La coiffure en France du Moyen Age à nos jours
Histoire du métier de coiffeur

 

 

Depuis la plus haute antiquité, alors que brillaient les civilisations de Mésopotamie, d'Assyrie ou d'Egypte, les métiers de la coiffure ont existé.

Les Grecs abandonnèrent très tôt le port de la barbe ; Plutarque raconte qu'Alexandre fit raser ses soldats de peur que leurs ennemis ne les saississent par la barbe lors des combats corps à corps.

Les romains commencèrent à se couper la barbe vers

le IVe siècle avant J.-C. ; leurs barbiers étaient appelés

« tonsores », ce qui semble indiquer qu'ils employaient

des ciseaux. Plus tard la mode étant aux visages glabres, les romains se firent épiler !

Les boutiques de barbiers où l'on tenait salon, étaient le rendez-vous des jeunes oisifs ;« Quoi, disait Sénèque à son ami Lucilius, appelez-vous oisifs des gens qui passent plusieurs heures chez es barbiers pour se faire arracher le poil qui leur est venu la nuit d'avant, pour délibérer sur chacun de leurs cheveux, pour s'en faire remettre autant qu'il en est tombé ».

Cette raillerie renseigne également, sur l'usage des

postiches pour hommes. La barberie était un métier important, organisé en « collège » comme la plupart des autres métiers. On a souvent reconnu ces « collegia » pour les ancêtres des corporations ; cette thèse est plausible dans les régions du sud de la Loire, où la tradition gallo-romaine resta longtemps vivace.

Par contre, le nord de la Gaule, profondément dévasté par les grandes invasions fut sans doute influencé par les ghildes et hanses - sociétés d'entraide - héritières de lointaines coutumes germaniques.

Les origines des corporations alimentèrent de nombreuses controverses entre historiens à la fin du siècle dernier.

Quoiqu'il en soit, toute trace d'organisations de métiers se perd pendant le Haut Moyen Age ; on ne voit

réapparaître les corporations qu'au début du XIIe siècle.

 

Miniature XV siècle 

Une rue au Moyen Age . Le gouvernement des Princes

Bibliothèque de l'Arsenal

Au centre une boutique de barbier.  Son enseigne est formée de quatres bassins. Bien en vue des chalands, il rase un client

 


La corporation au XIIIe siècle

 

Au Moyen Age le métier de coiffeur était pratiqué

par les barbiers, quelques perruquiers et des coiffeuses. Les barbiers formaient une corporation définie, tenaient une échoppe au service du public ; les coiffeuses et perruquiers n'exerçaient leur talent que sur les têtes princières et appartenaient à la suite des domestiques de grandes maisons. Il en sera ainsi jusqu'au XVIIe siècle, époque où la mode des perruques et des coiffures en cheveux se généralisa ; une communauté de perruquiers apparut en 1616 et s'unit à celle des barbiers à la fin dusiècle.

 

Quant aux coiffeuses, elles conservèrent jusqu'en

1777 la liberté de leur métier et ne vinrent qu'à cette

date tardive s'agréger à la puissante corporation des

Barbiers-perruquiers-baigneurs-étuvistes vieille de

quatre siècles.

En 1791, la Révolution par la Loi d'Allarde

supprima toutes ces organisations de l'ancien Régime.

Bien que la profession existât depuis longtemps, on

n'en trouve que peu de traces avant la fin du XIIIe

 

Elle n'est pas nommément citée dans le « Livre des

Métiers » d'Étienne Boileau, réalisé en 1268 à la de-

mande de Saint-Louis, dans le but de recenser les arti

sans et commerçants parisiens.

Son acte de naissance officiel est l'inscription au Re-

gistre de la Taille de Paris de 1292.

La taille, sorte d'impôt sur les revenus, était payée

par les roturiers ; la cote imposée représentait, en principe, le cinquantième du revenu du contribuable.

Parmi les métiers s'occupant des soins de toile

relève les cotes de :

151 barbiers, hommes et femmes

199 chamberières

29 coeffières et perruquières

26 étuveurs et étuveresses, avec un tableau des domi-

ciles de bains.

 

Les « chamberières » sont en grand nombre ; ce sont

vraisemblablement les ancêtres des coiffeuses ; elles habillaient les femmes et les coiffaient de voiles, hennins et autres atours pour les grandes occasions. 

Les perruquières, peu nombreuses, ne devaient guère fournir que quelques nattes postiches.Les coeffières fabriquaient les coiffes, petits bonnets à trois pièces, faits de coton, de lin, de gaze ou de laine.

 

Avec 151 maîtres inscrits, les barbiers étaient une importante corporation, comparable aux orfèvres ou aux tailleurs par le nombre des boutiques.

 

 

 

Leurs attributions étaient plus larges que la simple « barberie » : ils rasaient et coupaient les cheveux mais pratiquaient aussi les saignées, arrachaient les dents, pansaient les blessures.

Les barbiers étaient les médecins du petit peuple et exerçaient sur tous une chirurgie rudimentaire, certes, mais la seule qui existât.

Leurs querelles avec les chirurgiens « de robe », du collège de Saint-Cosme étaient fréquentes, bien que ceux-ci, de peur de « déroger », aient évité de donner des soins de leurs mains, si ce n'est à la noblesse. En 1301, le prévôt de Paris, Renaud Barbon menace de peines sévères vingt-six barbiers qui se livrent à la chirurgie et leur défend de « s'entremettre dudit mestier » avant « qu'ils soient examinés des maistres de cyrurgie, savoir s'ils sont suffisants au dit mestier fère ».

Ce texte prouve qu'après examen de leur capacité, les barbiers avaient le droit d'exercer. Bientôt, les chirurgiens et les médecins, clercs de la chapelle du Roi, férus de grec et de latin, portant la robe longue en signe de leur profonde science, seront éclipsés par le Premier Barbier du Roi ; celui-ci, par ses fonctions intimes quasi quotidiennes, aurait obtenu une grande influence sur l'esprit de son maître.

En 1366, quarante barbiers demandent à Charles V d'être exemptés du guet, la nuit au Châtelet de Pans, guet que le prévôt leur impose toutes les trois semaines ; ils prétendent que leur statut ne les y a jamais contraints et qu'en l'absence des médecins et chirurgiens de robe, ils sont appelés de jour et de nuit au chevet des malades et des blessés : « ce serait plus grand péril si on ne les trouvait dans leur maison ».

Le Roi accepte et consacre ainsi l'égalité des barbiers et des chirurgiens


Le statut de 1371

 

En 1371, André Poupart, Premier Barbier du Roi Charles V obtient par ordonnance royale un statut du métier. A l'instar des autres grands officiers de la cour, panetier, écuyer, maréchal, le barbier royal prit juridiction sur son métier. Dans le préambule du statut, le Roi reconnaît l'ancienneté du métier et confirme le privilège d'exemption du guet. Il accorde aux barbiers « de notre bonne ville de Paris » un statut en dix articles :

ARTICLE PREMIER - « Le premier Barbier du Roi est garde du métier comme autrefois. Il peut s'aider d'un lieutenant auquel on obéira comme à lui-même. »

Le Premier Barbier maintiendra cette prééminence

sur 1a profession iusau'au XVIIe.

 

ART. 2 - « Aucun barbier, de quelques conditions qu'il soit ne peut faire office de barbier dans Paris et sa banlieue s'il n'est essayé par le maître et quatre jurés, en la manière et selon ce qu'il a été accoutumé du temps passé et est encore « de présent ».

C'est l'examen de maîtrise, obligatoire pour toute

personne désireuse de s'installer dans le métier ; la qualité du travail est une exigence première, la corporationse porte garante de l'excellence de ses membres.

ART. 3 - « Aucun barbier ne peut faire office s'il a été

accusé ou réputé de « bordelerie et de maquelerie » et si cela arrivait que tous ses outils soient confisqués,

vendus, la moitié du produit allant au Roi, l'autre au

Maître du métier. »

ART. 4 - « Interdiction de soigner les « messels » les lé-

preux. » On sent poindre la vieille épouvante du Moyen Age devant cette maladie.

ART. 5 - « Interdiction de travailler des rasoirs et des ciseaux aux jours défendus, mais permission de saignier et de peigner, sous peine d'une amende de cinq sols. » Soit le droit d'assurer un service d'urgences !

ART. 6 - « Interdiction de travailler aux cinq fêtes de Notre-Dame, Saint-Cosme, Saint-Damien, à l'Epipha-

nie, aux quatres fêtes solennelles de Noël, Pâques, Pentecôte et la Toussaint sous peine d'une amende de cinqsols. » II faut ajouter le repos dominical et le samedi après vêpres, de sorte que la pratique religieuse suppléait à l'absence de congés payés.

 

 

ART. 7 - « Le Prévôt de Paris peut mettre à la disposi-

tion du maître, de son lieutenant ou de ses jurés, la police de la ville en cas de besoin. »

ART. 8 - « En cas de conflit avec le Maître ou son lieutenant les barbiers ont droit de faire appel auprès du Procureur du Roi. »

ART. 9 - « Un barbier ne doit pas débaucher son ap-

prenti ou son valet à un confrère sous peine de six sols d'amende. »

ART. 10 - « Tout barbier est tenu de comparaître devant le Maître lorsqu'il est nommé. Le refus de se présenter entraînerait une amende de six sols. »

II faut souligner deux aspects importants de ce rè-

glement :

- d'une part ses fonctions de police, tant sur le plan professionnel que sur celui de l'ordre public : lutte contre la « débauche », les lépreux, etc.

- d'autre part la manifestation de la volonté royale de régler et administrer directement les métiers ; Le Roi choisit son Premier Barbier qui sera de droit Maître de la profession, et même, en cas de conflit interne, le Procureur du Roi sera juge en appel.

C'est l'époque où la royauté cherche des appuis face

aux grands féodaux et au clergé tout puissant. 

 

Déjà, Philippe le Bel et Jean le Bon avaient réglementé l'ensemble des métiers du Royaume ; la grande ordonnance de 1351 fixe un maximum pour les salaires ouvriers, (après la grande peste de 1348/1380, la pénurie de main-d'œuvre, était sévère), précise le nombre des apprentis par maître ei les conditions d'accès à la maîtrise, assure la subordination des chefs de métiers aux officiers royaux et parfois modifie les articles techniques de certains statuts.

Les artisans soutiendront dans une certaine mesure

l'action royale, qui représente une force bien distincte des seigneuries auxquelles ils sont soumis ; Héritiers de la lointaine situation de serfs, pour eux tout droit acquis et écrit pose une liberté nouvelle; les règles de la communauté sont d'ailleurs désignées dans les textes par le terme de « privillèges ».

La royauté trouvera dans les corps de métiers, unallié puissant dans sa lutte contre les féodaux, mais ils ne parviendront pas à les vaincre avant deux siècles.

 

 

 

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