la paix de Vienne, en
1809, 9,000 fr. {Arch. uni. OHl.)
A Madame Mkiœ, marraine du roi de Rome, un buste de l'Empe-
reur, grandeur naturelle, en biscuit de Sèvres, avec couronne et socle,
1,:200 fr. — Une tasse de Sèvres, avec le portrait de Marie-Louise,
d'après Isabcy, par Léguât/, TiOO fr. — Un grand vase de 1"',30 de
hauteur, dit étrusque, à riche lors de fleurs, par Drouel ; monture en
bronze doré, 120,000 fr. — Un vase, dit fuseau, première grandeur
à ornements et anses en or. Cartel représentant Napoléon franchissant
le Saint-Bernard, d'après /)«iu'c/, par Ceor^/e^, G,000 fr. — Deux vases
fond brun écaille ; ornements en or ombré, anses et garniture en
bronze doré. Sur chaque vase, un grand cartel peint par Drolling.
Vue du Marché des Innocents et Vue du Palais du Corps législatif, avec
les réjouissances à l'occasion de la paix de Vienne de 1809, 9,000 fr.
A la reine Hortense, seconde marraine. Un buste de TEmpereur
en biscuit de Sèvres, avec socle et couronne, 1,200 fr. — Tasse, au
portrait de Marie-Louise, d'après Isahey, par W'Jacquotot, 500 fr. —
Deux vases, dits cordeliers, peints par Demarne, représentant deux
vues de Fontainebleau, avec des chasses de l'Empereur, 10,000 fr. —
Déjeuner de douze tasses et quatre grandes pièces avec les portraits
des principaux philosophes de l'antiquité, peints en camées, sur un
guéridon de cinq plaques, genre étrusque, celle du milieu figurant
Jlomère chantant ses poésies, par Bergeret, 3,740 fr. [Arch. nat.
om.)
Au roi DE AVestpualie, des porcelaines de Sèvres pour une valeur de
il, 420 fr., entre autres: deux vases, forme Médicis, ofTrant une Vue
du palais de Saint-Cloud et une autre des coteaux de Bellevue et de
Meudon, 8,000 fr. — Deux grands vases représentant des figures de
danseurs, 14,000 fr. — Deux vases forme étrusque; sur l'un le Départ
pour Vannée, sur l'autre, le Retour, 7,000 fr. — Un vase, dit fuseau,
décoré du portrait de l'Empereur, d'après Gérard par Georget,
2,000 fr. — Une cheminée en marbre noir, avec figures et camées en
biscuit, incrustés dans le marbre, avec bronze, 2,o00 fr. — Huit
figures de grands hommes, Tourville, Turenne, Bayard, Vauban,
Fénelon, Bossuct, d'Aguesseau et L'Hôpital, 1,600 fr.
Au prince de Scuwarzenberg : un buste de Napoléon en biscuit,
LA MANUFACTURE DE SÈVRES 237
1,:200 IV. — Une théière, fond vert, avec les portraits de Marie-Louise
et de l'Empereur d'Autriche, 750 fr. — Tasse à déjeuner, portrait de
Marie-Thérèse, 400 fr. — Une autre, avec le portrait de Charles-
Quint, 200 fr. — Service à dessert de soixante-six pièces, à riche
bordure d'or. Sujets variés peints en miniature, 18,750 fr. —
Surtout en biscuit, iîgurant Bacchus et Gérés traînés dans un char
par deux bœufs, 1,900 fr. — Deux groupes des trois Grâces, avec
socles et vasques, 1,200 fr. — Huit figures antiques du musée Napo-
léon, 600 fr. {Arch nat. 0-41.)
Au cardinal Fescii, oncle de l'Empereur : un busle en biscuit de
Napoléon, grandeur naturelle, avec socle et couronne, 1,200 fr. —
Une tasse au portrait de Marie-Louise, d'après Isabey, avec l'étui en
maroquin, 518 fr. — Deux vases dits Médicis, fond bleu ; cartels de
paysages, ^^r Robert, représentant une chasse de l'Empereur, près la
ferme du Bac, 9,000 fr. — Un service de dessert peint en imitation de
camées et de pierres gravées, 6,000 fr. — Un grand vase à ornements
en or ombré en brun, anses et culots en bronze doré, 3,500 fr. etc.
Total : 24,966 fr. [Arch. nat. 0-41.)
XI
Parmi les nombreuses distributions de porcelaines faites à l'occa-
sion du mariage de l'Empereur avec Marie-Louise et de la naissance
du roi de Rome, nous pouvons encore mentionner celles-ci.
Au comte de Ségur, un buste de l'Empereur, grandeur naturelle,
deux médaillons en camée de l'Empereur et de l'Impératrice et trois
services, dont un à filet d'or, le second, à fond rose, le troisième, à
fond nankin. En tout, 12,500 fr. — Au comte Regnault de Satnt-Jean-
d'Angély, un service et diverses pièces, entre autres une pendule
figurant Uranie, groupe de première grandeur, avec monture, valant
1,800 fr., etc. Total : 6,000 fr. — Au baron de Gr.a.mayel, un lot de
3.000 fr. — Au comte de Seysel, un lot de 3,000 fr. dont une pendule
avec mouvement, représentant les trois Grâces et valant seule,
1,500 fr. — Au baron Prié, un lot de 3.000 Ir., notamment un buste
de l'Empereur, deuxième grandeur, avec socle en tôle vernissée,
90 fr. — Un médaillon camée de l'Impératrice, 12 fr. — L'Enlève-
ment de Proserpine, 200 fr. — Huit figures des Muses à 48 fr.
Le baron du IIamel fut aussi gralilié d'un lot d'une valeur de
238 LI.S FOIRMSSELRS DE NAPOLl'OX T'
l),(IOO IV. — .MM. DargainahatzcI Saint-Auinan, aides des ccrùiiioiuorf,
re«:urenl cluicun pour 1,^)00 IV. de porcekiitios.
8 novembre ISII. — A S. A. I. la princesse I^auline, six lasses et
soucoupes, forme jasmin, doublées d iiu fond vert de chrome. Por-
traits de femmes célèbres peints en miniature pav W^ Jacqiiolot,
:î,400fr. {Arch. nal. O-202.)
81 décembre 1(S10. — Princesse Corsini, un buste de l'Empereur, avec
socle (90 fr.), un service à dessert et un déjeuner à thé (lleurs),
rî,494 fr. — M""' Bianciii, un buste de l'Empereur, sans socle (GO fr.),
un service, un déjeuner, etc., 2,48(3 fr. — M""' Albazzi, un buste (60 fr.),
un service, un déjeuner, etc., 2,486 fr. — Baronne Dragomani, un
buste de 60 fr., un déjeunera thé, etc. 1,199 fr. — Baronne Monïe-
<:asini, un buste de l'Empereur avec socle (90 fr.). un déjeuner à
thé, etc., 1,197 fr. — Comtesse Mozzi, un buste de 90 fr., un café, etc.,
1,194 fr. — Baronne Torregiani, un buste de 60 fr., un déjeuner à
thé, 1,184 fr.
Nous ne trouvons pas la liste des présents de porcelaine du 1^'' jan-
vier 1812. L'exécution en était, paraît-il, médiocre. L'Empereur, au-
quel rien n'échappait, s'en montra fort mécontent et écrivit aussitôt
au duc de Cadore (Ghampagny) :
« Monsieur le duc de Cadore, je viens de voir des porcelaines (pii
ont été envoyées à l'Impératrice pour ses présents du Jour de l'an.
Ces porcelaines sont fort laides ; veillez à ce qu'elles soient plus belles
une autre année. Faites faire un déjeuner sur chaque tasse duquel
soient les portraits de Tlmpératrice et des six princesses mes sœurs et
belles-sœurs. Faites-en faire un autre, où soient les portraits des
dames du palais de l'Impératrice. Sur ce, je prie Dieu qu'il vous ail
en sa sainte garde. Paris, le 31 décembre 1811. Signé : Napoléon '. »
24 décembre 1813. — Le comte Bertrand, grand maréchal du
palais depuis la mort de Duroc, écrit au duc d (?) : « Monsieur le duc,
l'Empereur; est dans l'intention de faire celte année, comme les pré-
cédentes, des cadeaux choisis dans les produits de sa manufacture de
Sèvres pour être distribués aux princesses et dames de la cour. Sa
Majesté désire que votre Excellence fasse porter le plus tôt possible
chez Sa Majesté l'Impératrice, des porcelaines partagées en un même
' Celle lelLrc qui avait échappé à nos inveslif,'alions, aux Archives nationalfs,
se trouve dans l'ouvrage de -M. Charles de U.jlalvy: Les Biscuits de porcelaine.
Nous avons éprouvé un grand charme en parcourant ce livre, très étudié et
illustré de délicieuses vignettes.
LA MANUFACTURh; DE SÈVRES -2'M
nombre de lois que raniiée dernière et dans les mêmes prix. Le
directeur de la manufacture pourra les remettre au concierge du
palais qui en délivrera un reçu et, après la distribution il en donnera
l'état et rendra les objets qui resteront. » [Arch. nat. O-202.)
Les présents du l*^"" janvier 1814 étaient fort beaux et d'un prix
élevé. Ils furent livrés par la manufacture le 31 décembre, suivant
l'usage, et distribués comme suit :
L'Impératrici::, deux vases, dits carafe étrusque, peints en imita-
tion de mosaïque. Vues de Florence, :2,C00 fr. ; un déjeuner de
quatre pièces, sur plateau, fond or. Têtes de Madone, par ]\P^*^ Jacouo-
TOï, et la boite, 7,:Î70 fr. , un portrait du Roi de Rome, d'après
Gérard, par Constantin, 700 fr. ; une tasse Régnier, à ornements
en relief et camée de la famille impériale, !200 fr. ; une tasse Régnier,
à ornements en relief. Portraits de l'Empereur et de l'Impératrice,
!2o0 fr. — La reine d'Espagne, un déjeuner de cinq pièces, sur plateau.
Portraits de guerriers et de législateurs sur fond de platine, et une
boîte, 4,87o fr. — Madame Mère, un tableau ovale, peint en camée,
représentant les premiers pas du Roi de Rome, o.OOO fr. — La grande
duchesse de Toscane, un déjeuner de cinq pièces. Garde impériale,
par Stvebach, et une boîte, 3,383 fr. — La reine de Naples, un
déjeuner de cinq pièces, sur plateau, fond or. Vues des environs de
Sèvres, par Robert et Langlaée, ;2,89o fr. — La princesse Pauline,
un déjeuner de cinq pièces, sur plateau, fond or, par Van Os et Rio-
creux, avec boite, :2,o60 fr. — La reine IIohtense, un déjeuner de
cinq pièces sur plateau, fond bleu. Sujets anacréontiques, à la ma-
nière de camées, par Parent, et une boite, 0,675 fr. — La vice-reine
d'Italie, un déjeuner de cinq pièces, sur plateau, fond or laminé.
Jeux d'Amours et de Nymphes, par Leguaij, et la boîte, 6,42o fr. —
La reine de Wesïpualie, deux vases forme fuseaux, avec portraits,
l'un de l'Empereur, l'autre de l'Impératrice, 4,000 fr. — La duchesse
de Bellune, deux vases dits fuseaux, 3*^ grandeur, avec camées, par
Degault, 1,300 fr. — La duchesse de Montebello, deux vases Médicis,
S*" grandeur, fond d'or. Eglogue de Virgile, par Gérard, 3,200 fr. —
La duchesse de Dalberg, deux vases de même genre. Fleurs, par
Sisson, 1,500 fr. — La comtesse de Brignolle, deux vases forme
carafe étrusque, fond vert, bouquets de fleurs, 1,400 fr. — Les
comtesses Lauriston et de Périgord, chacune un vase, forme étrusque.
Vues des bords du Rhin, par Swebach, les deux 3,200 fr. — La prin-
cesse de la MoSKOWA, une colonne en bleu et ornements en or.
2io LKS Fornxissiîins de napoléon i'"''
Marche du Sdlcil; dans le piedcsLd, une i)cndule, 2,40U (V. — La
ducliossc DE lluviGO cL la comtesse di^; Mo.ntalivet, chacune un vase,
Ibrnie cornel d'abondance, terminé par des têtes de sanglier, et bou-
«luet de llcurs, ;2,400 fr. — La comtesse Bertrand, un déjeuner de
sept pièces, fond bleu. Portraits d'écrivains célèbres antérieurs au
xvi° siècle, par Geurgel, avec la boite, 4,0^.') IV. — La comtesse de
Tauiouet, un déjeuner de sept pièces, fond bleu. Portraits d'artistes
ilalicns, par Béranger, 1,750 fr. — La baronne de Mesgriuny, un
déjeuner de sept pièces. Portraits de peintres de l'école llamande,
par Drolling, avec la boîte, 2,950 fr. — La comtesse de Ségur, une
tasse offrant le portrait de LLupératrice, 515 fr. — La comtesse
jNIarmier, une coupe, à ornements en relief, d'après les dessins de
Jamin, et cage de verre, 665 fr. — La comtesse de Noatlles, une coupe
semblable, 665 fr. — La comtesse de Mortemart, une aiguière, déco-
rée d'ornements coloriés et de camées sur fond d'or, 2,000 fr. — La
baronne de Boubers, un riche piédestal en biscuit, représentant les
quatre saisons et ornements analogues, surmonté d'une coupe et ren-
fermant une pendule d'après Percier, 1,400 fr. — La comtesse de
LuçAY, un déjeuner de sept pièces, sur plateau, fond bleu. La com-
tesse de Ckoy, deux vases en biscuit, forme Médicis et bas-reliefs,
800 fr. — La duchesse de Bassano, un déjeuner de dix pièces à orne-
ments égyptiens coloriés, avec plateau en tôle, 1,355 fr. — La prin-
cesse Cuarlotte, une tabatière montée en or. Portrait de l'Impéra-
trice d'après Isahey , 1,100 fr. — La duchesse de Castiglione , un
déjeuner de cinq pièces, ornements en relief blancs sur fond d'or.
Gage de verre et plateau, 945 fr, — La princesse Aldobrandim, un
déjeuner de cincf pièces. Portraits de peintres français, et la boite,
2,720 fr. — La comtesse de Montesoutou, un déjeuner de sept pièces
sur plateau. Genre mosaïtiue florentine, par Iluart , avec boîte,
2,550 fr. — La comtesse de Beauveau. un déjeuner de cinq pièces,
de f(jrnies variées, avec plateau, 480 fr. — La duchesse de Pl.\is.\nce,
un vase Médicis, pâte bleue, 600 fr. — i^a duchesse de Padoue, une
écuelle, dite Gérard, fond vert; riche décor en or, avec l'étui, 620 fr.
— La comtesse de Montmorency, une coupe à bouillon, avec plateau,
offrant des Fables de La Fontaine et le portrait du fabuliste ; décor en
imitation de mosaïque de Florence, et deux étuis, 870 fr. — La
comtesse Mollien, un déjeuner de cinq pièces à ornements en relief,
genre camée, et cage de verre, 1,015 fr. —La princesse Zénaïde (?),
un portrait de l'Impératrice, d'après Isabey. 600 fr. — La comtessi;
LA MAMUFACTURE DE SÈVRES 241
DE Bouille, une coupe, en forme de casque, soutenue par les Amours,
700 fr. — La comtesse de Nansouty, un déjeuner de sept pièces,
forme étrusque, godronné, fond rouge et bordure or, 470 fr. — Le
total s'élève à 93,130 fr.
16
CIIAPITHK V
LA MANUFACTURE DES GOBELINS ET LA MANUFACTURE D'AUBUSSON
I
La manufacture des Gobelins remonte à 1662 ; elle s'appelait, à
cette époque, Manufacture royale des Meubles de la Couronne;
c'est qu'on y fabriquait al(jrs, non seulement des tapisseries tissées,
mais encore des broderies, de superbes meubles d'ébénisterie, des
pièces d'orfèvrerie et des mosaïques pareilles à celle de Florence. Ces
divers travaux, exécutés avec une rare perfection, avaient l'inconvé-
nient de coûter fort cber. Dans la suite, l'Etat les rendit à l'industrie
privée et la manufacture ne s'occupa plus exclusivement que des
tapisseries.
Sous l'Empire, un ordre admirable régna dans l'administration des
Gobelins. L'usine, subventionnée par la liste civile, dont elle recevait
chafjue année 150,000 francs, rentra dans les attributions de l'inten-
dant général de la maison de l'Empereur.
Le budget était encore augmenté par les recettes provenant des
fournitures de laines teintes, aux manufactures de Beauvais et de la
Savonnerie, et par les livraisons faites au nom de l'Empereur, pour le
garde-meuble et le service des présents.
« Le personnel administratif se composait du directeur (Guillaumot),
de l'inspecteur-professeur de dessin, du dessinateur des ateliers, du
concierge et de son commis, du chapelain, qui avait été rétabli, et du
médecin, plus trois hommes de service dont deux portiers. Le per-
sonnel des ateliers comprenait : le directeur des teintures, un chef
ouvrier et deux compagnons. Un chef d'atelier de haute lisse et
soixante tapissiers divisés en quatre classes et six apprentis formés
LES MANUFACTURES DES GOBELINS ET d'aUBUSSON 243
dans l'atelier. Un chef d'atelier de basse lisse, vingt-huit tapissiers,
également divisés en quatre classes et deux apprentis, enfin cinq
rentrayeurs. » (Alfred Darcel. Les Manufactures nationales des
Gobelms et de tapis de la Savonnerie. Paris, 1885.)
Lorsque le tissage se fait horizontalement, la tapisserie est dite de
basse lisse; elle devient de haute lisse, quand le travail s'exécute en
hauteur, verticalement.
Napoléon voulut qu'une pension fut accordée aux anciens ouvriers
ne pouvant plus travailler.
II
En ISOo, nous trouvons sur les métiers les pièces suivantes : VEn-
lèvement d'Orythée, Aria et Fétus, le Combat des Romains et des
Sabins, d'après Vincent; Vénus blessée par Diomède ; Méléagre
entouré de sa famille, d'après Ménageot ; Enée quittant Troie
embrasée ; Léonidas et Cléombrotte, ou V Amour conjugal, d'après
Leraoine ; Enée poursuivant Hélène dans le temple de Minerve,
d'après Yien ; Cornélie mère des Gracques, la Vestale délie et
l'Offrande à Paies, divinité des bergères, d'après Suve'e ; la Fête de
Flore ou le Printemps, la Fête de Cérès ou YEté, la Fête de Dacchus
ou V Hiver, tenture des quatre saisons, d'après Callet.
Iphigénie reconnaissant Oreste, d'après Regnault ; les Adieux
d'Henri IV à Gabrielle, Y Evanouissement de Gabrielle, Henri IV
rencontrant Sully blessé, Henri IV chez Michaud, Y Enlèvement de
Déjanire par le centaure îSessus, d'après le Guide; le Sommeil de
Renaud, Y Assassinat de Coligny, le Combat de Marcel et Bayard,
le Courage des femmes de Sparte, d'après le Barbier aine ; le Com-
bat de Mars et Diomède, le Parnasse, le Zèbre, les Pêcheurs, le
Chasseur, Y Eléphant, les Taureaux, le Combat des animaux, sujets
tirés de la tenture des Indes, de Desportes. D'année en année nous
verrons ces pièces sortir du métier, avec leur prix de revient.
III
Parmi les pièces nouvelles relatives à la gloire napoléonienne, on
commença '^d.YXd. Mort du général Desaix, d'après Regnault, et les
244 LliS FOIRNISSELRS DE NAPOLÉON l*'"
Pestiférés de Jciffa, d'après Gros. Les sujets qui suivirent sont : \apn~
léon passant le Saint-Bernard, de David, el Napoléon distribuant des
sabres d'/ionnenr.
Pendant rannt'-e 1809, la manufacture fut surtout occupée àl'ameu-
bleuient du grand cabinet de rEuiperv3ur, aux Tuileries, dont les six
portières représentaient les Armes d'Italie, les Armes de V Empire
français, la Victoire, la Renommée, les Sciences et les Arts, le Com-
merce et V Agriculture, d'après Dubois. On mit aussi sur les métiers
V Empereur donnant des ordres le matin de la bataille dWusterlitz,
d'après Carie Vernet et VEmpereur passant en revue les députés
de Varmée.
En 1810, on entreprit Napoléon pardonnant aux révoltés du Caire,
de Guérin ; VEinpereur donnant la croix à un soldat russe, de
Delert ; Y Entrée à Vienne, d'après Girodet ; les Préliminaires de la
paix de Léoben, d'après Guillon-Lelhière ; les Soldats du 76® régiment
retrouvant leurs drapeaux dans l'arsenal d'Inspruck, d'après Mey-
nier.
Puis, en 1811, la Prise de Madrid, d'après Gros, et VEmpereur
recevant la Reine de Prusse à Tilsitt, d'après Berthon, la Réception
des députés de Paris, d'après Mulard, les Adieux de Napoléon et
d'Alexandre, après la paix de Tilsitt, par Gautherot, et la Clé-
mence de Napoléon envers la princesse de Hartsfeld, d'après Ch. de
Boisfremont. (Alfred Darcel. Les Manufactures nationales de tapis-
serie des Gobelins... Paris, 1885.)
L'Empire s'écroula avant que la plupart de ces pièces ne fût termi-
née.
Nous devons encore mentionner divers travaux exécutés à partir
de 1806 et réservés aux présents : les portraits en buste et en pied de
l'Empereur, de Joséphine et de Madame Mère ; des morceaux figu-
rant un Déjeuner, un Dessert, des Fleurs, des Fruits, par M'"® Yal-
layer-Coster, des Oiseaux, par Barraband.
Quant à la partie concernant les meubles destinés aux palais impé-
riaux, elle comprenait des feuilles d'écran et de paravent, à l'aigle
couronné, des canapés, des fauteuils-chaises, pliants, tabourets; des
garnitures de fenêtres ; des morceaux avec un N, ou une abeille, pour
utiliser d'anciennes bordures et remplacer la fleur de lis dans les coins
et dans les milieux.
LES MANUFACTURES DES GOBELIXS ET D AUBUSSOX
IV
Maintenant passons en revue, année par année, les pièces exécutées
aux Gobelins. A lindicalion du sujet, nous joignons la dimension en
mètres carrés et le prix de la pièce. Nous ne nous occupons que des
tapisseries terminées et non de celles encore inachevées restées sur le
métier. Elles exigeaient parfois de longues années de travail; pour
n'en citer qu'un exemple récent, la Filleule des Fées, de Mazerolle,
commencée en 1879, ne fut terminée qu'en 1888. Elle avait 33 mètres
carrés et sept ouvriers y ont travaillé pendant neuf ans. Certaines
tentures ont demandé plus de temps encore pour leur achèvement.
Olvhagks terminés ex 180o. — La Reconnaissance tVlphigénie et
d'Oreste (14^,79), 14,-214 fr. ; Aria et Pétm (8'",21), 9,o0^ fr. ; deux
fonds de fauteuils, à fleurs, sur fond lilas (0'",(>2) , 478 fr. ; une partie
de la pièce, le Parnasse (21™, 03), 18.169 fr. ; dossier de canapé, à
fleurs, sur fond lilas (l'",09), 98'.) fr. ; deux fonds de fauteuils de
même (0™,62), 566 fr. ; cent douze plates-bandes pour sièges (6"\99),
4,411 fr. ; deux écrans à fleurs, sur fond lilas (1™,07), 970 fr. ; six
dossiers de fauteuils, de même fond (1™,19), 1,030 fr.
Ouvrages terminés en 1806. — Beaucoup de pièces étaient sur le
métier en 180o, c"est ce qui explique le nombre des tapisseries
achevées qu'on remarque dans les années suivantes :
Enée poursuivant Hélène dans le temple de Minerve (14™, 61),
19,148 fr. ; la Fêle des Saturnales ou Vl[iver (10™, 9o), 12,98o fr. ;
VEnlèvement de Déjanire (o™,89), 7,869 fr. ; Fête à Flore, ou le
Printemps (11'", 2o), 17,o34 fr. ; V Assassinat de V amiral de Coligny
(9™, 19;., 16,o3o fr. ; la Vestale Clélie (14™, 26), 15,751 fr.
10 février 1806. — Sur l'ordre de M. Lefuèl, conservateur du Mobi-
lier impérial. M. Guillaumot, administrateur des Gobelins, envoie cinq
portières pour le palais des Tuileries : Neptune, Diane, une portière
du Grand écusson et deux portières de Cérês. {Arch. des Gobelins,
1806. chemise n^^l.)
Cette même année, la manufacture livre pour le palais de Fontai-
nebleau, le Triomphe des Dieux, 38,440 fr.; Jason et Médée,
33,870 fr. ; Esthsr, 29,3i0 fr, ; les Saisons et les Eléments, portières
6,000 fr. {Arch. des Gobelins, 1812, cahier n° 6.)
■2'iG I.KS l-OUnMSSKlRS DE NAPOLl'ON l''"
OUVRAGKSTERMINKS KT HKTIRÉS DE MKTIHRS EN 1807. — VéllUS hleSSée
]^ar l)io)nhîe (10'", 81), lii,o7:2 fr. — Le Somminl de Renaud
(3"*,37), 4,54-2 fr. — Morceau He fleurs (0'",08), 807 fr. — Morceau
de fruits, de nièine dimension, 8().'i fr. — Morceau de fleurs (0'",72),
8t8 fr. — Deux fonds de fauteuils, à fleurs, sur fond lilas (0'",77),
483 fr. — Deux autres, de luênie dimension, 533 fr. — La Fête de
Cérès ou VElé (11"', 39), 19,36(5 fr. — Couronne de fleurs (morceau
de 0'",28), 330 fr. — Le Sommeil de Renaud (G'",91), 1:2,318 fr.
— Fond de canapé, en fleurs, fond lilas (1"',41), 948 fr. — Morceau
représentant deux Canards et un Vautour (1"\!26), 4,373 fr. —
Deux dossiers de fauteuils, à fleurs, fond lilas (0'",51), 3o4 fr. —
Dossier de canapé, à fleurs, fond lilas (0'",i23), 835 fr. — Huit pla-
tes-bandes, pour fonds de fauteuils, fond lilas (0'".C)3), 406 fr. —
Morceau représentant des perroquets (0"\50), 1,467 fr. — Deux dos-
siers de fauteuils à fleurs, fond lilas (0'",51), 398 fr. — Quatre sièges
de fauteuils à fleurs et fond lilas (l'",5o), 1,068 fr. — Seize plates-
handes fond lilas, pour dossiers de fauteuils (0'",82), 516 fr.
1808. — Un superbe envoi de tapisseries et de meubles est adressé
au palais de Compiègne.
En voici le détail :
Une pièce, tenture neuve, représentant la Noce d'Angélique (IL
3 mètres sur 6'", 10), compris le nettoyage et les menues répara-
tions, 17,735 fr. — Une bordure complète, 755 fr.
Pour le salon ou cabinet de l'Empereur, trois pièces de tentures
neuves.
1° Une Fête à Flore ou le Printemps (IL 3'", 30 sur 3"', 41),
17,600 fr.
S'' Une Fête à Cérès ou VEté (H. 3'",38 sur 3"\36), 19,430 l'r.
3" Offrande à Paies, divinité des Bergères (IL 3'",10 sur 3"','2S},
14,930 fr.
Pour le second salon de l'appartement d'un souverain étranger :
La Fureur des Taureaux (IL 3"\30 sur 4"\42), 12,840 fr. — Ral-
longe et bordure, 1,438 fr.
La Robe empoisomiée de Médée (H. 4'",'28 sur 5'", 38). 17,360 fr. —
Bordure ajoutée, 886 fr.
Un meuble fond lilas, dessin à fleurs, composé de deux canapés,
douze fauteuils et une feuille d'écran (sans les fûts), 14,800 fr. —
Deux tabourets de pied, 600 fr.
Exercice de 1809. — Appointements des employés, 111,061 fr.
LES MANUFACTURES DES GOBELINS ET D AUBUSSON 247
Achat de matières premières et dépenses diverses, 48,427 fr. Livrées,
secours, gratifications, 3,000 fr.
Les ouvrages terminés en 1809 sont nombreux, mais on remarquera
cju'ils comptent beaucoup de petites pièces.
Mêléagre entouré de sa famille (lo'",08), i24,801 fr. — Six mor-
ceaux avec un N sur fond vert, pour milieux d'anciennes bordures
(0'",39), 234 fr. — Portrait en buste de V Impératrice Joséphine
(0"",62), 1,330 fr. — Un autre, de même dimension, 1.280 fr. — Le
Combat des Romains et des Sabins (13™, 87), 20,200 fr. — Quatre
couronnes pour milieux d'anciennes bordures (0'",41), 342 fr. —
Quatre pliants, fond rouge avec leurs plate.s-bandes (3™,16), 3.240 fr.
— Portrait en pied de V Impératrice Joséphine (3™,u0), 12, 169 fr. ■ —
Portrait en buste deVEmpereur (0'°,72), 1,610 fr. — Un portraitseni-
blable (0'",72), lo90 fr. — Enée quittant Troie embrasée (8™, 51),
13,000 fr. — Le Chasseur, pièce du sujet des Indes (14™, 77).
27,598 fr. — Arias et Pétus (9"\11), 11,820 fr. — Trois chaises, fond
rouge, avec leurs dossiers et leurs plates-bandes (2"\o8), 2,274 fr. —
Trente abeilles, pour coins d'anciennes bordures (l'",72), l,17o fr. —
Trois chaises, fond rouge, avec leurs dossiers et plates- bandes (2'", 58),
2,786 fr. — Quatre coins, fond vert, avec abeilles, pour anciennes
bordures (l'",10), 754 fr. — Quatre coins de même, 745 fr. — Deux
parties de bordures de portières (2™, 35), 1,575 fr. — Quatre pliants,
fond rouge, avec leurs plates-bandes (3'", 16), 3,218 fr. — Quatre
fonds de fauteuils, fond rouge, avec leurs plates-bandes (2™, 89),
2,760 fr. — Douze fonds de chaises, à petits bouquets, fond de soie
lilas (5"\88), 3,680 fr. — Six dossiers de chaises, de même (1"\32).
800 fr. — Un dossier de fauteuil fond rouge, avec ses quatre plates-
bandes (0™,49), 514 fr. — Trois dossiers pareils (1"\48), 1,420 fr.
— Trois manchettes de fauteuils, fond rouge (0"',18), 105 fr. — Seize
manchettes fond lilas (1"\22), 345 fr. — Dix-huit dossiers de chaises,
à fleurs, fond lilas (3"\97), 2,186 fr. — Un fauteuil complet,
fond rouge, avec manchettes et plates-bandes (1™,37), 1,222 fr. —
Huit étoiles pour le devant des manchettes de quatre fauteuils, fond
rouge (0™,12), 32 fr. — Trente-deux morceaux pour devant et der-
rière des manchettes de douze fauteuils et deux canapés, fond lilas
(0'",35), 48 fr. — Quatre manchettes de fauteuils, fond lilas (0™,30),
86 fr. — Cinq manchettes, fond rouge (0'",30), 224 fr. — Une par-
tie de bordure en forme de pente, pour une portière (1™,'9),
1,271 fr. — Quatre manchettes de canapé fond lilas (0"',36), 92 fr.
218 LES FOURNISSEURS DE \.\POLl':0\ f
— Quatre manchettes de fauteuils, même fond (0"',30), 8:2 fr. —
Ine partie de bordure, forme de pente pour portière (i™,79),
1,17-2 fr.
1800. — Livré à l'administration du mobilier impérial pour l'ameu-
blement du salon-cabinet de l'Empereur, aux Tuileries :
Quatre pièces de tentures neuves, entourées d'une bordure compo-
sée d'ornements et d'attributs impériaux préparés et ajuste's pour ce
salon d'après l'ordre de Sa Majesté.
Enée poursuivant Hélène (II. 3'",9T sur G"',o3 de cours, compris la
bordure et les deux rallonges), 33,750 fr.
Zfiuxis choisissant un modèle pour peindre Hélène (II. 3"',3t) sur
4'", 90 de cours y compris la bordure), 33,660 fr.
Vénus blessée par Diomède (H. 3™, 30 sur 4'",0o y compris une ral-
longe et la bordure). 24,ooo fr.
L'Enlèvement de Déjanire par le centaure Nessus (H. 4™, 0:2 sur
'2"\76 de cours y compris deux rallonges et la bordure), 14,780 fr. —
Total : 108,743 fr.
Pour le salon de l'Empereur, au palais de Strasbourg, le Parnasse^
avec bordures, écussons rallonges, 25,600 fr.
1810. — Pour Compiègne douze chaises à petits bouquets, sur fond
de soie, couleur lilas, à 430 fr. la chaise, 5,160 fr. (les douze chaises fon^
8™,5!L>).
Exercice de 1811. — Les appointements des employés de tout
grade, l'achat des matières premières et les dépenses diverses s'élèvent
à 168,310 fr. Sur cette somme, il faut déduire 13,280 fr. pour fourni-
tures aux manufactures de Beauvais et de la Savonnerie,
Ateliers de haute lisse. — Mort du général Desaix (9'",23),
24,877 fr. — Portrait de VEmpereur avec les habits impériaux
(3'", 76), 12.500 fr. — Deux dessins de pliants sur fond rouge et huit
plates-bandes (l'",58), 1,600 fr. — Deux bordures fond uni pour
encadrer la pièce VOffrande ci Paies (2'", 84), 1,250 fr. — Deux
autres bordures montantes, pour la même pièce (3'", 01), 1,230 fr.
— Un portrait en buste de VEmpereur (0™,67), 2,250 fr. — Un
autre semblable, 2.250 fr. — Deux bordures plates, fond uni pour
encadrer la pièce des Indes, dite le Chameau (3"\35), 1,360 fr.
Ouvrage de basse lisse. —Six e'cussons et bordures avec le mono-
gramme de S. M. (0"\08), 330 fr. — Deux autres (0"\33), 110 fr.
— Deux bordures plates pour la portière représentant les Armes
d Italie (2"',29), 1,590 fr. — Portière figurant les Armes dltalie, sur
LES MANUFACTURES DES GOBELINS ET d'aUBUSSON 249
fond pourpre, en laine, parsemée d'abeilles (9'", 63), 9,600 fr. — Por-
trait en pied de Madame Mère (3™, 25), 12,000 fr. — Quatre feuilles
de paravent avec aigle et ornements sur fond cramoisi, en soie
(1™,80), 2,333 fr. — Une feuille d'écran, avec aigle couronné
et ornements sur fond cramoisi, en soie, parsemé d'abeilles
(0"\62), 1,000 fr. — Autre, 1,000 fr. — Un dossier de fauteuil de
représentation avec une Minerve et ornements rehaussés d'or, sur
fond rouge, en laine, parsemé d'abeilles (0'",34), 800 fr. — Autre
dossier avec une Renommée (G'", 34), 800 fr. — Dossier de
chaise de princesse, avec casque et ornements semblables (0™,2i),
4o0 fr. — Deux tabourets de pied (0™,44), 600 fr. — Deux écussons,
avec aigle couronné (0'",4S), 490 fr. — Morceau représentant un
Dessert composé de pots de crème, biscuits, etc. (0'",30), 800 fr. —
Morceau figurant un Déjeuner, brioches, raves, etc. (0™,30), 800 fr.
— Un fond de fauteuil de représentation, avec palmes et ornements
rehaussés d'or, sur fond rouge, parsemé d'abeilles (0™,55), 1,000 fr.
— Une plate-bande de devant pour un fauteuil de représenta-
tion (0™, 13), 110 fr. — Deux écussons de bordures avec aigle cou-
ronné et ornement, sur fond rouge, en laine (O^jÔO), 680 fr. — Deux
tabourets de pied, avec ornements sur fond rouge, en soie, parsemé
d'abeilles et huit plates-bandes {0'",64), 600 fr. — Une pente de
portière, parsemée d'abeilles (l'",87), 9oo fr, — Deux manchettes de
fauteuil de représentation, fond rouge, en laine, parsemé d'abeilles
(0™,3o), 90 fr. — Un dossier de fauteuil de prince, avec aigle et or-
nements, sur fond rouge, en laine, parsemé d'abeilles (0'",29), 590 fr.
— Un fond de fauteuil de représentation, avec palmes et ornements
rehaussés d'or, sur fond rouge en laine, parsemé d'abeilles f0'",55),
1,000 fr. — Une plate-bande de devant pour un fauteuil de représen-
tation rehaussée d'or, parsemé d'abeilles (0'",13), 110 fr. — Un des-
sus de pliant, même décor (0"',4o), 900 fr. — Un autre, 900 fr. —
Deux manchettes de fauteuil de représentation, même décor (0"\ 35),
90 fr.
Pièces terminées en 1812. — Atelier de haute lisse. Deux bordures
fond uni, pour encadrer la pièce des Indes, dite les Taureaux
(3"\35), 1,530 fr. — Six autres bordures (2'",12), 1,380 fr. —Deux
portraits en buste, de Y Empereur (0'",67 chacun), valant 2,250 fr.
l'un. Partie basse de cantonnière composée d'ornements et d'attri-
buts sur fond cramoisi, en soie, parsemé d'abeilles, avec bordure
(4"\18), 4.500 fr. — Deux bordures montantes pour la pièce des Indes
250 LES FOIRXISSEURS DR NAPOLÉON 1''
dite le Cliameau (3'", 01), 1.20U IV. — La pièce des ladcs, diteles Tau-
reaux (17'". 04), 3(),î)00 fr.
Alelicr de basse lisse. Fonds de fauteuils à petits bouquets sur
fond jaune, en soie, à 630 fr. — Tonds de fauteuils de prince, avec
aigle et ornements rehaussés d'or, sur fond rouge, en laine, par-
semé d'abeilles, à 770 fr. l'un. — Dossier de fauteuil à petits bou-
quets, sur fond jaune, en soie, à 300 fr. — Dossier de fauteuil di'
prince, avec aigle et ornements, sur fond rouge, on laine, parsemé
d'abeilles (0"", 27), 660 fr. — Dossiers de chaises de princesse, avec
casque et ornements rehaussés d'or, sur fond rouge, en laine, par-
semé d'abeilles, à 4o0 fr. — Fonds de chaises de princesse avec
milieux et ornements sur fond rouge, rehaussés d'or et parsemés
d"abeilles, à 4G0 fr. — Dessus de pliants, même décor, de 0'",4o,
l'un 900 fr. — Feuilles de paravent avec figures et ornements du
même genre, à 1,000 fr. Tune. — Manchettes et plates-bandes pour
chaises et fauteuils de princes et de princesses, à 12 fr. 50 et 18 fr.
Service des présents de l'Empereiir.
19 avril 1806. — Par ordre de l'Empereur, trois tapisseries sont
envoyées au cardinal Caprara, légat du Pape : le Baptême de Jésus-
Christ ; — le Lavement des pieds ; — la Pêche miraculeuse. Leur
prix total est de 27,468 fr.
10 mars 180G. — M. Guillaumot, administrateur des Gobelins, écrit
à l'Intendant général de la maison de l'Empereur qu'il a été avisé
■que le minisire de l'intérieur devait choisir une tapisserie pour être
remise en présent à M. le comte d'Altamira, grand écuyer de la cour
d'Espagne. 11 attend qu'on vienne faire ce choix.
4 mai 1806. — Présents de cinq tapisseries au roi de Wurtemberg.
6 mai 1806. — Lettre du conseiller d'État, administrateur général
de la maison de l'Empereur : « Votre Majesté, Sire, m'a fait l'honneur
de me dire que son intention était de faire un présent de tapisseries
<les Gobelins à S. A. Electorale le prince de Bade. J'ai Ihonneur de
proposer à Votre Majesté, pour composer ce présent, les cinq pièces
suivantes qui m'ont paru le plus convenables parmi celles qui exis-
tent dans le magasin de la manufacture, savoir : V Apparition de la
croix à Constanti7i, 5,272 fr., — Joseph vendu, p)ar ses frères.
LES MANUFACTURES DES GOBELIXS ET D AUBUSSON 231
3,738 fr.; — V Evanouissement d'Esther, 3,713 fr. ; — V Arrestation
(VAnian, 5,32G fr. ; — Iléliodore chassé du Temple, 7,801 fr.
Cette lettre est ainsi apostillée : Approuvé. Signé : « Napoléon. »
25 juillet 1806. — Treize pièces de tapisseries sont remises à
M. Rollier, intendant général de Madame Mère, pour meubler son
château de Pont.
Grand salon : Y Eté; — V Automne; — Y Hiver ; — Apollon; —
Bacchus ; — Latone ; — le Parnasse. Ensemble : 30,320 fr.
Petit salon : le Bal de Don Quichote ; — le Vol de l'âne; — la
Dorothée; — la Fausse princesse ; — Don Quichotte et le Barbier.
Les cinq morceaux : 17,386 fr.
Pour le petit cabinet : Psyclié et r Amour, 2, "366 fr.
1807. — Présent à S. A. le prince primat : la Vestale Clélie,
lo,7oi fr. ; — la Madeleine chez le Pharisien, 9,993 fr.
Au grand-duc de Bade : la Peinture, 7,520 fr. ; — Vase de /leurs,
701 fr.
Au prince Borghèse : le Déjeuner de la Sultane, 5,940 fr.; — Vase
de /leurs, 700 fr.
Au grand-duc de Berg : la Mort de Vamiral de Coligny, 8,450 fr.
Au prince de Neufcliàlel : un sujet de la tenture des Indes, le
Chameau : 6,700 fr.
15 octobre 1808. — Etat des tapisseries offertes au prince Guillaume
de Prusse : la Reconnaissance dTphigénie et d'Oreste, 14,286 fr. ; —
le Courage des femmes de Sparte, 8,000 fr. ; — Coligny de Chastillon
devant ses assassi^is, 16,680 fr. {Arch. des Gobelins, chemise 1808,
Dons.)
4 février 1809. — Livré au comte de Romansoff : une Fête à Bac-
chus ou l'Automne, 19,000 fr. ; — les Saturnales ou Vlliver,
13,000 fr.
Après les fêtes et réceptions de l'entrevue d'Erfurt Napoléon offrit
au comte Tolstoï les tapisseries qu'il avait fait venir pour orner l'ha-
bitation où il devait recevoir tant de princes et de tètes couronnées.
Ces tapisseries au nombre de dix valaient 37,200 fr. ; c'étaient :
cinq pièces de Beauvais, figurant des Jeux russes ; — deux pièces
aussi de Beauvais, offrant des Scènes chinoises. Les trois autres tapis-
series, tissées aux Gobelins, représentaient des sujets de Jason et
Médèe, la Fureur des taureaux, la Robe empoisonnée, le Mariage de
Jason. {Arch. des Gobelins.)
6 décembre 1809. — L'Empereur aimait beaucoup son bon ami le
•2;ji LES FOI RNISSEimS DE NAPOLfiOX l*^'"
roi (-le Saxe, le seul qui lui resta fidèle jusqu'à la lin. .Najjolèou lui
envoya pour orner son palais Je Dresde, de magnifiques tapisseries
ainsi désignées aux Archives des Gobelins : Joseph reconnu par ses
frèrjs, 17,700 IV. ; — r Évanouissement cVEslher, 17,^J00 fr. —
r Arrestation d'Aman, 17,300 IV. ; — le Combat des Romains et des
Sabins, 20,:200 fr. ; — JJnée quittant Troie embrasée, 13,000 fr. ;
— le Sommeil de Renaud, 12,400 fr. ; — Portrait en buste de VKm-
pereur, l.GOO fr.
29 décembre 1809. — Offert au roi de Wurtemberg : Léonidas et
Cléombrotte, 13,600 fr. ; — Aria et Pétus, 12,600 fr.' Cn Portrait
en buste de V Empereur, avec cadre, 1,800 fr.
1810. — Pour le prince de Bade : V Enlèvement de Proserpine,
d'après Vien ; — V Enlèvement d'Europe, d'après M. Pierre; —
A(/laure, d'après le même; — Pysché et V Amour, d'après Belle père.
1810. — Pour le Roi et la Reine de Bavière : deux pièces du sujet
des Indes, de Desportes, le Zèbre et le Chasseur.
1811. Présents à V occasion du nouvel an. — A la reine Hortense :
r Empereur distribuant des sabres d'honneur aux grenadiers de sa
garde, d'après le tableau de Gros (H. 3'",23), 16,000 fr.
A la princesse Pauline : l'Empereur gravissant les Alpes d'après
David (H. 2"\94), 15,000 fr.
Au vice-roi: un portrait en pied de V Impératrice Joséphine, dans
les habits impériaux (II. 2"\33;, 10,000 fr.
A la reine Hortense : un portrait en pied de Joséjjhine, assise sur
un canapé, sans bordure (H. 193), 12,230 fr.
Au cardinal Fesch (frère de Madame Mère et oncle de l'Empereur) :
un Morceau représentant deux Canards et un Vautour, d'après Des-
portes (II. 1™,09), 4,373 fr.
A M""- de Ségur : un Morceau représentant des Perroquets, d'après
Barraban, pour servir d'écran (H. 0"',78), 1,467 fr.
1811. Baptême du Roi de Rome. Présents aux parrain et mar-
raines. — Le baptême du Roi de Rome eut lieu à Notre-Dame, le
2 juin 1811. Le parrain, l'empereur d'Autriche, était représenté par
le grand-duc de Wurtsbourg qui reçut divers présents, entre autres
deux tapisseries des Gobelins, Cornélie, mère des Gracques,
20,762 fr. ; — le combat de Mars et de Diomède, avec bordure et
coins, 36,384 fr.
Le royal enfant eut deux marraines, Madame Mère et la Reine
Hortense. L'Empereur leur donna deux tapisseries ; pour la première
LES MANUFACTURES DES GOBELINS ET d'aUBUSSON 25:]
marraine, Méléagre entouré de sa famille, 24,801 fr.; pour la
seconde, l'Offrande à Paies, avec bordure et coins ajoutés, 18,o72 fr.
1812. — Au roi de Wurtemberg : Fruits et animaux des Indes,
les armoiries de Sa Majesté : 48,210 fr.
1813. — Etat des tableaux en tapisserie qui peuvent être mis <à la
disposition de LL. MM. l'Empereur et l'Impératrice pour faire des
présents à l'occasion du jour de l'an :
Deu.k bustes de VEmpereur dans les habits impériaux, d'après
Gérard, avec le cadre doré. Carré de chaque tableau 0'",67 ; pri.K de
chacun, 2,2o0 fr.
4 janvier 1813. — Lemonnier, le nouvel administrateur des Gobelins,
supplie le duc de Cadore de faire ordonner par M. Denon « une copie
du charmant portrait du Roi de Rome, peint par Gérard, dont on
aurait le temps, ajoute Lemonnier, de faire deux tableaux en tapis-
series et qui, joints aux bustes de Sa Majesté que je vais faire répéter,
fourniraient des présents précieux.
« Je vais pareillement solliciter de M. Gérard, la répétition
prompte du portrait de Sa Majesté l'Impératrice ordonné depuis
longtemps à la manufacture... »
Paris, 9 octobre 1813. — Lettre adressée au baron Denon, directeur
du Musée Napoléon, par le duc de Cadore : « xMonsieur le baron,
M. l'administrateur de la manufacture des Gobelins m'expose qu'il
serait nécessaire que cette manufacture eût un portrait en buste de
l'Impératrice afin de le faire copier en tapisserie, pour être offert en
présent avec les bustes de l'Empereur qu'on y exécute tous les ans.
Il désire en conséquence obtenir une copie du buste de Sa Majesté
l'Impératrice, d'après le portrait en pied qui a été peint par
M. Gérard.
« J'ai l'honneur, M. le baron, de vous prier de faire cette
copie dont la dépense sera prise sur le fond de 8,000 fr. accordé par
le budget de 1813, pour tableaux à faire faire ou à copier pour la
manufacture des Gobelins. {Arch. des Gobelins.)
l'^'janvier 1814. — Présent au prince de Neufchàtel (Berthier) d'un
portrait de VEmpereur, dans un cadre doré, 2,o00 fr. {Arch.
nat. 0^202.)
25 i LES FOURMSSELP.S DK NAPOLf:0\ l''"
VI
Nous consacrerons, pour finir, quelques mois à la manufaclurs
(.l'Aubusson, rivale de celle des Gobelins.
En date du 9 juin 1807, les fabricants de la Manufacture de tapisse-
ries et tapis de pii'd d'Aubusson adressaient à leur préfet, pour
parvenir au ministre, une requête par laquelle ils sollicitaient du
gouvernement des commandes et un secours d'argent, sous forme
d'emprunt.
e La Manufacture de tapisserie et tapis d'Aubusson doit, dit-on, son
origine aux Sarrasins qui apportèrent en France ce genre de travail.
Colbert forma dans ce genre les belles manufactures des Gobelins et
de la Savonnerie et accorda à la nôtre plusieurs privilèges, entre
autres la franchise des maîtrises et impositions.
« M. de ïrudaine, à qui le commerce doit tant de reconnaissance,
y établit aux frais du gouvernement une école de dessin, et un inspec-
teur fit délivrer tous les ans quelques tableaux de divers genres et
exécuter des commandes dans les temps de disette. Aussi cette
fabrique, la seule en ce genre, avait-elle étendu ses débouchés et, au
moment de la Révolution, on comptait de 900 à 1,000 ouvriers
occupés, dont plusieurs rivalisèrent de talent avec ceux des Gobelins,
particulièrement pour les fleurs; pouvant établir plusieurs qualités,
ces ouvrages sont à la portée de tout le monde et le débit en est plus
considérable.
<t Les circonstances lui font éprouver bien des pertes, mais on doit
au zèle des fabricants soussignés la conservation des meilleurs ouvra-
ges; ils ont lutté avec persévérance et par des sacrifices ils ont
donné quelque circulation ; mais le débit n'a pas été en raison de la
fabrication, leurs magasins sont encombrés
« Envoyer auxdits fabricants les commandes que le ministre
désire faire exécuter, avec les mesures et plans. MM. Rogier et Sal-
landrouze présenteront alors au ministre les dessins et esquisses qui
pourraient convenir aux dimensions et, sur son approbation, feront
exécuter en grand les dessins.
« S. E. le Ministre se tromperait s'il divisait sa commande ; cette
fabrique ne ressemble nullement aux autres manufactures, la per-
fection des ouvrages dépend particulièrement de la beauté du dessin
LES MANUFACTURES DES GOBELINS ET D AUBUSSOX 2o"y
et il n'en est pas un d'une mesure ordinaire, qui ne revienne de cinq
à six cents francs, dépense si considérable que MM. Rogier et Sallan-
drouze qui depuis dix ans en font seuls les frais, ont dépensé plus de
30,000 fr. pour les dessins exécutés par les meilleurs artistes de la
capitale ; c'est à ces tableaux qu'on doit les beaux tapis qui ornent
aujourd'hui les palais des princes Murât, Borghèse et Eugène... »
{Arch. nat. 0-6i>-2.)
CHAPITRE VI
LA MANUFACTURE DE CRISTAUX DU M N T - C E N I S
Manufacture de S. M. l'Impératrice et Heine. Cristaux du Monl-
Cenis.
La fabrique du Mont-Cenis a produit, sous l'Empire, de fort jolis
cristaux, tels que lustres, candélabres, services de table, vases magni-
fiques et objets divers, d'un galbe élégant, supérieurement taillés et
gravés. L'usine eût eu beaucoup de mal à se soutenir, sans l'auguste
protection que lui accordait l'impératrice Joséphine, avec l'approba-
tion de l'Empereur.
Dans le courant de l'année 1806, le ministre de l'Intérieur écrivait
à M. de Talleyrand, ministre des Relations extérieures : «... Je viens
aujourd'hui appeler votre attention sur la fabrique de cristaux du
Mont-Cenis. Cette fabrique est l'une des plus belles de l'Empire. Les
produits qui s'y établissent sont remarquables par la pureté de la
pâte, l'élégance et la variété des formes, le goût, la richesse et la
perfection des ornements, et je verrais avec plaisir que vous vous
adressassiez à M. Ladouepe-Dufougerais à qui elle appartient, pour
quelques-uns des objets dont vous pourrez avoir besoin. Aucune
manufacture n'a plus de droits que lui à la bienveillance du gouver-
nement. Il n'emploie point le bois dans sa fabrication ; il y supplée
par la houille et en cela il mérite une protection spéciale, puisque
l'usage de ce dernier combustible tend à prévenir la dévastation de
nos forêts... »
Talleyrand répondit :
«... J'ai voulu juger par moi-même si ils (les produits du Mont-
Genis) étaient de nature à ligurer avec avantage parmi les productions
les plus remarquables de l'industrie nationale. J'ai été très satisfait de
l'élégance des formes, de la perfection de la taille et de la gravure ;
à la vérité, la pâte m'a paru laisser encore quelque chose à désirer et
n'avoir point tout à fait acquis la pureté et la transparence de celle
de fabrique anglaise.
(S. J'ai cru devoir accorder au propriétaire de rétablissement la
protection (?) (luil sollicite et, en conséquence, je lui ai fait la
demande d'un service de cristal et de pièces accessoires...» 21 juillet
1806.
II
L'année suivante, Dufougerais adresse une pétition au prince de
Bénévent. Il sollicite la faveur de comprendre ses cristaux parmi les
objets destinés au dépôt des présents au ministère des Relations
ex-térieures, et de composer l'assortiment de lustres, services de dessert,
aiguières riches et vases d'ornement, de manière qu'il s'élève à une
somme de 80,000 à 100,000 fr. « Cette consommatiou compensera
en partie celle dont je suis momentanément privé par les eflets de la
guerre ; elle soutiendra, dans des circonstances difficiles, l'activité de
mon établissement ; il vous devra, pour ainsi dire, sa conservation, et
cette conservation. Monseigneur, sera sous le rapport des arts l'un des
beaux monuments de votre gloire. »
La pétition est accompagnée de cette note, signée de l'Impéra-
trice :
« Monsieur le prince de Bénévent, je recommande à votre bienveil-
lance la demande cy-jointc du Sieur Dufougerais, entrepreneur de la
Manufacture de cristaux du Mont-Genis. Ses travaux pour soutenir et
perfectionner cet utile établissement le rendent digne de votre intérêt,
et je serai charmée que vous trouviez l'occasion de lui être utile.
« JOSÉPUIXE.
« A l'aris, le 8 avril 1807. »
•2o« LLb FOLllMSbhl i;> Dl-, NAl'OLLON T''
11
L'Eiiipcicur (laiyiiu aii>.^i s iuLùrcssci" à ccLLc labriiiuc célèbre, duiil
les plus beaux i)ru(luils lurent, sur sou ordre, compris parmi les
présents diplomali(|ues et dans l'ameuldement des palais impériaux.
[Affaires étran[/rres. Complabililé, 171)5 à 1815. Ouvrages impri-
més et objets d'art.)
ïhomire livra eu I8l:i, pour le grand cabinet de l'Empereur àSaint-
Cloud, deux grands lustres de chacun cinquante bougies ; les cristaux
fournis par l'usine du Mont-Cenis revenaient pour chaque lustre à
3,53-2 IV. {Arc/i. nat. 0-%j55.)
A cette époque, on pouvait lire surl'enseignedunuméroSdelaruede
Bondy ; Douepe, du Fougerais, seul dépôt des cristaux du Mont-Cenis,
fournisseur de Leurs Majestés Impériales et Royales. Fabrique de
Flint glass propre aux opticiens.
CHAPITRE VII
LA MANUFACTURE D'ARMES DE VERSAILLES
La Manuracturc d'armos de Versailles était déjà céléjjre, sous le
Consulat, [lai- la perfection et la richesse de ses produits. C'est elle
(jui lournissait les armes d'honneur, sabres, pistolets, fusils que le
Premier Consul décernait aux militaires qui s'étaient distingués sur
le champ de bataille.
Le 28 fructidor an VIII, Boutet, directeur-ariiste de la Manufac-
ture nationale d'armes, à Versailles, réclame 20,000 fr., montant du
prix d'une armure destinée au prince de la Paix.
« Lorsque je vous livrai l'armure destinée au prince de la Paix,
écrit-il au ministre des Relations extérieures, vous eûtes la bonté de
me promettre de me faire payer dans la même décade la somme de
20,000 francs, montant de celte armure. Sur la foi de cette promesse,
j'ai mis la plus grande activité à la fabrication des armes destinées
au roi d'Espagne, et je me verrai avec peine obligé de la ralentir si
vous n'avez la bonté de me faire payer promptement cette somme.
« Salut et respect,
« A. BOLTET. »
D'ailleurs, dans une autre lettre adressée au même ministre et
datée du 14 frimaire an IX, Boutet s'exprimait ainsi :
« Je vais, citoyen ministre, vous donner quelques éclaircissements
sur la différence de l'armure du prince de la Paix d'avec celle de
l'amiral Massarédo.
« D'après un arrêté du Directoire, le ministre de l'Intérieur me lit
la commande d'une superbe armure pour le prince de la Paix.
« Cette aruuire fut mise en fabrication, et je portai tous mes soins
20U M;S lOl HMSSKUiS Di; NAl'OLliO.N 1"
à ce que la richesse et la iMillaiile cxéculion piisscnl honorer les arls
rraii(;ais chez rélranfj;er.
« DilTérciilcs cominaiules pressaiilcs, l'aile.-- par le ytiiverueiueul, et
le niaiique de fonds, me firent laisser en arrière celle armure.
« Voire lellrc du 1:2 l'rimaire an ^'ll m'en fit le rappel, sans pen-
ser à la première demande, vous me laviez commandée pareille à
celle de l'amiral xMassarédo. Je ne pensai miiMix l'aire que de finir
celle commencée pour le prince, ([ui ne ressemblait en rien à celle de
l'amiral dont la commande fut si pressée, quelle nest que le travail
de quatre ou cinq mois, tandis que celle du prince de la Paix est le
fruit d'un travail de deux années; de plus, le décor de celle de l'ami-
ral est en argent et le décor de celle du prince est en or massif, et
la différence est si grande en totalité qu'elle ne peut souffrir de
comparaison.
« Cette armure est bien certainement ce que j'ai fait faire de plus
précieux. Elle prouvera à l'étranger que la Manufacture nationale
d'armes de Versailles a rendu le reste de l'Europe ses tributaires en
cette partie... »
11 est probable que Boutet ne tarda pas à être payé, car le 13 ni-
vôse an IX, M. de Ghampagny, ministre des Affaires extérieures, lui
écrivait en ces termes : « J'ai besoin, citoyen, pour le service de
mon département, de trois ou quatre nécessaires d'armes, composés
chacun d'une carabine et d'une paire de pistolets renfermés dans
leur boite d'acajou, et dans le prix de 6,000 fr. l'une. Je vous prie de
vous occuper immédiatement de ce travail et de donner tous vos soins
à sa prompte exécution. Vous n'épargnerez rien sans doute pour
que ces ouvrages, par leur richesse et leur perfection, remplissent
les vues que je me propose, et ajoutent encore à la réputation de
votre établissement. »
6 septembre 1806. — Boutet, directeur de la Manufacture iuipé-
riale d'armes de Versailles, livre au duc de Cadore, ministre des
Relations extérieures, une paire de [)islolets riches, du prix de
3,000 fr. aux armes de M. Franquini.
18 janvier 1808. — Boutet demande 3.000 fr. p(mr un fusil tour-
nant, garni d'argent ciselé à riches fonds d'or, « qui a été envoyé
par le dernier courrier à M. de Caulaincourl, ami)assadeur en Rus-
sie ». {Affaires étrangères. CoïiiptabiUlé, 1705 à 1815. Ouor. ùnpri-
niés ei objets d'art.)
CÏTAPITRE Yllt
LES HORLOGERS
I
Parmi les objets d'art destinés à l'ameublement des palais impé-
riaux, les pendules jouaient un certain rôle, au point de vue de la
décoration.
Les nombreuses fournitures de ce genre en font foi.
II
Bailly, borloger, rlie de Ricbelieu. En 1808, il livra à Compiègne,
pour le salon des princes, une pendule en bronze doré, représentant
r Elude, 1,900 fr.
Four la salle de bains. — Une pendule forme borne antique,
ornée de bronzes dorés, 530 fr.
Pour le salon-cabinet . — Une pendule à équation de 4,000 fr.
Pour Vapparlemenl de l'impératince. — Une pendule à figure
dorée, figurant V Astronomie, 7u0 fr.
Ailleurs, quatre pendules de marbre, forme borne antique, or-
nées de bronzes dorés, à 530 fr. chacune.
En 1809, il fait une soumission (acceptée) par laquelle il s'engage à
fournir pour l'appartement de l'Impératrice à Compiègne six pen-
dules moyennant 5,300 fr. ; deux d'entre elles ont l'aspect d'une
borne antique, en marbre orné de bronzes dorés, représentant sur
l'une le Génie de l'Etude. (Arch. nat. 0"34.)
HCi \.v^ iniRMssF.T'ns DE \.\roi,i';o\ i
op
•Iiiillcl ISIO.— Potn' Icpalah de Compii'''gne. ApparlemenI do l Im-
pératrice, au rez-de-chaussée. — Une pendule ù figure ollVaiil uno
Elude en uK'ditalion, 4,800 fr.
Appartement de prince, mi rez-de-chaussée. — Une pendule, forme
borne en marbre noir ; douilles socles ornés de bronzes dorés figurant
un Génie, une llenomméc, deux Thermes et une guirlande, 490 fr.
Appartement de la dame d' honneur . — Salon. Une pendule de bronze
sous l'aspect d'une colonne tortillée de lierre en spirale. Socle et sou-
bassement dorés et ciselés, 460 fr.
Le mois suivant, Bailly livre pour le Salon de Musique, faisant par-
tie des appartements de l'Impératrice, <à Compicgno, une pendule de
8.800 fr. — Elle représente deux figures égyptiennes en jjronze doré
au mat, avec socle en marbre orné d'un petit bas-relief en bronze
ciselé : la Leçon d'Astronomie.
m
LEPAUTE,oncleet neveu, horlogers del'Empereur, rue Saint-Thomas-
du-Louvre.
En 1808, ils font une soumission, rpii est acceptée, et s'engagent à
fournir, moyennant 1 .5ii0 fi-., trois pendules pour trois appartements
de princes, à Fontainebleau. [Arch. nat. 0-34.)
12 mai 1812. — Pa/rtzs des Tuileries. Premier étage . Premier Salon.
— Une grande pendule tout en bronze forme d'architecture, avec
archivolte surmontée d'un groupe de deux génies des sciences posés
sur des nuages, 1,200 fr.
Chambre à coucher du Roi de Rome. — Pendule de bronze à
figure, représentant la Mime de V Histoire debout et appuyée sur
un corps d'architecture, en forme de borne antique, 1,100 fr.
Deuxièîne chambre à coucher. — Une pendule tout en bronze,
forme d'architecture, ornée de quatre colonnes qui soutiennent un
entablement. L'archivolte est décorée de trophées de guerre et autres
ornements, 1,000 fr.
Une pendule tout en bronze, en forme de de', ornée sur la face de
devant d'une frise et quatre camées: sur les côtés, deux figures en
bas-relief, Cérès et Pomone, 590 fr.
LFS IIORLOr.F.nS im
Entresol da premier étage. Salon. — Une penclulo à figure en
bronze, représentant une Etude debout appuyée sur des livres, 7(S0 fr.
Première chambre à coucher. — Une pendule de bronze, forme
d'architecture, décorée de pilastres et de guirlandes de fruits et de
fleurs ciselées et dorées au mat. La face de devant de cette pendule
est ornée de deux camées, oUO fr.
Cabinet. — Une pendule tout en bronze, forme de piédestal, sur-
monté d'un groupe de figures représentant un Enfant qui reçoit
une leçon de sa mère, ayant près de lui des attributs militaires,
380 fr. Total : o,610 fr.
Ces fournitures, dit une note, sont pour le pavillon des enfants de
France, aux Tuileries. [Arcli. nat. 0-84.)
Enfin, le:2l mars 1(S13, Lepaute fournit pour le service des présents
vingt-quatre montres à répétition, en or, avec leurs chaînes, clefs et
cachets également en or.
IV
MuGNiER, horloger de l'Empereur.
Février et avril IKOG. — Pour diverses réparations faites aux
montres de Sa Majesté, dont une grosse montre de voilure, 3o6 fr.
CIIAIMTIÎi: l\
LES FONDEURS - CISELEURS BRONZIERS
Depuis le siècle de Louis XIV jusqu'à la (in du règne de Louis XYI,
le goût du bronze ciselé fut très répandu et enfanta des merveilles.
Quoique les bronzes de la période impériale n'aient pas le mérite
exceptionnel de ceux des époques antérieures, on aurait tort de
croire que l'art du fondeur-ciseleur n^ait jeté alors aucun éclat. Les
bronziers du premier Empire ont, au contraire, produit une foule
d'objets charmants fondus et ciselés dans la perfection, et supérieure-
ment dorés, qui sont aujourd'hui très recherchés.
Nous donnerons ici les noms des principaux fondeurs-ciseleurs avec
la nomenclature de leurs fournitures les plus remarquables.
II
1807. — Soumission de Blaviît, fabricant de bronze et dorure,
119, rue Saint- Martin.
Pendule figurant Erigone à l'instant où elle est séduite par Bacchus
métamorphosé en raisin, 1,1 oO fr. — Pendule de cabinet, représen-
tant une Femme et un Papillon^ 400 fr. — Groupes de cheminée, un
Avare einnQ Bohémienne, les deux, 420 fr. — Pendule représentant
Achille faisant serment de venger la mort de Patrocle, 2,400 fr.
{Arch. nat. 0-6i2:i)
1811. — GuAUMONT, fabricant de lustres, rue Chapon, fournit jinur
Trianondeux lanternes, 1,100 fr. et trois lustres à dix-huit lumières,
Li:s i"OM)i;i lis -njr^
dorés d'or moulu, (irrirs de cristaux du iMonl-Conis. Leur prix ost
facturé comme suit : '2.\)?>?> fr. ; 3,491 IV. ; :>,47?> fr. {Arc/K nat.
0-555.)
1813. — Valentin reçoit 1,200 fr. pour rentretien de la liistrcrie de
Compiègne. {Arch. nat. 0-556.)
1807. — Denikre, fabricant de bronzes, fait une soumission de pen-
dules, candélabres, flambeaux, vases, aiguières, bras, d'un ricbe tra-
vail.
Une pendule représentant un petit Amour soufflant une lampe,
400 fr. — Candélabres à iigures, 2!250 fr. ; 2,500 fr. {Arch. nat.
0:(;23.)
DupoRT et FILS, fabricants de bronzes, rue Montmartre, 25.
A l'Exposition industrielle de 1806, ils ont envoyé divers ouvrages
en bronze ciselé provenant de leur fabrication. «Ces ouvrages, traités
avec soin, dit le rapport, leur ont valu une mention honorable. »
Soumission de Duport et fils, fabricants de fjronzes dorés, 161 , rue
Mont7nartre.
Pendule figurant Mars et Vénus, sur le socle, la Toilette de Vénus
et le Jugeynent de Paris ; le, tout porté sur quatre griffes de lion ailé,
3,300 fr. — Pendule, Zéplujre et Psyché, 2,350 fr. — Pendules diverses •
Arthémise en pleurs, 940 fr. ; Télémaciue et Mentor, 1,480 fr. ; Vénus
au bain, contemplant la pomme qu'elle vient de recevoir des mains
de Paris, 640 fr. ; Amour ailé, 605 fr. — Flambeaux, feux, bras,
lustres, lanternes, girandoles, d'une très belle exécution. {Arch.
nat. 0^623.)
Galle, fabricant de bronzes, rue Yivienne, prit part à l'Exposition
industrielle de 1807 et reçut une médaille d'argent de deuxième classe.
11 présenta diverses pendules, dont une fut très remarquée. « Celle où
une femme voile un cadran et ne laisse apercevoir que l'heure mar-
quée par la pendule. »
Galle a fait d'importantes fournitures pour les palais impériaux.
An XllI (1804). — Il fournit pour le grand ïrianon des flambeaux
de bouillotte et autres; des bras, lanternes, lustres, des feux à lionnes,
à sphinx, à têtes égyptiennes, bronzés et dorés au mat, 15,119 fr. —
Pour Saint-Cloud, des flambeaux à cuvettes, à griffes, à joncs et
godrons, des œufs et recouvrements dorés, 731 fr.
1807. — Corbeille de mariage pour la princesse Catherine de Wur-
temberg qui épousa le prince Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie.
2t)G i.KS roi nxrssr.i ns ni', xapom-ox T''
le û?> nnùl 1S()7. ].o cnfïvc soiil. nrnr do riolios bronzes ciselés cl dorés,
avee cliiHVes et lèlcs d'aiiïles, valait (),()()() fr. '.
1810. — Diverses roiiriiilures poiir la Muelte, rendez-vous de
chasse de la foret de Saint-Germain.
1810. — Appartement de rimpératrice, 3'- salon. — Un lustre à
80 lumières sur un seul rang garni de cristaux, 6.000 fr. — Deux
paires de candélabres forme babistre à colonne, à cinij branches or
mat, 2.400 fr.
Autre salon. — Deux paires de bras à 4 branches, têtes de vieil-
lards et enfants, dorés encore mat, l,2o0 fr.
Ailleurs. — Paires de bras à cercle, avec tête de lion ou vase à
flainnio : bras à branches avec boucliers, dore'sd'or moulu, 24,459 fr.
Soufflets à deux vents, l)alais d'àtre, i)ougeoirs, flambeaux d'argent
ou dorés d'or moulu, feuxà bouleset chevaux marins — feux à boules
et palmettes à boules et lions — Feux à Itoides avec couronnes et
flèches, thyrses et couronnes à bornes et palmettes découpées, etc.
{Arch. nat. 0-o5o.)
Lakond livre, en 1811, une superbe lanterne de cinq pieds de haut
sur deux pieds de large, offrant des aiglons et des coqs, des génies,
des faisceaux de flèches, houlettes, cnniudis. en bronze doré au mat.
.^,r]00 fr. {Arch. nat. O-'ooo.)
ll.WRio, fondeur-ciselcur-dorciir, rue de la Lui, prit part à l'Ex-
position industrielle de IHOK o{ obtint une médaille d'argent de
deuxième classe.
Novembre '1804. — Un mémoire de (nurnilures pour Fontainebleau
s'élève à 11,013 fr. Nous remarquons :
Un grand feu à vase et feuille, en or moulu, avec fers, pelle. i)in-
cette et tenaille, 600 fr. — Un feu très fort à lionnes, 700 fr. — Vw
autre très grand à vase. SIX) fr. — Un autre très large à animal
bronzé, le reste doré, Ti^O fr. — Une pendule à sphinx et aigle. 000 fr.
— Bras, giranddli's. Il.iinbcnux. hongeoirs.
' Celte corbeille renfermait trois robe» do dentelles dont une de 13,00(1 fr. et
une autre de 6,000 fr. ; trois voiles : un rond, 'J.iOO fr. ; un carré, 1.000 fr., un
long, 3,100 fr. ; des etolTcs lamées d'or et d'arj^'ont, pour 13,.M;2 fr.; une redini,'oto
brodés 900 fr. ; une robe cacliemire brodée, 900 fr. ; quatre châles cachemire
brodée, jaune, noir, blanc, amarante, .'^),I9'2 fr. ; treize éventails, 9-22 fr.; vinf^t-
quatre douzaines déliants, 1,1S0 fr. ; toques, oie. 1,120 fr. : l)ouquets et guirlandes,
1,1 16 fr. ; une robe brodée en perles d'acier, 3,000 fr. ; deux robes de crêpe, fleurs
appliquées, 2.400 fr. ; un sultan brodé. 800 fr. ; objets divers, 11,908. — Tiitai :
70,000 fr.
LF.S FOXDErnS 21
> t
Pour Sa Sainteté, il livre des flambeaux et bougeoirs grands et
petits, un flambeau à longue queue, dit d' Evoque, doré d'or moulé,
des sonnettes argentées et dorées, le tout facturé 903 fr. — La même
année, il fournit aussi, pour les Tuileries, divers bronzes cotés 600 fr.
4810. — li.vvRio, fabricant de bronzes el dorures. 93, rue de Riche-
lieu, fait une livraison pour (-ompiègnc facturée r),71() fr.
Salon de Famille. — Un grand feu à vase et boule, appliques à
Renommées, doré d'or moulu, \W) fr. — Une paire de bras à foudres,
à cinq branches, doré d'or mat, 600 fr. — Deux paires de flambeaux
à feuilles et canaux dorés, 168 fr.
Salon de V Impératrice . — Un grand feu, à vase et boule, doré d'or
moulu, garniture complète, 950 fr. — Deux paires de bras dorés <à
brandons, de cinq lumières, Ijli^O fr. — Deux paires de flambeaux à
carquois et pans dorés, 168 fr.
Deuxième salon de V Impératrice. — Un très grand feu à aigles et
cassolettes dori; et bronzé, garniture complète avec garde-feu en toile
métallique vernissée, 1,!250 fr. — Deux paires de grands flambeaux,
chapiteaux, dorés, ?»iO fr. — Deux paires de bras à couronnes, dorés,
1,1-20 fr. {Arch. nat.OWi^.)
TïïOMiRE, fondeur-ciseleur, d'un talent hors de pair. A l'Exposition in-
dustrielle de 1806 il obtint la plus haute récompense, une médaille d'or.
Le rapport du jury, conceruaut Thomire mérite d'être cité en entier :
« L'Exposition de 1806 est la première à laquelle cet habile artiste,
le premier de nos ciseleurs, ait pris part ; il a présenté une suite con-
sidérable de pièces exécutées par lui ou sous sa direction. La chemi-
ne'e en malachite, qui est un des plus beaux ameublements qui aient
paru à l'Exposition, est destinée <à étendre la réputation de supe'riorité
que les Français ont acquise dans les arts qui tiennent au goût.
D'autres cheminées, quoique moins riches par la matière et par les
ornements, ne font pas moins d'honneur à l'artiste qui les a exécutées.
M. Thomire a employé des granits des Vosges et de la Haute-Saône
qui ne le cèdent pas en beauté à ceux de l'Orient.
« M. Thomire joint au talent de^j'exécution un goût éclairé et pur ;
il emploie pour faire les modèles des bronzes qu'il doit ciseler, les
plus habiles statuaires de la capitale et ceux-ci ne peuvent, qu'être
flattés de la manière dont il sait rendre leurs compositions. Le jury
décerne à M. Thomire, une médaille d'or. »
Thomire est le plus célèbre ciselcur-bronzier du règne de Napoléon.
2(iN LKS l(»l lîMSSKLUS DK NAI'OLKON l"
piiiir lis pins lioaux n)ii»;irloiiionls fl(>s palais impériaux il a lourni tic
siipt'iliis p(Mululos ;i siijt'ls, Irailt's do main ili^ ninilro ; des groupes
en hn»n/(> ; des Insircs, des girandoles el des eandrlabres de grande
dimension à figures de femme ailée, figurant laYictoireou leGénie,Ptc.,
toujours d'une exécution magistrale.
On reproche à ce maître, comme ;i tous ceux de cette époque,
l'abus des formes antiques, aussi ses premières œuvres faites sous
Louis XVI sont celles les plus recherchées. Il fit en 1811, sur les
dessins de Prud'hon, le berceau du lloi de Rome, offert par la ville
di' Paris et conservé au musée du Mobilier national. La couchette
en racine de frêne, surmontée d'une Victoire ailée, est très chargée
de cuivres ciselés cl dorés. (Woirle Livre des collectionneurs, p. i2'iO.)
TiiOMiRE, DuTERME et G'"' fabrique de bronzes, rue Tailbout.
ISUT. —Groupe en bronze représentant l'Empereur, tenant d'une
main la Victoire et appuyé sur Minerve et la Renommée publiant ses
conquêtes, 12,000 fr. — Pendule. Vase étrusque, 2,200 fr. — Pendules
à sujets : Le Serment à r Amour, 4,400 fr. — Le Génie des .Ir/s, 5,000 fr.
— Sapho, 3,000 fr. — La même, plus petite, 1,100 fr. — Le Temps,
V Amour et l'Amitié, 4,800 fr. — JJiane et Apollon, 2,400 fr. — Apol-
lon sur un autel, 1,500 fr. — Tous ces sujets sont en bronze dit antique.
— Les Quatre Saisons, groupées dans un char traîné par deux lions,
conduits par un Amour, 4,500 fr. — L.Wstronomie, sous la-figure d'une
femme égyptienne, 850 fr.
Girandole à figure de femme, 2,400 fr. — Autre, à figure de femme
ailée, 4,500 fr. — Autre, à trois figures groupées contre une colonne
surmontée d'une boule, 4,500 fr. — Lustres à 2,800 fr. ; 5,500 et
6,000 fr. [Arch. nat. 0-()23.)
1809. — Pour le deuxième salon de V Impératrice. — Deux paires
de girandoles composées chacune d'un trépied avec consoles, sur cha-
cune desquelles sont des figures de femme ailée, en bronze ciselé et
doré au mat, 6,200 fr.
Pour le petit salon. — Une pendule à figure de femme, AxieEura-
nie, portant sur ses épaules, le tambour dans lequel est placé le mou-
vement. Au-devant de cette figure est un Amour arrêtant Euranie,
bronze ciselé et doré, sur marbre orné de bronze ciselé; mouvement
de Lepaute, 1,060 fr.
Chambre à coucher. — Une pendule à grande figure de femme
dite Sapho ; près de sa lyre, des livres de musique, 3,300 fr.
Li:S FONDELliS 209
Boudoir. — Pendant à ligure d'Amour « i)iucant de la lyre » bronze
ciselé et doré, 7()0 fr.
En tout, 1:2,090 iV.
1810. — Flanil)eaux, Ceux, etc., 13,733 IV.
•1811. — Pour la salle du Trône, aux Tuileries. — Quatre grands
candélabres de buit pieds do liaut, d'après l'antique, en trépied ayant
à chaque angle une Chimère ailée, en bronze ciselé et doré au mat,
suivant l'esquisse acceptée par David ; quatre girandoles de même
style, 60,000 fr.
David, tout en acceptant le projet des candélabres, y fit faire quel-
ques modifications ainsi qu'il le dit dans ce passage de son rapport :
« J'ai examiné avec le plus grand soin le modèle du candélabre que
m'a fait voir M. Thomire. Le premier aspect m'a fait plaisir, j'en ai
loué les proportions et son élégance ; ensuite après un plus mûr exa-
men, j'ai fait quelques observations pour la délicatesse du style que
M. Thomire, très habile dans son art, a reconnu sur-le-champ, comme
par exemple, d'enlever au-dessus du chapeau des feuilles recourbées
qui faisaient confusion » {Arch. nat. O-06O.)
1811. — Une paire de candélabres, d'après l'antique de S pieds de
hauteur, en bronze ciselé et doré, 8,400 fr,
181 :i. — Pour le grand cabinet de V Empereur à Saint-Cloud. —
Deux lustres de chacun 10,000 fr. — Ces lustres étaient à 30 lumières,
dont 20 au premier rang et dix au second. Les cristaux provenaient de
la manufacture duMonl-Cenis et coûtaient, pour chaque lustre, 3,532 fr.
Ateliers, 7, rue Boucherai. {Arch. nat. O-ooo.)
Waflars, « fondeur-doreur rue Guérin-Boisseau, fabrique les orne-
ments et patères antiques pour meubles et draperies; feux flambeaux
de bouillottes et autres, dorés, argentés ».
Le 7 frimaire an XIII, lors du couronnement, il fournit pour le ser-
vice de Sa Sainteté, dix-huit flambeaux à ornements modernes ciselés,
021 fr. — Un flambeau de bureau à deux branches, ciselé d'or moulu,
o5fr.
ClIAPITHK X
LES RELIEURS
L'Empereur avait beaucoup de goût, et aimait ce qui était élégant
et riche. Aussi affectionnait-il particulièrement les travaux des artistes
en reliure dont les noms suivent :
François Uozkrian, rue de Tournou. ol, relia notamment pour la
bibliothèque de l'Enqjereur :
80octobi'e iHlU. — Deux grands volumes, grand Atlas en maroquin
rouge doublé en tabis bleu, à 106 l'r. le volume : i21ïi fr. — Un carton
de même grandeur en maroquin rouge, doul)lé de même, 90 fr. —
4 volumes de texte in-fol., même reliure, IG(S fr. — Musée français
3 vol in-fol. en maroquin rouge, large dentelle, doublés en tabis violet,
dos à petits fers, oG3 fr. — Tous les volumes ci-dessus avec les armes
de l'Empire d'Autriche.
D'après ce dernier renseignement, il est aisé de conclure que ces
divers ouvrages étaient un présent de Napoléon à son beau-père.
11
hii.wn.Lainc, iiu- (hi Foin-Saint-Jacques, 15, travaillait aussi pour
l'Empereur. En 181U, il était chargé de relier le Traité des arbres et des
arbustes de Duhamel, 4 vol. in-fol., grand papier. 11 demandait 80 IV.
par vulume couvert en maroquin rouge, avec tabis, d(3ntelles et les
armes.
LES HELIELRS 271
Son mémoire est ainsi apostille :
<c Vu, ordonné et approuvé sur le fonds de oU,U(JO Ir. que le budget
de 1810 met à notre disposition pour achat de livres et entretien des
bibliothèques.
« Le comte Dic MoM'iîSQUiOU. »
111
Quant aux autres relieurs dont la cour impériale savait apprécier le
talent, les Documents inédits en mentionnent cinq, savoir :
BizoLARD, rue des Carmes, 26 ; celui-ci a beaucoup travaillé depuis
l'an XIII (1804) pour la bibliothèque particulière de l'Empereur.
{Arch. nat. 0-43).
Lefebvre, quai des Augustins, 27, et Tkssier, rue de la Harpe, 12,
ont aussi relié en J809 un grand nombre de volumes pour les bi-
bliothèques des Tuileries et de Saint-Cloud.
Meslam, rue de Grenelle, a travaillé en 1812 pour la bibliothèque
de Fontainebleau.
SiMiER, rue des Bons-Eiifaiits. 4t>, était le relieur de l'Impératrice
[Arch. nat. U-42.)
CM AnniK XI
LES ORFÈVRES. — LES JOAILLIERS. — LES BIJOUTIERS
ET LES GRAVEURS
I
Pendant les derniers jours du Consulat, l'orlevrerie, la joaillerie et
tous les arts qui vivent de l'or et du diamant, se préparèrent à expri-
mer la pensée d'une société qui entrevoyait à l'horizon les somptuo-
sités de la cour future. En 1804, peu de temps avant la célébration
des fêtes du Couronnement, les orfèvres, les joailliers et les bijoutiers
furent les héros d'une semaine. Le même fait se produisit en 1810,
lors du mariage de Marie-Louise.
Mai^ les documents inédits que nous avons retrouvés suffisent pour
donner au lecteur une idée du luxe impérial, soit à la cour des Tuile-
ries, soit à Saint-Cloud ou à Fontaineijlcau.
II
Commençons par les orfèvres.
liiENNAis, 1806. — Fourniture pour le service de l'Empereur des
articles suivants :
Un sabre on or, à la mamehu-k, pour le roi de Hollande. 14.500 fr.
— Une paire de boucles et souliers en (ir, Hfî.S IV. — Une épée en
or, y compris un second fourreau et une boite, 6,(î90 fr. — Six gar-
nitures de ceintures en or, l,:2t)8 fr. — Un glaive en or, pour le loi
de Bavière, 7,000 fr. — Une épée en or, G,G'JO. — Un fourreau
d'écaillé pour une épée en or, 450 fr.
{Arch. nat. O-30.)
LE3 ORFÈVRES 273
De janvier à mars 1808. — Deux rubans de grand cordon, à 30 fr.
l'aune, 63fr. — Une boucle de jarretière en or, cbape idem, 29 fr. —
Une paire de boucles de jarretières en or, chapes d'acier, 33 fr. —
Deux croix de la Légion d'honneur, grand modèle, 300 fr. — Pour
les petits nécessaires de porte-manteaux, fourni deux gratte-langue
en vermeil, lo fr. — Six onces de bois d'aloès à 7:2 fr. lonce,
432 fr. — Deux mèches, 7 fr. — Cinq paires de ciseaux pour le
nécessaire en maroquin, 30 fr. — Remis à neuf trois flacons de
chasse, 90 fr. — Deux paires d'éperons d'argent, 108 fr. — Réparé
le grand nécessaire d'acajou, 48 fr. — Douze paires de ciseaux,
114 fr. — Trois couronnes de fer, en or, émaillées, 270 fr. — Trois
croix de la Légion d'honneur, en or, émaillées, 225 fr. — Douze
petits rubans et leurs rosettes aux deux ordres, 9 fr.
Sur un petit mémoire en date du 29 janvier 1808, nous trouvons :
« Pour avoir redoublé en velours blanc la boite de l'épée où est le
Régent, fait des compartiments pour recevoir les ordres en diamants,
réparé la serrure, changé les gardes, fait trois clés en trèfle et en
acier, remis la boite à neuf et avoir gravé dessus les armes en place
du chiffre, 475 fr.
[Arch. nat. 0-34.)
Du 16 septembre au 24 octobre 1808 :
Deux agrafes en or, forme bouclier, ciselées en relief, pour la
pelisse de Sa Majesté, 140 fr. — Six onces de bois d'aloès, 432 fr. —
Une épée d'or, coquille renversée, ornée d'un aigle et ornements
ciselés en relief, la poignée avec tètes et arabesques. Le pommeau
avec hibou et la garde avec palmes et ornements, et toutes les gar-
nitures idem, 5,600 fr. — Un fourreau de rechange avec garnitures
en or, semblables à celles du premier fourreau, 675 fr.
{Arch. nat. 0-34.)
Janvier 1809. — Fourni pour le service de Sa Majesté, au retour
d'Espagne, un nécessaire composé des pièces suivantes :
Un bassin à barbe, façon, 45 fr. — Une boîte à savon, façon,
30 Ir. — Une boîte à éponge, façon, 30 fr. — Une boite à opiat,
façon, 21 fr. — Une boîte à fleurs de tilleul, 21 fr. — Une boîte à
savon ou pâte d'amande, 27 fr. — Une petite boîte à cachou, 18 fr.
— Deux flambeaux, forme brandon, ciselés en relief, 108 fr. —
Œillère et entonnoir, en vermeil, 18 fr. — Brosse à barbe, en ver-
meil, 27 fr. — Deux gratte-langue, en vermeil, 16 fr. — Deux
brosses à dents, en vermeil, 54 fr. — Mn. porle-crayon avec plume,
18
274 LES FOIRNJSSEURS DE NAPOLÉON l'^'"
en vermoil, 10 fr. — Un compas d'argent, 48 IV. — Encrier et pou-
drier, "Ti fr. — Théière de trois tasses, faron et ciselure, 94 fr. —
Anse et bouton d'cbène, 11 fr. — Sucrier entrant dans la théière,
36 fr. — Gobelet à bouillon, forme chocolatière, servant de cafe-
tière, 42 fr. — Une lasse ù pans ciselés, anse d'ébène, 90 fr. —
Deux soucoupes en porcelaine dorée, 30 fr. — Pot à crème d'une
tasse : 48 fr. — Une boîte à thé, carrée, 42 fr. — Couvert avec orne-
ments en relief, façon, 12 fr. — Cuiller à café, en vermeil, façon,
12 fr. — Un plateau pour le déjeuner, bordure à aigles et cou-
ronnes, 66 fr. — Toutes les dites pièces, en argent, valant avec le
contrôle, l,lo2 fr. 94. — Un couteau à manche et lame de vermeil,
ornements en relief, 28 fr. — Un couteau à lame d'acier, 24 fr. —
Deux grands flacons en cristal taillé à diamant, avec étoiles et bouches
en vermeil, 60 fr. — Deux dits, moyens, 42 fr. — Deux dits, plats,
42 fr, — Six paires de ciseaux d'acier fin, 54 fr. — Un couteau de
poche avec cuvette, virole et médaillons d'or, manche de nacre, 60 fr.
— Un étui à cure-dents en ivoire sculpté, 14 fr. — Un étui à épingles
en ivoire, 5 fr. — Un tire-bouchon, 3 fr. — Deux anneaux à vis et
rosaces, en bronze ciselé, doré au mat, pour attacher les serviettes,
18 fr. — Deux crocheta, idem, pour attacher le miroir, 16 fr, — Deux
vrilles, manches en nacre de perles, 12 fr. — Un pied de Roi, en
ivoire garni d'argent, 54 fr. — Deux crochets de bottes, en acier, à
ressort, 45 fr. — Deux tire-bouchons, 7 fr. — Deux rasoirs à manches
de nacre, cuvette et médaillon en or, 90 fr. — Un cuir à rasoir, mé-
daillons en argent, 11 fr. — Quatre gratte-langue d'écaille, 14 fr.
— Un canif à quatre pièces, manches de nacre, cuvette et médaillon
d'or, 57 fr. — Une pince de toilette en acier avec cure-oreille, 5 fr.
— Un gobelet en cristal taillé à diamant, avec étoile, 7 fr. — Deux
peignes d'écaille, 16 fr, — Une glace ; cadre doré au mat, 78, —
Gravure de soixante-six armoiries, 198 fr. — Le eolTre, en acajou mas-
sif, portant incrusté, serrure et clé en trèfle, 300 fr. — La garniture
en maroquin, compartimentée à l'intérieur, 290 fr. — Un étui, ren-
fermant le coffre, en peau, doublé de serge, 45 fr. — Fourni la pâte
d'amande et les odeurs pour ledit nécessaire et deux éponges fines.
48 fr. — Mis en état le nécessaire en vermeil, 344 fr, — Doublé en
velours vert deux boîtes à six rasoirs chaque et regarni les cuirs,
72 fr, — Réparé une boîte d'acajou à douze rasoirs, 20 fr, — Regarni
en velours vert une boîte à douze rasoirs et réparé la boîte, 45 fr,
— Un nécessaire composé de toutes ses pièces, 1,200 fr. — Vn
LES ORFÈVRES 27!;
petit nécessaire de porte-manteau, 4S0 fr. — Six paires d'éperons
d'argent, 187 fr. 79. — Quatre croix de la Légion d'honneur en or,
HOO fr. — Quatre couronnes de fer, en or, JjOO fr. — Fourni une
croix d'or, pour remplacer une croix donnée par Sa Majesté, 7o fr.
— Un riclie nécessaire complet composé de deux rasoirs, un couteau,
un canif, deux compas, deux brosses à dents, cinq gratte-langue,
une pince de toilette, deux couverts, deux cuillers à café, ciseaux,
peignes, cuir à rasoir, porte-crayon, théière, sucrier entrant dans la
théière, plateau, cafetière, flambeaux, boîtes à pâte, à opiat, à
éponges, à savon, etc., :î,99!2 fr. — La garniture en maroquin et le
riche cofi*re d'acajou. 1,070 fr. [Arch. nat. 0-34.)
Quant à l'orfèvrerie de table, elle était fournie par Claude Odiot et
Auguste fils.
A Sainte-Hélène, à l'heure du diner, l'Empereur remarqua une de
ses propres assiettes de campagne aux armes royales : « Comme ils
m'ont gâté tout cela », dit-il en expressions bien autrement éner-
giques ; et il ne put s'empêcher d'observer que le Roi s'était bien
pressé de prendre possession de ces objets ; qu'à coup sûr il ne pou-
vait réclamer cette argenterie comme lui ayant été enlevée, qu'elle
était bien incontestablement à lui, Napoléon ; car, quand il monta
sur le trône, il ne s'était trouvé nul vestige de propriété royale ; en
le quittant, il avait laissé à la couronne cinq millions d'argenterie et
peut-être 40 ou 50 millions de meubles ; le tout de ses propres
deniers, provenant de sa liste civile. (Las Cases. Mémorial de Sainte-
Hélène.)
III
Passons maintenant aux joailliers-bijoutiers.
Ch. Cahier, «marchand orfèvre-joaillier-bijoutier, quai des Orfèvres,
o8, .1 r Ancre » .
Nous trouvons de ce maître orfèvre un petit mémoire de :2,M5 fr.
daté duo juillet 1810.
« Pour la chapelle impériale. Une croix processionnelle pour assor-
tir à celle de vermeil, 2,07o fr. — Remis à neuf l'ancienne, 40 fr. »
{Arch. nat. 0^34.)
Deferney, successeur de Sykes, :243, au Palais-Royal. — Objets
fournis pour Marie-Louise :
276 LKS FOURNISSEURS DE NAPOLl';ON T'
Uii peigne en acier, 108 fr. — l'iie chaîne en perles d'acier à trois
rangs et cadenas pour cheveux, 136 fr. et une de 180 fr. — Une
autre à deux rangs, 1:20 fr. — l'ne paire bracelets en acier fin, 120 fr.
— Quatre glands en acier lin, 60 fr. — Trois chaînes en perles
d'acier, à deux rangs, 288 fr. — Une écriloire en acier forme de
Mappemonde, garniture en vermeil et en or, 380 fr. — Deux chaînes
on perles d'acier à trois rangs et cadenas pour les cheveux, 312 fr.
— Total : 1,724 fr. {Arch. nal. O-30.)
Devoix, marchand joaillier, quai des Orfèvres, 42.
18 janvier 1810. — Fourni à l'Empereur, pour la princesse Borghèse,
duchesse dcGuastalla, une parure de turquoises entourées de brillants,
74,988 fr.
Cette parure comprenait huit pièces : diadème, collier, peigne ban-
deau, une paire de boucles d'oreilles et deux bracelets. {Arch. nat.
0^30.)
Friese et Devillers, joailliers du roi et de la reine des Deux-Siciles.
!"■ avril 1810. — Fourni, pour le mariage de l'impératrice Marie-
Louise, deux éventails, dont un garni en brillants, l'autre en brillants
et émeraudes, 8,9()G fr. {Arch. nat. 0^30.)
Marguerite, joaillier de la Couronne, successeur, et Foncier, rue
Saint-lîonoré, 177, Au Vase d"Or.
1806. — Ce joaillier reçoit, du mois de mars au mois d'août, une
commande de cent boîtes d'or, enrichies de diamants, de chiffres et de
portraits, montant à 380,688 fr,
1806. 4 avril. — Livré à S. M. l'Empereur : une boîte d'écaillé
doublée d'or avec le portrait de Charlemagne, 336 fr. — Quatre croix
de la Légion d'honneur, à 36 fr. 144 fr. — Deux morceaux de jaspe
sanguins pour une épée et l'avoir remontée, 240 fr. — Un cachet en
or, avec chiffre gravé, 27 fr. — Diamants employés dans un grand
cordon de la Légion d'honneur, à 29,346 fr. [Arch. nat. 0^30.) ;
MoRLiGiiEM, orfèvre. — Une de ses factures, datée de 1806, sélève k
1,630 fr. [)our couverts d'argent, cuillères à calé et à ragoûts. [Arch.
nat. O'30.)
NiTOT. — Le 12 septembre 1807, M. Desmaisons écrit au grand maré-
chal : « D'après vos ordres, j'ai dit aux fournisseurs ({u'ils seraient
payés au furet à mesure de leurs livraisons, alin d'activer leur zèle...
J'ai fait déposer au trésor de la Couronne onze boîtes enrichies de bril-
lants faites par MM. Nitot.
« Il y en a quatre à portraits dans les prix de 10,000 et de 6,000 fr. ;
LES ORFÈVRES - ' '
deux à cercles et chiffres d'environ 6,000 fr. et cinq d'environ 3,000 fr. ;
mais je n'ai rien pu encore obtenir des portraits de M, Isabey ; les boîtes
les attendent.
c J'ai bien d'autres peintres, mais comment leur demander des
ressemblances, sans séance ?-> {Arch. nat. O-30.)
Les autres peintres en question figurent dans un mémoire du 2 fé-
vrier 1808 où sont mentionnés les artistes suivants :
Saint, sept portraits à 600 fr 4,200 francs.
NiTOT, deux — — 1,200 —
AuiîRY, deux — — 1,200 —
Gauci, quatre — — 2,400 —
MiMimET, deux — — 1,200 —
Prosper, un — — 600
QuAGLiA, un — — 600 —
{Arch. nat. O'30.)
Enfin une nouvelle commande de cent tabatières eut lieu le 6 dé-
cembre 1807, comme on le voit par ce passage d'une lettre de M, Desmai-
sons à l'intendant général de la Maison de l'Empereur : « A propos de
l'urgence du besoin de son exécution, et avec l'agrément de M. le
grand maréchal, je la divisai entre MM. Nitot et Marguerite.
« M. Nitot n'a point fourni la totalité de cinquante boîtes dont il
avait été chargé. Dans le cours de l'exécution, M. le grand maréchal
m'écrivit que l'intention de S. M. était que l'on fabriquât quelques
bagues sans augmenter la dépense ; en conséquence, je fis convertir le
prix de huit tabatières en douze bagues qui ont été livrées.
« Indépendamment de ces cent tabatières, j'ai été chargé de faire
exécuter quatre bagues riches pour les évêques assistant au mariage
du prince Jérôme. » [Ai'ch. nat. O-30.)
Picard, bijoutier. — Le 31 mars 1811, réclamation de 23,000 fr.
pour trois tabatières entourées et encadrées de brillants et 1,200 fr.
pour trois portraits de S. M. exécutés par Gilliard.
Poulain, bijoutier, au Palais-Royal. — Le 10 avril 1811, il est dû
à ce dernier 9,u00 fr. pour une tabatière d'or ovale, émaillée en
bleu, avec le portrait de Napoléon entouré de vingt-six brillants.
Poulain demande en plus 400 fr. pour le portrait peint par Gilliard
278 LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON l^^
IV
Terminous jiar les graveurs.
Simon, graveur sur pierres fines et sur métaux du cabinet de S. M.,
Palais-Royal, Galerie de pierre, 29 fr.
Janvier 1806. — Gravé sur une grande sardoine orientale les armes
de S. M.,720fr. ; gravé sur une petite pierrel'Aigle impérial couronné,
l't't fr. ; gravé sur un grand sceau en argent les armes de France et
d'Italie, 288 fr. ; gravé sur un petit sceau d'argent, 288 fr. Total :
1,U0fr. (.Irc/i. 7iat. 0H6.)
CHAPITRE XII
LES EBENISTES
I
« De tout temps, avons-nous écrit ailleurs, les meubles se sont ins-
pirés de l'architecture et lui ont fait de fréquents emprunts, soit dans
la forme, soit dans l'ornementation. Sous le Consulat et l'Empire, la
décoration intérieure des appartements, depuis les meubles jusqu'aux
tentures'et aux panneaux, fut exécutée sur les modèles de Fontaine
et de Percier. ' »
Ces deux célèbres architectes ont eu, en effet, une grande influence
sur l'art de leur temps; les ébénistes notamment les ont suivis
pas à pas en s'inspirant ou en copiant presque servilement leurs des-
sins.
C'est alors que l'on dépensait des sommes considérables pour repeu-
pler nos palais de meubles en acajou dans lesquels on voulait retrou-
ver la forme des monuments grecs ou égyptiens.
On était loin alors de l'ameublement si riche, si élégant et si gra-
cieux du xviii^ siècle.
Cependant les fabricants n'avaient pas encore perdu les habitudes
de loyauté dans le travail des anciens maîtres menuisiers ébénistes,
et le mobilier du premier Empire est bien supérieur à celui de la
Restauration et des premières années de Louis-Philippe, où l'art dis-
paraît, complètement étoufl'é parla production industrielle.
' Le livre des Colleclionneurs.
280 LES FOL'IWISSFXnS DE NAPOLÉON l'"'"
II
Voici, par ordre alphabétique, la liste des principaux ébénistes avec
mention de leurs travaux les plus reeonimandablcs.
Adam, fournisseur des palais impériaux. L'an XIII (1804), il travaille
pour les Tuileries où il lait quelques petites fournitures. La même
année, ses livraisons pour le château de Fontainebleau se montent à
5.659 fr. {Arch. nat. O'^jGI.)
Bonnet, ébéniste t\ Compiègne. Il était engagé par abonnement
en 4813 à nettoyer et raccommoder les meubles du château, tels que
couchettes, commodes, secrétaires, bonheur-du-jour, toilettes, mi-
roirs à la Psyché, bureaux, tables en guéridons et autres, bois de
sièges comme canapés, ottomanes, bergères, méridiennes, divans,
chaises longues, tête à tête, causeuses, chaises voyantes, pliants, etc.
Le tout moyennant 1,800 fr. par an. {Arch. nat. 0-ooG.)
BouDON-GouBAU cxposa quelques beaux meubles qui lui valurent une
mention, à l'exposition industrielle de 1806. Le rapporteur le cite
comme « ayant imaginé d'employer, dans la fabrication des meubles,
de l'orme noueux au lieu des bois d'Amérique ».
BouLARD (J.-B.), « menuisier en meubles rue de Cléry, en 1777. De
1784 à 1791, il a beaucoup travaillé pour le mobilier de la couronne,
c'est-à-dire non seulement pour Versailles et les Tuileries, mais encore
pour les autres résidences royales.
D'après ses factures, nous constatons que ses livraisons consistent
en chaises et fauteuils « lalieine, ou en Cabriolet, en chaises voyeuses,
bergères, pliants, tabourets, canapés, écrans, ottomanes, sultanes,
lits de repos, lits à couronnements à deux chevets, à la Choi&y, etc.
{Arch. nat. O'3603 etsuiv.)
Rappelons que les menuisiers en meubles n'étaient pas sculpteurs
et que pour tout ce qui concernait la sculpture, leurs meubles devaient
être confiés à des spécialistes comme Alexandre Babel, Charny, Fol-
liot, Valois, Vassal, etc.
Boulard exerçait encore au commencement de l'Empire. Deux
de ses mémoires, datés de l'an XIII (1804), s'élèvent ensemble à
11,840 fr. pour fournitures de sièges et de couchettes au Grand-Tria-
non et au palais de Saint-Cloud. {Arch. nat. O-008.)
Bruns (Jean-Antoine), reçu maître en 1782. Il a livré pour les palais
LES ÉBÉMSTES 2S I
impériaux de nombreux sièges et des meubles, selon le goût du jour,
en racines d'orme, enricbies de bronzes et de marqueteries.
Burette, ébéniste habile sous Napoléon I*^"", résidait rue Chapon. Il
fit une soumission de fournitures pour les palais impériaux ; on voici
le résumé :
Un secrétaire carré en bois d'orme noueux forme piédestal, orné de
bronzes dorés au mat, 1,000 fr. — Chiffonniers en bois d'orme, pla-
qué, ornés de riches cuivres ciselés et dorés à 330 fr., 400 fr., 4o0 fr.
— Commodes en bois d'orme de même genre à 320 fr., 020 fr., 680 fr.
et 920 fr. ■ — Secrétaires en bois d'orme à pilastres chapiteaux et bustes
en cuivre ciselé et doré, 6o0 fr. — Table de bouillotte en orme,
la ceinture faite de cartes enlacées; la table montée sur cinq pieds,
dont un à tiroir, les quatre autres garnis chacun d'une tête égyp-
tienne, en ronde bosse, ciselée, ainsi que l'embase et les sabots à
feuilles, 500 fr. — La même en acajou, 380 fr. — Bureau à cylindre
en bois d'orme, orné de quatre têtes sur la face dorées au mat avec
tiroirs et coffre-fort, 3,000 fr. — Lit en bois d'orme à pilastres, garni
de deux vases sur les pilastres de derrière et de deux têtes sur ceux
de devant, les quatre pièces ciselées et dorées au mat, 1,200 fr. — Lit
de même genre en acajou, 7o0 fr. — Table de jeu, forme bouillotte,
en bois d'orme noueux, décorée de quatre têtes égyptiennes en ronde
bosse dorées ou mat. Au bas des pieds, cinq sabots avec embase,
dorés, 600 fr.
^<. Nota. — La table de jeu est celle que le sieur Burette avait mise à
l'exposition de 1806. Les prix marqués sont pour des ouvrages fabri-
qués au dernier degré de perfection. On peut fournir les mêmes objets
à 10, lo et 20 p. 100 au-dessous, b
Suit r« état détaillé de vingt-neuf dessins joints à la soumission
pour donner une idée parfaite du prix, que le sieur Burette se propose
de fabriquer ». [Arch. nat. 0^023.)
Burette prit part à l'exposition industrielle de 1806, où ses beaux
meubles furent très remarqués. Le Rapport du jury en fait ainsi l'é-
loge : « M. Burette a exécuté avec une précision remarquable plu-
sieurs pièces en orme noueux ; le jury a vu dans le travail de ces
pièces le talent de l'ébénisterie porté à un grand degré de perfection.
Il a décerné à M. Burette une médaille d'argent de deuxième
classe. »
Clément occupe une petite place parmi les fournisseurs du mobi-
lier de la couronne, sous Napoléon P''. Une note de ses fournitures.
•282 LKS FOUnMSSEUHS DK NAPOLÉON l''''
|M>iir le château de Fontainebleau, datée de l'an XIII (180i), s'élève à
l,-214fr. {Arch.7iat.0'oG[.)
CoRiiiKRE, ébéniste à Rambouillet, sous Napoléon I""", était ehargé de
l'entretien des meubles du château.
En 1812, il touche o30 fr. pour ce travail. {Arch. nat. O^o^je.)
Ekel (M"*"), ébéniste à Strasbourg. Elle meubla en partie le palais
impérial en 1806. Son mémoire s'élève à 24,875 fr.
Il comprend : un secrétaire à cylindre de quatre pieds, en acajou
moucheté, avec marbre blanc et galerie, 1,200 fr. ; — des commodes
d'acajou de 312 fr., ooO fr., 370 fr. ; — des tables à écrire, des tables
à brelan, à bouillotte, à jouer riches, des tables à café', toilettes, chif-
fonniers, bonheurs-dii-jour, feux, girandoles, chaises, etc. {Arch.
nat. 0^538. )
lli:couEL ou Heckel, e'béniste de talent. II prit part à l'exposition
de 1806 et obtint une mention honorable, pour ses meubles « enri-
chis d'ornements fabriqués avec soin et goût ». [Rapport du jury
de V Exposition de 1800.)
lleckel ne s'en tenait pas aux meubles d'une bonne fabrication
courante, il faisait aussi les meubles riches.
Une soumission de ce maître nous donne les prix suivants :
Commodes et secrétaires, à 400 fr. les deux. — Commodes à figures
ou chapiteaux dorés au mat, ainsi que les tètes de lion des tiroirs,
300 fr. — Chiflbnniers, h 250 fr., 300 fr. et 400 fr. — Toilettes, pour
dames, 300 fr. — Bureaux à cylindre de quatre pieds, 450 fr. ; — de
quatre pieds et demi, 525 fr. ; — de cinq pieds, 600 fr.
Ces prix sont ceux des meubles ordinaires et la note ajoute : « Les
prix de 400 fr. les deux pièces, commodes et secrétaires, s'élèvent
jusqu'à 10,000 fr. et 15,000 fr. »
III
Jacob Desmalter, fils de Georges Jacob, ébéniste de Napoléon P''
et desdeuximpératrices. De compte à demi avec son frère, il succéda
à son père vers 1791 et sut donner aux affaires qu'il dirigeait un
grand développement. C'est pendant cette association que furent
exécutés ces meubles estampillés : Jacob frères. Rue Meslée. Au
bout d'un certain nombre d'années le frère, sur lequel nous manquons
LES ÉBÉNISTES 283
de renseignements, vint à disparaître et notre ébéniste continua seul
la fabrication sous le nom de Jacob Desmalter.
Ce maître est certainement le plus important fournisseur du mobi-
lier de la couronne sous l'Empire ; il a meublé en partie toutes les
résidences impériales et a beaucoup travaillé d'après les dessins de
Percier et de Fontaine, ses associés, auxquels on doit l'arc de
triomphe du Carrousel et le monument expiatoire de Louis XYI. Ces
deux architectes, épris de l'antiquité, comme tant d'artistes de cette
époque, composèrent des meubles bâtards, chargés de motifs emprun-
tés à l'Egypte, à l'ancienne Rome, à la Grèce, parfois alliés à des
sujets rappelant la gloire napoléonienne.
Malgré le mauvais goût de ces meubles, amalgames pastichés de
l'antiquité, ils avaient au moins le mérite de présenter dans toutes
leurs parties un travail consciencieux et soigné. Quelques ciseleurs
de talent, déjà réputés sous Louis XVI, continuaient de donner à
leurs œuvres cette maestria qui avait établi leur réputation.
Les souvenirs de la campagne d'Egypte donnèrent naissance à des
meubles dont le corps principal était soutenu par des figures do
sphinx revêtus en totalité ou en partie d'une patine verte. Parfois on
rencontre sur le même meuble le sphinx égyptien allié aux composi-
tions grecques et romaines.
Passons en revue quelques-unes des œuvres les plus remarquables
de Jacob Desmalter.
Chargé, en ISOo, d'exécuter, sur les dessins de Fontaine et Percier,
le trône pour le château des Tuileries, avec six fauteuils et six
chaises décorés de chimères et autres motifs, et trente-six tabourets,
le tout richement sculpté et doré, il reçoit pour ce travail 69,510 fr.
{Arch. nat. O-008.)
La même année, sa fourniture au palais de Fontainebleau s'élève
à 67,345 fr. Nous y remarquons :
Une très grande commode d'acajou, fermant avec portes, les pan-
neaux encadrés d'une monture en bronze doré, la ceinture avec pal-
metteset pater. Dessus, un marbre de granit noir (pour Sa Sainteté),
790 fr.
Une commode d'acajou ronceux de quatre pieds et demi, la devan-
ture à portes sur lesquelles sont des coqs en bronze ciselé et doré au
mat, ainsi que des incrustations d'ébène. De riches bronzes ciselés
ornent la ceinture et les autres parties du meuble. Dessus, un marbre-
blanc (pour S. M. l'Impératrice), 3,980 fr.
'28 f LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON l'"''
L'iiccoiniuddc (le inêiiie yeurc, à panneaux ornés de guirlandes de
lu-on/e don"'. Dessus de marbre larenlaise (pour S. M. l'Impératrice),
o,oOU IV. — Egalement pour rimpératricc, un tabouret d'acajou, les
pieds à grilTes dorées, 84 fr.
Une commode en racine d'if, à portes ornées d'incrustations de
nacre, d'étain et d'ébène, avec ornements de bronze doré au mat. Le
(dessus en marbre vert de mer (pour S. M. ri:]mpereur), 3,100 IV.
Arch. nat. 0-o{)\.)
Signalons encore : une table de nuit en acajou, garnie de bronzes
dorés au mat, tels que guirlandes, étoiles, pavots, cbien et deux flam-
beaux, 1,000 IV. — Deux consoles en acajou de cinq pieds de long,
la ceinture portée par deux grosses cliimères assises bronzées et
dorées, ornées d'aigles et autres ornements de bronze ciselés et dorés
au mat. Le fond, avec glace dans son parquet ; le dessus, en marbre
blanc, 0,000 fr. — Une commode d'acajou, à tètes égyptiennes en
bronze et vert antique, avec glace dans son parquet et dessus de
marbre petit granit, 500 fr. — Une console en acajou de trois pieds
et demi, la ceinture avec un tiroir, décorée d'aigles et autres orne-
ments de bronze, l'entrée de serrure en forme de lyre, les pieds à
{)ilastres avec tètes en bronze. Le tout ciselé et doré au mat. Le
fond, avec glace dans son parquet, dessus de marbre blanc, 000 fr.
En 1S86, la fourniture de Jacob Desmalter au Grand-Trianon mon-
tait à 19,870 fr.
En 1807, il présentait un devis que nous résumons ainsi :
Fauteuils, de 3G à 4,000 fr. — Bergères, de 54 à 6,000 IV. —
Canapés, de 108 à 12,000 fr. — Lits, de 300 à l!2,000 fr. — Bureaux,
de GOO à 20,000 fr. — Miroirs de toilette, de 500 à 20,000 IV. —
Tables de jeu, de 72 à 2.800 fr. •— Toilettes de femmes, de 400 à
^,500 fr. - Toilettes d'hommes, de 120 à 8,000 fr. — Bidets, de 18 h
162 fr. — Bidets plats et à dos, de 48 à 1,000 fr. — Chaises percée.'^,
de 21 à 200 fr. — Chaises percées, de 48 à 1,000 fr.
Sur un mémoire de 1810 nous remarquons, pour le grand cabinet
de l'Empereur : quatre grands candélabres en l)ronze ciselé, doré au
mat, ajustés sur des fûts do colonne en malachite, 28,240 fr. ; puis
deux grandes girandoles de même genre, 8,200 fr. {Arch. nat. 0^555.)
Dans le courant de l'année 1811, Jacob Desmalter livre encore
pour le cabinet de l'Empereur aux Tuileries trois grands meubles
d'ébène à hauteur d'appui et à trois portes, chargés de beaux
cuivres ciselés et dorés, sur les dessins de Percier, Fontaine, Denon
LES ÉBÉNISTES ; 285
et David. Le panneau du milieu est orné d'un bouclier antique,
d'arabesques et d'une couronne. Sur une des portes de côté, le Génie
de la Paix ; sur l'autre, le Génie de la Guerre. Les trois meubles
sont payés 4-2,000 fr. [Arch. nat. O-ooo.)
Une des œuvres capitales de Jacob Desmalter est l'armoire à
bijoux de Marie-Louise. C'est un grand meuble, lourd, à montants
et panneaux plats, décorés d'ornements de cuivi-e, dans un style que
M. de Ghampeaux qualifie justement de banal et de mesquin. Celte
pièce importante, disgracieuse dans son ensemble, mais très soignée
dans ses détails, coûtait oo,000 fr., et telle était l'intluence de la
mode, qu'on la citait alors comme une merveille.
La grande réputation du célèbre ébéniste s'étendit au loin et lui
attira d'augustes clients étrangers. Il fit pour le roi d'Espagne
Charles IV une bibliothèque et un cabinet dont on peut voir la
reproduction dans les Artistes illustres, par Ed. Fournier, Paris, 1841.
Il meubla pour l'empereur du Brésil, Doni Pedro, son château de
Rio-Janeiro. L'Angleterre et la Russie lui firent aussi d'importantes
commandes, entre autres l'ameublement du palais de l'Hermitage que
lui demanda l'empereur Alexandre.
IV
Kaesii.\mmer, ébéniste à Strasbourg, a fait des réparations et fourn
des meubles pour le palais impérial de cette ville en 1806.
Leri'Suer, rue Saint-Denis, ébéniste du garde-meuble impérial. Sts
fournitures pour Rambouillet en 1808 consistent surtout en couchettes
à panneaux peints en gris, et s'élevant à 4,147 fr. — Cette même
année, il fait pour le palais de Fontainebleau de très fortes livraisons.
L'an XIII (1804), il livre au Grand-Trianon trois secrétaires et cinq
commodes en acajou, avec poignées en tête de lion, dorées au mat.
En 1810, il travaille pour la Muette, rendez-vous de chasse de la
forêt de Saint-Germain.
Leive. L'an XIII (1804) il livre, pour Trianon, un bureau à cylindre
facturé 350 fr. {Arch. nat. 0-.jo8.)
Le.marcuand (Michel-Charles-Jacques-Urbain), admis à la maîtrise
en 1777. Il a travaillé pour le garde-meuble. Ce maître ébéniste est
cité dans YAlmanach des marchands de 1807, comme demeurant
rue du Pas-de- la-Mule. n° 4.
280 LES FOUnMSSKCRS DE NAPOLÉON I*^^'"
LiGNKHEUX, iuibilc ébéniste, florissail à Paris sous le Consulat. — A la
seconde Kxposilion publique de V industrie, an IX, il obtint en partici-
pation avec les Jacob, une médaille d'or. Le rapport particulièrement
louangeur du jury vint encore rehausser le prix de cette récompense.
d Les meubles du citoyen Liynereux, dit le rapporteur, ont paru
remarquables par l'élégance et la richesse, par l'accord de toutes les
parties, par le choix de formes appropriées à la destination de chaque
chose, enlia par rexaetitude et le fini du travail extérieurement et
intérieurement. Ceux des citoyens Jacob sont également recomman-
dables dans un genre différent; leur style est d'un plus grand carac-
tère; les détails les plus difficiles de la sculpture y sont traités avec
perfection.
« Les artistes qui excellent dans une industrie, portée aujourd'hui
dans un degré de perfection dont il n'y a jamais eu d'exemple, méritent
la récompense de premier ordre; le jury, embarrassé de choisir entre
les deux genres de talents si distingués, laisse au sort le soin de déter-
miner celui des deux à qui la médaille d'or sera promise. »
Marcion, ébéniste de talent, auquel on doit de fort beaux meubles.
11 eut occasion de faire plusieurs soumissions pour l'ameublement des
palais impériaux ; nous résumons celle-ci qui peut donner une idée de
son importante fabrication.
Lit en bois sculpté et doré, 6,000 fr. — Fauteuil richement scul])té
et doré, oOO fr. — Canapé de six pieds sculpté et doré, l,oOO fr. —
Chaise, 37o fr. — Tabouret de pied, 1:20 fr. — Ecran de cheminée,
600 fr.
Il y en a de moins riches.
Meubles de style et de goût :
Litd'acajou, en bateau, enrichi de bronzes ciselés et dorés, 2,o00 fr.
D'autres à 'l,oOO fr. ; 1,000 fr. ; 800 fr. ; 7o0 fr. ; 800 fr. ; 600 fr.;
oOO fr. et sans ornements à 3oO fr.
Secrétaires en bois d'acajou à 330 fr. ; 4o0 fr. ; 1,000 fr. ; 3,000 fr.
Commodes à 230 fr. ; 430 fr. ; 1,000 iV. et 3,000 fr.
Miroirs à la Psyché, riche, 3,300 fr. ; moins riche, 2,000 fr. ; plus
simple, 600 fr.
Toilette ajustée, riche, 2,400 fr. ; moins riche, 1,200 fr. ; plus
simple, 300 fr.
Console à 2,400 fr. ; 1,200 fr. ; 600 fr. et 300 fr.
Tables à thé à 2,000 fr. ; 1,200 fr.; 600 fr. et 300 fr. {Arch. nat.
0^623.)
LES ÉBÉNISTES 287
Suivant M. de Champeaux, une commode, portant l'estampille de
Marcion, fait partie du mobilier de Trianon. {Le Meuble.)
MoREL. En 1811, deux ébénistes du nom de Morcl demeuraient rue
Gaillon, l'un au numéro IG. l'autre au numéro 25. [Almanach du
commerce de Paris.)
Un de ces deux maîtres fait, en 1807, une soumission pour l'ameu-
blement des palais impériaux; nous y trouvons une série de meubles
de bonne qualité, mais n'offrant rien de remarquable. Toutefois nous
y relevons : un secrétaire et une commode, décorés de beaux ornements
de cuivre doré, 1,200 fr. — Les mêmes sans ornements dorés, 800 fr.
— Un corps de bibliothèque, en acajou, de douze pieds de long.
2,000 fr. (Arch. nat. 0-623.)
Papst (François-Ignace), reçu maître le 3 septembre ITSo. Il a tra-
vaillé pour Louis XVI et pour Napoléon, de sorte qu'on trouve son
estampille sur des meubles de style différent. En 1806, il prit part à
l'Expo.-^ition industrielle, où il fut mentionné pour « ses meubles enri-
chis d'ornements fabriqués avec soin et goût ».
Papst fit, en 1807, une soumission de fournitures pour les palais
impériaux, dans laquelle nous remarquons : un bureau à cylindre de
quatre pieds dix pouces en acajou ronce, enrichi de ciselures dorées
au mat, d'un très beau fini, 7,000 fr. — D'autres bureaux sont cotés
500 fr., 190 fr., 180 fr. ; des commodes, 180 fr. : des chiffonniers,
360 fr., 325 fr., etc. {Arch. nat. 02623.)
Rascalon (Antoine), établi faubourg Saint-Denis, sous Napoléon P'".
Il aimait à décorer ses meubles de sujets et ornements dorés peints
sous verre, ou plutôt gravés à la pointe sur fond d'or. Il prit part à
l'Exposition industrielle de 1806, où il obtint une mention hono-
rable.
Le Rapport du jury constate que Rascalon « a employé pour décorer
les meubles des ornements peints sous verre et a donné des preuves
de bon goût, dans l'emploi de ces ornements ».
En 1807, le sieur Rascalon, « sculpteur et graveur en or sur glaces »,
fait la soumission suivante pour le service du garde-meuble : table
d'acajou et érable. Le camée du milieu représente Dacchuset Ariane,
dont le fond est occupé par des Bacchantes qui dansent, 2,000 fr.
Autre table, avec camée, 2,000 fr.
Autre table avec camée, composé de deux jeunes Faunes assis, jouant
de divers instruments au son desquels dansent de jeunes Bacchantes
entrelacées de guirlandes de fleurs, 2,000 fr. {Arch. nat. O"62o.)
288 IJ;S FOI HNISSEUnS DI') NAPOLKOX f
lli;MOND. En oclobre 1807, Réniond, ébéniste, livre à l'impéralricc
Joséphine, aux Tuileries, un nécessaire de 6,000 fr., garai en acier.
[Arch. )iat. Om\l.)
\jAbnanach du commerce de Paris, de 1811, nous donne les
adresses de deux ébénistes de ce nom, différemment orthographié :
Ilaymond, o, rue Poissonnière, et Reimond, rue de Castiglione. L'un
de ces deux maîtres, le dernier peut-être, est bien certainement
l'ébéniste tabletier fournisseur du riche nécessaire de Joséphine.
HiciiETERRE. Cet ébéniste exerçait en 1807, rue Traversière, n'' 60.
Il est probable que ce maître est celui que nous avons cité, dans
le Livre des collectionneurs, sous le nom de lîichter, comme fournis-
seur du roi Louis XYI.
Vautrain, fabricant de meubles boulevard Saint-Antoine, o7.
Au mois de janvier 1814, il adressait une demande dans le but de
participer « aux travaux d'ébénisterie et de menuiserie qui pourraient
être commandés pour le service des palais impériaux. » [Arch. nat.
O^i>0o.)
La demande de Vautrain ne dut pas être acceptée, elle arrivait trop
tard. La France allait être envahie et Ton ne pensait guère à aug-
menter le garde-meuble.
CIIAPITUE Xlll
LES TABLETIERS ET LES TABATIERES POPULAIRES
I
De tout temps les tabletiers ont fabriqué des tabatières de luxe et
des tabatières d'un usage courant.
Les premières, quoique riches et travaillées comme des bijoux, ne
sont pourtant pas les plus curieuses. Sans aucune valeur intrin-
sèque, pour la plupart, les tabatières populaires offrent, au contraire,
un réel intérêt, en ce que souvent leur forme ou leur ornementation
les fait passer à l'état de documents historiques.
On va voir d'ailleurs, par ce qui suit, combien ces tabatières sont
nombreuses et variées.
Vue du palais du Tribunat. — Exergue explicatif, sur une tabatière
en poudre d'écaillé moulée et teinte.
Le tribunat fut institué sur la proposition de Sieyès le 2:2 fri-
maire an VIII (13 décembre 1799). Son rùle consistait à discuter les
lois contradicloirement avec les orateurs du gouvernement, à signaler
des abus ou proposer des améliorations.
Les tribuns, d'abord au nombre de cent, réduits à cinquante en
1802, étaient élus par le Sénat et siégeaient au Palais-Royal.
Napoléon fit supprimer le tribunat par un sénatus-consuUe de 1807,
Parmi les autres vues exécutées sur tabatières en écaille moulée
nous citerons les variétés suivantes :
Vue du château de Sainl-Cloud du côté de Paris.
Vue du Palais des Beaux-Arts.
Les nouveaux bâtiments du Palais-Eoyal.
19
230 LES FOURNISSEURS DE NAPOLflON l*''*
BoNAPARTi:. — Tahatii-re en poudre d'éoaillc moulée, ofTrant sur le
couvercle le portrait de Bonaparte, premier consul. Buste, habillé,
de profil à droite, la tète laurc'e.
Après la bataille de Marengo et surtout à la paix d'Amiens, la
gloire de Bonaparte semblait à son apogée. Le jeune ge'néral, admiré
<ie tous, était partout acclamé et sa présence excitait dans les masses
u[\ enthousiasme indescriptible.
GouRONNEMKNT DE l'impératrice JOSÉPHINE PAR Napoléox. — Légende
d'une tabatière carrée, en corne repressée. L'Impératrice est age-
nouillée et l'Empereur lui pose la couronne sur la tète.
La cérémonie du sacre de l'empereur Napoléon et de l'impératrice
Joséphine eut lieu le 2 décembre 1804. Pie YII était venu de Rome
tout exprès. Après l'onction de l'huile sainte, au moment où le Pape,
tenant la couronne, s'approchait de l'Empereur, celui-ci la lui prit
des mains et la posa lui-même sur sa tête, puis il couronna l'Impéra-
trice prosternée devant lui.
Napoléon 1'^ empereur des Français, né le \o août 17G9. — José-
phine, Impératrice, née le 24 juin 1768. — Légende d'une tabatière en
carton verni. Bustes de profil, à gauche.
Le sacre de Napoléon et de Joséphine remonte au 2 décembre 1804
et la boîte dont nous parlons est contemporaine de cet événement.
Napoléon premier, empereur et roi. — Légende d'un dessus de taba-
tière, en repoussé, signé Gaspard. Napoléon, monté sur un cheval
fougueux richement caparaçonné, porte l'uniforme des chasseurs de
la garde, avec le grand cordon de la Légion d'honneur ; son manteau,
attaché aux épaules, est soulevé par le vent ; de la main droite il
semble désigner une place forte, visible dans le lointain.
L'idt'e de figurer sur un cheval qui se cabre appartient à Napoléon
En 1798, à la paix de Gampo-Formio, le général Bonaparte revint à
Paris, où il fut roi)jet, des plus vives acclamations. A cette occa-
sion David voulut le représenter à cheval au pont d'Arcole ou de
Lodi : « Non, répondit Bonaparte, j'y serais avec toute l'armée,
représentez-moi de sang-froid, sur un cheval fougueux. » (DeNorvins,
Histoire de Napoléon.)
Le Français respecte le courage malheureux {Bataille de Ma-
rengo). — Exergue d'une tabatière en carton verni , décorée par
impression. Napoléon à cheval, accompagné d'un guide, salue un mili-
taire autrichien blessé, porté par trois soldats de sa nation.
Après la bataille de Marengo, Napoléon, voyant passer un convoi
LES TABLETIERS ET LES TABATIÈRES POPULAIRES 201
de blessés autrichiens, se découvrit en disant : Honneur cm courage
malheureux. Le palais de Versailles possède un tableau peint par
Debret, en 1806, rappelant un épisode analogue qui se serait passé
le 6 novembre 180o. La Notice historique des peintures et sculptures
(lu musée de Versailles, s'exprime ainsi en parlant du tableau de
Debret :
« Les prisonniers autrichiens, en défilant devant l'Empereur,
témoignaient un extrême empressement de le voir. Ils se rappelaient
qu'un jour, à l'armée d'Italie, dans une circonstance pareille, voyant
passer devant lui des chariots remplis d'Autrichiens blessés, il avait
ôté son chapeau en disant : « Honneur au courage malheureux. »
[Journal des Débats du 15 brumaire an XIY.)
'180o. — Tabatière en buis repressé, offrant sur le couvercle un sujet
allégorique à la bataille d'Austerlitz. Légende : Immotus concurre
vidit. Il a vu sajis effroi leurs violents efforts. Dans le champ, en
haut, au milieu d'une couronne de lauriers , le soleil rayonnant.
L'aigle de France couronné déchire de son bec l'aigle à deux têtes
de Russie et tient entre ses serres l'aigle d'Autriche renversé. A
gauche, sur le devant, fuit un lion, et dans le fond, le léopard d'An-
gleterre, derrière la mer couverte de vaisseaux, semble regarder
tranquillement celte lutte. Exergue : Bataille des trois Empereurs,
1803.
Il existe une autre variété de ce sujet.
La bataille d'Austerlitz est une des plus glorieuses de l'Empire,
tant au point de vue de la conception que sous le rapport des résul-
tats. Le 2 décembre 180o, jour anniversaire du couronnement de
l'Empereur, par un beau soleil d'hiver, l'armée française, forte de
65,000 hommes, défit 95,000 Austro-Russes. Ces derniers perdirent
15,000 hommes tués, noyés ou blessés et :20,000 prisonniers; les
Français eurent à regretter 7,000 braves.
Le surlendemain de la bataille, l'Empereur d'Autriche eut une
entrevue avec Napoléon dans une modeste cabane près d'un feu de
bivouac (Thiers).
Cheval d'uncudf di: MAMiiLUCK. — Exergue d'une tabatière en poudre
d'écaillé moulée, teinte en gris, représentant un Mameluck tenant par
la bride un cheval fougueux.
1806. — Tabatière en carton verni, décorée en noir par impres-
sion, sur fond jaunâtre. Dessous, un épisode de la bataille de Rivoli.
Sur un poteau, à droite, on lit ; Route de Rivoli. Dessus, l'entre vue
292 LES FOLIIMSSEURS Dli NAPOLÉON l**'"
de Napoléon et de rempcreur d'Autriche, deux jours après la balaillo
d'Austcrlitz.
Sous le couvercle, en dedans, le buste de Napoléon, en costume du
sacre, la tète laurée, bordé d'un cadre à feuilles de laurier; derrière,
Diogène debout, semble dire par le geste de sa main gauche : Enfin,
j'ai trouvé un homme. La main droite du philosophe appuyée sur le
sommet du tableau tient une lanterne ouverte; évidemment, il vient
de l'éteindre. A droite, sur une colonne, sont inscrits les noms de
diverses batailles : Arcole , Mantoue, Mondovi, Millesimo, Monte-
notte, Casliglione, etc. Sur l'épaisseur de la boite et circulairement,
défilent des militaires de toutes armes.
Le villaiic de Rivoli, à 2;2 kilomètres de Vérone, est à jamais
célèbre par la victoire qu'y remporta le général Bonaparte, contre les
Autrichiens, le 14 janvier 1797.
Quarante-huit heures plus tard, un nouveau succès obtenu à la
Favorite, valait au jeune vainqueur la reddition de Mantoue et la pos-
session de l'Italie. Par des combinaisons pleines de génie et des
marches forcées qui dépassaient en rapidité celles des légions de
César, Bonaparte, malgré l'effrayante infériorité du nombre, anéantit
plusieurs armées en les attaquant tour à tour, àl'improvisle.
La grande victoire de Rivoli, suivie de celle de la Favorite, mit fin
à la campagne de 1796. « Tel fut, dit M. Thiers, le dernier acte de
cette opération jugée par les militaires une des plus extraordinaires
dont l'Histoire lasse mention. »
II
Arcolu:, 1796. — Marengo, 1800. — Alsterlitz, 180o. — Iéixa, 180G.
— Légende d'une tabatière en carton verni, ornée du portrait de
Napoléon I'"", exécuté en noir par impression, rehaussé en couleur.
Buste de face, en uniforme de colonel des chasseurs de la garde ; tète
de trois quarts à gauche, coiffée du petit chapeau.
En 1806, Napoléon touchait au faite de sa gloire; la nation l'accla-
mait avec ivresse et le regardait comme un génie extraordinaire.
lio juin 1807. — Entrevue des empereurs de France, d'Allemagne
ET DE Russie. — Exergue explicatif d'une tabatière en écaille moulée
figurant ÏEnlrevue de Tilsilt. Dans un pavillon placé au milieu du
Niémen sont, à gauche. Napoléon et Alexandre s'embrassant et.
LES TABLETIERS ET LES TABATIÈRES POPULAIRES 293
à droite, le roi de Prusse, Derrière le pavillon, à gauche, une seconde
tente, et une troisième sur le devant adroite ; dans l'une et dans l'autre
des officiers. De chaque côté, au delà du fleuve, des soldats rangés
en bataille et sur le premier plan, deux barques portant : celle de
gauche, le drapeau de la France; celle de droite, celui de la Russie.
L'empereur d'Allemagne n'assista pas à l'entrevue de Tilsitt, comme
l'indique par erreur l'exergue de cette pièce.
Le Triomphe de Trajan. — Exergue d'une tabatière en buis repressé.
Napoléon en costume romain et armé du sceptre est traîné dans
un char à quatre chevaux que conduit la victoire, tenant devant lui
une palme et une couronne. Derrière le char, Minerve debout élève
son bouclier au-dessus de la tète de l'Empereur. En haut, un génie
bridant de l'encens et semant des fleurs; à droite, une étoile rayon-
nante. Légende : Venit, Vidit, Vicit. (Il est venu, il a vu, il a
vaincu.)
Pour fêter le retour de la Grande Armée, il y eut dans tous les
théâtres de Paris des spectacles gratis. « Le parterre, l'orchestre et
les principaux rangs de loges et de galeries étaient réservés à la
garde impériale. L'Opéra donna le Triomphe de Trajan... Cet opéra
n'était autre qu'une série d'allusions ingénieuses à la gloire de Napo-
léon... Au moment du triomphe, quand l'Empereur romain appa-
raissait sur un char traîné par quatre chevaux blancs, ce n'était pas
Trajan qu'on applaudissait, c'était Napoléon. » (Imbert de Saint-
Amand. La cour de V impératrice Joséphine, p. 401.)
1807, — Espion prl'ssien pris par les Français a la bataille
d'Iéna. — Exergue d'une tabatière en carton verni. Le sujet, exécuté
par impression et colorié sur fond d'or, représente un paysan près
de deux hussards dont l'un à cheval et l'autre appuyé contre un
tertre ; au fond, un paysage ; à droite des militaires préparant la
cuisine.
Les Prussiens ont toujours été habiles à se garder en temps de
guerre ; ils ont su s'entourer d'espions et se renseigner sur les forces,
la situation et les intentions de leurs ennemis.
Le rôle d'espion, méprisé en France, a été relevé en Prusse, au
point d'être confié, dans la dernière guerre de 1870-1871, à des
officiers de mérite qui ont obtenu ainsi de l'avancement et des dis-
tinctions honorifiques.
En 1807, le jour de la bataille d'Iéna, un espion prussien fut pris
par des cavaliers français. Le fait dut avoir dans l'armée un certain
294 LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON f
relonlissemont, pour (jirune labaliére en ail perpétué le souvenir.
Le malheureux paya vraisemblablement de sa vie son dangereux
métier.
III
Tabatièri:: au docteur Gall. (Voir le Livre des Colleclionneurs,
p. 203.)
On pourrait ajouter les lignes suivantes :
François-Joseph Gall, né à Trefenbrunn (grand- duché de Bade)
en 17o8, mort en 1828, commença ses études à Strasbourg et les finit
à Vienne où il se fit recevoir docteur en 178o. Après divers voyages,
il vint à Paris en 1807. Il y développa dans les salons et dans des
cours publics son fameux système auquel il dut bientôt la célébrité.
L'auteur reconnaissant de l'enthousiasme qu'il soulevait se fit natu-
raliser Français.
Gall place les qualités morales au sommet de la tète, les facultés
intellectuelles à la partie antérieure et les facultés animales et gros-
sières derrière et sur les côtés. Ces principes généraux paraissent
justes, mais lorsque le savant docteur admet 27 facultés fondamen-
tales, et qu'il veut les assigner à autant de parties saillantes du crâne,
on sent combien d'erreurs doit amener une méthode si pleine d'in-
certitude. Ses partisans eux-mêmes ne sont pas d'accord sur la
place et le nombre des organes et sur la classification des facultés.
Toutefois on doit rendre à Gall, cette justice, qu'il a fait faire d'impor-
tants progrès à l'anatomie et à la physiologie du cerveau.
Blague a tabac, en cuivre repoussé garni de cuir. Elle représente
Napoléon en pied, portant le costume de colonel des chasseurs de
la garde (guides), entouré de drapeaux et autres attributs militaires'.
Légende : Napoléon le Grand.
Costumes de 1789 à 1808. — Tabatière en carton verni, figurant
une suite de caricatures dessinées dans le goût de Cari Yernet, en
noir, sur fond mordoré. Au centre, on lit : Quel est le plus ridicule,
ou liapprochement et contraste des costumes depuis 1789.
LES TABLETIERS ET LES TABATIÈRES POPULAIRES 29:>
IV
1808. — Tabatière d'écaille ornée sur le couvercle, d'un repoussé
figurant huit bustes groupés, à gauche, du roi d'Espagne, de la Reine,
des Infants et Infantes. Sur le bord du dernier buste à droite.
Paroy spt [sculpsii) (0,064). Légende : Familia Real Espana
(Famille royale d'Espagne).
Les huit bustes représentent les personnages dont les noms
suivent :
Charles IV, né à Naples le 12 novembre 1748, roi d'Espagne et
des Indes, le 14 de'cembre 1788, décédé à Naples le 20 janvier 1819.
Louise-Marie-Tuéri':se de Parme, reine d'Espagne et des Indes,
née le 9 décembre 1751, mariée le 4 septembre 186o, à Charles IV,
décédé à Naples le 2 janvier 1819.
Fi^rdinand-Marie-François de Paule, prince des Asturies, fils aîné
du Roi, depuis Ferdinand VII, né le 14 octobre 1784, décédé le 2"^
septembre 1833.
Cuarles-Marie-Isidore (don Carlos), second fils du Roi, né le 29
mars 1788.
François de Paule (Antoine-Marie), troisième fils du Roi, né le 10
mars 1794.
Crarlotte-Joaciiime, fille du Roi, née le 25 avril 1775, mariée le
9 janvier 1790 à Jean-Marie-Joseph-Louis, prince régent du Brésil,
né le 13 mai 1767.
Marie-Louise-Josépoine, seconde fille du Roi, née le 6 juillet 1782,
reine régnante, le 2 août 1801, de l'Elrurie qu'elle céda à Napoléon
le 27 octobre 1807.
Marie-Isabelle, infante d'Espagne, née le 5 juillet 1789.
Le 17 mars 1808, un soulèvement éclata à Madrid et le surlende-
main le roi Charles IV abdiqua en faveur de son fils le prince des
Asturies, proclamé Ferdinand VIL Vers la fin du mois suivant, toute
la famille royale se rendit à Rayonne où se trouvait Napoléon.
Charles IV ayant protesté contre son abdication, Ferdinand remit la
couronne à son père. Cette famille n'en fut pas moins internée en
France jusqu'à la chute de l'Empire. Le 6 juin 1808, Joseph, alors
roi de Naples, fut proclamé roi des Espagnes et des Indes.
1809. Oui, je suis Français, Exergue d'une tabatière en buis repressé
296 LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON l'^'"
ù cliaud, doublée d'écaille. Le sujet rappelle un épisode anecdolique
(le la guerre d'Allemagne. A droite, l'Empereur accompagné de trois
officiers généraux ; à gauche et devant eux, un jeune soldat croise la
baïonnette.
Ce sujet a été dessiné et gravé par Veraot. Au-dessous du litre :
On, JE SUIS Français, on lit : « Le 8 octobre 1809. Napoléon en habit
jjourgeois ainsi que quelques généraux visitant le camp de Seme-
ring, montagne à vingt lieues de Vienne, rencontra un jeune conscrit
ol l'interrogea ; ce jeune soldat lui répondit qu'il était né dans les
Pyrénées : Quon désarme cet homme et quon le pe7ide, dit l'un
d'eux dans un moment de gaîté... Oui, je .mis Français, répète le
conscrit, en croisant la baïonnette... On le détrompe, on le félicite,
et ce fut le gousset bien garni qu'il rejoignit son régiment. »
Napoléon, empereur et roi. Joséphine, impératrice et reine, 1809.
Légende d'un repoussé offrant les bustes accolés, à gauche de Napo-
léon et de Joséphine. L'Empereur est représenté avec les attributs de
la force, de la gloire et de la puissance. Sa tête est laurée et surmon-
tée d'une tête d'aigle, tenant dans son bec les foudres de Jupiter; ses
épaules sont couvertes d'une peau de lion dont les pattes forment un
nœud sur la poitrine ; à côté une massue. L'Impératrice porte une
robe à collerette fraisée. Un diadème et trois grandes plumes ornent
ses cheveux. Sur le bord du bras de l'Impératrice : Paroy.
Diamètre de la boîle, 0,083. Diamètre du médaillon, 0,070.
Tabatière d'écaille, ornée d'un repoussé ayant pour exergue :
Napoléon blessé à Ratisbonne le 20 avril 1809. L'Empereur, entouré
de ses soldats, a le pied gauche à l'étrier, tandis que le chirurgien
Ivan, un genou en terre, termine de panser le pied droit. Sujet tiré
du tableau de Gautherot, exposé au Salon de 1810.
C'est le 23 avril que Napoléon fut blessé devant Ratisbonne et non
le 20, comme l'indique par erreur l'inscription.
L'armée française faisait le siège de Ratisbonne et se pre'parait à
l'assaut. L'Empereur s'était arrêté sur un plateau découvert, accom-
pagné du maréchal Lannes, lorsqu'une balle morte l'atteignit au
pied droit. 11 fut pansé par le docteur Ivan, chirurgien major des
grenadiers de la garde. « Le bruit se répand rapidement que l'Empe-
reur est blessé et bientôt il est entouré de 15,000 soldats de toutes
armes,
« Le premier besoin de Napoléon est de répondre à tant d'amour
LES TABLETIERS ET LES TABATIÈRES POPULAIRES 207
et d'aller tranquilliser l'inquiétude de l'armée, 11 monte à cheval ; des
roulements de tambour prolongés sur la ligne rappellent le soldat
dans les rangs. Il les parcourt et reçoit partout les expressions de la
plus vive joie, du plus ardent dévoùment. » (Général Pelet. Mémoires
sur la (juerre de 1809.)
Napoléon P'", empereur des Français, roi d'Italie, né le 15 août 1769.
Marie-Louise , archiduchesse d'Autriche, impératrice, née le 12 dé-
cembre 1791. Légende d'une tabatière en carton verni, décorée en
noir par impression. A gauche, l'Impératrice en costume d'apparat ;
la tète coifTée du diadème et de la couronne fermée ; à droite. Napo-
léon en uniforme des chasseurs de la garde.
Le renouvellement du mariage civil eut lieu le l'''' avril 1810, dans
la grande galerie de Saint-Cloud, en présence de la cour impériale.
Le mariage religieux se fit le lendemain au Louvre, avec une magni-
ficence comparable à celle du couronnement. De nombreuses fêles
s'organisèrent à Paris.
Dans un bal donné par le prince de Schwarzenberg, ambassadeur
d'Autriche, le feu prit aux tentures et occasionna de grands malheurs.
L'Empereur, après avoir sauvé l'Impératrice, revint pour veiller au
salut de la foule ; on s'écrasait aux portes ; plusieurs personnes péri-
rent au milieu des flammes. La princesse de Schwarzenberg était
sauvée, mais ne retrouvant pas son enfant, elle se précipita dans les
salles malgré l'imminence du danger et trouva la mort sous un lustre
qui l'écrasa en tombant. Cette scène lugubre attrista toute la cour.
Les terribles événements qui avaient accompagné les fêtes du mariage
de Marie-Antoinette revinrent en mémoire et l'on fit des rapproche-
ments entre les deux archiduchesses.
Napoléon, Marie-Louise. Légende d'un repoussé sur une tabatière
de buis, doublé d'écaillé. Têtes accolées, à droite, de Napoléon et
Marie-Louise. La tête de l'Empereur est laurée. Sur l'épaisseur du
cou : Andrieit F. (Andrieu fecit.)
Napoléon P"", empereur des Français, roi d'Italie, né le lo août 1769.
Marie-Louise, archiduchesse, impératrice, née le 12 décembre 1791.
Légende sur une tabatière en carton verni représentant, en noir par
impression, Napoléon en uniforme des chasseurs de la garde et Marie-
Louise en costume de cour.
2'.i8 LES FOLRMSSEURS DE NAPOLÉON 1
YI
(T
Baptk.me du roi 1)i: llnMn; , mdcccxi. Exergue d'une Loîle à deux
médaillons en verre gravé. Dessus, Napoléon P'", couvert du manteau
impérial, présente son fils aux grands personnages de l'Etat. Sur le
médaillon inférieur, on lit au milieu de deux rangs de couronnes
murales : a lemperi:ur, les bonnes villes de l'empire.
Les cérémonies du baptême eurent lieu à Notre-Dame le 9 juin 1811.
l^Ues furent magniliques. i Trois rois, vingt cardinaux, cent évêques,
le Sénat, le Corps législatif, les maires des villes de France, assis-
tèrent à la cérémonie. Quand le pontife eut terminé et rendu le roi
de Rome à la gouvernante des enfants de France, M"'°de Montesquiou,
celle-ci le remit à Napoléon, qui, le prenant dans ses bras et l'élevant
au-dessus de sa tète, le présenta ainsi à l'assistance avec une émotion
visible qui devint bientôt générale. » (Duruy. Histoire populaire de
la France.)
1813. Mort du grand maréchal Duroc, duc de Frioul. Tabatière en
carton verni à décor noir par impression. En avant d'un champ de
bataille, Duroc repose sur un brancard ; près de lui se trouve l'Empe-
reur, dont il porte la main à ses lèvres. Dans le champ de l'exergue,
sous le titre :
« .4 la suite de la bataille de Wurtchen, gagnée le 21 mai 1813.
El ses dernières paroles à l'Empereur en lui baisant la main :
Toute ma vie, lui dit-il, a été consacrée à votre service... J'ai vécu
en honnête homme... Je laisse une fille. V. M. lui servira de père...
V Empereur serrant la )nain droite, le grand maréchal resta un
quart d'heure en silence que le grand maréchal rompit en lui
disant : Ah ! Sire. Allez-vous-en, ce spectacle vous peine ! L'Empe-
reur en le quittant ne put lui dire autre chose que ces mots : Adieu
donc, mon ami ! S. M. rentra dans sa tente et ne reçut personne
pendant toute la nuit. »
C'est ici qu'il faut mourir avec honneur. Légende d'une tabatière
en buis repressé figurant le prince Poniatowski poursuivi par les
ennemis, et se jetant avec son cheval dansl'Elsler. Exergue : Paroles
de Poniatowski en se jrrécipitant dans l'Elster.
Après la grande bataille de plusieurs jours livrée autour de Leipsick
et désignée par les coalisés sous le nom de bataille des Nations,
LES TABLETIERS ET LES TABATIÈRES POPULAIRES 299
l'armée française, débordée par 300,000 hommes, dut battre en retraite.
Le pont de Leipsick, jeté sur l'Elster, était miné ; un caporal de
sapeurs devait le faire sauter derrière nos derniers bataillons ; effrayé
par l'approche de quelques cavaliers ennemis et poussé par les sol-
dats qui venaient de passer, il mit trop tôt le feu à la mèche.
20 000 hommes restèrent ainsi au pouvoir des alliés. Poniatowski,
nommé la veille maréchal de France, préféra se jeter à la rivière que
de tomber vivant au pouvoir de l'ennemi. Malgré la rapidité du cou-
rant, il avait réussi à traverser ce dangereux lleuve, mais il n'en put
franchir les bords escarpés et il se noya en compagnie de son aide
de camp, qui fit tous ses efforts pour le sauver.
Y II
181o. Retour de l"Isle d'ELBE. — Peu après le retour de Napoléon
en France, on vit paraître de petites estampes, en noir ou en cou-
leur, figurant les portraits de l'Empereur, de l'Impératrice et du Roi
de Rome, au-dessus d'un bouquet de violette, ou même d'une violette
seule. Ces fleurs étaient accompagnées de légendes comme celles-ci :
Le Retour du printemps et de la violette. — Le Bouquet chéri —
Violettes du 20 mars 181o.
La violette, du printemps chère espérance,
liamène Napoléon, bonheur de la France.
D'autres estampes sont consacrées au Roi de Rome. L.e ciel a
exaucé mes vœux. Le Roi de Rome un genou à terre (D. 0"',07.) —
Je remercie Dieu du retour de mon père. Le Roi de Rome à genoux,
une branche de laurier à la main. (D. 0'",07.)
Une estampe sans légende représente le Roi de Rome, les cheveux
bouclés, au milieu d'un parterre de roses.
Après la seconde abdication, les portraits de l'Empereur et tout
ce qui pouvait rappeler son souvenir étaient considérés comme
emblème séditieux. On fit cependant à celte époque des estampes
curieuses, qu'on évitait de mettre en montre pour éviter l'emprison-
nement; sous l'apparence de violettes, de pensées, de branches et de
troncs d'arbres, elles cachaient le profil de Napoléon et même de son
petit chapeau.
P.-J.-E. Gambronne, né a Nanïesle20décembre 1770. —Légende d'une
300 LES FOLllMSSEURS DE NAPOLÉON l"'
lalmlière en buis repressé représentant le buste de Canihronne, de
face, en costume de général, entouré de lauriers.
Le 18 juin ISlo, sur le champ de bataille de Waterloo, Cambronne
commandait le dernier carré de la garde, le seul qui résistât encore
à 8 heures du soir. Attaqué sur les quatre faces du carré, la lutte
devenait impossible. Après chaque décharge, les soldats serraient les
rangs et le carré amoindri continuait de combattre. Un général anglais,
Colville ou Mailland, leur cria : « Braves Français, rendez-vous î »
C'est alors que Cambronne leur répondit ce mot fameu.K que l'histoire
a traduit par ces belles paroles : La Garde meurt et ne se rend pas.
Laissé pour mort sur le champ de bataille, il fut relevé le lendemain
et conduit prisonnier en Anglelerre.
Les enfants du général Michel, mort à Waterloo, ont réclamé pour
leur père l'énergique réponse de Cambronne.
A la suite d'une enquête, en 186:2, un vieux soldat de la garde,
Antoine Deleau, affirma avoir entendu de la bouche de Cambronne :
La Garde meurt et ne se rend pas. A une seconde sommation, Cam-
bronne répondit la même phrase, qui fut répétée par tous les officiers
et tous les soldats. Entre deux décharges, une troisième sommation
fut faite, mais Deleau n'entendit pas la réponse, un boulet lui enleva
son bonnet à poil et le renversa sur un tas de cadavres.
Malgré cette affirmation, les fils du général Michel ont persisté à
revendiquer pour leur père « l'honneur d'avoir prononcé ces sublimes
iparoles (et non d'autres) : La garde meurt et ne se rend pas ».
De son côté, le général Bertrand, à son retour de Sainte-Hélène,
remit à la veuve du général Michel une pierre détachée du tombeau
• de l'Empereur, sur laquelle il avait écrit : « A la comtesse Michel,
veuve du général Michel tué à W^aterloo où il répondit aux somma-
tions de l'ennemi par ces paroles sublimes : La garde meurt et ne se
rend pas. »
D'après Edouard Fournier, le mot dit par Cambronne est celui de
lia tradition, le mot cru qui rime avec perde. 11 le répéta devant
témoins, en Angleterre, et il fut compris, car une voix répondit :
Mange. {De lEsprit de Vhistoire.)
Victor Hugo, dans les Misérables, a fait une description de la
bataille de Waterloo et consacré une longue tirade au fameux mot de
•Cambronne.
LES TABLETIERS ET LES TABATIÈRES POPULAIRES 301
VIII
1815. Tabatière au Petit Chapeau. — Le chapeau légendaire de
iNapoléon, qu'on appelle le Petit Chapeau, a été maintes fois reproduit
par les artistes. A la chute de l'Empereur le commerce livra clandes-
tinement à la consommation des tabatières populaires, à bon marché,
en cuivre jaune, en corne ou en écaille, ayant l'aspect du Petit Cha-
peau. Quelques-unes de ces tabatières, parmi celles en écaille, sont
ornées d'un sujet représentant « Napoléon dormant sur une chaise le
malin de la bataille d'Austerlitz ». En diverses occasions, Napoléon
dormit sur le champ de bataille, bien en dedans de la portée des
boulets, notanmient à Lulzen et à Bautzen.
La tabatière au Petit Chapeau, considérée comme emblème sédi-
tieux, se vendait en cachette; il eût été fort imprudent de s'en servir
en public ou même dans des réunions privées, en présence d'incon-
nus. La rage des républicains contre les royalistes, pendant la Ter-
reur, s'était retournée contre eux et les impérialistes, au commence-
ment de la Restauration. Bien des innocents furent victimes de ces
rancunes. On en jugera par ces deux faits, cités avec bien d'autres du
même genre dans V Histoire des deux Restaurations, de M. de Vau-
labelle.
Le 30 mars 1816, un capitaine de gendarmerie en retraite, M. Paul
Sassar, est appelé comme témoin au tribunal de Rennes, à la suite
d'une rixe de café. Sur son ancien habit d'uniforme, qu'il porte par
économie, le tailleur avait laissé par mégarde un bouton portant
ces mots : Gendarmerie impériale. Un gendarme de service s'en
aperçoit et prévient le président, M. lluon de Kermadec, qui aussitôt
interpelle violemment le capitaine.
« Vous portez sur votre tunique des boutons séditieux, » lui dit-il.
Le capitaine a beau invoquer sa bonne foi et donner des explications
sur l'oubli dont il est victime, rien ne peut le sauver; M. Huon de
Kermadec le fait asseoir sur le banc des prévenus et séance tenante
le condanme à trois mois de prison, 50 fr, d'amende, à la privation
d'un douzième de sa pension de retraite pendant un an et aux frais
du procès, (T. IV, p. 354.)
Le 1'^'' mars 1817, plusieurs habitants de la commune de Pagny
s'étaient réunis après dîner dans une salle particulière d'un café. Au
;!(I2 LKS FOURNISSEURS DE NAPOLÉON 1''"
moment de se retirer, l'un d'eux, M. Nanlenil, ancien maire de
I>al)ruyère, lire de sa poche quelques pièces de monnaies parmi les-
iiuelles se trouvait une médaille frappée à l'occasion de la fondation
de l'Université et qui portait d'un côté cet exergue : Unwersilé Impé-
riale et de l'autre reffigic de Napoléon. La médaille, très remarquée
par les convives, passe de main en main. A quelques jours de là,
M. Nanleuil est arrêté, conduit dans les prisons de Beaune où il reste
tout le temps que dure l'instruction, c'est-à-dire une année. Traduit
en jugement après cette longue détention, il est condamne' « pour
avoir conservé et montré dans un lieu public un objet séditieux (la
médaille), à A 000 fr. d'amende, deux ans de privation de ses droits
civiques et deux ans de surveillance de la haute pohce. » (T. IV,
p. 110.)
IX
Tabatière allemande, en carton verni, représentant en noir, par
impression. Napoléon I''', vêtu d'une façon étrange, avec une toile
d'araignée sur la poitrine et une main en guise d'épauiette. Une
l.égende imprimée, que l'on a bien voulu nous communiquer, en donne
l'explication. La voici :
« Ce portrait hiéroglyphique du Destructeur est fidèlement copié
d'une gravure allemande, ainsi que la parodie de ses prétendus
titres. Le clmpeau de I'Exterminateur est formé par une aigle fran-
çaise, mutilée et couchée, après son conflit avec les aigles du Nord.
Son visage est composé des cadavres des victimes de sa sottise et
de son ambition, qui ont péri dans les plaines de Russie et de Saxe.
Autour du col il a la Mer Rouge, par allusion à ceux de ses soldats
qui ont été noyés. Son épaulette est une main qui dirige la confé-
dération (lu Rhin sous le fragile emblème d'une toile d'araignée,
h'araignée que l'on voit dans la plaque est symbole de la vigilance
des alliés, qui ont infligé sur cette main une piqûre mortelle. »
X
Tabatières a secret. — Au commencement de la Restauration,
pour échapper aux tracasseries de la police, on fit des tabatières
LES TABLETIERS ET LES TABATIÈRES POPULAIRES 303
unies, sans aucun ornement, en buis, en ivoire ou en écaille com-
mune, cachant dans un double fond le portrait de Napoléon.
Dans notre Livre des Collectionneurs, en parlant des boîtes à
secret des orfèvres et de celles des tableliers, dont les secrets sont
différents, nous avons expliqué que chez les tabletiers le secret con-
sistait à dévisser, soit la gorge, soit la partie inférieure de la boite.
Lorsqu'on ouvrant une boîte, le fond offre une épaisseur anormale
et que la partie creuse qui reçoit le tabac n'a pas une profondeur en
rapport avec l'épaisseur de la boîte, c'est que celle-ci cache un double
fond. Alors, amis collectionneurs, dévissez ! dévissez ! Si le secret est
dans la gorge, remettez le couvercle, dont la pression facilitera le
dévissage.
18:21. — Boîte à secret, en cuivre jaune, rectangulaire, présentant
dans son ensemble la forme d'un tombeau et à ses extrémités le
profil du Petit Chapeau. Pour l'ouvrir, il faut d'abord abattre le bat-
tant du bout, à droite. Le charnière du côté gauche n'est qu'un
trompe-l'œil. Quant au petit bouton de fer saillant sur la face, c'est
un piège dont il faut se défier; il agit sous la main et, à la moindre
pression, découvre une aiguille dont la pointe vient piquer le doigt
qui appuie dessus.
Tabatière a secret, en buis, sans filets ni ornement, doublée
d'écaillé. La partie inférieure se dévisse et renferme un médaillon
en cuivre repoussé, doré au mat. Le général en chef Bonaparte, le
bras droit levé, harangue l'ai'mée française représentée par un sapeur,
un mamelouck et quatre grenadiers dont un est à peine visible.
Au fond 3 pyramides. Légende : Songez que du haut de ces monu-
ments c/uarante siècles vous contemplent. Exergue : 3 thermidor
an \l-^Id juillet 1798 (pour 21 juillet 1798).
Sur la barre de l'exergue, à gauche, en toutes petites lettres. J.D.B.
(Chiffre de Jean Du Bois.)
La bataille des Pyramides fut livrée le 21 juillet 1798, près des
villages dEmbabeh et de Ghizeh. Le général Bonaparte y remporta
un éclatant succès. Ce fut une nouvelle démonstration de ce que
peuvent la tactique et la discipline contre la valeur confuse et désor-
donnée. Bonaparte adressa à l'armée les paroles qui forment la
légende du repoussé.
Mourad Bey, chef des Mamelucks, fut complètement défait. Ses
efforts énergiques pour détruire nos carrés formés sur six rangs
d'épaisseur restèrent infructueux. Après une lutte opiniâtre, il s'en-
:{0i LLS FOLRNISSKIRS Dli NAPOLÉON l"""
luil vers la luiulc Egypte, perdant deux milh; hommes et laissant
entre nos mains trente canons, quatre cents chameaux chargés et
un butin considérable.
La pièce primitive, gravée à l'époque de la bataille, avait pour
légende ; Songé que du haut de ces monument quarante siècles
vous contemplent. Le médaillon dont nous nous occupons est une
répétition corrigée de la première épreuve.
Cdami' di: Waterloo. Passant^ vas dire à Paris que nous sommes
moiHs ici pour Vhonneur français, le 18 juin 1813. Exergue d'une
tabatière en carton verni, représentant en noir par impression le
champ de Waterloo, après le combat. On y voit des hommes et des
chevaux étendus sur le sol, des armes, des boulets, des canons; à
gauche, une croix. Au milieu, sur le premier plan, un grenadier assis,
le pied droit blessé, entouré de bandelettes, la tète appuyée sur sa
main gauche et tenant de la droite une bêche. Ainsi posé, le grena-
dier semble absorbé dans le souvenir des terribles événements de la
bataille.
Imitez des Français l'exemple généreux ;
Jamais on ne les vit vingt contre deux.
Exergue d'une tabatière en carton verni , à décor noir par
impression. Un grenadier de la garde, le bras gauche en écharpe,
adossé contre un arbre, ayant à ses pieds un soldat blessé, qui l'en-
toure de ses bras, se défend sabre en main contre de nombreux
soldats anglais
Ce sujet, allusifàla bataille de Waterloo, a été souvent reproduit,
en repoussé, par impression, en écaille moulée, en corne repressée, en
bois, en ivoire, en faïence, etc., avec ou sans légende. Parfois, la
légende ci-dessus est remplacée par celle-ci : Le soldat français
meurt et ne se rend pas, ou bien encore par ces mots, plus histo-
riques : La garde meurt et ne se rend pas.
XI
D'après nature. Isle Sainte-Hélène le 6 mai 1821. — Légende d'un
repoussé sur une tabatière en buis. Buste de Napoléon L'", au milieu
des nuages, les yeux fermés et dans l'attitude de la mort. ïête de
trois quarts, à droite.
LES TABLETIERS ET LES TABATIÈRES POPULAIRES 305
Napoléon mourut le o mai 1821, à six heures dix minutes du soir,
âgé de cinquante et un ans huit mois et vingt et un jours. « Aux con-
vulsions de l'agonie, toujours si pénibles avoir, avait succédé un calme
plein de majesté. Cette figure, d'une si rare beauté, revenue à la
maigreur de sa jeunesse et revêtue du manteau de Marengo, semblait
avoir rendu à ceux qui la contemplaient le général Bonaparte
dans toute sa gloire. > (Thiers. Histoire du Consulat et de V Empire.)
Couvert de l'uniforme des chasseurs à cheval de la garde et coiffé
du petit chapeau légendaire, il resta exposé deux jours sur un lit de
parade. Le corps fut embaumé le 8 mai, puis on le renferma dans
un quadruple cercueil.
1821. Les tabatières de Sainte-Hélène. — On donne le nom
de Tabatières de Sainte-Hélène à des tabatières exécutées immédia-
tement après la mort de Napoléon et rappelant soit ses funérailles,
soit cette partie de la vallée solitaire, ombragée de deux saules
pleureurs où reposait son cercueil.
Ce lieu, très romantique, dit M. de Norvins, plaisait à Napoléon qui
aimait à y reveniretà enfaire un lieu de repos dans ses promenades.
« Si je dois mourir sur ce rocher, dit-il au général Bertrand, faites-
moi enterrer au-dessous de ces saules, près de ce ruisseau. »
Le bruit de la mort de Napoléon produisit en France une immense
impression et fut l'occasion d'innombrables productions à sa louange,
parmi lesquelles figurent de curieuses tabatières populaires. « Ce
furent partout et de toutes parts, dit M. de Las Cases, des compositions
en prose et en vers, des peintures, des portraits, des tableaux, des
lithographies et mille petits objets plus ou moins ingénieux, consta-
tant, bien plus que ne saurait faire toute la pompe des rois, la sincé-
rité, l'étendue, la vivacité des sentiments qu'il laissait après lui. »
{Mémorial de Sainte-Hélène.)
1821. Tabatière de Sainte-Hélène. — Tabatière en buis repressé
figurant le moment où le cercueil de Napoléon arrive au lieu de la
sépulture. Le cercueil est porté par des militaires au nombre de six ;
à droite, en avant, le fossoyeur et les deux saules traditionnels; en
arrière, à gauche, divers personnages, parmi lesquels l'auteur a voulu
représenter le général Bertrand, sa femme et le petit filleul de Napo-
léon. Exergue : Il vivra toujours dans nos cœurs..
La pompe funèbre eut lieu le 9 mai. D'après les ordres de l'ami
rauté anglaise, le convoi fut celui d'un général en chef. Trois mille
personnes suivirent le corps au sortir de Longwood. On y remarquait
20
300 LKS FOI HNISSECnS DE XAPOLl':ON T'"
k's comtes Berlrand et iMontholoii ; Marchand, premier valet de
chambre, exécuteurs testamentaires de Napoléon; Napoléon Bertrand,
lilleul de l'Empereur, fils du grand maréchal. La comtesse de Mon-
tliolon suivait en voiture avec sa llllc.
Comme la route ne permettait pas au char d'arriver jusqu'au lieu
de la sépulture, les grenadiers anglais et les marins de la flotte se
paringèrent riionneur de porter le héros sur leurs épaules.
18^1, Tabatièri-: de Saime-IIélkne. — Tabatière en i)uis repressé
à chaud. Sur le couvercle, le tombeau de Napoléon, ombragé de deux
saules, entouré de ses serviteurs en larmes. A droite, le jeune Napo-
léon Bertrand dépose une couronne sur une pierre tombale où Ion
peut lire : Cy (jit un gr... homm. ; près de l'enfant, sa mère et le
général Bertrand; à gauche, deux personnes, dont le général Mon-
tholon. Exergue : Reçois de notre amour ces ti'istes et derniers
gages.
18:21. Tabatière de Sainte-Hélène. — Le sujet, en buis repressé, a
pour exergue : Il fut grand par son nom, encore plus par ses armes.
Sur un piédestal, décoré d'un aigle accosté de deux branches de lau-
rier, est posé le buste de Napoléon, à l'ombre de deux saules pleu-
reurs. A droite, un général (Montholon) et un vieux soldat; à gauche,
le général Bertrand et sa femme donnant la main au jeune Napoléon
Bertrand, filleul de l'Empereur.
18:21. Tabatière de Sainte-Hélène. — Boîte en carton verni, décorée
par impression d'une estampe énigmatique. A gauche, entre deux
troncs d'arbres, l'œil prévenu reconnaît le profil en pied de Napoléon.
A droite, un monument funèbre sur lequel on lit : Tombeau.
XII
Emile Marco de Sainl-llilaire écrivait en 18:27, sous une forme plai-
sante, cette boutade bien conforme à l'esprit de l'époque :
« Ayez toujours sur vous deux tabatières à double couvercle, afin
d'avoir sous la main de quoi flatter le goût des personnes avec les-
quelles vous vous trouvez, quelle que soit leur opinion politique. Que
trois faces soient consacrées à l'esprit de parti. Que la première soit
revêtue de la Charte constitutionnelle, comme M. Touquet l'a si ingé-
nieusement imaginé, il y a quelques années (18:21) ; cette face est à
coup sûr celle que vous mettrez le plus souvent en évidence.
LES TABLETIEUS ET LES TABATIÈRES POPULAIRES 30T
« La seconde face représentera le portrait de Tex-empereur ; ce
portrait-là n'est plus prohibe'; ainsi n'ayez aucune crainte; je conviens
que ce fut un usurpateur, mais il y avait du bon dans cet homme-là :
il lui est resté quelques amis fidèles à sa mémoire et un homme qui
veut faire son chemin ne doit négliger personne.
« La troisième face doit être consacrée au fameux étendard levé
jadis par Martainville et consorts, un drapeau blanc avec cet exergue :
Vive le roi. »
XIII
Cet aperçu de l'histoire des tabatières populaires, sous Napoléon P',
est loin d'être complet. Pour ne parler que des médaillons en cuivre
repoussé, doré au mat, la liste en est longue. Elle comprend une
importante série de portraits de Napoléon, de Joséphine, de Marie-
Louise et du petit roi de Rome, dont nous n'avons décrit qu'une
partie. Il faut y ajouter les portraits d'un grand nombre de person-
nages du temps, tels que les suivants :
Louis-Napoléon, roi de Hollande ; Hortense-Eugénie, reine de Hol-
lande ; Jérôme Napoléon, roi de Westphalie; Elisa-Napoléon, grande-
duchesse de Toscane; Murât; Caroline, reine de Naples; le prince
Camille Borghèse ; le prince Eugène, vice-roi d'Italie; la princesse
Amélie de Bavière, sa femme ; Lebrun, Cambacérès, Berthier, Masséna,
Bernadotte ; Junot, duc d'Abrantès ; Suchet, duc d'Albuféra ; Ney.
Oudinot, Hulin, Talleyrand, Portails, Denon ; le cardinal Maury, le
cardinal de Belluy, l'abbé de l'Epée ; Frédéric-Guillaume III, roi de
Prusse ; la reine de Prusse ; l'archiduc Charles ; François P', empe-
reur d'Autriche; Alexandre I"', empereur de Russie ; Frédéric-Auguste,
roi de Saxe ; Frédéric, roi de Wurtemberg, etc.
CIIAPITUE XIV
IN DUSTRI ES DIVERSES
Les mémoires des fournisseurs offrent, en général, peu d'intérêt,
mais lorsqu'ils s'adressent à des personnages aussi extraordinaires
que Napoléon P*", ils acquièrent alors un attrait de curiosité tout par-
ticulier.
Jusqu'ici, le lecteur a peut-être été bien aise d'apprendre comment
Napoléon s'habillait, se chaussait, se coiffait, se gantait ; il a pris
peut-être aussi quelque intérêt à connaître le nom des orfèvres aux-
quels il faisait de si riches commandes en tous genres ; des ébénistes
qui meublèrent dans un style nouveau ses palais impériaux ; de la
bouquetière aux doigts de fée, 'qui composait ces jolis bouquets que
Joséphine et Marie-Louise n'étaient pas seules à recevoir.
Voilà pourquoi nous n'hésitons pas à donner ici, en manière de
supplément, une liste abrégée de quelques fabricants ou industriels
dont les mémoires, quelquefois cités, n'ont cependant pu faire
l'objet, faute de place, d'un dépouillement plus étendu.
« CuENUE, layeliereniballeur de Leurs Majestés Impériales et Royales
et des Princes, rue Groix-des-Petits-Champs, n° 28, Paris.
«Fait expédier et douaner pour l'Empire français et l'étranger. »
Cette adresse est inscrite, comme en-tête de facture, sur une belle
vignette surmontée d'un aigle aux ailes éployées et figurant un
atelier d'emballeur.
Chevalier, ingénieur opticien de S. M. le roi de Westphalie,
membre de plusieurs académies.
1810. Fourni pour le palais de Gompiègne et placé par moi dans la
bibliothèque de l'Empereur, un baromètre à cuvette, construit en
ucajou et auquel sont adaptés les deux thermomètres avec ornements
INDUSTRIES DIVERSES 309
allégoriques, 600 fr. — Ua autre baromètre , aussi placé par moi
dans la chambre à coucher de S. M. l'Empereur, le dit baromètre
construit sur bois d'acajou, avec ornements allégoriques, 300 fr.
Compte soldé sur les 150,000 fr. accordés pour l'ameublement du
palais de Gompiègne.
Vérifié par l'auditeur au conseil d'Etat, inspecteur de la compta-
bilité du mobilier et des bâtiments de la couronne,
Le Gouteulx de Ganteleu.
{Arch.nat. 0-33.)
Desoucoes. En 1807. Desouches, serrurier du garde-meuble, four-
nissait pour les grands appartements de l'Empereur aux Tuileries
quatre garde-feux à six feuilles, au prix total de 1,200 fr. — Ghaque
garde-feu, haut de O'",7o, large de 0™,4o et renfermant une toile métal-
lique.
Compte soldé sur le crédit de 101,811 fr. ouvert pour le budget du
12 septembre 1807, pour compléter l'ameublement de l'appartement
d'honneur au palais des Tuileries. — 12 avril 1808. (Arch. nat. 0-33.)
Grangeret, « coutelier de l'Empereur et des hôpitaux de la marine
à VH couronné, rue des Saints-Pères, n° 45.
« Fait et vend couteaux de table et de dessert, tant en or qu'en
argent, du goût le plus nouveau ; ciseaux de tous genres , de la
meilleure qualité ; rasoirs d'acier raffiné qu'il donne ù l'épreuve et
en général tout ce qui concerne la coutellerie et les instruments de
chirurgie. »
L'an XIII (1805), il fournit un cuir garni de deux rasoirs, pour le
service de Sa Sainteté.
10 avril 1815. « Pour le service de l'Empereur, réparation com-
plète de 19 rasoirs en nacre : 67 fr. »
Le Page, arquebusier de l'Empereur, fournit, le 17 décembre 1808,
une épée d'argent pour M. Gharvet, huissier du cabinet de Sa Majesté,
150 fr. {Arch. nat. 0-33.)
Lerebours, opticien de l'Empereur place du Pont-Neuf.
Médaille à l'Exposition de 1806 pour ses lunettes d'approche, téles-
copes et autres instruments d'optique, Lerebourg fournit à l'Empe-
reur, au commencement de la même année, 19 lunettes dites
longues-vues et autres, dont une montée sur pied d'acajou valant
1,800 fr., un thermomètre et une cassette de mathématiques. — To-
tal : 5,600 fr.
Pour les mois de septembre et d'octobre suivants, sa fourniture
310 LI.S rOLRNISSKURS DE \APOLr;0\ l*^''
s'rlt'vo il 4,3U0 l'r. Deux luiicllcsea vermeil de tîl lignes, à tirages,
i40 fr, ; deux lunelles de 18 lignes, 360 fr ; une grande lunette achro-
matique de 4 pouces de diamètre et de six pieds de long avec
ses accessoires, 3,o00 fr.
26 janvier 181:2. — "2 lunettes de spectacle à tirage en vermeil,
100 fr
25 mars. — 2 lunoltes de spectacle, 400 fr ; une aulre, 120 fr. : un
binocle en nacre de perle, les branches en or, garni de cristal de
roche, 230 fr. Total : 750 fr. (Arch. nal. 0-32.)
Levaciier, marchand de soieries. 15 ventôse an XII (6 mars 1804).
— Pour fournitures de trois pièces de velours, étoffes d'or, d'argent
et de soie, pour être distribuées en présents à Alger, aux grands du
pays, 6,932 fr. [Affaires étrangères, Comptabilité , 1795 à 1815.
Ouvr. imprimés et objets d'art.)
MiGiNET, imprimeur, était chargé des billets imprimés pour les
spectacles et les fêtes de la cour. Voici un de ses Mémoires, daté
de 1811.
23 avril. — 1.200 billets d'invitation pour le 25 avril au palais de
Saint-Cloud, s^ur papier blanc à 4 fr. le cent, 48 fr. — 300 billets de
couleur, sur papier velin vert, à 6 fr. le cent, 18 fr.
30 avril, — 12 billets blancs, pour le spectacle du 2 mai, à Saint-
Cloud, 48 Ir. — 30U billets de couleur à 6 fr., 18 fr.
10 juin. — 2,200 billets, sur papier vélin jaune, pour le bal paré
qui devait avoir lieu aux Tuileries, le IG juin, à 6 fr. le cent, 132 fr.
— 400 billets ovales, à 6 fr. le cent, 24 fr. — 200 billets en losange,
12 fr. — 1,800 billets, sur papier vélin bleu, 108 fr. — 400 billets,
-vélin bleu, en losange, 24 fr, — 36 cartons lissés, rose, vert, blanc
à (0,50), 18 fr.
30 décembre. — 1,500 billets pour le spectacle et cercle de la cour
du 2 janvier au palais des Tuileries, 60 fr. — 500 billets de couleur,
30 fr. {Arch. nat. 0^32.)
Picot, brodeur de l'Empereur.
Mars 1808. — Avoir élargi les sous-poches et les bordés de cou-
tures d'un habit de velours pourpre, 120 fr. — Elargi et appliqué des
broderies à l'habit de pou-de-soie pourpre, 60 fr.
En 1810, Picot réclame 90 fr. pour avoir brodé une couronne et
un chiffre de S, M, l'Impératrice, pour le fauteuil du trône, aux Tui-
leries, {Arch. nat. 0^34,)
22 juin 1811, — Pour le compte de l'Empereur, découpé un habit
INDUSTRIES DIVERSES 311
de velours vert pour être appliqué sur un "Velours neuf, pour être
rélargi, etc., G7."5 fr. [Arch. nat. 0-3o.)
RuGGiERi, artificier. — En 1811, à l'occasion de la fête de Marie-
Louise, un feu d'artifice fut tiré à la .Malmaison. Le mémoire de
Ruggieri nous en donne la description détaillée :
Annonce de douze bombes noires, dites d'annonce, à 4 fr. pièce,
48 fr. — Six douzaines de fusées d'annonce, divisées en trois parties
pour les entr'actes, à 7:2 fr. la douzaine, 43:2 fr. — Douze bombes de
cinq pouces, pour accompagner les dites fusées d'honneur, à G fr.,
72 fr. — 1' Coup de trois ifs de cascades tournantes, accompagnées
(le chandelles romaines, 67:2 fr.^ — f^ Un coup de trois pyramides de
limaçon composé de vingt-cinq roues avec changement de feu et une
mosaïque qui termine le dit coup de feu, 1,238 fr. — 3" Un temple
de sept arcades avec sa frise, soubassement et les marches, entre
chaque arcade une fontaine de feu, à l'entablement du temple, le
chiffre de S. M. l'Impératrice entouré d'étoiles fixes surmonté de la
couronne impériale accompagné de chandelles romaines et volcan,
l,2o0 fr. — Quinze douzaines de parlement, 135 fr. — Quinze dou-
zaines de gros partement, IGo fr. — Quinze douzaines marquises,
rî70 fr. — Quinze douzaines de doubles marquises, 4oÛ fr. — Quinze
douzaines de trois douzaines, 900 fr. — Cent volcans, 300 fr. —
Cinquante marrons. 150 fr. — Quatre bombes de six, 72 fr. — Quatre
bombes de huit, 12U fr. — Une bombe de douze, OG fr. — Frais de
transport, 200 fr. — Total : G.o70 fr.
Réduit à G, 000 fr., prix d'ailleurs convenu.
Le 17 janvier 1808, de Saint-Etienne jeune, « ccinturier de S. M.
l'Empereur et Roi, de sa maison et de celles des princes », réclame
1,723 fr. pour soixante-douze ceinturons d'épée ordinaires, à 10 fr.
et un grand baudrier, grand costume, brodé en or sur fond blanc,
avec garniture en or ciselé. {Arch. nat. 0-33.)
Enfin la Y*^ Toulet, « fourreur de Leurs Majestés Impériales et
Royales », re'clame, en décembre 1808, la somme de 760 fr. pour
garde et réparation des manteaux impériaux et de divers vêtements
fourrés de l'Empereur. [Arch. nat. 0^33.)
LIVRE lY
M A RIE- LOUISE
CHAPITRE PREMIER
MARIAGE DE MARIE-LOUISE
Marie-Louise, archiduchesse d'Autriche, avait dix-huit ans quand
elle accepta, de son plein gré, d'épouser l'empereur Napoléon.
Berthier, chargé d'aller faire la demande à Vienne, y déploya une
représentation magnifique. Pour la circonstance, Napoléon mit à sa
disposition un budget de 400,000 fr.
Pour le contrat et les cérémonies, on se modela sur tout ce qui
avait été décidé lors du mariage de 3Iarie-Antoinette, mais en s'appli-
quant à faire mieux encore. Une copie du contrat de Marie-Louise
existe aux Archives nationales, nous en citerons quelques passages :
Art. y. — « Outre la dot de 1>0Û,000 florins du Rhin, S. M. l'Empe-
reur d'Autriche convient de faire présent à la Sérénissime Archidu-
chesse sa fille, pour la valeur de 200,000 florins du Rhin ou
500,000 fr., de bagues et autres joyaux, lesquels lui appartiendront
en propre. >
Art. 6. — « S. M. l'Empereur des Français donnera à la Sérénis-
sime future épouse, à son arrivée en France, des présents et bijoux
jusqu'à concurrence de la valeur de 200,000 écus, lesquels appar-
tiendront également en propre à la Sérénissime future Impératrice. >
Article 7. — « Le douaire assigné à la future Impératrice consistera
31 t LKS FOLRNISSKURS DE XAPOLl'ON l^'"
dans un revenu annuel de oOO,OOÛ fr., dont elle jouira depuis le com-
mencemcnl ili- son veuvage jusqu'à sa mort. »
Suivant M. Tliiers, on laissa, pour la forme, ce chiiïre mesquin,
mais Napoléon fit stipuler un douaire de 4 millions pour le cas où la
nouvelle Impératrice deviendrait veuve.
Le mariage à Vienne fut célébré le 11 mars 1810 et le surlende-
main Marie-Louise s'acheminait vers la France. Elle arriva le 16 à
Braunau, où l'attendait la reine de Naples, sœur de Napoléon. Le
jour même, Berthier écrivait à l'Empereur:
ï Sire, Sa Majesté la reine de Naples est arrivée hier ici à deux
heures après miiii ; j"ai eu l'honneur de la conduire à la baraque. Sa
Majesté a trouvé tout bien disposé. Après dîner, la Reine m'a permis
de lui porter le projet de distribution des bijoux : la répartition a
été un objet difficile ; il manquait beaucoup de choses que Sa Majesté
a complétées en prenant des bijoux des duchesses de Montebello et de
Bassano, pour la somme d'environ GO, 000 fr. Enfin, Sire, on a cher-
ché à faire les choses de manière à se conformer aux intentions de
Votre Majesté.
« Les chambellans n'ont que «les boîtes à chilTre d'environ 2,500 à
2,600 fr.; il ne reste plus à distribuer que trois portraits de
"Votre Majesté du prix de 7 à 8,000 fr. ; quatre à cinq boîtes à
chiffre, quelques bagues, montres et parures d'une valeur très mé-
diocre.
€ On fera ce qu'on pourra afin de se procurer ce qui manquerait
pour les cours de Munich, StuUgard et Carlsruhe ; mais il sera néces-
saire que Votre Majesté veuille bien donner ordre qu'on envoie à
Strasbourg les cadeaux qu'elle présume que Sa Majesté l'Impé-
ratrice sera dans le cas de faire aux préfets et autres personnes,
sur sa route de Strasbourg à Compiégne, car il ne nous restera
rien »
Dans la soirée, Berthier adressait à l'Empereur cette autre lettre :
« L'Impératrice a invité à son dîner la reine de Naples et la comtesse
de Lazanski. La duchesse de Montebello et moi avons fait les honneurs
d'une table de soixante-dix couverts où se trouvèrent les dames et
les grands qui ont accompagné l'Impératrice. Le repas était magni-
fique ; nous avions une bonne musique et les dames et les grands
venus devienne étaient en habit de gala etcouverts de diamants.
Après dîner, on est descendu dans un des salons de l'Impératrice. Sa
Majesté est venue avec autant d'amabilité que de dignité dire un mot
MARIAGE DE MARIE-LOUISE 315
agréable à chacune des personnes qui l'ont accompagnée depuis
Vienne. Le contentement était général.
« 16 mars, 10 heures du soir.
« Le prince de Neucoatel. »
Marie-Louise se dirigea sur Compiègne en passant par Munich,
Strasbourg, Lunéville, Nancy et Vitry. Le dernier jour, dans son
impalience, Napoléon alla au-devant d'elle ; quand les deux cortèges
furent en présence, il ouvrit lui-même la portière de la voiture où se
trouvait sa jeune femme, l'embrassa avant de s'être fait connaître et
revint à Compiègne assis près d'elle, en lui témoignant toutes sortes de
tendresses.
Le mariage civil se fit à Saint-Gloud le V'' avril. Le mariage religieux
eut lieu le lendemain, dans la grande galerie du Louvre.
L'Empereur, fidèle à son principe d'établir au commencement de
chaque année un budget pour toutes ses dépenses, fixa lui-même les
sommes relatives à son mariage avec Marie-Louise.
Pour un médaillon, contenant le porlrait de l'Empereur, 17-j,000 fr.
— Diamants et bijoux destinés à faire des cadeaux, 9.j0,000 fr. —
Pour les médailles frappées à l'occasion du mariage, 150,000 fr. —
Pour le trousseau, 1^0,000 fr. — La corbeille, 100,000 fr. — Les
châles et dentelles, 80,000 iV.
L'Empereur joignit une note conçue en ces termes:
« J"ai décidé que le trousseau ne passera pas l!20,000 fr. ; la cor-
beille, 100,000 fr. ; les chcàles et dentelles, 80,000 fr., ce qui fait
300,000 fr. Je n'entends point revenir là-dessus, j'entends que tout
revienne pour être estimé à l'intendance et ne point passer par la
volonté de Leroy. » [Arch. nat. 0-149.)
Leroy était le célèbre marchand de modes qui avait pour clientes
les plus grandes dames de son temps. Ses prix étaient fort élevés.
ciiAPiTin: II
TROUSSEAU DE IVl A R I E - LO U I S E
Trousseau de Marie-Louise. — Le trousseau fut livré à Saint-Cloud et
expertisé dans l'appartement de M"" Aubert, garde d'atours de l'Im-
pératrice par les huit experts suivants: Tiiomire, fabricant de bronzes
et dorures ; Dallemagne et Boucou, brodeurs ; Pourget, marchand de
soieries ; Nourtier, marchand de soieries, châles et nouveautés ;
Dumas Descombes, fabricant de châles ; M'"'' Lasnier et iM"'' Louvet,
marchandes de modes.
Fourniture de chez Leroy. (Réception du 5 avril 1810.) Une cor-
beille de velours blanc, décorée de broderies et ornements dorés,
1:2,000 fr. — Un sultan, salin blanc et acier, 1,600 fr. — Un héron
fin, 0,000 fr. — Un habit de mariage, 1:2,000 fr. — Un habit tissu
d'argent, palmettes d'or et pierres, 7,400 fr. — Un habit tulle rose,
pierres et lames, raies en palmier, 4,500 fr. — Un grand habit de
blonde, chenille et argent, 6,000 fr.
Trois habits. Un habit de satin blanc, brodé en or, pointes et pal-
mettes, 3,000 fr. — Un grand habit de tulle rose à lame d'argent,
3,500 fr. — Un habit de satin rose, raies de biais et frange, 2,800 fr.
Deux robes longues. Une de satin rose et acier, 2,500 fr. ; l'autre
de tulle rose, lamé à colonnes, satin rose et argent, 1,800 fr.
Sixrobes de bal. Une robe à violettes et colonnes d'argent, 1,400 fr.
— Une autre, de tulle et or, très riche, oreilles d'ours blanc et or, au
bas, 1,800 fr. — Un habit rose et argent, à la François F, dessin
à écailles, 2,200 fr. — Une robe de tulle blanc offrant un semé de
fleurs riche et léger, bordure à deux rangs de pavots blancs, 2,200 fr.
— Une robe de tulle de Lvon, rose et corset de velours, 600 fr. —
TROLSSEAU DE MARIE-LOUISE 317
Une robe de tulle lamé, ouverte sur les côtés, cinq ouvertures et
plumes de paon, 1,^00 fr.
Douze robes du soir. Une robe de tulle rose lamé argent, dessin à
tètes de plumes, gros liseré au bas, l,loO fr. — Une robe de tulle, à
petits pois, argent, garnie, à boutons et fleurs, 1,150 fr. — Une robe
satin blanc et perles, 1,000 fr. — Une robe de tulle bleu et argent,
dessin losange au bas et raies montantes, 1,500 fr. — Une robe de
tulle blanc et or, 1,000 fr. — Une robe de tulle rose à pois de satin
et perles autour, garni de perles, 600 fr. — Une robe blanche, garnie
de framboises, 600 fr. — Une robe satin rose, imprimée à pois argent,
trois rangs de blonde argent, 850 fr. — Une robe en velours plein
nacarat, deux rangs de frange au corsage et écharpe, o88 fr. — Une
robe satin rose, jolie garniture tulle et satin, 2:26 fr.
Douze robes plus simples. Une robe satin blanc, rangs de blonde
argent, 350 fr. — Une robe, crêpe bleu, à trois ruches de crêpe, entre-
manches rayés en tulle, faite à chàle, 350 fr. — Une robe blanche,
350 fr. — Une robe rose, 350 fr. — Une robe de tulle blanc garnie
de fleurs, pavots mêlés, dessous en satin, 350 fr. — Une robe de tulle
blanc, montante au col, manches longues, trois rangs de blonde,
ruche au col, dessous en satin, 580 fr. — Une robe de tulle brodé
rayée de biais, garnie de rangs de coques, robe dessous, 350 fr. —
Une robe courte, velours blanc frisé, garnie d'une frange de perles,
frange au corsage et aux manches, 360 fr. — Une robe faux cache-
mire, blanc et or, l,000fr. — Une robe d'étofTe blanche, à côtes,
garnie, tulle et satin, 290 fr. — Une robe de velours frisé rouge,
garnie de tulle, 320 fr. — Une robe de tulle lilas, à raies de satin
garnie de roses blanches et lilas, 400 fr. — Une robe de blonde che-
nillée or, en feuilles de lierre, 2,400 fr. — Une robe à filet d'argent,
1,200 fr. — Une robe en blonde ordinaire, à demi-guirlandes,
1,000 fr. — Une robe à bouquet de violettes, 800 fr.
Redingotes. Une redingote satin blanc, à deux rangs, en ruche
devant et au corsage, 520 fr. — Une redingote en satin rose, colle-
rette de blonde, 460 fr. — Une redingote en velours rose frisé à
chàle, toute garnie de petite blonde, 420 fr. — Une redingote satin
blanc, doublée de rose, glands d'argent, 570 fr. — Une autre, doublée
de satin cerise, col en blonde, 350 fr, — Une redingote en crêpe
bleu, doublée, ruche de tulle, 300 fr.
Cinq redingotes plus simples. Une redingote levantine rose, garnie
de peluche, 235 fr. — Une autre levantine vert naissant, fourrée de
.{18 LKS FOlJlWISSianS DE NAP0L1';0N l'^'"
peliiclic vorle H:2U IV. — lue aulrr fih levauliiie blanche, (luuljlée de
pelil salin, garnie de [uduelie, 1*10 fr. — Une redingote, forme gilet,
velours frisé bleu, doublée de satin blanc, guimpe, 292 fr. — Une
autre en velours frisé nacarat, en gilet, satin rouge dessous, 477 fr.
llabils de chasse. Deux habits de chasse, dont un en satin blanc et
glands d'or, point turc or ; Taulre en velours nacarat et or, 5,000 fr.
Deux habits de chasse à 1,200 fr ;un bleu jarretière or ; l'autre, lilaset
hermine, 2,400 iV. — Deux habits de chasse, simples, l'un en velours
salin et peluche rose ; Taulre, en velours frisé vert naissant, 800 fr. —
Un voile rond de blonde, 700 fr. — Un voile bistre blanc, 700 fr. —
Un grand fichu, forme mantille, 700 fr. — Un voile long, 600 fr. —
Deux petits fichus, 3C0 fr. — Soixante douzaines de gants à 40 fr. la
douzaine, 2,400 fr. — Deux douzaines d'éventails, 1,500 fr. • — Deux
douzaines de coilTures et bouquets, 1,200 fr. — Douze garnitures
1,500 fr. — Modes, 3,000 fr. Total : 117,472 fr.
Seconde fourniture de Leroy (31 mai 1810). Un grand habit de
cour, tulle blanc, lamé argent, bordure et doublure en satin, robe et
babit de dessous en satin, 3,000 fr. — Façon et fourniture d'un four-
reau long, tulle blanc doublé de salin, garni de trois rangs de blonde,
1,200 fr. — Redingote levantine jaune, doublée, ouatée, garnie de
peluche, 235 fr. — Robe longue de voyage, satin blanc, brodé d'ar-
gent, lamé en plein, riche bordure, tablier et manches longues en
tulle lamé très riche, garniture et montant d'hermine mouchetée,
ruche de blonde au col, 3,200 fr. — Façon d'une pelisse de velours
plein nacarat foui'rée (la fourrure a été donnée parla reine deNaplesl,
24 fr. — 9 aunes de velours plein nacarat, 360 fr. — Divers, 1,505 fr.
— Total : 9,524 fr.
Fourniture faite par Lenormand, marchand d'étoffes de soie, rue
Saint-IIonoré, 248, fournisseur breveté deV Impéralricei^ avril 1810).
Un chàle de cachemire blanc long, grandes palmes et encadrement
très riche, 4,800 fr. — Vv\ autre, fond blanc, àpalmettes, 1,200 fr. —
Un cachemire fond vert, à grandes palmes et petites palmes sur la
bordure, 4,000 fr. — Un cachemire long rayé, 2,400 fr. — Un
cachemire carré, 2,169 fr. — Total : 14,560 fr.
Fourniture faite par Gorbie, rue de Richelieu {o avril 1810). Un
cachemire long rayé, 3,500 fr. — Un cachemire amarante, à palmes
et fond àpalmettes, 2,500 fr. — Un cachemire gros bleu, même des-
sin, 2,200 fr. — Un cachemire ponceau, à trois bordures, 2,700 fr.
— Un cachemire jonquille à doubles palmes, 1,600 fr. — Un cache-
TROUSSEAU DE MARIE-LOUISE 319
mire blanc, même décor, 2,400 fr. Un cachemire carré, rayé, à rosaces,
1,800 fr. — Un cachemire long-, noir, à grandes palmes, 1,500 fr. —
Un cachemire blanc, uni, à bordure, 1,000 fr. — Un autre, carré,
blanc, à bordure, 600 fr. — Total: 19,800 fr.
Fourniture faite par IIerbault (5 avril 1810). Un chàle de cache-
mire fond blanc, très riche, 4,000 fr. — Un autre, carré, fond jaune,
1,500 fr. — Total : 5,500 fr. Total général : 106,856 fr.
Fourniture de Tessier, marchand bonnetier de rimjjératrice.
La fourniture de Tessier se compose de cent huit paires de bas
de soie blancs et de vingt-quatre paires de bas de coton. En voici le
détail : Vingt-quatre paires de bas de soie, blancs, de Paris, à petite
broderie, 384 fr. — Vingt-quatre paires à jour sur le pied et brodés,
576 fr. — Vingt-quatre paires, à jour sur le pied, à brodequin et
brodés, 672 fr. — Douze paires, à grands jours sur le pied et brodés,
faconde Berlin, 408 fr. — Douze paires, superflus, à grands jours,
de Berlin, et riche broderie, 504 fr. — Douze autres paires à très
grands jours de dentelle et riche broderie, 86i fr. — Douze paires de
bas de coton blanc, de Paris, à grands jours, à brodequins, 336 fr. —
Douze paires de bas extra-fins, à grands jours, de Berlin, et à brode-
quins, 468 fr. — Total : 4,752 fr.
Fourniture de Janssen, cordonnier de l Académie impériale de
musique, rue Neuve-des-Bons- Enfants, n'' 3, 5 avril 1810.
Deux paires de brodequins en salin blanc, doublés de même, brodés
en argent, lacés derrière et garnis d'une frange d'argent, en torsade,
72 fr. — Une paire de brodequins, en velours pourpre, brodés en or,
doublés en satin blanc, ouverts du devant et garnis en pahnire des
Indes, 42 fr. — Brodequins, en velours levantine rose, doulilés en
satin blanc, ouverts du devant, garnis en peluche de soie, 30 fr. —
Brodequins, en gros de Naples, ponceau fin, doublés en satin blanc,
brodés en or et garnis en hermine blanche. 30 fr. — Deux paires de
souliers, en satin blanc, brodés en argent, garnis l'un en col de canne,
l'autre en plume de grèbe, 68 fr. — Trois autres paires, dont deux en
satin blanc, la troisième en satin noir, garnies en cygne, en hermine
mouchetée, en astracan, 72 fr.
Souliers en satin blanc, brodés en acier et garnis d'une frange de
perles d'acier, 40 fr. — Autres, en maroquin noir, fourrure blanche,
garniture en hermine rouge et noire, 24 fr. — Souliers de voyage
en velours noir, garnis en queue de vison et à liège, 36 fr. — Autres
en satin blanc, fourrure blanche, ouverts du devant et garnis en her-
320 LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON f
mine, 8G fr. — Trente-deux paires de souliers en salin blanc, noir,
rose, verl, gros bleu, en levantine blanebe, en taffetas blanc, noir, à
8 fr. la paire, 250 fr. — Total : 706 fr.
Lors du mariage de Napoléon avec Marie-Louise, dit M. Imbert
de Saint- Amand, les fournisseurs et ouvriers de Paris travaillaient
sur des mesures et des modèles envoyés de "Vienne. « Napoléon
s'était fait présenter ces modèles. Prenant un des souliers qui étaient
remarquablement petits et en donnant, sous forme de caresse, un
petit coup sur la joue de son valet de chambre : « Voyez, Constant,
avait-il dit, voilà un soulier de bon augure. Avez-vous vu beau-
coup « de pieds comme celui-là? » {Les beaux Jours de Marie-
Louise.)
Marie-Louise avait en effet un joli pied et elle le savait. Elle en fit
elle-même la remarque à une époque où accablée par le poids de
ses propres malheurs, il semblait qu'elle eût autre chose à penser
qu'à ses charmes personnels.
En 1814, au moment de l'abdication de Napoléon, Marie-Louise
s'était retirée à Blois. M. de Saint-Aulaire, porteur d'une lettre de
l'empereur d'Autriche, est introduit de grand matin auprès de l'Im-
pératrice encore couchée. Elle était assise sur le bord de son lit,
tandis que ses pieds sortaient de dessous les couvertures. « Embar-
rassé de se trouver en présence d'une si grande infortune, car la lettre
dont il était porteur apprenait à la fois l'acte de déchéance et la ten-
tative d'empoisonnement de l'Empereur à Fontainebleau, il tenait
les yeux baissés pour n'avoir pas l'air d'observer, sur sa figure, l'effet
de sa triste missive. « Ah ! vous regardez mon pied, lui dit l'Impéra-
trice ; on m'a toujours dit qu'il était joli. »
« Celte préoccupation de coquetterie féminine parut singulière à
M. de Saint-Aulaire en pareilles circonstances. ■» (Comte d'IIausson-
ville. Ma Jeunesse, 1814-1830. Souvenirs, p. 81.)
Lingerie, mousselines et dentelles. Fourniture de M^^^^ Lolive et
DE Beuvry, 5 avril 1808.
Douze douzaines de chemises de batiste, brodées à la gorge et aux
manches, garnies de dentelle, 19,386 fr.
Vingt-quatre douzaines de mouchoirs de batiste, dont quelques-uns
garnis de dentelles, avec broderies, chiffres et sujets, 10,704 fr.
Vingt-quatre camisoles, dont douze de batiste et douze en percale,
doublées, brodées, garnies de dentelles et de rubans, 9,060 fr.
Trente-six jupons, dont vingt-quatre en batiste d'Ecosse et douze
TROUSSEAU DE MARIE-LOUISE 321
en percale, à festons, à petits plis, à coquilles, brodés et garnis de
dentelles, 6,3o4 fr.
Vingt-quatre serre-tête en batiste garnis de valenciennes, 831 fr.
Vingt-quatre bonnets de nuit, dont six bonnets Caroline, en batiste
d'Ecosse; six bonnets Napoléon en mousseline ; six bonnets napoli-
tains, en dentelle et bandes de mousselines, tous brodés, ornés de
dentelles et de rubans. Parmi les six autres, très riches, deux bonnets
également dits « Caroline » coûtent chacun 840 fr. L'un est au point,
à l'aiguille, l'autre au point d'Angleterre. Total : 5,65:2 fr.
Trente-six fichus de nuit, en batiste et en mousseline, ornés de den-
telle, 1,964 fr.
Vingt-quatre peignoirs en batiste et en percale, brodés, garnis de
mousseline et de dentelles, 8,708 fr.
Douze fichus du matin, de diverses formes, fictms Franijoise, en
maline brodée, à ceinture ; fichus au lever de l'Impératrice, en mous-
seline brodée; fichus cosaques, en bandes brodées et tulle. Un fichu
à revers en point d'Angleterre est coté seul 7:20 fr. Total : 4,:250 fr.
Deux voiles mexicains en mousseline brodée au i)oint de dentelle
500 fr. — Deux mantilles castillanes, 360 fr.
Douze robes, dont une au point à l'aiguille, de 5,000 fr. — Robe à
la Ninon, robe à coquilles à cinq rangs, robes de mousseline, de tulle,
de batiste d'Ecosse, brodées à jour ou en plein, garnies de malines,
de valenciennes. de point d'Angleterre, 14,676 fr.
Douze pelotes, en percale, en mousseline, en tulle, brodées à la
main, ornées de dentelle, 784 fr.
Vingt-quatre douzaines de frottoirs, garnis de dentelle, les uns en
batiste, les autres en futaine. 1,569 fr.
Vingt-quatre douzaines de serviettes de toilette, en toile de Chàtcau-
Gonthier, 2,352 fr.
Douze douzaines de linges de garde-robe, 306 fr.
Deux couvre-pieds en mousseline claire brodée, garnis de point
d'Angleterre et doublés de salin, 6,410 fr. — Total des objets de lin-
gerie et mousselines, 94,666 fr.
Dentelles. Founiilures de M"'"" Lolive et de Beuvry.
Un voile à la mexicaine, en [)oint d'Angleterre, 1,100 fr. — Une
mantille, à la castillane, en point à l'aiguille, 1,500 fr.
Fourniture de Le Roy. Un voile rond, en dentelle de Bruxelles,
dessin à pois en diminuant, bordure à guirlandes et palmettes,
4,000 fr.
21
or
322 LES FOURMSSKURS DE NAPOLÉON I
i'uuniHurc de Lknoum.vnd. Un châle de deiiLelle, en puiul d'Alen-
(jon, :3,:iOU fr.
Première fourniture de Lesukur. Deux fichus, une pèlerine, deux
bonnets, trois voiles, deux demi-voiles, garnis de point d'Angleterre
à 3o fr. l'aune et de point à l'aiguille coté o7o fr. l'aune, oflVaiit des
festons à jour, des boutons de roses, des semés de feuilles, de pois,
d'étoiles, des dessins de feuilles de roses, de pavots et de tulipes,
23,091) fr. — Une robe d'Angleterre, dessin de roses, semé de feuilles,
corsage et manches, 4,500 fr.
Seconde fourniture de Lesueur. Un manteau de cour, à trois rangs
de bordure ; dessin de feuilles groupées, formant guirlande et nouées
avec des fleurs de pensées, 16,000 fr, — Deux robes d'Angleterre, à
trois rangs de feuilles et guirlandes de fleurs, 12,800 fr. — Trois
châles d'Angleterre, dont deux à dessins de feuilles, de roses et de
pois, et le troisième à guirlande de laurier-rose avec le chiffre de Marie-
Louise (M L) aux quatre coins, 15,000 fr. — Total des dentelles :
8l,lU9fr.
CHAPITRE m
BIJOUX OFFERTS PAR L'EMPEREUR A IVl A R 1 E - LO U 1 S E
Les bijoux offerts par l'Empereur à Marie-Louise méritent d'être
cités. Nous avons déjà parlé du fameux médaillon renfermant le
portrait de l'Empereur, et pour lequel un budget de 173,000 fr. avait
été établi. Le portrait était bordé d'un cercle de douze gros brillants,
et le médaillon renfermé dans un ricbe écrin aux armes impériales.
En plus de ce bijou, coté par Nitot et fils 174,809 fr., les célèbres
joailliers fournirent encore :
Une parure d'émeraudes, entourées de brillants, de 289,863 fr. ;
Une parure d'opales, aussi entourées de brillants, de 273,933 fr. ;
Puis diverses parures et une série de bijoux de moindre importance,
s'élevant à 53,447 fr.
Entrons dans quelques détails sur ces merveilleux bijoux :
Parure d'émeraudes entourées de brillants, composée du diadème,
d'un collier, de boucles d'oreilles et d'un peigne.
Le diadème. Il est formé de vingt-deux émeraudes valant ensemble
42,500 fr. ; de cinquante-sept petites émeraudes estimées 1,365 fr. et
de neuf cent cinquante-trois brillants prisés 100,369 fr.
Le collier se compose de trente émeraudes valant 40,900 fr. ; de
onze cent trente-huit brillants et de deux cent soixante-quatre roses
de Hollande, à 1 fr. 30 pièce : 37,221 fr.
Les boucles d'oreilles sont formées de six émeraudes, dont deux de
44 karats : 10,000 fr. ; de soixante brillants et de quarante-huit roses
de Hollande à 1 fr. 30 la pièce : 13,987 fr.
Le peigne comprend : l'émeraude du milieu, pesant 77 grains,
5,000 fr. ; — deux émeraudes en losange, 3,300 fr. et 3,000 fr. ; —
deux émeraudes ovales, 1,600 fr. ; — dix-huit plus petites, 468 fr. 73 ;
32 1 LES FOUHMSSEURS DE NAPOLÉON 1^'"
— deux cent vingl-si\ hrillaiils, 11,586 fr. ; — (lualre roses de IIolKindo
à 1 IV. oO pirce. La façon du peigne est de 750 fr. etTécrin, pour ren-
fermer toute la parure, de 10(1 \'v.
Parure d'opales entourées de brillants^ composée d'un diadème^
d'un collier à quadrilles et chatons, d'une paire de boucles d'oreilles
et d'un peigne.
Le diadème compte quarante-quatre opales, celle du milieu valant
10.000 fr., et niillc cinquante-trois brillants.
Le collier réunit cinquante opales, prisées 47,860 fi-., celle du milieu
valant 10,000 fr., et l'opale de dessous 8,000 fr. ; trois cent quatre-
vingt-quatre brillants, 39,388 fr.
Les boucles d oreilles comprennent : une opale de 9,000 fr. ; —
deux opales ovales, à 4,000 fr. la pièce; ■ — deux autres à 2,000 fr. ;
— quatre opales moyennes à 300 fr. ; — puis, deux cent quarante-
quatre brillants, 9,813 fr. ; — onze roses de Hollande à 1 fr. 50, et
la façon, 750 fr.
Parmi les divers autres objets nous remarquons :
Deux bourses, en perles d'or et d'émail, 750 fr.
Un écrin en velours vert orné de divers bas-reliefs et parsemé
d'abeilles ciselées en vermeil, garni de caissons en velours blanc, le
tout très soigné et renfermé dans un colTre en bois, 7,700 fr. {.[rch.
nat. 0-33.)
1810. Frièse et Devilliers, bijoutiers du roi et de la reine des Deux-
Siciles, eurent aussi l'honneur de fournir quelques bijoux à la corbeille
de Marie-Louise. Nous trouvons sur leurs deux factures : une boite à
cure-dents en or, gravé et ciselé, 480 fr., sans compter le prix de
de deux portraits, par I^abey ; — un souvenir en or émaillé, enrichi
de brillants et perles fines, 14,300 fr. ; — monture d'une bague
offrant le portrait de l'Empereur, 40 fr. ; — deux éventails, l'un en
brillants, l'autre en briUants et émeraudes, 9,i287 fr., y compris
lécrin de 60 fr.
Quelques mois plus tard, les bijoux suivants venaient s'ajouter aux
premiers : un portrait de l'Empereur sculpté en camée, sur agate-
onyx, par Argenti, graveur romain, 6,000 fr. ; — une parure, com-
posée d'un collier et d'une paire de boucles d'oreilles en émeraudes,
avec feuilles de vigne en brillants, 17,953 fr. ; — une plaque de cein-
ture, montée à jour, en émeraudes et brillants, 17,443 fr., etc.
Ces mémoires (non compris le beau médaillon) sont réglés sur le
fonds de 680,000 fr. que le budget du 10 mars 1810 met à la dispo-
BIJOLX OFFERTS PAR L EMPEREUR A MARIE-LOUISE 325
siLion du grand cliambeilan, comte de Montesquiou, pour les dépenses
relatives au mariage de l'Empereur et concernant les diamants et
bijoux donnés par celui-ci à la nouvelle Impératrice.
Médnillier de S. M. V Impératrice.
Mémoire de médailles d'or remises par ordre de l'Empereur, pour
être place'es dans le médaillier de S. M. l'Impératrice :
La Bataille de Montenotte. — V Egypte conquise. — Passage du
Grand Saint-Bernard. — Le Couronnement à Paris. — Les Fêtes
du Couronnement. — Le Couronneynent à Milan. — La Vénus
de Médicis. — Le Code Napoléon. — Za Vaccine. — Le Mariarje
du prince de Bade. — La Bataille d'Iéna. — L.'occupation de
Hambourg. — Lai Délivrance de Dantzick. — La Conciuête de la
Silésie. — Route de Nice à Rome. — Entrée à Madrid. — Rup-
ture du traité de Presbourg.
Ces dix-sept médailles d'or au litre de 916 millièmes pesant en-
semble P", 00 ^\ Tocg, à raison de 3,4o0 fr. le kilogramme, soit
3,642 fr. 3o.
En plus, quarante médailles de bronze :
Capitulation de Mantoue , 1 fr. — Conquête de la basse Egypte,
1 fr. — Conquête de la haute Egypte, 1 fr. — Retour à F ré jus. 1 fr.
— L' Instruction publique organisée, 1 fr. oO. — Négociations avec
l'Angleterre, fr. ±0. — Conqu-He du Hanovre, 1 fr. oO. — Le Musée
Napoléon .• Salle de l'Apollon, 1 fr. : Salle du Laocoon . 1 fr. —
La Légion d'honneur, 1 fr. oO. — Le Camp de Boulogne, I fr. 50.
— Le Mont-Blanc, 1 fr. oO. — Le Sacre. 1 fr. oO. — La Distribu-
tion des Aigles, fr. "0. — Le Tombeau de Desaix, fr. 7o. —
La Li§urie réunie à la France, 1 fr. oO. — Les Ecoles de Méde-
cine, 1 fr. oO. —Levée du Camp de Boulogne, 1 fr. oO. — Le Pont
duLech, 1 fr.oO.— Capitulation d'Ulm elde Memmingen, 1 fr. oO.—
Prise de Vienne et de Presbourg, 1 fr. oO. — Reprise des drapeaux,
1 fr. 50. — Bataille d'Austerlitz, 1 fr. 50. —Les Trois Empereiirs,
1 fr. 50. — Entrevue des deux Empereurs. 1 fr. 50. — La Paix de
Presbourg, i fr. 50. — La Cathédrale de Vienne. 1 fr. 50. — La
Conquête de Vienne, l fr. 50.— La Conquête de Venise, 1 fr. 50.—
La Conciuête de Naples, 1 fr. 50. — Les Souverainetés données,
1 fr. 50. — La Colonne de la Grande-Armée, 1 fr. 50. — Réunion
de VEtrurie, 1 fr. 50. — Le Mariage de l'Empereur, 1 fr. 50. —
La Naissance du Roi de Rome, I fr. 50. — Le Roi de Rome
326 LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON 1*^''
(2" dimension), l fr.' — Le Grand-Duc de Wuvlzhourg, l fr. —
V Amour emportant la foudre, fr. 50. — Le Roi de Home
(i*^ dimension), fr. oO. — Le Couronnement (4" dimension),^ fr. 50.
Total : 50 fr.
Doux tablettes à compartiments garnis en satin blanc, 20 fr.
(8 juillet 4813).
Compte soldé sur le fonds de 14,000 fr. accordé par le budget
de 1809, pour les médailliers de l'Empereur et de l'Impératrice.
Si(iné : Denou.
CHAPITRE IV
FETES DU MARIAGE
Les fêtes du mariage furent magnifiques et nécessitèrent de grandes
dépenses, facilement payées grâce à l'ordre admirable de Napoléon.
Des dons et des grâces de toute sorte furent accordés à cette occa-
sion dans tout l'Empire français, ainsi qu'à Vienne.
L'Empereur n'oublie pas les indigents et leur fait distribuer
120,000 fr. Dans chaque département, une somme de 1,200 fr. est
établie pour la dotation de deux filles pauvres et de bonne conduite.
Amnistie est accordée aux sous-officiers et soldats déserteurs à l'in-
térieur, détenus ou qui se présenteront prêts à reprendre du service.
En 1810, le nombre des déserteurs s'élevait déjà à près de 60,000.
Des tabatières d'or ciselé, guilloché, d'une valeur moyenne de
470 fr., renfermant des napoléons d'or, sont envoyées à quatorze
employés autrichiens qui ont donné des soins aux militaires français,
restés malades à Vienne. M. Ernest Collet, commissaire des hôpitaux
français, à Vienne, reçoit une tabatière d'or, ciselée, émaillée, ornée
d'un camée à trois couches, représentant un buste de Sapho entouré
de vingt brillants, cotée 3,373 fr. Une autre tabatière de même travail
estimée 2,961 fr. est remise à M. Jean Nikel, chirurgien-major des
hôpitaux français, à Vienne. La boîte est surmontée d'un camée à
trois couches, figurant un buste de Minerve, entouré de vingt
brillants.
Cette fourniture, faite par Nitot et fils, s'élève pour les boîtes
seules, c'est-à-dire sans les pièces d'or, à 12,902 fr.
La mission du prince de Neufchâlel avait coûté 393,512 fr., répar-
tis ainsi : frais de voyage du prince et des officiers envoyés à Vienne,
172,612 fr. — Dons faits aux gens de la maison de l'empereur d'Âu-
:{28 Li:S FOURMSSt;URS DH NAPOLÉON l'"'"
1.1 icla-, 0:2. ()()() IV. — Disii'ibuli(tn aux malades et blesse's restés à
Vienne, 57,000 Ir. — Dons, gratifications et aumônes faites par
rimpcratrice pendant son voyage, 108,300 fr.
A ces cliiiïres il faut ajouter les frais de voyage de Marie-Louise et
des personnes allées au-devant d'elle à Braunau, 9.j, 143 fr.
Banquets et réceptions, frais de maison des souverains et princes
invités au mariage pendant leur séjour à Paris, 135,93:2 fr.
Service de l'inUMidant général : illuminations, orchestres, concerts,
feu d'artifice, etc., 460,000 fr.
Le feu d'artifice, ouvrage de Ruggieri, fut surtout merveilleux; il
excita Tadmiration générale; on n'avait rien vu de pareil. Tiré le
!2 avril 1810, aux Champs-Elysées, « depuis la place de la Goncordi-
jusqu'à la barrière de l'Etoile », il coûta o4,860 fr. [Arch. nat.
ir- 203.)
La duchesse de Montebello, dame d'honneur de Marie-Louise, était
veuve de ce vaillant maréchal Lannes, mort si malheureusement à
Esling. L'Empereur hésita entre cette dame et la prince?se de Beau-
veau, dit M. de Méneval. « La crainte d'introduire à sa cour des
influences opposées aux idées nationales, qu'aurait pu favoriser une
princesse allemande à laquelle il devait supposer des idées de caste
et de naissance, lui fit abandonner cette idée; M"'° de Montebello était
plus âgée de dix ans que l'Impératrice ; c'était une très belle personne,
froide, calme, d'une conduite irréprochable, dont l'Empereur avait dit
en la nommant : « Je donne à l'Impératrice une véritable dame d'hon-
neur. » {Napoléon et Marie-Louise, Souvenirs historiques.)
Suivant notre auteur, la dame d'atours, M'"" de Luçay, était douce,
inolfensive, d'une grande honnêteté de mœurs et de manières.
En '1810, la maison de l'impératrice Marie-Louise était ainsi com-
posée :
M""' la duchesse de Montebello, dame d'honneur, 40,000 fr. —
M"'*^ la comtesse de Luçay, dame d'atours, 30,000 iV. — Dames du
palais : M'"'' la duchesse de Bassano, 12,000 fr. — M""^ la comtesse de
MouTEMART, 12,000 fr. — M"'° la duchesse de Rovigo, 12,000 fr. —
M""' la comtesse de Montmorency-Matignon, 12,000 fr. — M""^ la com-
tesse DE Talqouet, 12,000 fr. — M'"" la comtesse Lauriston, 12,000 fr.
— M'™ la comtesse du Guatel, 12,000 fr. — M"'° la comtesse de Bouille,
12,000 fr. — M'"'= la comtesse de Montalivet, 12,000 fr. — M"^ la com-
tesse DE Perrou, 12,000 fr. — M""" la comtesse de Lascaris"Vintimtgllv,
12,000 fr. — M"'Ma comtesse de Brignolle, 12,000 fr. — M'"° la com-
FÊTES DU iMARIAGE 32.>
tesse Gentile, 12,000 fr. — M"» la comtessî di: Cv.visv, Ji>,000 fr. —
M'^"^ la princesse Aldobrandini, 3,000 fr. — M'"" la duchesse d'Alberc ,
3,000 fr. — W"" la duchesse d'Elcringex, 3,000 IV.— M'"" la dachess.'
de Bellune, 3,000 fr. — M""' la comtesse Edm. Périgord, 3,000 fr. —
M'"' la comtesse de Be.\uve.\.u, 3,000 fr. — M'"- Th.ugmes née Malde-
GiiEiN, 3,000 fr. — M™*^ YiL.viN née Felz, 3,000 fr. — M"^* la princcss.'
GiGiit, 3,000 fr. — W" Anti.nori Rinucciot, 3,000 fr. — M'"" Pandol-
piiiNi Capoue, 3,000 fr. — M'"" la comtesse de Bonacorsi, 3.000 fr. —
Total : 274,000 fr.
Les trois derniers noms sont biffés en rouge.
M. Ballohey, secrétaire des dépenses, touchait 6,000 fr. et M. de
Luigny, secrétaire de la dame d'honneur, 3,000 fr.
Le chevalier d'honneur de Marie-Louise était le comte de Beauhar-
nais, sénateur inscrit au budget pour 30,000 fr.
Premières femmes de chambre de S. M. : M'"'"" Boisbrulé, Durant.
Balan, M"*^^ Kastener, Rabusson, Mallerant, chacune 4,000 fr.
Femmes de garde-robe d'atours de S. M< : M°"-'^ Barbier, Edouard :
M''®" HoNORi-:, Aubert, Le Beuf, Geoffroy, chacune 2.000 fr.
Filles de garde-robe : M""= Mercier, M"*^* Bonbled et Fouilloux.
chacune 1,000 fr.
Valet de chambre-coilTeur. M. Duplan, 4,000 fr.
Garçons de garde-robe : Dubois et Pécuard, chacun 1,080 fr.
Ces dernières sommes sont prises sur le fonds de 47, G60 fr. que h-
budget de 1811 a établi i pour les gages des femmes de chambre,
de garde-robe d'atours, du valet de garde-robe d'atours, du valet de
chambre coiffeur, des fdles et des garçons de garde-robe et habil-
lement. Le grand chambellan, le comte de Montesquiou ». {A)'chit.\
nat. 0-'33 )
Lettres de M. Daru à M. Desmazis.
17 février 1810. « Sa Majesté désire que l'on place dans les palais
pour l'Impératrice les différents petits meubles pour son usage, tel>
que métiers à broder, tables à écrire, chilTonniers, serre- papier, etc.
L'intention de Sa Majesté est que, dans l'ameublement des petits
appartements des Tuileries, on ne mette en aucune manière des
objets de manufacture anglaise, k
30 mai 1810. — M. Daru informe M. Desmazis qu'il approuve h-
devis et soumission de 3o,20o fr. pour l'ameublement de l'apparte-
ment de la dame d'honneur. (La duchesse de Monterello.)
330 LES l'OUHMSSELRS DE NAPOLÉON l''''
16 juillet. — M. Daru rccoininande à iM. Desmazis de faire changer
les chiirres des meubles de l'appartement de rimpe'ratricc aux
Tuileries. C'est le chilTre de Joséphine qu'on remplace par celui de
Marie-Louise.
Marie-Louise jouait de la harpe et devait posséder un véritable
talent... d'Impératrice. Sa réputation en ce genre ne paraît pas avoir
fait beaucoup jjIus de bruit que ses jolis doigts, qui, d'ailleurs, furent
mis à même de s'exercer, ainsi que le montre cette lettre de M. Daru
à M. Desmazis, administrateur du Mobilier impérial :
« Sauf aux Tuileries, il y a un piano dans tous les palais. Il con-
vient qu'il y ait aussi une harpe. Je vous prie, en conséquence, de
faire placer de suite dans l'appartement de Sa Majesté l'Impératrice,
aux Tuileries, un piano et une harpe et d'envoyer une harpe dans
chacun des palais où il n'y en a pas. Je vous recommande de ne pas
perdre un moment pour l'exécution de cet ordre de Sa Majesté,
notamment pour Gompiègne, Trianon et Saint-Cloud. »
MM. Erard frères firent aussitôt les soumissions suivantes, qui
furent acceptées :
Pour le palais des Tuileries, une harpe et un piano, 6,500 fr. —
Pour Trianon, une harpe et un piano, 5,300 fr. — Pour Gompiègne,
une harpe, 2,000 fr. — Pour Saint-Cloud, une harpe, 1,800 fr. —
Total : 15, 600 fr. (.lrc/«. nat. 0-561.)
CHAPITUE V
PRESENTS DIVERS
Les bijoux distribués aux officiers et aux dames du palais de l'Em-
pereur d'Autriche, aux diplomates, aux membres de sa famille et aux
personnes de son entourage, étaient fournis, comme les précédents,
par les célèbres bijoutiers-joailliers Nitot et fils. Leurs mémoires
nous renseignent sur la nature et le prix de ces bijoux; par malheur,
Jes destinataires ne sont presque jamais indiqués. Quoi qu'il en soit,
voici un aperçu de ces dons si enviés :
Sept tabatières d'or, enrichies du chifire en brillant, de l'Empereur
(N), valant chacune de i,869 fr. à !2,oo6 fr. — Sept tabatières avec
cercle et chiffre en brillants, 58,961 fr. — Une autre, de même
genre, offrant de plus gros diamants, 29,o4C fr. — Vingt-cinq
parures diverses, savoir : deux parures en rubis d"Orient et brillants,
composées chacune d'un collier, d'un peigne et d'une paire de boucles
d'oreilles, 3o,o77 fr. — Un parure en perles d'Orient (collier, peigne
et boucles d'oreilles), lO;940 fr. — Une autre, en rubis du Brésil et
brillants, 5,95:2 fr. — Une autre, en opales et brillants, le collier
avec pendeloques, ] 5,588 fr. — Une parure en rubis d'Orient
(collier et boucles d'oreilles), 0,200 fr, — Une parure, composée des
mêmes pièces, en améthystes et brillants, 4,400 fr. — Une parure
en chrysoprases et brillants (collier, boucles d'oreilles et peigne),
5,500 fr. — Deux parures en améthystes et perles, dont une avec
bracelet, 3,000 fr. — Deux parures, en orémaillé et perles, 2,000 fr. ?
— Deux autres, en émeraudes et perles, 3,900 fr.
28 février 1810. — Fourniture de Nitot et fils. — Service des
présents. — Le mémoire s'élève à 2(32,454 francs. Où allèrent ces riches
Jjijoux ? IS'ous ne saurions le dire avec certitude ; mais nous pensons
xvi LKS roLi\Mssi:i:ns Dii napoléon i*^'"
(jii'ils furent distribués à Vienne et à Braunau aux personnages de la
cour d'Autriche.
Deux parures en rui»is du Brésil et perles, 3,900 fr. — Une autre,
en gypse et perles, 2,400 fr. — Deux autres, en agates arborise'cs et
perles, 4,000 fr. — Une autre, en grenats et perles, 1,500 fr. — Une
liarurc, en topaze du Brésil et j^erles, 1,800 fr. — Une autre, en
pe'ridots et perles, ïi,!200 fr. — Une autre, en mosaïques, 1,000 fr. —
Deux parures en cornalines brûlées, gravées en creux, !2,300 fr.
Deux paires de boucles d'oreilles en brillants, 3,8.j0 fr. — Une
paire de boucles d'oreilles, dites girandoles, 1,267 fr. — Une autre,
à lustre, -1,920 fr.
Vingt-huit tababières d'or, ciselées, guillochées, quelques-unes
émaillées de divers prix, depuis 3o0 fr. jusqu'à 839 fr.
Une boîte à cure-dents, 175 fr. — Une bague de sept brillants
(dont un de 1,G00 fr.), 5,342. — Une autre, de cinq brillants, 4,571 fr.
— Un demi-jonc contenant sept brillants, 2,273 fr. — Deux bagues,
d'une opale, entourées de brillants, 2,200 fr. — Une bague, d'une
turquoise, entourée de brillants, 960 fr. — Six montres à répétition,
avec clé, chaîne et cachet en or, 3,650 fr. — Total : 262,454 fr.
{Arch. nat. 0^29.)
10 mars 1810. — Livraison de sept riches tabatières, ornées du chilTre
ou du portrait de l'Empereur, 60,467 fr. — L'une de ces boîtes,
avec le portrait de Napoléon, dans un cercle de vingt-quatre brillants,
est cotée 20,274 fr. — Une autre boîte de 7,920 fr. offre à la fois
le portrait de l'Empereur, le chiffre (N) et les abeilles émaillées.
25avril 1810. — Lors de la remise, à Braunau, les bijouxdestinés en
présents étant insuffisants, le prince de Neufchàtel recourut aux dames
françaises qui lui cédèrent trois parures dont le remboursement se
fit ainsi : à la duchesse de Bassano, pour un collier, une paire de
boucles d'oreilles et un peigne en émeraudes, entourées de diamants,
15,000 fr. ; pour douze épis, 16,000 fr. Total : 31,000 fr. — A la
duchesse de Montebello, pour douze épis en diamants, 16,000 fr.
[Arch. nat. 0=50*. )
30 juin 1810. Service des présents. — Une tabatière d'or, émailléc,
enrichie de vingt-huit brillants et du portrait de l'Empereur,
13,824 fr. — Cinq autres tabatières de même genre, ornées chacune
de vingt-huit à quarante brillants^ avec le portrait de l'Empereur
(payé à l'artiste 600 fr.), 46,135 fr.
Une note signée du grand chambellan, comte de JLonstesquiou,
PRÉSENTS DIVERS 333
explique que ces sommes doivent être prélevées sur le budget établi
pour achats de diamants et bijoux relatifs au mariage de l'Empe-
reur.
4 juillet 1810. Service des présents. — Livraison de quatorze taba-
tières dont deux très riches, ovales, ciselées, émaillées, offrant le
portrait de l'Empereur, dans un cercle en brillants, cotées ensemble
38, -2:>6 fr.
Les autres boîtes, ornées d'un X, parfois couronné et bordé d'un
cercle en brillants, varient de l.oOO fr. à 4,000 fr.
Parmi les bagues, cinq composées d'un N couronné, de dix bril-
lants et de trente-huit roses de Hollande (en moyenne) valent
ensemble G,7G4 fr. — Les autres bagues sont formées d'une pierre
de couleur accompagnée de dix brillants. Celles portant une aiguë,
marine, un rubis balais, une émeraude ou un saphir d'Orient-
reviennent chacune (prix moyen) à ï!,980 fr. Les bagues offrant une
améthyste, un rubis ou une topaze du Brésil reviennent à 1,458 fr.
31 août 1810. — Deux bagues à entourage de huit et douze brillants,
ornées d'un X, formé de quarante-sept et de cinquante roses de
Hollande, o,193 fr. — Dix autres bagues, de même genre, 11,984 fr.
-T- Une bague, à entourage de douze brillants, avec l'N couronné,
en roses de Hollande, 1,094 fr.
Trois tabatières, carrées, longues, dont deux arrondies et l'autre à
huit pans, en or ciselé, serti de brillants, décorées d'un X, en roses
de Hollande, 6,941 fr. {Arch. nat. 0-29.)
N'oublions pas une autre livraison du même mois, consistant en
un riche médaillon, en brillants, valant 49,980 fr. Il offre au milieu
le portrait de l'Empereur (payé 600 Ir. au miniaturiste, dont le
nom, cette fois encore, n'est pas cité). {Arch. nat. 0-33.)
BiEN-NAis était aussi orfèvre de l'Empereur, mais, dit la duchesse
d'Âbrantès dans ses Mémoires, « il était surtout son marchand de
nécessaires et de meubles dans ce genre-là, que personne au reste
n'a jamais faits comme lui ».
Une fourniture de Biennais à Marie-Louise, factui'ée du 9 juin 1810,
s'élève à o4,o89 francs. L'expertise en est faite au palais de Saint-
Cloud, dans les appartements de M'"'' Aubert, dame d'atours. Les
experts présents sont : Thomire, fabricant d'ébénisterie, bronzes et
dorures, lo, rue Taitbout ; Boullier, orfèvre-jouaillier, 4, place des
Victoires; Cabasson, orfèvre-bijoutier au Palais-Royal, et Baudet,
orfèvre-bijoutier, rue du Renard-Saint-Sauveur.
33i LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON f
Les pièces saillantes de ce long mémoire sont les suivantes : un
déjeuner, un grand et un petit nécessaire en vermeil; une écritoire
enracine, incrustée d'argent avec encrier et poudrier en vermeil, etc.,
1,460 fr. — Une bassinoire eu vermeil offrant sur le couvercle
repercé à jour le chifTrc M. L. ( Marie- Louise ) , avec la boite,
LUG"! fr. — Un pot de chambre ovale en vermeil, avec l'étui pour le
renfermer, Til fr. — Un bidet d'argent vermeil, avec cuvette, deux
seringues, une buîle à éponge, etc., 2,836 fr. — Couvert, garni de
sdl pièces, 1,019 fr. {Arch. nat. O'30.)
Vers le même temps, Biennais livre à l'Impératrice un riche coffre
ou écrin en noyer, couvert de velours vert, parsemé d'abeilles et
doublé de satin. Il est orné, au pourtour et aux angles, de bordures
de lauriers découpés à jour et porté par quatre griffes à palmettes.
Les côtés, avec portants à têtes de lionnes antiques, tenant dans
leur gueule les armes de l'Empereur. Au milieu du couvercle, le
chilTre couronné de Marie-Louise; autour, sont des frises et des bas-
reliefs, représentant un mariage Aldobrandini, accompagnés d'ara-
besques.
Cet écrin, dont tous les ornements sont en vermeil ciselé, est lui-
même renfermé dans un coffre en bois et coûte 7,700 fr. {Arch. nat.
0=30.)
CHAPITRE VI
COUCHES DE MARIE-LOUISE. — SON TROUSSEAU DE COUCHES «»
Le ^0 mars 1811, Marie-Louise, après avoir beaucoup souffert
depuis la veille au soir et surlout dans les derniers moments, mit au
monde un fils qui rer-ut, en naissant, le titre de Roi de Rome.
L'enfant se présentait par le coté ; on dut employer les fers et le
travail dura vingt minutes.
Dubois, accoucheur de l'Impératrice, y gagna la célébrité, le titre
de baron et 100,000 fr.
Cn trousseau spécial pour les couches de Marie-Louise fut com-
mandé par M""^ la comtesse de Luçay , dame d'atours, à M'"^^ Lolive
et DE Beuvry. Le règlement s'en fit à 88,913 fr., après expertise
de M. Dufresne et de M""-' Culliau, » experts en cette partie ».
Résumons le long mémoire de M"'-'^ Lolive et de Beuvry et disons
de quoi se composait ce trousseau célèbre, désigné aussi sous le
nom de « layette de couche de l'Impératrice ».
Vingt-quatre jupes ouvertes en toile demi-IIollande, 1,170 fr. —
Trente-six serviettes cousues, demi-Hollande, 468 fr. — Cent
quarante-quatre petites serviettes, 1,128 fr. — Vingt-quatre chemises
de couche, toujours en toile demi-Hollande, garnie de valenciennes,
2,292 fr. — Trente-six linges de sein, en batiste, avec coton en
carde, 816 fr. — Vingt-quatre fichus de nuit, garnis de dentelles,
1,488 fr. • — Douze camisoles de nuit, garnies de valenciennes,
3,121 fr. — Vingt-quatre serre-tête, 444 fr. — Vingt-quatre bonnets.
Bonnets Napoléon, en mousseline, ou en batiste d'Ecosse brodés ;
bonnets napolitains en batiste d'Ecosse ; bonnets Caroline, avec
chiffre, en batiste d'Ecosse ; bonnets Nord Hollandais, en mousseline
brodée ; bonnets au lever, en malines, tous brodés, garnis de riches.
cr
;t3C LliS l'OL'UMSSElRS DE NAPOLÉON 1
tloiilcllos, T.«S'.)i l\\ — l)(iuze camisoles de j<»Lir, doublées de satin,
i;arnies de rubans cl de riches denlelles, entre autres, une camisole
à pois, de Tulle, bordures de feuilles, collet à quatre rangs ; une
camisole de malines brodée à ruches, collet écossais et manches
longues ; une autre de point d'Angleterre avec ruche et collet écossais,
16,1:2:2 l'r. — Yingl-quatre petits draps de batiste, 2,2o6 fr. — Dix-
huit couvre-pieds chargés de broderies et de dentelles, 23,908 fr. —
Vingt-quatre couvre-table en demi-toile de Hollande et dentelles,
2,484 fr. — Six peignoirs en mousseline, en tulle, doublés de satin,
garnis de rubans, de point d'Angleterre, de malines, de point à
l'aiguille, etc., 12,063 fr. — Vingt-quatre tabliers de garde, en
batiste, ornés de mousseline et de dentelle, 2,172 fr. — Soixante
couvre-bassins, en finette, bordés de rubans, 530 fr. — Vingt-quatre
-compresses de bandes, en batiste, 156 fr. — Douze bandes à saigner,
tal)liers de fatigue pour la garde, en calicot avec rubans, 680 fr.
Vingt-quatre demi-Hollande, 54 fr. — Trois corbeilles, une en satin
brodé en or, pour contenir le tout; ime autre en satin, orné de
lleurs, destinée à renfermer les olijels pour le jour; la troisième,
réservée au gros linge, 1,200 fr.
Marie-Louise avait un lit garni de dentelles, d'une valeur de
120,000 francs. Nous ne retrouvons pas le mémoire de cette fourni-
ture qui pourrait avoir été faite par Lesueur.
Au moment des couches de l'Impératrice, les dentelles de ce lit
durent être nettoyées. Une lettre de M. Desmazis, administrateur du
mobilier impérial, à ^I. Daru, intendant général de la maison de
l'Kmpereur, dit à ce sujet : « Le prix du blanchissage de la dentelle a
été débattu et réglé à la somme de 2,300 francs. On demandait, pour
ce travail, 3,000 Ir. ; il n'a pu être fait à moins, vu la grande
(juantité de dentelles qu'il y a à blanchir et dont le prix s'élève à la
somme de 120,000 fr. {Arch. nat.O'om.)
La délivrance de Marie-Louise et le baptême du Roi de Rome don-
nèrent naissance à une immense distribution de cadeaux en tous
genres, dont nous allons parler avec quelques détails. Commençons
par l'Impératrice. L'Empereur lui offrit un collier de brillants enrichi
de pendeloques et briolettes, payé à Nitot et fils 376,275 fr. — La
duchesse de Montebcllo, dame d'honneur, reçut des diamants, pour la
somme de 30,000 fr.; — la comtesse de Lucay, dame d'atours, le por-
trait de l'Impératrice, en médaillon, 10,000 fr. ; — le baron Corvisart,
premier médecin de l'Empereur, une gratification de 20,000 fr. ; —
COUCHES DE MARIE-LOUISE 337
M. Bourdier, médecin ordinaire, 12,000 fr. ; — le baron Yvan, chirur-
gien, 6,000 fr, ; — M. Husson, pour avoir vacciné le Roi de Rome,
6,000 fr, et le titre de « vaccinateur des Enfants de France ». {Arch.
naf. 0-^30.)
Les personnes composant le service de Marie-Louise ne furent pas
oubliées. Les six premières femmes de chambre eurent chacune un
châle ou un bijou de 1,200 fr, et 2,000 fr, espèces, ensemble 19,200 fr. ;
— six femmes de garde-robe, chacune 1,200 fr. ; — trois filles de
garde-robe et une ouvrière en robes, chacune oOO fr. ; — le coilTeur,
le maître d'hôtel et le concierge des Tuileries, chacun l,oOO fr. ; —
deux valets de chambre tapissiers et ébénistes, chacun 1,000 fr. ; —
deux garçons de garde-robe, deux valets de pied de l'Impératrice et
deux frotteurs, chacun 300 fr. {Arch. nat. 0-41.)
Pour les autres présents, qui se confondent avec ceux relatifs à la
naissance et au baptême du Roi de Rome, nous renvoyons au cha-
pitre Le Roi de Rome.
Le 2o août 1811, une fête villageoise est donnée au palais de Tria-
non pour célébrer la fête de l'Impératrice. M™° Tournelle, rue de
Richelieu, fournit les costumes et réclame 8,064 fr. Des artistes appar-
tenant aux théâtres de Paris donnent à celte fête villageoise impro-
visée une animation particulière.
Parmi les personnes costumées nous pouvons citer MM. Paul et
Le Sage, en paysans picards; Huet, en paysan normand; Thénard,
en gascon; Baptiste Cadet, en aubergiste ridicule; M°"^^ Fromageau,
Granget, Fouquet et Hemme, en garçons d'auberge; M™*^ Gavaudon,
Renaud et Boulanger, en provençales; M™*^ Crétu, en aubergiste;
M""" Desbrosse, en picarde; M""' Belmont et M"^ Saint-Aubin, en cau-
choises; M'"° Clairvalle, M"'-* Âglaé et Tirepenne, en alsaciennes;
M"'^ Dumersan, en Gasconne ridicule.
Une foule d'auxiliaires payés 100 fr., oO fr., et la plupart 2o fr.
complétaient le personnel d'élite, dont nous venons de parler. (Dans
la soirée, une pièce de circonstance, intitulée La grande Famille,
fut représentée au palais de Trianon, et l'auteur, M. Alissan de Cha-
zet, reçut une gratification de 3,000 francs. {Arch. nat. 0-41.)
1811. Voyage en Belgique et ex Hollande. — Quelques mois après
les couches de Marie-Louise, et à la suite des fêtes et réceptions rela-
tives au baptême du Roi de Rome, l'Empereur et l'Impératrice firent
un voyage en Belgique, en Hollande et sur les bords du Rhin. Ils reçu-
rent partout un accueil enthousiaste. Marie-Louise séjourna quelque
22
338 LES FOURXISSEIRS DE XAP0L1^:0N f
Ifiups au chàloau de Laekeii, près de Bruxelles, cl les acteurs du
Tiiéùtre-Français vinrent jouer dans cette ville.
Pour favoriser les manufactures bruxelloises, l'Empereur avait
ordonné de faire pour l'Impératrice d'importantes acquisitions de
dentelle. Nous avons sous les veux les factures de fabricants de
Bruxelles, en voici le résumé :
Antoine Ducpétiaux et fils, 20 aunes de dentelle de Bruxelles,
3,94o fr. — Une robe de dentelle avec manches et corsage, 8,020 fr.
Canïineau, Simons et C'*^. Une robe et un voile en point de Bruxelles
et 8 mètres de point à l'aiguille à 178 fr. le mètre. Total : 5,404 fr.
Mentionnons deux fabricants d'Anvers, dont nous trouvons aussi
les mémoires :
Veydt VAN Merlen, 118 aunes de dentelle, 5,356 fr. — Un bonnet,
400 fr.
A.-J. VAN BoMBERGiiHM, VAN Merlen. 109 auucs de dentelle, 4,332 fr.
— Un bonnet, 400 fr. — Une robe, emportée pour l'usage de Tlm-
pératrice pendant son voyage, 4,600 fr.
L'année suivante, nous nous retrouvons en présence de fabri-
cants français. Les fournitures pour l'Impératrice sont datées du
21 mars 1812.
BoxN.viRE, fabricant de dentelles à Caen et à Paris. Une queue de
cour, avec la robe assortie, en blonde d'argent fin, 9,000 fr.
Clérambault et Le Sueur, fabricants à Alençon. Un manteau de
cour en bride fine d'Alençon, 23,000 fr. — Une robe assortie,
7,000 fr. — Une redingote, dessin à double rang de feuilles couchées.
8,000 fr.
Mkrgié, à Alençon, 18 aunes trois quarts de point d'Alençon,
2,297 fr.
Beury et CiiAMBÉ, à Alençon. Deux mouchoirs, feuilles de chêne, en
point d'Alençon, à 500 fr. l'un. — Un mouchoir décoré de reines-
marguerites, 450 fr. et 6 aunes de point, en tout 5,216 fr.
Launay Rattier, à Alençon. 74 aunes de point, à divers prix,
4,948 fr.
^rac j{^ij}T^ née Vanderborcht. Dentelles pour la couverture et la
taie d'oreiller du lit de l'Impératrice, 2,874 fr.
Le Sueur et Meens Vanderbrocut. Une cravate et une paire de
manchettes en point d'Angleterre superflu semé d'abeilles, avec le
chiffre et la couronne impériale aux coins, 3,600 fr.
C. Baugmet. Une robe, avec pèlerine, 6,650 fr.
COUCHIiS DE MARIE-LOUISE 339
H.-J. Meens Yanderborcht. Une robe de dentelle, 3,700 fr. —
Une robe, au point, à aiguille, o,000 fr. — 40 aunes et demie de
Bruxelles et 18 aunes de malines, 8,058 fr. — Seconde livraison, faite
au château de Laeken : un rochet de ÎÎ.IOO fr. — Un fichu de 630 fr.
— Un bonnet. — Un voile rond, de îi,r>00 fr. — Cinq paires de
manchettes, dont deux à o40 fr. la paire. — Une redingote
de 4,400 fr. et 13o aunes de malines, 34,849 fr.
J.-D. KiNT. Trois voiles et trois pèlerines de Bruxelles, une robe
au point à l'aiguille de 3,000 fr. et 3 aunes de Bruxelles superflue,
à 3oO fr. l'aune. Total : 14,790 fr. — Les 4 aunes de Bruxelles
sont un présent de l'Impératrice à sa dame d'honneur, la duchesse
de Montebello. — Seconde livraison : une grande couverture en
dentelle de Bruxelles, 6,000 fr. — Une robe de 3,890 fr. — Un fichu,
cinq quarts, I,'200 fr. — Deux voiles — Cinq paires de manchettes,
aussi de Bruxelles, valant ensemble 1,943 fr. et 8 aunes et demie
de dentelle. Total : 18/210 fr.
.T. Plétinckx- et sœurs. Un voile, un fichu, deux paires de man-
chettes, deux jabots « emportés pour l'usage de Sa Majesté, pendant
son voyage, 2,978 fr. ».
DiiBROux, LiGEOis FRÈRES. Un grand voilc avec encadrement, 1,440 fr.
— Divers... en tout, 2,832 fr.
Le 28 mai 1812, le duc de Cadore écrit à M. Desmazis : « Sa Majesté
l'Impératrice, Monsieur, a fait la demande de deux petits meubles à
hauteur d'appui, du même genre que le grand serre-bijoux placé
dans sa chambre à coucher, au palais des Tuileries et destiné à lui
servir de supplément. Ces deux meubles devront s'adapter à chacun
des côtés du grand serre-bijoux, de manière h remplir tout l'espace
entre ce meuble et l'embrasure des croisées. »
Le devis de Jacor Desmalter s'élevait à 16,000 fr. pour les deux
meubles ; il fut accepté. [Arch. mit. O"o60.)
Bal masqué de la cour, le 11 février 1812. — Babin, costumier
boulevard Saint-Denis, fournit cent soixante et un dominos et vingt
costumes de caractères, aux conditions suivantes : cent dominos de
couleur, neufs, à location, au prix convenu de 18 fr. l'un. — Soixante
et un dominos de couleur, à 10 fr. — Vingt costumes de caractères,
neufs, en location, à 24 fr. l'un. — Masques, gants et un pot de rouge
à 4 fr. Total : 2,993 fr.
L'annotation, signée du grand chambellan comte de Montesquiou,
dit que le mémoire sera payé sur le budget de 458,400 fr. « pour les
340 LRS FOLRNISSEL'RS DR NAPOLÉON f
lliL'àlrcs de la cour, artistes italiens, danseurs, danseuses, décorations,
loyers aux ditTorents théâtres, etc. » {Arch. nal. 0*36.)
Bal paré du iL mars 1813. — Le Roy, marchand de modes de
Marie-Louise, fut chargé de fournir les dix costumes du quadrille
impérial, pour le bal paré donné aux Tuileries, le 2 mars 1813.
Résumons le mémoire de Le Roy; nous y trouvons les noms des neuf
dames qui eurent l'honneur de figurer dans le quadrille de l'Impéra-
trice, avec l'indication et le prix de leurs costumes.
Pour l'Impératrice et la duchesse de Montebello, dame d'honneur,
chacune un costume de la province « Ultro » de 1,400 fr. Pour les
duchesses de Bassano, de Castiglione, de Frioul, Aldobrandini,
jjmes jg Mortemart, de Croix, A'ilain XIV et la comtesse de Lauriston,
huit costumes des environs de Xaples, de 850 fr, chacun. {Arch. nat.
0H1.)
LIVRE Y
LE ROI DE ROME
CHAPITRE PUEMIER
NAISSANCE DU ROI DE ROME
Dans la matinée du 2U mars 1811, cent vingt et un coups de canon
apprirent aux Parisiens la naissance du Roi de Rome. On savait qu'il
n'en serait tiré que vingt et un pour une fdle ; aussi, dès les premières
détonations, l'anxiété fut générale. Dans les rues, les passants s'arrê-
taient pour écouter et compter les coups ; mais à partir du vingt-
deuxième, des cris de joie et de triomphe e'clatèrent de tous côtés.
On s'abordait sans se connaître et l'on se témoignait de touchantes
marques de sympathie en échangeant ses impressions. Toutes les villes
de l'Empire français donnèrent des fêtes magnifiques, organise'es
d'après les instructions de l'Empereur. Le programme suivant, dont
deux copies sont aux Archives nationales, fut rédigé d'après ses
ordres :
a Le baptême du Roi de Rome est fixé au 2 juin, jour de la Pente-
côte; le samedi l*^'' juin, Leurs Majestés partiront de Saint-Cloud à
6 heures pour venir dîner aux Tuileries. A 8 heures, il y aura
spectacle sur le théâtre de la cour; on donnera l'opéra séria de Sémi-
ramis. Après le spectacle, il y aura cercle dans les grands apparte-
ments ; toute la cour sera invitée.
a Ce jour-là, les spectacles joueront gratis. Une salve de cent un
coups de canon annoncera l'arrivée de Leurs Majestés dans Paris, et
or
3j2 LKS FoiRNissians ni: xapoij.ox r
la Trie dn Icnfleinaiii. Celle salve sera répélée le lendemain malin à
S lieures, à midi et à G heures du soir, heure de la cérc'monie.
« Le lendemain, à 11 heures et demie, audience du corps diplo-
maliiiue, la messe sera célébre'e à midi cl après la messe, grande cour.
A G heures, Leurs ISIajostés partiront en grand cortège des Tuileries
et se rendront à Noire-Dame, pour rendre grâces à Dieu, assister au
baptême du Roi de Home et au Te Deum solennel. On détaillera cette
ee'rémonie et on réglera bien d'avance qui doit porter les honneurs
et l'église sera bien illuminée.
« En sortant de Notre-Dame, Leurs Majestés se rendront à la
commune, où elles arriveront entre 8 et 9 heures... L'Empereur
donnera audience au conseil général. Leurs Majestés se rendront
ensuite dans la salle du banquet oii elles dîneront en grand couvert.
De là. Leurs Majestés seront conduites dans la salle où le concert
aura été préparé el, après l'avoir entendu, elles verront tirer le feu
d'artifice. Immédiatement api'ès, elles remonteront en voiture pour
retourner à Saint-Cloud.
«... Pendant le banquet, on fera circuler le public autour de la
table de Leurs Majestés. Ce jour-là, tous les établissements publics et
toutes les maisons de la ville de Paris seront illuminés. Il sera établi
des jeux aux Champs-Elysées et il sera fait des distributions de vivre
au peuple...
a Le dimanche 9 juin, grande fêle aux Tuileries. Leurs Majestés
viendront le samedi soir coucher aux Tuileries. Le lendemain, après
la messe, il y aura grande parade et aussi grande cour. A 7 heures.
Leurs Majestés dîneront en grand couvert dans le salon de la Paix.
Après le dîner, elles iront entendre le concert public qui y sera exé-
cuté sur la terrasse du palais. Le jardin et le palais seront illuminés.
Après le concert, Leurs Majestés verront ouvrir le bal dans la salle
des Maréchaux et de là iront voir l'ouverture de celui de la salle de
spectacle, changée en salle de bal. Ces bals seront ouverts par des
quadrilles exécutés par les dames el officiers de la cour.
« On invitera non seulement toute la cour, mais aussi deux mille
personnes choisies dans Paris. On fera des invitations dilTérentes pour
chacune des deux salles. A minuit, les soupers seront servis dans la
galerie de Diane et dans la galerie du Musée. Les bals continueront
pendant toute la nuit...
« Le dimanche suivant 16 juin, il y aura grande fête à Saint-Cloud.
Ce jour-là, la messe et l'audience auront lieu comme à l'ordinaire
NAISSANCE DU ROI DE ROME 343
pendant la journée; il y aura des jeux dans le parc et les eaux joue-
ront. Vers la fin de la journée, Leurs Majestés et la course promène-
ront en calèche dans le parc.
Le soir, le parc, les jardins et les cascades seront illuminés; les
eaux joueront à la lumière; il y aura grand cercle au palais... Vers
iO heures, la garde impériale tirera un feu d'artifice dans la plaine
de Boulogne, de manière qu'il soit vu des jardins du château et du
parc... » {Arch. nat. 0-41.)
CHAPITUE lï
CEREMONIE DU BAPTEME
Les billets d'entrée pour la cérémonie du baptême étaient gravés
par RoussoT et imprimés par Moreaux.
Rataud, marchand de toiles, mousselines et dentelles, fournit le
voile de baptême, au prix de 1.000 fr.
Grivelot, pelletier-fourreur, livra une fourrure de manteau, en her-
mine, portant 5 aunes de long et posée sur un tissu d'argent,
2,200 fr.
Picot broda en argent, d'après les dessins d'Isahey, la poignée d'un
cierge semé de trente et une abeilles et de vingt-quatre roses d'Ralie.
Cette fine broderie coûtait 168 fr.
BiENNAis eut à fournir deux bâtons de maître des cérémonies, garnis
de velours noir, parsemés d'abeilles ciselées en vermeil, valant
ensemble 540 fr., et un bâton de grand maître plus riche que les pré-
cédents, avec abeilles et couronne impériale, aussi en vermeil, de
400 fr.
En 1811, le département du grand maître des cérémonies était
ainsi constitué : le comte de Ségur, grand maître, 40,000, fr. ; — le
baron de Gramayel et le comte de Seyssel, maîtres des cérémonies,
chacun 15,000 fr. ; — MM. Saint-Aignan et Dagairmaratz, aides des
cérémonies, chacun G, 000 fr. — Frais de bureau, 7,000 fr. {Arch. nat.
0=137.)
CHAPITRE ni
FÊTES ET RÉJOUISSANCES POPULAIRES
Les fêtes populaires, à Paris, où l'on prodigua toutes les réjouis-
sances imaginables, furent dignes de la capitale d'une grande nation-
Sur toute la longueur des Champs-Elysées, des spectacles variés atti-
raient la foule. C'étaient des jeux, des tournois, des danses de corde
ou sur un fil de fer ; des sauteurs, des escamoteurs ; deux mats
de cocagne et deux mâts d'ascension à corde tendue, garnis de leurs
prix montant ensemble à 1,!200 fr. ; puis des orchestres, des bals popu.
laires, sans parler des illuminations et du feu d'artifice.
Il y avait aussi de nombreuses distributions de vin et de comestibles,
comprenant 2,400 pâtés, 1,200 saucissons, 900 langues, 600 gigots et
900 poulets. Total : 6,000 pièces à 3 fr. 25. Le vin coulait de vingt-
quatre fontaines renfermant chacune quatre pièces et de vingt-huit
pièces de vin posées sur des chevalets. N'allez pas croire que ce vin
fût mauvais ; il coûtait 190 fr. la pièce et si l'on retire les 40 fr.
d'entrée, c'était encore du vin à loO fr. {Arch. nat. 0-41.)
1811. Pour toutes les dépenses, l'Empereur se faisait d'abord
adresser un rapport présentant un état détaillé des frais. Au sujet de
la fête de Saint-CIoud, M. Daru disait dans son rapport :
« Sire, Votre Majesté veut que le parc de Saint-Cloud soit ouvert
au public le 23 juin, qu'il y ait de petits spectacles et des jeux, qu'il
y soit fait des distributions de comestibles et qu'il y ait des fontaines
de vin.
« Les dépenses de la ville de Paris, pour une fête semblable, ont été
pour les jeux et les petits spectacles de 24,000 fr., et pour la distribu-
tion de comestibles et de vin 110,000 fr. On peut borner celle de Saint-
340 LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON l'^''
Cloud ;i une drpcnsc moindre. J'en présente un tableau à Votre
.Majesté.
« l°Pour les petits spectacles et jeux publics, 10,000 fr. — iJ" Pour
frais de mâts de cocagne et distribution de prix, 7,000 fr. — 3*^ Pour
3,000 billets de comestibles, 9,750 fr. — 4" Pour soixante-douze
pièces de vin, 13,680 fr. — o" Pour les constructions des buffets et
des fontaines, 10,000 fr. » {Arch. nat. O-202.)
Le projet fut adopté, sauf une réduction de 40 fr. par barrique de
vin, représentant les droits d'entrée qu'on n'avait pas à payer à Saint-
Cloud.
CHAPITRE IV
MEDAILLES FRAPPEES A L'OCCASION DE LA NAISSANCE DU ROI DE ROME
Les médailles frappées à l'occasion de la naissance du Roi de Rome
furent gravées par Galle et Andrieu et coûtèrent 49,.j00 fr. On en fit
en or, en argent et en bronze de plusieurs dimensions. Elles repré-
sentaient d'un côté les têtes accolées de l'Empereur et de l'Impéra-
trice et, de l'autre, la tète du Roi de Rome avec la date de sa nais-
sance.
Dirii:r, gainier rue aux Ours, fut chargé de faire deux cent dix
étuis en galuchat, doublé de velours blanc pour autant de médailles
d'or destinées en présents ; chaque étui coûtait 4 fr. {Arch. nat. 0^41.)
Des médailles d'or, du Roi de Rome, dans leur écrin, furent distri-
buées comme suit : aux bonnes villes de France et d'Italie , cin-
fjuante-cinq ; à Madame, au roi d'Espagne, au roi de Westphalie ,
à la reine de Naples , à la reine d'Espagne, à la reine llorlense , à
la princesse Pauline , au prince Rorghèse , au vice-roi d'Italie , au
grand-duc de Wurtzbourg. , à l'archichancelier , au vice-grand élec-
teur, au vice-connétable, au cardinal Fesch, à la gouvernante, à
l'ambassadeur d'Autriche, au prince Clary , au préfet de Paris , aux
.lirands cordons de la Légion d'honneur, aux grands dignitaires.
Aux grands officiers de la couronne de France et d'Italie, six mé-
dailles ; aux dames d'honneur et d'atours, deux ; au chevalier d'hon-
neur et au premier écuyer de l'Impératrice, deux ; aux grands offi-
ciers de l'Empire, vingt-huit ; aux ministres de France et d'Italie,
quatorze ; aux officiers du Sénat, quatre ; aux présidents des sections
du conseil d'Etat, quatre; aux officiers du Corps législatif, huit; aux
cardinaux, dix.
CIIAIMTUE V
LA LAYETTE DU ROI DE ROME
La layette du Roi de Rome, fournie par LESUtiLR, Bonnaire et
M™" MiNiSTTE, s'élevait en chiffres ronds à 1^0,000 fr. C'est un docu-
ment historique qui forme le complément du trousseau de couches
de Marie-Louise.
Fourniture de Lesueur. 14 février 1811. — Deux robes de maillot,
avec pèlerine et bonnet assortis, l'une en point à l'aiguille, l'autre
en point d'Angleterre, 7,300 fr. — Deux petites robes, de même ,
4,G00 fr. — Une couverture de lit, au point à l'aiguille, avec deux
grands rideaux et une taie d'oreiller, 10,000 fr. — Une autre cou-
verture, aussi complète, en Angleterre, 9,000 fr. — Une bercelon-
nette, en point à l'aiguille, avec taie d'oreiller, 1,600 fr. — Une ber-
celonnette en Angleterre, 1,G00 fr.
iî8 aunes d'Angleterre, S3 aunes de point à l'aiguille et î) aunes de
valenciennes pour garnir les robes, 680 fr.
16 aunes d'Angleterre, lo aunes de point à l'aiguille et 3 aunes de
valenciennes pour bonnets, !2,406 fr.
30 aunes d'Angleterre, de point à l'aiguille et de valenciennes pour
garnir les langes, 2,900 fr.
Pour les fichus, les chemises et les brassières, 73 aunes d'Angleterre
et de point à l'aiguille , 3,771 fr.
Pour les oreillers elles couvre-pieds de berceau, 63 aunes d'Angle-
terre et 63 aunes de point à l'aiguille, 10,310 fr.
Pour la nourrice, deux bonnets en Angleterre et quatre bonnets en
malines brodée, 900 fr. etc. Total : 61,187 fr.
BoNNAiRt; , fabricant de dentelles, rue Thévcnct, présente un
mémoire de 21,011 fr. réduit par les experts à 18,796 fr. Ses fourni-
LA LAYETTE DU ROI DE ROME 349
lures consistent non seulement en pièces de dentelle, mais encore en
robes courtes et longues, en bonnets et en un lit complet, valant
seul 3,700 fr. Il se compose de deux paires de rideaux, d'un couvre-
pied et d'un oreiller.
La fourniture de M"'° Minette, marchande lingère, se monte à
40,402 fr. Les experts, Dufresne, marchand linger, rue Saint-Denis, et
M""^ Colliace , marchande lingère, rue Neuve-des-Petits-Champs,
la réduisent à 40,000 fr. Elle se compose des objets suivants :
Cinquante douzaines de couches en toile demi-IIollande, 3,600 fr.
— Trente-six douzaines de langes en piqué, en bazin, en per-
cale doublée ou ouatée, 4,212 fr. — Vingt-six douzaines de che-
mises à brassières, en batiste, garnies de valenciennes, de maîines,
de Bruxelles , ou au point à l'aiguille, o,00o fr. — Vingt-cinq douzaines
de brasaières enbasin, en percale unie ou brodée à la gorge, en piqué,
en tricot, 2,220 fr. — Douze douzaines de fichus de nuit, en batiste,
garnie de dentelle, 2,574 fr. — Douze douzaines de mouchoirs de ba-
tiste, garnis de valenciennes, 2,01(5 fr. — Neuf douzaines de béguins
de batiste aussi garnis de dentelle, 338 fr. — Quatre douzaines de
bonnets de nuit, en percale brodée, garnis de 660 aunes de valenciennes
958 fr. — Six douzaines de bonnets de jour, en batiste et en mousse-^
line brodées, garnis de riches dentelles, 2,375 fr. — Deux dou-
zaines de souliers en piqué et en percale brodée ; une demi-dou-
zaine de brodequins brodés autour et garnis de valenciennes,
222 fr. — Trente-deux langes de jour, en percale, en mousseline
brodée, en marceline blanche, en satin blanc garnis de valenciennes,
et trois robes de dessous, dont une lilas, 2,8H fr. — Quinze robes
de batiste, de percale, de mousseline, de tulle, de satin bleu; six
dessous en marceline rose, en satin bleu ou rose, le tout garni de
dentelle, 2.781 fr. — Quatorze douzaines de riches taies d'oreiller,
pour bercelonnettes et pour remuer, 7,014 fr. — Quatre dou-
zaines de draps de berceau et de bercelonnette, 1,488 fr. — Cou-
vertures, couvre-pieds, bandes de nombril, pelotes, paillassons,
oreillers, 2,588 fr. (Arch. nat. 0^30 ').
' A l'époque du Consulat (1800-1803), la dame Minette était une couturière
célèbre, et, à l'exemple de M"" Bertin, la modiste de Marie - Antoinette , elle
tenait alors le sceptre des modes parisiennes. Bonaparte la ciioisit non seule-
ment pour faire exécuter sous sa direction les cadeaux des modes de Paris,
qu'il destinait à la reine d'Espagne, mais encore pour aller les porter et
les essayer à la reine, alin de remédier aux petites imperfections qui pour-
raient se présenter.
330 LKS FOlRMBSF.UnS DE NAPOLl'OX l'^''
Lucien Bonaparte parle Ionp;ucmenl, dans ses Mémoires, de la cilni/enne
Minette. Il remplissait alors les fonctions d'ambassadeur à Madrid. Kn véritable
prêtresse de la mode, dit-il, elle était vêtue fort élégamment. " lille était même
jolie femme de figure, blanche, rose, grassouillette. » mais, parait-il, elle i)arlaiL
trop et manquait de distinction.
Ailleurs, il dit encore : « La citoyenne Minette est, sans contredit, la \n-ti-
mière, la plus célèbre modiste de son époque et par-dessus tout, m'est-il permis
d'ajouter, la plus madrée et la pins heureuse contrebandière du monde. .-
Les caisses renfermant les objets destinés à la reine étaient au nombre de
dix à douze ; or, M"" Minette arrivait avec vingt-sept énormes ballots. Llle
comptait les passer tous en franchise et réaliser ainsi d'énormes bénéfices, non
seulement sur les frais de douane, mais encore sur les marchandises de luxe
dont elle avait la vente assurée.
Lucien, prévenu à temps, ne voulant pas donner la main à un trafic de ce
genre, fit saisir les ballots supplémentaires, mais la fine mouche sut si bien s'y
prendre auprès de quelques dames de la cour, auprès de la reine et du prince
de la l'aix, qu'elle rentra sans bourse délier en possession de ses précieux colis.
CHAIMTUE M
LA MAISON DU ROI DE ROME
La maison du Roi de Rome, qualifiée « maison des enfants de
France », coûtait en appointements 157,860 fr. Elle fut ainsi com-
posée :
Comtesse de Montesquiou, gouvernante, 40,000 fr. — Baronnes de
Mesgrigny et de Boubers, sous-gouvernantes, chacune li2,000 fr. —
Le secrétaire des commandements, 6,000 fr. — M. Saint-Martlv,
secrétaire de la gouvernante, 3,000 fr. — M. Bourdois, médecin,
15,000 fr. — M. AuviTY, chirurgien, l!2,000 fr. — M"^'^^ Soufflot,
d'Armand et Froment, premières femmes de chambre, chacune
8,000 fr. — M. Léonard, maître d'hôtel, 8,000 fr. Trois berceuses à
2,400 fr. Deux femmes et deux valets de garde-robe, deux valets
de chambre, etc.
CHAPirUE vil
PRESENTS DIVERS
Les présents accordés aux personnes appartenant au service du
grand aumônier se répartissent ainsi : aux sept aumôniers, le baron
DE LA Roche, évèque de Versailles ; le comte Ferdinand de Rouan ;
le baron de Broglie, évèque de Gand; MM. Jauffret, archevêque
d'Aix ; DE LA CoNDAMiNE, évêque de Montpellier ; de Boulogne, évèque
de Troyes, chacun 3,000 fr. ; à MM. Lucotte, Ranzau, Marentini et
DE QuÉLEN, chapelains, chacun l,7oO fr. ; MM. Gaston de Sam-
BUCY et Feutrier, maîtres des cérémonies, chacun l,7oO fr. ; aux
quatre chanoines de Notre-Dame, qui ont porté les dais de Leurs
Majestés, 4,000 fr. ; aux séminaristes, présents à la cérémonie,
3,000 fr. ; à deux prêtres sacristains, 1,000 fr. ; au suisse et à deux
huissiers, 500 fr.
Le cardinal Fesch, grand aumônier de France, reçut un présent de
porcelaines de Sèvres, cotées par la manufacture impériale 24,966 fr.
— Le grand aumônier d'Italie, une croix pectorale, en brillants,
2o,27o fr. — Le patriarche de Venise, une croix de 14,611 fr. — L'é-
vèque de Brescia, une bague d'un saphir, entouré de dix brillants,
0,146 fr. — Le roi de Westphalie (Jérôme), Ai'ia et Pétus, tapisserie
des Gobelins, avec bordure, par M. Vincent, 13,220 fr. ; un lot de
porcelaines de Sèvres, 41,420 fr. — Le prince Eugène, vice -roi
d'Italie, une tapisserie des Gobelins, François /" visitant Léonard de
Vinci expirant, avec bordure, par M. Ménageot, 10,000 fr, ; un lot
de porcelaines de Sèvres, 26,225 fr. — Le duc de Valmy, chargé de
porter le manteau du Roi de Rome, une tabatière de 20,000 fr. —
Sept députés du sénat d'Italie, un présent d'une valeur de 4,000 fr.
PRÉSENTS DIVERS 3o3
pour chacun. — Le grand-duc de Berg, un médaillon, garni de bril-
lants, renfermant les portraits de Napoléon et de Marie-Louise (payés
à l'artiste chacun 600 fr.), 1:2,000 fr. — M. Bourdois, « médecin des
Enfants de France ». et M. Auvity, « chirurgien des Enfants de
France », chacun 6,000 fr. — Les personnes chargées de porter les
honneurs, pendant la cérémonie du baptême, divers cadeaux s'e'lcvant
à 1-20,000 fr. {Arch. nat. 0-'41.)
Les honneurs de l'enfant comprenaient le cierge, le chrémeau et la
salière portés par la princesse de Neufchâtel, la princesse Aldobrandini
et la comtesse de Beauvau, Les honneurs du parrain et des marraines
étaient le bassin, porté par la duchesse d'Alberg, l'aiguière, par la
comtesse Vilain et la serviette par la duchesse de Dalmatie.
La nourrice du Roi de Rome fut comblée de cadeaux. L'Empereur
lui offrit un collier de brillants et perles composé d'une grande plaque,
de trois rosaces, dont une formant cadenas, le tout suspendu par des
perles, 6,037 fr. — Une paire d'anneaux d'oreilles, en brillants, de
5,263 fr., renfermés dans un écrin de 20 fr. Total : 11,320 fr. {Arch.
nat. 0^41.)
Elle reçut encore un riche médaillon, ainsi que le constate le ren-
seignement suivant tiré du même carton (0^41) : un portrait du Roi
de Rome peint par Isabey, « destiné au médaillon de la nourrice »,
600 fr. — Cette nourince si choyée devait avoir aussi de fort beaux
costumes si nous en jugeons par les six bonnets de nourrice faisant
partie de la layette du Roi de Rome et cotés ensemble, OOOfr.
Voici d'autres présents, toujours relatifs au Roi de Rome, mais
dont les destinataires nous sont inconnus.
6 juillet 1811. Fourniture deNiTOT et fils s'élevant à 219,996 fr. —
Deux parures en rubis du Brésil et brillants , composées chacune
d'un peigne, d'un collier et d'une paire de boucles d'oreilles, 39,162 fr.
Deux parures d'émeraudes et brillants, 41,151 fr. — Les quatre autres
parures, de rubis balais, de chrysoprases, d'améthystes et d'opales,
mêlés de brillants, 79,088 fr. — Douze épis en ])rillants, 12,043 fr.
— Un collier de chatons en brillants, 48,530 fr.
« Vu, ordonné et approuvé sur le fonds de 460,000 fr. que le bud-
get du 20 mai 1811 met à notre disposition pour les dépenses qui
I)0urraient avoir lieu à l'occasion du baptême du Roi de Rome.
« Le comte de MOxNtesquiou. »
{Arch. nat. 0-!i\.)
Citons, à la même date du 6 juillet 1811, sept tabatières, carrées,
2.3
354 LF.S l'OlRMSSEinS DK NAPOI-l'iOX I*^'"
longues, arrondies, en or ciselé, émaillé, enrichies d'un cercle en
l)rillanls et du portrait de l'Empereur (payé à l'artiste 500 fr.),
:26.1)!2o l'r. — Une autre tabatière, de même genre, plus riche en dia-
mants, 17,388 fr.
Septeml»re 1811. Livré par Lcmonnier, directeur de la Manufacture
des Gobeiins, pour le prince Eugène, un portrait en pied de l'Impé-
ratrice Joséphine, avec les ornements impériaux, d'après le tableau
de Gérard (H. 2"\33, C. 1"',G1), 10,03i2 fr. — Pour la reine Hor-
tense , un portrait en pied de Joséphine assise sur un canapé,
d'après Gérard. (H. 1"^,93, C. 1"\81), 12,230 fr. {Jrc/<. 7<«/. O^^OS.)
Au grand-duc de Berg, un me'daillon garni de brillants, renfermant
les portraits de l'Empereur et de l'Impératrice (payés à l'artiste cha-
cun 600 fr.), 12,000 fr.
21 janvier 1812. {Service des présents). Livraison de Nitot et fils.
Un bracelet composé d'un diamant recouvrant des cheveux du Roi de
Rome et entouré de diverses pierres de couleur signifiant le mot Na-
poléon, le tout attaché par des tresses de cheveux. — Trois médaillons
renfermant les portraits de Napoléon et de Marie-Louise entourés de
gros brillants. Le premier, de 29,965 fr. ; le second, de 49,534 fr. ; le
troisième, avec un rang de chatons, qui en double le prix, 98,944 fr.
La façon dont le mémoire est apostille va nous dire la destination
de ces riches bijoux :
« Vu, ordonné et approuvé sur le fonds de 182,483 fr. mis à notre
disposition, suivant la décision impériale du 28 janvier 1812, pour
solder le prix d'un bracelet pour S. M. l'Impératrice et de trois
médaillons pour S. M. le Roi de Rome, la reine d'Espagne et la gou-
vernante (les Enfants de France.
« Signé : Le comte de Montesquiou. »
{Arch. nal. OHl.)
CHAPITRE VI !l
SERVICE DE PORCELAINE EN L'HONNEUR DU ROI DE ROME
Sur la fin de l'Empire, Bergeret, artiste de talent, ayant appris
qu'on devait faire, pour le Roi de Rome, un riche service de porce-
laine, lit une demande pour participer à ce travail artistique. A ce
sujet, le ministre de l'intérieur écrivait, le 20 janvier 1814. au duc
de Gadore, intendant général de la maison de l'Empereur : « Mon-
sieur le duc, d'après les notes qui me sont parvenues, il parait qu'il
doit être exécuté, pour le service de Sa Majesté le Roi de Rome, une
suite de sujets historiques sur des assiettes de porcelaine. A cette
occasion, je crois pouvoir recommander à Votre Excellence un jeune
peintre, le sieur Bergeret, qui a du talent et qui a été plusieurs fois
employé avec succès par le gouvernement... »
Les événements se précipitaient, l'ennemi se préparait à envahir la
France, et, si le service du petit Roi fut commencé, il est douteux
qu'on ait eu le temps de le terminer.
CHAPITRE IX
LA GOUVERNANTE DU ROI DE ROME
M™° la comtesse de Montesquieu, gouvernante des Enfants de
France, avait seule le droit d'accorder des brevets de fournisseur du
Roi de Rome.
Le 22 janvier 1814, elle reçut une lettre du duc de Cadore lui
demandant, pour le sieur Talon, habile tourneur, le titre de tourneur
de Sa Majesté le Roi de Rome. La comtesse répondit : « ... Je doute
que d'ici à longtemps le Roi ait besoin de ses services. Sa Majesté a
un marchand de jouets et un ébéniste dont je suis fort contente; le
brevet que sollicite le sieur Talon me paraîtrait absolument sans
objet... » [Arch.nat. O-20o.)
Le choix de M'"° de Montesquiou comme gouvernante ne pouvait
être plus heureux. Dans ses difficiles fonctions elle sut allier la ten-
dresse à la fermeté. Le petit prince avait une excellente nature, mais,
comme la plupart des enfants, il était sujet à des accès de colère. Un
jour qu'il se roulait par terre sans vouloir rien entendre, M'"® de
Montesquiou eut l'idée de fermer les volets. L'enfant, étonné, lui en
demanda la raison ; alors elle lui répondit, d'un ton sévère : « Mais,
c'est pour qu'on n'entende pas vos cris. Si les Français savaient que
vous vous mettez en colère, ils ne voudraient jamais d'un prince
comme vous. » Aussitôt le petit Roi se jeta au cou de sa gouvernante
et lui dit, dans son gentil langage « : Pardon, maman Quiou, le ferai
pu. »
Cette femme supérieure avait eu l'idée de faire ajouter à la prière
de l'enfant, ces mots qui exprimaient le vœu de la nation entière :
« Mon Dieu, faites que papa nous accorde la paix pour le bonheur
de la France. » Elle n'y retrancha rien dans une circonstance où le
LA GOUVERNANTE DU ROI DE ROME 337
royal enfant eut l'occasion de faire sa prière du soir devant l'Empe-
reur. Celui-ci écouta sans mot dire et n'en sut pas mauvais gré à la
gouvernante, qu'il appréciait à sa haute valeur et dont il fit l'éloge à
diverses reprises.
Au commencement de l'année 1814, lorsque Napoléon partit des
Tuileries, le 2o janvier, pour rejoindre son armée et repousser l'in-
vasion, il laissa la régence à Marie-Louise et confia à la garde natio-
nale sa femme et son fils, qu'il ne devait jamais revoir.
Mais il avait eu soin, au préalable, de faire faire, par Nitot et fils,
une plaque de la Légion d'honneur, une épauletle et une étoile de
la Légion d'honneur en brillants pour le service du Roi de Rome. Le
procès-verbal de cette commande, exécutée par ordre de l'Empereur,
est daté du 12 janvier. L'expertise fut faite par les joailliers Paris,
Grouvelle et Lecomte, qui fixèrent ainsi les prix :
La plaque en brillants, 27,o8G fr. : l'épaulette, 70,332 fr. ; l'étoile,
2,032 fr. Total : 99,950 fr. {Arch. nat. O-30.)
Trois mois après, quoiqu'il eût retrouvé tout le génie de sa jeu-
nesse et défendu pied à pied le territoire. Napoléon ne put empêcher
Paris de tomber au pouvoir des alliés. Les mauvais jours étaient
venus. Le 20 avril, lorsque l'Empereur, vaincu, se retirait à l'île
d'Elbe, M™® de Montesquiou n'eut pas un instant l'idée de s'éloigner
du prince confié à ses soins et le conduisit à Vienne, où il fut envoyé
sur l'ordre de l'empereur d'Autriche. Sa mission devait se terminer
brusquement, de manière à déchirer son cœur. Le 20 mars 1815,
jour anniversaire de la naissance du prince, le jour même de la
rentrée de Napoléon à Paris, la comtesse, malgré ses prières et ses
larmes, dut céder sa place à une dame allemande et quitter pour
toujours son cher élève. On sait que le fils de Napoléon perdit
son titre de roi de Rome pour s'appeler le duc de Reichsladt
et qu'il mourut à Scliœnbriinn en 1832.
CIIAPlTUi: X
MARMONT ET LE DUC DE REICHSTADT
Marmont, duc de Raguse, rapporte dans ses Mémoires (t. YIII,
p. 394), que, vers la fin de Tannée 1830, il fut admis à visiter le jeune
prince. Pendant trois mois, dans un entretien de deux heures par jour,
il lui fit le récit détaillé de toute l'existence si prodigieusement
extraordinaire de son père. Au moment de la séparation, le duc de
Reichstadt ofl'rit son portrait, peint par Daffinger, au maréchal. Sous
le portrait, il avait écrit ces vers de Racine :
< Arrivé près de mui par un zèle sincère.
Tu me contais alors l'histoire de mon père ;
Tu sais combien mon âme, attentive à ta voix.
S'échauffait au récit de ses nobles exploits. «
EPILOGLE
LE TESTAMENT DE NAPOLEON l»""
I
Donnons, pour finir, la liste des effets et objets personnels de TEm-
pereur, légués par lui à sa famille et à quelques-uns de ses serviteurs.
Extrait du Testament de Napoléon I ", écrit de sa main, a Sainte-
Hélène, LE 13 AVRIL 18:21 '.
II
1" Je lègue à mon fils les boites, ordres et autres objets tels que
largenterie, lit de camp, armes, selles, éperons, vases de ma chapelle,
livres, linge qui a servi à mon corps et àmonusage, conformément à
l'état annexé, cote A. Je désire que ce faible legs lui soit cher, comme
lui retraçant le souvenir d'un père dont l'Univers l'entretiendra.
S'' Je lègue à lady Holland le camée antique que le pape Pie VI m'a
donné à Tolentino.
État A, joint a mon testament
I
'P Les vases sacrés qui ont servi à ma chapelle de Longwood
2^ Je charge l'abbé Vignal
fils quand il aura seize ans.
2^ Je charge l'abbé Vignali de les garder et de les remettre à mon
' On trouvera ce teslamenl publié en entier à la fin du quatrième volume de
VHisCoire de .Xapoléon, par de }^orvins.
or
3G0 LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON 1
II
\° Mes armes, savoir : mon épée, celle que je portais ù Austerlilz,
le sabre de Sobieski, mon poignard, mon glaive, mon couteau de
chasse, mes deux paires de pistolets de Versailles.
!2° Mon nécessaire d'or, celui qui m'a servi le malin d'Ulm, d'Aus-
terlitz, d'Iéna, d'Eylau, de Friedland, de l'ile de Lobeau, de la Mos-
kova, de Montmirail. Sous ce point de vue, je désire qu'il soit précieux
à mon fds. (Le comte Bertrand en est dépositaire depuis 1814.)
3" Je charge le comte Bertrand de soigneret conserver ces objets, et
de les remettre à mon fils quand il aura seize ans.
III
i° Trois petites caisses d'acajou contenant : la première trente-trois
tabatières ou bonbonnières : la deuxième, douze boîtes aux armes
impériales, deux petites lunettes et quatre boîtes trouvées sur la table
de Louis XVIII aux Tuileries, le 20 mars i8io ; la troisième, trois
tabatières ornées de médailles d'argent à l'usage de l'Empereur et
divers effets de toilette conformément aux états numérotés : I, II, III.
2° Mon lit de camp, dont j'ai fait usage dans toutes mes campagnes.
îj° Ma lunette de guerre.
4'' Mon nécessaire de toilette. Un de chacun de mes uniformes, une
douzaine de chemises, et un objet complet de chacun de mes habille-
ments, et généralement de tout ce qui sert à ma toilette.
S° Mon lavabo.
6° Une petite pendule, qui est dans ma chambre à coucher de Long-
Avood.
7° Mes montres et la chaîne de cheveux de l'Impératrice.
8° Je charge Marchand, mon premier valet de chambre, de garder
ces objets et de les transmettre à mon fils, quand il aura seize ans.
IV
1° Mon médaillier.
2" Mon argenterie et ma porcelaine de Sèvres, dont j'ai fait usage à
Sainte-Hélène (états R et C).
LE TESTA:\rENT DE NAPOLÉON f 361
3' Je charge le comte Montholon de garder ces objets et de les
remettre à]mon fils quand il aura seize ans.
i*^ Mes trois selles et brides, mes éperons qui m'ont servi à Sainte-
Hélène.
2° Mes fusils de chasse au nombre de cinq.
8" Je charge mon chasseur Noveras de garder ces objets et de les
remettre à mon fils quand il aura seize ans.
VI
1" Quatre cents volumes choisis dans ma bibliothèque parmi ceux
qui ont le plus servi à mon usage.
2" Charge Saint-Denis de les garder et de les remettre à mon fils^
quand il aura seize ans.
Etat A.
l"* Il ne sera vendu aucun des effets qui m'ont servi. Le surplus sera
partagé entre mes exécuteurs testamentaires et mes frères.
2*^ Marchand conservera mes cheveux et en fera faire un bracelet
avec un petit cadenas en or, pour être envoyé à l'Impératrice Marie-
Louise, à ma mère et à chacun de mes frères, sœurs, neveux, nièces,
au cardinal et un plus considérable pour mon fils.
3" Une petite paire de boucles en or, à jarretières, au prince Lucien.
4^^ Une boucle de col en or, au prince Jérôme.
Etat A
Inventaire de mes effets que Marchand doit garder 2iOur remettre
à mon fils.
1'^ 3Ion nécessaire d'argent, celui qui est sur ma table, garni de tous
ses ustensiles, rasoirs, etc.
3(V2
I.I.S FOrUMSSELnS DE NAPOLÉON' f
:2" Mon i-i-vcil-iualiii. (l'est le réveil-nialiii dt- Frédéric 11, que jui
pris à Posldani (dans la boHen" III).
3° Mes deux montres avec les chaînes des cheveux de l'Impératrice
et une chaîne de mes cheveux pour l'autre montre. Marchand la
fera faire à Paris.
i" Mes deux sceaux (un de France, renfermé dans la boîte n" III).
S** La petite pendule dorée qui est actuellement dans ma chambre à
coucher.
6° Mon lavabo, son pot à eau et son pied.
T" Mes tables de nuit, celles qui me servaient en France et mon bidet
de vermeil.
8" Mes deux lits de fer, mes matelas et mes couvertures s'ils
peuvent se conserver.
9" Mes trois flacons d'argent où l'on mettait mon eau-de-vie, que
portaient mes chasseurs en campagne.
10'' Ma lunette de France.
■11° Mes éperons, deux paires.
1;2° Trois boîtes d'acajou, n° 1, II, III, renfermant mes tabatières
et autres objets.
13° Une cassolette en vermeil.
Linge de toilette.
6 chemises,
mouchoirs.
6 cravates,
6 serviettes.
6 paires de bas de soie.
4 cols noirs.
G paires de chaussettes.
il paires de draps de batiste.
2 taies d'oreiller.
i robes de chambre.
'2 pantalons de nuit.
1 paire de bretelles.
4 culottes et vestes de casimir
blanc,
madras,
6 gilets de flanelle,
4 caleçons,
6 paires de gants.
1 petite boîte pleine de mon
tabac .
1 boucle de col, en or,
1 paire de boucles de jarre-
tières, en or.
1 paire de boucles en or, à
souliers.
LE TESTA.MENT DE NAPOLÉON l'^"'
363
Habillement.
1 nniforine chasseur.
— grenadier.
— garde nationale,
l capote grise et verte.
1 manteau bleu (celui que
j'avais à Marengo).
i Zibeline petite veste.
2 paires de souliers.
2 paires de bottes.
1 paire de pantoufles.
G ceinturons.
Et.\t B.
[nventaire des effets que f ai laissés chez M. le comte de Turenne.
J sabre de Sobieski'.
l grand collier de la Légion
d'honneur.
1 épée en vermeil.
1 glaive de consul.
1 épée en fer.
1 ceinturon de velours.
1 collier de la Toison d'Or.
1 petit nécessaire en acier.
1 veilleuse en argent.
1 poignée de sabre antique.
1 chapeau à la Henri IV et une
toque, les dentelles de l'Em-
pereur.
1 petit médaillier.
2 tapis turcs.
2 manteaux de velours cra-
moisi, brodés, avec vestes et
culottes.
i" Je donne à mon fils : le sabre de Sobieski, le collier de la
Légion d'honneur, l'épée en vermeil, Le glaive de consul, l'épée en
fer, le collier de la Toison d'Or, le chapeau d'Henri lY et la toque,
le nécessaire d'or pour les dents, resté chez le dentiste.
2'^ A l'Impératrice Marie-Louise mes dentelles, à Madame la
veilleuse en argent, au cardinal le petit nécessaire en acier, au prince
Eugène le bougeoir en vermeil, à la princesse Pauline le petit
médaillier, à la reine de Naples un petit tapis turc, à la reine Hor-
tense un petit tapis turc, au prince Jérôme la poignée de sabre
antique, au prince Joseph un manteau brodé, veste et culottes, au
prince Louis manteau brodé, veste et culottes.
1. C'est par erreur que ce sabre est porté sur l'état A. Celui-là est le sabre
que l'Empereur portait à Aboukir et qui est entre les mains du comte Bertrand,
364 Li:S FOIRMSSEURS DE NAPOLÉON f"
Ceci est un codicille de mon Tc&lament.
t' Je K'gue aux comtes Berlraiiil, Monlholon et à Marchand, l'ar-
gent, bijoux, argenterie, porcelaine, meubles, livres, armes et géné-
ralement tout ce qui m'appartient dans l'île Sainte-Hélène.
Ce codicille, tout entier écrit de ma main, est signé et scellé de
mes armes.
Signé : Napoléon.
TABLE DES CHAPITRES
PROLOGUE
La cérémonie du sacre et du couronnement.
LIVRE PREMIER
L'Impératrice Joséphine H
LIVRE DEUXlÈiME
NAPOLÉON ET SA COUR
Chapitre I. — Les costumes de Napoléon. La redingote grise. . 21
— II. — Le petit chapeau . W
— III. — Les objets de toilette de Napoléon. Son linge, ses
gants 3iJ
— IV. — Les chaussures de Napoléon 43
— V. • — Les tabatières de Napoléon. Son tabac 46
— VI, — L'étiquette dans les palais impériaux 33
— VIL — L'étiquette du palais impérial 61
— VIII. — Le jeu à la cour de Napoléon 6*.»
— IX. — Le personnel du cabinet de l'Empereur 72
— X. — Les chambellans 73
— XI. — Les valets de chambre, d'appartement, etc. .• . , 76
— XII. — Le mameluck Roustan 79
— XIII — Les pages de l'Empereur 81
— XIV. — Les médecins. Les chirurgiens 88
— XV. — Service du grand écuyer. Les équipages de l'Empe-
reur. Les chevaux 'J2
— XVI. — Les théâtres de la ville et de la cour 113
— XVII. — Les présents de Napoléon ISl
360 TAULE DES (.IIAPITHES
X)
I.IVKE TROISIEME
I.AUT ET L'INUrSTRlE SOLS LE l'HEMlEH EMI'IUE
Chapitre I. — Les peintres en miniature 18i>
— 11. — Vivant Denon 212
— 111. — La céramique 214
— IV. — La manufacture de Sèvres 223
— V. — La manufacture des Gobelins et la manufacture
d'Aubusson" 242
— VI. — La manufacture de cristaux du Mont-Cenis . . . 2oG
— Vil. — La manufacture d'armes de Versailles 259
— VllI. — Les horlogers . . , 261
— 1\. — Les fondeurs, ciseleurs.re brzonis 2G4
— X. — Les relieurs 270
— XI. — Les orfèvres, les joailliers, les bijoutiers et les gra-
veurs 272
— XII. — Les ébénistes 279
— XIII. — Les tabletiers et les tabatières populaires .... 289
— XIV. — Industries diverses 308
LIVRE QUATRIEME
L'IMPÉn.VTR ICE MARIE-LOUISE
Cii.\riTRE I. — Mariage de Marie-Louise 313
— II. — Trousseau de Marie-Louise 310
— m. — Rijou.v offerts par l'Empereur à Marie-Louise. . . 323
— IV. — Fêtes du mariage 327
— V. — Présents divers 331
— VI. — Couches de Marie-Louise. — Son trousseau de
couches 33o
LIVRE CINQUIEME
LE ROI DE ROME
CuAi'iTRE I. — Naissance du Roi de Rome 341
— II. — Cérémonie du baj)tème 344
— III. ^ Fêtes et réjouissances populaires 343
— IV. — Médailles frappées à l'occasion de la naissance du
Roi de Rome 347
TABLE DES CHAPITRES 367
Chapitre V. — La layette du Roi de Rome 848
— VI. — La maison du Roi de Rome 351
— VIL — Présents divers 352
— VIIL — Service de porcelaine en l'honneur du Roi de Rome. 355
— IX. — La gouvernante du Roi de Rome 356
_ X. — Marmont et le duc de Reichstadt 358
ÉPILOGUE
Lk Testament de Nai'OLéon 359
E V R li U X , 1 11 1' lî I M K H I E D E C H A Itl. E S il E R I S S E Y
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