La coiffure en France du Moyen Age à nos jours

La suppression des corporations

 

La décadence amorcée au XVIIe, s'accélère et devient irrémédiable au XVIIIe.

Les règlements, de plus en plus contraignants, sont

de moins en moins suivis, d'autant qu'ils ne visent plus qu'à préserver les privilèges d'une minorité de titulaires d'offices, souvent rentiers !

Le public se plaint également du système corporatif, lui reprochant la rareté des produits et leur coût, les

monopoles corporatifs, limitant sévèrement le nombre des ouvriers.

On reprochait aux communautés, par exemple, leur

obstination à considérer comme un délit le fait de recourir à la publicité ou bien d'annoncer et de pratiquer des ventes « à prix fixes » ; la réponse des corporations, considérée deux cents ans plus tard, ne manque pas de saveur :

« Le public, disait-on, séduit par un prix fixe qu'il

n'ose contredire et qu'on lui offre comme la valeur

réelle de l'objet en vente, se détermine sans aucune

connaissance pour un magasin dans lequel il regarde

son incapacité comme à l'abri de toute surprise. A la faveur de ce prix fixe, on évacue des marchandises inférieures et défectueuses que le public saisit avec enthousiasme parce que les nuances dans les qualités sont audessus de ses connaissances. » Quelle vision prophétique !

En 1786, toutefois, cet argument ne convaint pas. Le

public aspire au changement. « L'édifice corporatif qui au XIIIe et XIVe siècles évoquait l'image d'une de ces belles cathédrales gothiques dont le portail large ouvert et les vastes nefs semblent appeler, sans distinction de rang ni de fortune, tous les fidèles à la prière et à l'action de grâces, n'apparaît plus au XVIIIe que sous la forme d'une Bastille où se retranche une oligarchie jalouse et avare qui ne voit pas grossir autour d'elle le flot des assiégeants. » écrit superbement Martin Saint-Léon.

Les économistes physiocrates, disciples de Quesnay,

vinrent, à point, fournir une caution théorique à la rancœur générale ; apôtres de la liberté d'entreprise, et du « laissez faire, laissez passer », ils publièrent maints libelles réclamant la suppression des jurandes. Un des plus célèbres fut l'opuscule de Clicquot de Blervache, paru en 1758. Clicquot reprend tous les arguments, bien connus, sur le mauvais fonctionnement des métiers et du commerce : il critique les statuts, la longueur de l'apprentissage, du compagnonnage, les privilèges injustes dont jouissent les fils et gendres de maîtres, l'excessive division du travail source des multiples et ruineux procès entre métiers, leur résistance à toute nouveauté technique ; il les accuse enfin, d'être la cause de la cherté des denrées de par leur volonté de limiter le nombre d'ouvriers, et donc la production. Il conclut en réclamant la suppression totale des communautés et

l'interdiction de toute association professionnelle. La liberté pour tous doit régner ; même les étrangers auront le droit de s'établir et de travailler.

Cela aurait pu rester au niveau des idées, encore

quelques années, si, Louis XVI, en appelant l'économiste Turgot au ministère des Finances, n'avait ainsi précipité la réalisation concrète de ses projets.

Nommé en 1774, Contrôleur Général des Finances,

Turgot entama une politique libérale en rétablissant la liberté du commerce des grains dans tout le royaume.

En janvier 1776 la rumeur publique annonçait que

Turgot avait présenté au Roi un projet sur les maîtrises.

Devant l'imminence du danger, les Six Corps, défen-

seurs naturels des communautés d'arts et de métiers,

confièrent leur défense à Maître Delacroix, qui rédigea un « Mémoire à consulter sur l'existence actuelle des Six Corps et la conservation de leurs privilèges ». « Je ne suis pas, écrit-il, le défenseur des abus, je défends seulement les privilèges. Ainsi toutes les fois que M. de Sainte Croix n'aura présenté que des abus à corriger, je m'unirai à lui... »

Bigot de Sainte-Croix, à l'égal de Blervache, était

l'auteur d'un pamphlet contre les corporations : « Essai sur la liberté du commerce et de l'industrie ».

 

 

 

Delacroix continuait ainsi : « Mais réformer n'est pas détruire, et son ouvrage ne sollicite que la destruction. Il ne veut voir dans les arts et métiers qu'une multitude confuse qui se presse, qui s'agite, qui s'humilie pour attirer le salaire du consommateur, et il ne sent pas qu'il résultera de ce désordre que les ouvriers seront inhabiles parce qu'ils n'auront fait qu'un apprentissage très court et qu'ils croiront cependant beaucoup savoir, par la raison qu'ils seront devenus les égaux des maîtres ; que les marchands n'attendront  plus  paisiblement  et   avec  décence  le consommateur ; qu'ils ne formeront plus qu'un assemblage de juifs, de colporteurs, d'anciens domestiques qui s'insinueront bassement dans les maisons. » L'antisémitisme des communautés traverse les siècles ; Pour le reste, ce texte, ne manque pas de bon sens.

Mais la décision était prise par avance. L'édit, signé

par le Roi, le 5 février, est envoyé au Parlement qui refuse de l'enregistrer.

Un long préambule rappelle les thèses des économis-

tes sur la liberté du commerce et de l'industrie et la

condamnation des communautés.

« Ces institutions arbitraires qui ne permettent pas à

l'indigent de vivre de son travail, qui repoussent un sexe à qui son travail a donné plus de besoins et moins de ressources, qui éteignent l'émulation et l'industrie, qui retardent les progrès des arts par les difficultés que rencontrent les inventeurs, qui par leurs frais immenses que les ouvriers sont obligés de payer pour acquérir la faculté de travailler, par les saisies multipliées, par les dépenses de tout genre — surchargent l'industrie d'un impôt énorme. »

L'édit est composé de vingt-quatre articles, dont le

premier est ainsi conçu :

« II sera libre à toutes personnes, de quelque qualité

et condition qu'elles soient, même à tous étrangers

d'exercer dans tout notre royaume telle espèce de

commerce et telle profession d'arts et métiers que bon lui semblera, même d'en réunir plusieurs ; à l'effet de quoi nous avons éteint et supprimé tous les corps et communautés de marchands et artisans ainsi que les maîtrises et jurandes, abrogeons tous les privilèges, statuts et règlements donnés aux dits corps et communautés. »

Quatre communautés font exception à la règle : les

orfèvres, à cause de la législation sur les métaux pré-

cieux les apothicaires, les imprimeurs-libraires, dans le but de contrôler les publications, et les barbiers-perruquiers, parce que le Trésor royal n'avait pas les moyens de racheter les offices, si largement distribués depuis un siècle.

Le Parlement résista ; le Roi tint un lit de justice où

l'on put entendre l'avocat général Seguier, défenseur des métiers s'exclamer « Pourquoi le commerce de la France a-t-il toujours été si florissant ? Pourquoi les nations étrangères sont-elles si jalouses de sa rapidité, si curieuses des objets fabriqués dans le royaume ? la raison de cette préférence est sensible. Tout ce qui se fabrique en France est recherché dans l'Europe entière pour le goût, la beauté, pour la finesse, pour la solidité... D'après cette vérité de fait, n'est-il pas sensible que les communautés d'arts et de métiers, loin d'être nuisibles au commerce en sont plutôt le soutien ? »

S'il défend l'institution, Séguier en condamne les

abus et esquisse un plan de réforme.

Le Parlement, poussé par les communautés maintient sa résistance ; Turgot est renvoyé le 12 mai 1776.

En août, son successeur Maurepas rétablit les corps de métiers, tout en s'inspirant des réformes suggérées par Delacroix et Séguier ; les communautés sont regroupées, 1a durée de l'apprentissage fixée, les droits d'entrée diminués et codifiés.

Le désordre de l'administration royale était tel que

la réforme ne put guère entrer en vigueur ; certaines

communautés se reconstituèrent, dans les provinces, les anciens corps continuèrent comme par le passé. La royauté n'était plus en mesure d'imposer son autorité.

 

 

Les conditions de vie à la veille de la Révolution

 

 

Martin Saint-Léon propose des estimations de salaires pour les années 1763 et 1789 : vers 1763, un ouvrier

agricole aurait reçu dix à douze sous de salaire journalier, un artisan de la campagne, quinze à dix-huit sous, l'ouvrier de métier des villes, de vingt six à trente sous.

Le prix moyen de la journée de travail en France aurait été de quinze sous.

Ce chiffre peut être rapproché d'une ordonnance de

police de 1773, recommandant au barbiers-perruquiers de Paris de verser quinze sous par jour, en sus de la nourriture et du logement à leurs « aides », c'est-à-dire les « extras ».

D'Avenel, à la même époque évalue le setter de blé à quinze livres, soit vingt jours de travail pour un salaire moyen.

 

Vauban, dans sa « Dime Royale » dressait le budget

d'un ménage de tisserand et celui d'un ménage d'ouvrier agricole, et démontrait le peu de bien-être des travailleurs de son temps. Soixante ans plus tard, il aurait fallu assombrir encore le tableau. Les salaires étaient peu montés alors que tous les prix agricoles avaient décuplés.

En 1789, Arthur Young, dans son «Voyage en

France », estime la valeur moyenne de la journée de travail à dix neuf sous et ajoute que les salaires ont subi une augmentation de vingt pour cent en vingt ans. Cette estimation corrobore celle de Martin Saint-Léon cité plus haut. Mais, dans le même ouvrage, Young pense qu'entre 1769 et 1789, le prix de la vie avait renchéri de cent pour cent. Il constate que la misère des classes populaires s'est accrue et s'étonne : « II est surprenant que le prix de la main-d'œuvre n'ait pas haussé également, au moins en quelque proportion avec le reste. »

 

 

[ Le jour de la barbe du Charbonnier. Estampes de Debucourt]

En 1781 Mademoiselle de Châtillon épouse le Prince

de Tarente ; d'Avenel, a retrouvé le détail et le prix de ses coiffures :   /

Une coiffure de mariage                48 livres

Une coiffure de lendemain              24 livres

Une coiffure des jours suivants (chaque)    6 livres

Une coiffure de présentation (à la cour)   72 livres 

Les disparités sont énormes, trop choquantes.

Le 14 juillet 1789, le peuple de Paris se révolte et

prend la Bastille.

 

 

La Révolution : La loi Le Chapelier

 

Lors de la rédaction des cahiers de doléances, les corporations se virent évincer par d'autres catégories, plus nombreuses comme celle des paysans, ou plus influentes comme celle des professions libérales et des bourgeois lettrés. Ils furent de même éliminés des députés du Tiers aux États généraux. De sorte que les corporations, autrefois toutes puissantes ne purent assurer leur propre défense au moment le plus décisif de leur histoire.

L'opinion n'était pourtant pas tranchée en ce qui les

concernait ; les cahiers des ordres privilégiés ne par-

laient pas des métiers ou bien, influencés sans doute par les physiocrates leur étaient hostiles ; les cahiers du Tiers étaient partagés entre le désir de réformer les abusdu système et celui de les supprimer.

Aucune opinion nette ne s'étant manifestée, la Nuit

du 4 août, où tous les privilèges furent abolis, on en excepta les corps et communautés de métiers.

La Révolution hésitait devant ces associations de

membres du Tiers. La vie continuait donc, et avec son cortège de plaintes avivées par les difficultés économiques. En 1789, Adresse à Monsieur le Comte de Mirabeau, « qui est toujours le mieux frisé de l'Assemblée » : Monseigneur, les Maîtres-Perruquiers de France, au nombre de vingt mille et plus, ...viennent se plaindre d'un nouvel abus...

Ils supplient les députés de continuer à porter des per

ruques... »

En 1791, L'Assemblée constituante recevait encore

les doléances des maîtres-perruquiers de Paris :

« Quatre cents boutiques ont été récemment ouver-

tes par nos garçons qui nous enlèvent les pratiques que nous leur avons confiées ; une concurrence funeste s'est introduite entre nos garçons et nous. Notre état ne peut être comparé à un autre par la raison qu'ils tiennent entre leurs mains notre travail et notre fortune. C'est pourquoi une police stricte était établie dans notre communauté, mais actuellement nos règles sont méprisées. »

II n'était peut-être pas très habile de se signaler en

ces termes, imprégnés de l'esprit de corps, en cette période où toute marque de l'Ancien Régime était impitoyablement détruite.

 

 

La Constituante était à court d'argent. Elle songea

comme d'autres avant elle, à prélever un impôt sur les métiers ; en échange on décidait « un grand bienfait pour l'industrie et le commerce : la suppression des jurandes et maîtrises ».

 

Le Baron d'Allarde présenta la loi à l'Assemblée, et

empruntant ses arguments à Turgot et Saint-Croix, fit

triompher ses vues. La loi fut adoptée en mars 1791.

Elle consacrait l'abolition des corporations, sans aucune exception.

 

ART. 2 - A compter du 1er avril prochain, les offices

de perruquiers, barbiers, étuvistes, les droits de récep-

tion des maîtrises et jurandes et tous privilèges des professions sont supprimés.

ART. 3 - A compter du 1er avril prochain, il sera libre à tout citoyen d'exercer telle profession ou métier qu'il trouvera bon après s'être pourvu d'une patente et en avoir acquitté le prix.

Les maîtrises n'étaient pas supprimées sans indemni-

tés, le remboursement des offices de perruquiers était expressément prévu.

« C'était la fin d'une forme de travail et de vie vieille de sept siècles » (Coornaert)

L'agitation fut très vive ; Marat devint le défenseur

des petits artisans désemparés ; les compagnons se re-

groupaient et manifestaient partout en France pour soutenir leur point de vue.

En juin 1791, fut votée la Loi Le Chapelier, qui in-

terdisait toute coalition de citoyens de même état ou

profession ; les ouvriers ou compagnons « ne pourront, lorsqu'ils se trouveront ensemble, se nommer de président, ...tenir des registres, prendre des arrêtés, former des règlements sur leurs prétendus intérêts communs. »

Ce texte fut si souvent invoqué par les autorités

contre les syndicats ouvriers au XIXe, qu'il a rejeté dans l'ombre la loi d'Allarde ; et communément il passe pour avoir été l'arrêt de mort des vieilles corporations.

Le règne de l'individualisme commençait.

 


L'évolution du métier au XIXe siècle

.

Après le vote de la Loi Le Chapelier, toute association de patrons ou d'ouvriers fut interdite, les contrevenants étaient poursuivis.

La situation de la profession n'était guère brillante ;

les anciens maîtres barbiers-perruquiers étaient ruinés

par les lenteurs du remboursement de leurs maîtrises, et soumis à une concurrence très vive de leurs anciens garçons qui ouvraient des boutiques un peu partout. Pour tous la vie devint difficile, et une surenchère à la baisse des prix ne l'améliora pas.

De plus en dix ans, de 1789 à 1799 les coiffeurs per-

dirent leur principale pratique : la perruque masculine dont la mode disparut totalement ; il leur restait la barbe et la coupe de cheveux, activités peu rémunératrices. Dans le temps, ils y ajoutaient les saignées et pansements variés, mais depuis 1718, que toute pratique chirurgicale leur était interdite, ils en avaient perdu l'usage.

Les coiffeurs de dames jouissaient d'un sort meilleur, mais ils ne constituaient qu'une minorité dans la

profession. L'immense majorité de la population féminine ignorait les soins du coiffeur.

Au début de l'Empire, beaucoup d'entre eux au-

raient sans doute été favorables au rétablissement des communautés de métiers. Napoléon ne céda pas à leurs pressions ; il réglementa les professions libérales, institua des monopoles publics dans certaines industries clefs, comme les allumettes, les postes, l'exploitation des mines etc. La petite entreprise artisanale, dont les coiffeurs, resta libre.

Les intéressés n'ayant plus le droit de réglementer

eux-même leur métier, le Préfet de Police en fut chargé.

 

 

Une ordonnance de février 1804 obligea les ouvriers

et artisans à faire viser un livret au commissariat de police à chaque changement d'emploi ou de résidence ; elle établissait des bureaux de placement et fixait les prélèvements autorisés aux tenanciers. Auparavant, le placement était assuré gratuitement par le bureau de la corporation.

 

La concurrence entre maîtres devait être particuliè-

rement violente, deux autres règlements d'avril 1804 et septembre 1806 essaient de la contrôler.

« Aucun garçon perruquier ne pourra sortir de bou-

tique sans avoir prévenu son maître cinq jours à

l'avance »

Le cas inverse n'est pas prévu. 

« Aucun garçon sorti de boutique ne pourra être

placé dans une autre, s'il n'existe entre ces deux bouti

ques l'intervalle de deux divisions »

« Tout garçon .perruquier ou coiffeur de femmes qui voudra acquérir ou former un établissement sera tenu de laisser entre sa boutique et celle qu'il aura quittée, l'intervalle de deux divisions. Il ne pourra s'établir dans la même division que deux ans après en être sorti, à peine de trois cents francs d'amende » (Ordonnance de 1806)

Les temps changent, mais le premier souhait du pa-

tron coiffeur reste la protection contre la main-mise

d'un autre sur sa clientèle.

L'article suivant consacrait le monopole des placeurs

payants ; « II est défendu aux patrons perruquiers et

coiffeurs de femmes de se pourvoir de garçons ou d'aides, s'ils ne sont porteurs d'un bulletin de placement, à peine de deux cents francs d'amende. »

 

 

Les sociétés mutualistes

 

Le XIXe siècle est marqué dans l'histoire par la misère ouvrière ; c'est le siècle du paupérisme, vocable de l'époque qui « désigne le fait que dans une société existe une catégorie d'individus pauvres et indigents. » (La grande Encyclopédie)

Ainsi l'assistance publique secourait en France en

1833, sept cent mille huit cent vingt six personnes soit deux pour cent de la population, en 1891, un million sept cent soixante six mille six cent soixante et une personnes soit quatre pour cent de la population.

Encore ces chiffres, tirés de la Statistique Générale

de la France, n'indiquent-ils que le nombre de pauvres secourus, et dans la moitié des cas, par une aide alimentaire. « Ceux qui produisaient les choses nécessaires à la vie en manquaient ; chez ceux qui ne les produisaient pas, elles surabondaient. » (Anatole France.)

 

Les conditions de vie chez les coiffeurs correspon-

daient au climat général. Voici comment A.F. Godefroy décrit son arrivée chez son premier patron : « Je me souviens de mon premier soir, un autre ap-

prenti me montra ma chambre, elle était au grenier sous les ardoises, pas de séparation, pas de rideaux, pas de paravent, rien ; le matelas ; c'était la poussière sur le bois ; pendant l'été, sous l'ardoise, il faisait une chaleur torride ; on se déshabillait, on accrochait ses effets aux clous enfoncés dans les planches. En hiver, on couchait tout habillé ; les effets étaient ainsi tout accrochés...

Quand il gelait, nous avions inventé un poêle, l'un mettait son estomac contre le dos de l'autre, quand ces côtés étaient chauds on changeait le dos de l'un pour le devant de l'autre... »

Un peu plus tard, en 1889 il arrive à Paris, comme

ouvrier :

« Je restai chez Marcillac plus d'une année, la nour-

riture consistait, le lundi, en mou de veau et choux ;

mardi, foie et choux ; mercredi, mou et choux ; jeudi, foie et choux et ainsi de suite toute l'année »

Les confréries, organisations charitables parallèles

de la corporation avaient également été interdites par la loi de 1791 ; Les sociétés de secours mutuel leur succédèrent très rapidement ; les autorités, sans les approuver de grand cœur, ne les pourchassaient pas ; la « Société de secours mutuel des coiffeurs et des industries qui se rattachent à cette profession, dite Saint-Louis du département de la Seine» naquit le 1er janvier 1819.

 

 

Elle ne reçut l'approbation de la préfecture que le 30novembre 1853 ! En l'échange d'une cotisation mensuelle, la Société accordait des allocations de maladie, des secours aux veuves et aux orphelins de ses sociétaires et allouait à ses participants une retraite vieillesse. Fondée par un groupe de patrons, à partir de 1833 elle accepta également des ouvriers. Elle comptait cependant peu de membres. En 1865, « l'Union des coiffeurs de Paris et des industries qui se rattachent à cette profession » se donnait pour but les secours mutuels mais aussi des actions sur les problèmes professionnels, en particulier elle voulait établir un bureau de placement gratuit et une école de coiffure pour les ouvriers du métier.

Elle souffrit du désastre de 1870, fut obligée de s'allier au bureau de placement de la rue Villédo, et disparut en 1892 en fusionnant avec la Société Saint-Louis.

Cette Société traversa la guerre, et ses avoirs s'éta blissaient ainsi au 1" octobre 1923 :

Avoir de la Société           486 786,30 F

Caisse des retraites           340 450,83 F

Fonds libres                 134 120,14 F

De minuscules sociétés de secours virent le jour à cette époque, et même réussirent à se maintenir quelques décennies ; la « Fraternelle », fondée par trente trois ouvriers coiffeurs en 1885, comptait en 1924, cinquante six membres participants, vingt retraités et vingt six membres honoraires.

En 1908 apparut l'Orphelinat des coiffeurs de France qui patrona durant la Grande guerre un « Comité de secours aux orphelins de la guerre des coiffeurs du département de la Seine». En province on a retrouvé les traces de sociétés mutualistes à Marseille et La Rochelle. Il est vraisemblable qu'avant guerre les secours sociaux aient été bien moins organisés dans les autres villes de France.

Après la guerre de 1870 et la chute de Napoléon III, les rigueurs de l'administration s'atténuèrent. Quoi qu'interdites, des associations professionnelles vont se constituer et entreprendre le siège des pouvoirs publics pour obtenir une reconnaissance officielle, et le droit de défendre les intérêts collectifs des gens de métier.

 

 

 

 

 

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